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Regards sur les francophonies des Amériques : Entretien avec Zahra Kamil

Season 5 Episode 10

Dans cet épisode, Amal Madibbo, membre du CREFO, rencontre Zahra Kamil, Représentante de l’OIF pour les Amériques.

Zahra Kamil Ali, diplômée en droit privé de l’Université Robert Schuman (Strasbourg), spécialiste en gestion publique (ENAP, Québec) et en droit international (La Haye), possède une riche expérience en paix, sécurité et transition démocratique, notamment en Afrique subsaharienne. De 2004 à 2010, elle a accompagné les missions de l’OIF auprès de l’Union africaine à Addis-Abeba, avant de rejoindre la Direction des affaires politiques et de la gouvernance démocratique au siège à Paris, où elle a coordonné des processus électoraux et politiques dans plusieurs États membres. En octobre 2022, Zahra Kamil Ali a été nommée Représentante de l’OIF pour les Amériques, une diplomate engagée dans la construction et la visibilité d’une francophonie cohérente, inclusive et dynamique à l’échelle intercontinentale 

 Joey  00:00

Dans cet épisode, Amal Madibbo, membre du CREFO, rencontre Zahra Kamil, représentante de l'Organisation internationale de la francophonie pour les Amériques.

Zahra  00:09

L'OIF agit comme un espace de coopération multilatérale, de dialogue politique, de développement au service de populations francophones. 

Joey  00:20

Bienvenue à Quoi de neuf!

Amal  00:23

Bonjour tout le monde, partout dans le monde. Ici Amal Madibbo du CREFO, à OISE, à l'Université de Toronto au Canada. Et aujourd'hui, dans le cadre du podcast du CREFO, nous avons le grand plaisir d'accueillir madame Zahra Kamil, qui est la représentante de l'Organisation internationale de la francophonie, donc l'OIF pour les Amériques. Mᵐᵉ Kamil, merci beaucoup d'avoir pris le temps pour ce partage avec nous.

Amal  00:59

Merci à vous. Bonjour à toutes et à tous.

Amal  01:04

Oui, merci. On voudrait vraiment vous souhaiter la bienvenue à ce podcast. Donc Mᵐᵉ Kamil, votre trajectoire académique et professionnelle est très riche et très enrichissante. Entre autres, vous êtes diplômée en droit privé de la faculté de droit, de science politique et de gestion de Strasbourg en France. Vous avez également suivi des parcours académiques en management public à l'École nationale d'administration publique à Québec donc au Canada et en droit international public à l'Académie de droit international de La Haye aux Pays-Bas. Vous avez occupé également des postes clés à l'international donc y compris à Djibouti et ailleurs en Afrique et également ailleurs dans le monde comme en France et j'en passe. Et vous occupez ce poste donc très important de représentante de l'OIF pour les Amériques depuis 2020. Donc quelle belle trajectoire de vie! Madame Kamil, est-ce que vous aimeriez ajouter à ce très bref aperçu de votre vie et vos expertises?

Zahra  02:33

Oui, chère Amal, merci de me donner cette belle opportunité de parler de ce que je fais dans les Amériques au sein de mes fonctions à l'OIF. Donc merci aussi. C'est une belle opportunité pour la visibilité de la représentation de l'OIF pour les Amériques. Alors bon, vous avez très bien brossé un peu mon parcours professionnel et ma formation. Effectivement, je suis juriste de formation. J'ai fait des études de droit privé à l'Université Robert Schuman de Strasbourg et donc je me prédestinais initialement à travailler dans les banques, à faire du droit bancaire. Donc mais voilà, c'est le hasard... on va dire, le chemin de la vie m'a conduit vers un autre chemin. Et donc j'ai été amenée, j'ai eu l'honneur et la chance d'occuper des postes stratégiques au sein de l'État de mon pays, au sein du gouvernement de mon pays. Donc j'étais chef de département juridique du secrétariat général du gouvernement et ensuite j'ai été nommée conseillère du président, conseillère juridique à la présidence de la république. Et donc c'est une période qui est très importante pour moi, qui a forgé en partie ce que je suis aujourd'hui. Donc mon engagement pour le service public et la coopération internationale en fait s'est forgé dès ces premières responsabilités dans mon pays à Djibouti. Donc c'est ça qui m'a permis vraiment d'avoir une solide compréhension du fonctionnement des institutions et des mécanismes de coopération multilatérale. Je peux dire aujourd'hui que je suis un pur produit de l'état djiboutien et je me sens profondément redevable. Cela me donne un peu la responsabilité et l'envie de contribuer, d'encadrer, d'inspirer les jeunes de mon pays, mais aussi bien sûr les jeunes de partout ailleurs dans l'espace francophone. Et ensuite, j'ai rejoint l'Organisation internationale de la francophonie donc à Addis-Abeba et je veux dire aujourd'hui que, après plus de 20 ans à l'OIF, je peux dire que la francophonie a enrichi ce parcours et fait pleinement partie de mon identité. Donc j'ai commencé à travailler en tant que chargée de mission auprès de la représentation de l'OIF à Addis-Abeba, qui est un carrefour de la diplomatie régionale africaine. J'ai eu la chance d'y retourner en 2020 en tant que représentante de l'OIF auprès de l'Union africaine et de la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique. Et donc j'ai également eu la chance de travailler au sein de la direction des affaires politiques et de la gouvernance démocratique où j'ai pu contribuer à l'accompagnement des processus électoraux dans des contextes sensibles. Et donc a contribué également à la mission de l'OIF qui facilite le dialogue entre les acteurs francophones. C'est une mission en fait qui permet de contribuer aux efforts de paix et de stabilité de coopération dans plusieurs pays francophones. C'est une des missions de l'OIF que j'aurai probablement l'occasion d'évoquer un peu plus tard. Donc voilà. Pour terminer, aujourd'hui je suis à la représentation de l'OIF pour les Amériques, basée à Québec. Donc je suis arrivée en janvier 2023 en plein hiver pour ouvrir donc la représentation qui fait partie d'un réseau diplomatique de l'OIF. Il y en a 13 dans le monde et la représentation de l'OIF pour les Amériques est la plus récente. Donc j'ai l'honneur et cette chance d'avoir ouvert ce bureau à Québec et d'avoir construit avec mon équipe donc les activités programmatiques à mettre en œuvre dans l'espace des Amériques, mais également à construire le bureau en termes logistiques, l'installation par rapport aux aspects administratifs et autres au Québec et au Canada.

Amal  07:20

Merci beaucoup madame Kamil, vraiment quelle belle trajectoire, comme j'ai dit, de vie et académique et professionnelle. Vous avez bien dit que vous êtes le produit de Djibouti. On voit clairement que vous êtes également le produit de l'Afrique. Comme ça, vous êtes le cadeau de l'Afrique pour le monde. On est là très choyés. Et donc l'OIF bien sûr est très connu mais on n'a pas toujours l'occasion de discuter avec quelqu'un comme vous. Donc dans vos propres mots, qu'est-ce que l'Organisation internationale de la francophonie?

Zahra  08:06

Alors l'OIF est une organisation intergouvernementale, comme vous le savez, qui regroupe aujourd'hui 93 états et gouvernements. C'est un espace qui a en partage la langue française et beaucoup de valeurs, telles que la solidarité, la diversité culturelle, la paix, la démocratie. Et donc l'OIF agit comme un espace de coopération multilatérale, de dialogue politique et de développement au service de population francophone. L'action de l'OIF aujourd'hui est recentrée autour des axes prioritaires donc où son action a une plus-value, un impact réel et mesurable. Et aujourd'hui, nous avons une structure opérationnelle à l'OIF qui permet de travailler sur des thématiques telles que la langue française, la diversité des cultures francophones, les affaires politiques, la gouvernance démocratique, l'enseignement et l'apprentissage du français, donc la francophonie économique numérique, la jeunesse, la société civile, l'égalité femmes hommes. Et ce qui est important de souligner, c'est que dans cette architecture de l'OIF, c'est que l'OIF dispose, comme je le disais un peu plus tôt, d'un réseau diplomatique qui est influent, qui se veut au service des États et au plus près des bénéficiaires, donc des populations. Ce réseau permet également de mettre en application, mettre en œuvre la programmation quadriennale 2024-2027 sur le terrain. Alors l'OIF également c'est donc les unités administratives comme je l'ai décrit en interne, mais c'est également trois organismes subsidiaires, deux instituts, donc l'Institut de la francophonie pour l'éducation et l'information qui est basé à Dakar, l'Institut de la francophonie pour le développement durable qui est situé à Québec et le Comité international des jeux de la francophonie en charge de l'organisation de cet événement sportif et culturel majeur du monde francophone. L'OIF opère en faveur de l'usage et de l'influence de la langue française également à travers le CREF, il s'agit de centres régionaux pour l'enseignement du français. Et enfin la coopération multilatérale francophone est mise en œuvre grâce à la collaboration avec ce que nous appelons les acteurs de la charte de la francophonie, au premier rang duquel il y a l'Assemblée parlementaire de la francophonie qui assure une représentation politique des parlementaires francophones et donc à cela s'ajoutent quatre autres opérateurs donc l'Agence universitaire de la francophonie, l'Université Senghor, le Réseau international TV5 monde et l'Association internationale des maires francophones. Donc ça, ça vous donne un peu une idée de ce que c'est l'architecture et les domaines d'action de l'OIF. Peut-être souligner surtout... On va dire que je pourrais citer peut-être deux piliers fondamentaux de l'action de l'OIF qui réside à la formation et l'éducation. C'est important pour l'OIF de mettre en œuvre une éducation de qualité en langue française et également la formation professionnelle et l'insertion des jeunes dans le marché du travail. Donc là, il est important de souligner le potentiel énorme que représente la jeunesse au sein de la francophonie. Et donc l'OIF met en œuvre des programmes qui sont adaptés aux besoins des jeunes, notamment dans les secteurs numériques et technologiques. À souligner également que les femmes sont au cœur de toutes les actions prioritaires de l'OIF. 

Amal  12:38

Oui, merci beaucoup. Vraiment là l'OIF est un monde tout entier. Vous vous penchez vraiment sur tous les aspects fondamentaux de développement durable comme vous avez bien souligné, donc y compris la jeunesse, les femmes bien sûr l'éducation et j'en passe, le secteur numérique et ainsi de suite. Qu'est-ce que l'Université Senghor? 

Zahra  13:08

Alors l'Université Senghor est un établissement de formation de haut niveau en gestion et développement. L'Université Senghor offre plusieurs formations pour les diplomates et fonctionnaires des États membres et gouvernements. Donc il est basé à Alexandrie en Égypte. 

Amal  13:34

Ah, d'accord. Formidable. Est-ce qu'il est nommé après le président Senghor?

Zahra  13:40

Oui, bien sûr, qui est un des fondateurs de l'Organisation internationale de la francophonie.

Amal  13:46

Oui, merci. Et donc comme ça, vous avez également bien décrit votre travail comme représentante de l'OIF pour les Amériques. On voit que ça vous tient très très occupée mais ça nous bénéficie grandement, nous le monde. Et pour mieux saisir votre poste qui est très important, par exemple dans une journée comme aujourd'hui, qu'est-ce que vous faites normalement? Et j'allais dire une journée assez chargée, mais là je change d'avis parce qu'on sait que toutes vos journées de travail sont très occupées, très chargées. Mais comme aujourd'hui par exemple, dans une journée comme ça, qu'est-ce que vous faites?

Zahra  14:37

Alors c'est pas une question facile, Amal, parce qu'on fait tellement de choses qu'une journée, nos journées sont très différentes. Donc j'essaierai peut-être de revenir un peu sur, on va dire, les axes prioritaires et ce que nous faisons au quotidien. Alors une journée comme aujourd'hui en fait, je dirais que le mandat que j'ai l'honneur d'exercer est de représenter l'OIF auprès des interlocuteurs institutionnels, donc au niveau des États et gouvernements et représenter également l'OIF en relation avec les acteurs académiques, universitaires, associatifs parce qu'il s'agit pour nous de faire rayonner la francophonie institutionnelle dans les Amériques. Et donc nous avons 11 États et gouvernements qui sont dans le périmètre de la représentation de l'OIF pour les Amériques. Donc je pourrais peut-être les citer. Nous avons trois membres de plein droit, qui sont donc le Canada, le Québec, le Nouveau-Brunswick et nous avons d'autres membres observateurs qui sont l'Ontario, la Nouvelle-Écosse, la Louisiane aux États-Unis, le Mexique, l'Argentine, l'Uruguay, le Costa Rica et le Chili. J'en ai onze? J'espère que le compte est bon. Alors nous avons donc les deux axes prioritaires. C'est donc vraiment l'axe politique et diplomatique, comme je le disais, être en relation, être le principal interlocuteur avec les États et gouvernements. Et donc le deuxième axe porte sur le volet programmatique. Nous mettons en œuvre les programmes de l'OIF dans la région des Amériques essentiellement, donc les programmes axés sur la langue française. Nous avons un programme sur la promotion de la langue française comme langue internationale, à travers lequel nous mettons en œuvre des activités notamment de formation, de formation des diplomates et de fonctionnaires en lien avec les États. Ce sont des programmes qui sont également mis en œuvre dans les autres espaces francophones, notamment en Europe centrale et orientale. Et il s'agit de créer avec les États et gouvernements, si je prends l'exemple des États de l'Amérique latine, certains en ont exprimé le souhait comme le Chili, c'est de créer des programmes de renforcement des compétences des fonctionnaires et diplomates en français. Alors, nous avons également des programmes pour renforcer les capacités techniques, linguistiques et pédagogiques des enseignants. Ça, c'est également un programme qui est très important dans notre dans notre axe. Nous avons des activités de rayonnement, ce que nous appelons de rayonnement et de visibilité de l'organisation. Nous mettons en œuvre des activités de sensibilisation, de promotion des cultures francophones lors de la célébration de la Journée internationale qui est célébrée chaque année du 20 mars. Et donc nous essayons également beaucoup de travailler sur des thématiques comme les industries culturelles et la découvrabilité, la francophonie économique, donc à travers la promotion des échanges économiques et commerciaux. Je peux citer deux activités importantes qui se sont tenues depuis la création de la représentation à Québec. Et nous avons par exemple organisé une mission économique et commerciale en Amérique du Nord qui s'est tenue en juin 2024. Et cette année en 2025, le gouvernement du Québec a organisé, en partenariat avec l'OIF, la conférence des ministres de la culture de la francophonie. C'était la cinquième édition qui s'est tenue huit ans après l'édition précédente qui s'était déroulée en Côte d'Ivoire. Et donc cette réunion ministérielle a eu l'occasion d'évoquer un axe clé qui est la question de la découvrabilité, l'accès en ligne du contenu culturel francophone. Donc voilà quelques exemples que je peux vous donner d'actions. Donc nos journées consistent à maintenir un dialogue permanent avec nos partenaires institutionnels, académiques, associatifs et à construire des projets, à co-construire, je dirais, des projets sur des thématiques d'intérêt commun.

Amal  20:35

Ça c'est fabuleux! Et là, vous nous apprenez que les membres observateurs comptent le Mexique et l'Uruguay. En effet, j'étais récemment... en fait, je viens juste de rentrer d'un pays d'Amérique latine qui est la Colombie. Et là, j'étais impressionnée par l'intérêt que les gens ont pour le français, pour la France et la francophonie. J'ai rencontré des Colombiens, Colombiennes et puis aussi des gens des pays voisins donc en Amérique latine qui parlent très bien le français, qui s'intéressent aux cultures francophones et qui m'ont dit que oui, ils tiennent toujours à améliorer leur français, à s'améliorer davantage avec la culture francophone, les cultures francophones et ainsi de suite. Et maintenant là, quand vous nous soulignez ces aspects très importants, ça me permet de voir le lien donc entre ce que vous dites comme accès virtuel aux cultures francophones et les gens, comme les gens que je viens de rencontrer, qui en fait profitent de ces ressources. Et donc ça c'est un bon résultat en fait de vos initiatives.

Zahra  21:56

Oui Amal, vous faites bien de le souligner. Comme je le disais tout à l'heure, nous avons le mandat de travailler avec les communautés francophones au sein des États et gouvernements membres, mais également non-membres. Et donc aux États-Unis, nous travaillons beaucoup avec les communautés francophones à travers le réseau des alliances françaises, mais également à travers l'Association américaine des professeurs de français. Donc d'ailleurs, nous serons le mois prochain au congrès de cette association qui se tient à Chicago pour un peu parler de ce que fait l'OIF dans les Amériques. Et donc la Colombie est un bon exemple. Nous avons également le mandat d'animer et de travailler avec le groupe des ambassadeurs francophones dans le monde. Vous savez que c'est un groupe, le groupe des ambassadeurs francophones est un réseau stratégique pour contribuer au rayonnement de la francophonie et à son influence. Et justement à Bogota, il y a un groupe d'ambassadeurs francophones très dynamique avec lequel nous sommes en relation et qui est un bon relais justement pour nous mettre en relation avec la communauté francophone et donc nous avons également, actuellement, si je prends l'exemple de la Colombie, nous sommes en relation avec ce groupe d'ambassadeurs francophones pour travailler sur la cartographie de l'enseignement du français en Colombie. C'est un projet qui a été initié par l'ambassade de France en Colombie et donc l'OIF, depuis Québec, souhaite justement valoriser ces données à travers un projet qui est celui de l'observatoire de la langue française basé à Québec qui va créer une cartographie de l'enseignement du français dans l'espace francophone. Donc, dans le cadre de ce projet, nous collaborons avec l'ambassade de France en Colombie pour pouvoir exploiter les données de cette étude qui vient d'être finalisée. Et effectivement, vous avez raison, nous constatons une vitalité remarquable, en tout cas pour la langue française en Amérique latine. Il y a également des raisons historiques. Aujourd'hui, nous constatons dans le cadre des échanges que nous maintenons avec ces États et gouvernements, qu'il y a une volonté d'introduire ou de soutenir l'enseignement du français dans les systèmes éducatifs. L'OIF et la REPAM soutiennent par exemple un ensemble qui consiste à soutenir l'introduction du français dans l'enseignement primaire. C'est un projet qui a été conjointement élaboré par le gouvernement de l'Uruguay et certaines ambassades francophones. Et nous contribuons à ce programme qui consiste vraiment à introduire dans une phase pilote l'enseignement du français dans quelques écoles du secteur public et privé primaire. Et nous avons également un projet similaire au Chili où nous travaillons avec le groupe des ambassadeurs francophones pour soutenir la mise en place d'un projet, un projet pilote également pour introduire l'enseignement du français dans quelques écoles primaires. Donc il y a effectivement une véritable vitalité et nous nous inscrivons en fait dans cette dynamique de collaboration assez riche.  

Amal  26:26

Oui, c'est très enrichissant en fait. Je suis très chanceuse donc de pouvoir en témoigner, comme j'ai dit en Colombie lors de quelques jours. Ça veut dire que cette présence est vraiment très très remarquable. Donc déjà là, on voit que des vos initiatives certainement ont des répercussions et donc des résultats très très bénéfiques. Dans le cadre de ces bénéfices, quelles sont les opportunités qui se présentent pour vous dans le cadre de la mise en œuvre et la réussite qui est très claire de votre mandat?

Zahra  27:14

Oui chère Amal. Donc les opportunités sont multiples. Les opportunités peuvent se présenter sous forme d'un accompagnement et une disponibilité des autorités nationales avec lesquelles l'OIF travaille dans les Amériques. Si je prends l'exemple, par exemple, au niveau du Canada, nous avons le Québec qui accueille le siège de la représentation de l'OIF pour les Amériques. Donc nous constatons une véritable disponibilité et un souhait, une volonté d'accompagner à la fois les actions mais également l'installation, faciliter le travail au quotidien de l'OIF, en tout cas de la représentation de l'OIF pour les Amériques. C'est aussi le cas, si je prends l'exemple de l'Ontario où vous êtes, nous avons également une très belle coopération avec le ministère des Affaires francophones. Donc la ministre Caroline Mulroney et madame la sous-ministre Roda Muse sont des personnes qui nous permettent de mettre en œuvre cette belle dynamique de coopération. Donc il est important de souligner que les opportunités souvent résultent du dynamisme et de l'engagement, de l'implication des personnes qui sont à la tête des institutions nationales. Et ça nous l'apprécions énormément. Je l'apprécie énormément. Donc nous avons également des interlocuteurs très dynamiques qui sont très actifs dans des domaines et qui travaillent déjà, qui travaillent sur les thématiques d'intérêt pour l'OIF. Si je prends l'exemple des universités, je peux prendre comme université, votre université par exemple, l'Université d'Ottawa, l'Université Laval. Nous avons souvent l'occasion de monter des opérations communes, des activités pour faire connaître l'OIF, mais également développer des thématiques d'intérêt commun. Si je prends un exemple concret, par exemple, l'université à Ottawa nous permet de mener conjointement une activité de formation des diplomates accrédités à Ottawa. Il s'agit d'une formation linguistique et technique. Alors l'Université Laval, les exemples sont multiples, mais je prendrai par exemple l'organisation d'une Université d'été sur les expressions culturelles et la découvrabilité. Cette université d'été s'est tenue en mai. Alors nous avons également plusieurs exemples de cette vitalité des communautés francophones auprès notamment de la société civile. Ce qui est important, c'est que nous collaborons beaucoup avec les représentants de ces communautés francophones. Si je prends l'exemple de l'Ontario, la Fédération des gens d'affaires en Ontario est un partenaire également très actif et j'ai eu l'occasion de prendre la parole et d'expliquer un peu les missions de la représentation de l'OIF pour les Amériques lors d'un forum, celui qui était tenu en 2024 donc de la Fédération des genres d'affaires. Encore plus récemment, j'ai eu la chance de participer à un panel qui avait été organisé par le Club canadien de Toronto, « la francophonie dans un monde global ». J'ai eu également l'honneur d'avoir pu échanger et rencontrer l'honorable Édith Dumont, la lieutenante-gouverneure générale de l'Ontario. Donc il est important de souligner cette réelle volonté de soutenir, de madame la lieutenante-gouverneure, la francophonie en Ontario et également les activités de la francophonie internationale et ça nous permet de renforcer les liens institutionnels et les échanges entre les gouvernements et les communautés francophones. Donc ces opportunités se présentent vraiment à travers la vitalité, comme je le disais, de l'environnement dans lequel nous évoluons, dans cet écosystème riche, dynamique et structurant. 

Amal  32:03

Vous soutenez le rayonnement de la francophonie au Canada comme ailleurs et désormais mettez l'accent sur le Canada en fait, vous venez de mentionner madame Roda Muse, qui est la sous-ministre, comme vous l'avez dit, sous-ministre au ministère des Affaires francophones. En effet, nous avons eu le plaisir de l'accueillir, discuter avec elle dans le cadre de ce podcast. Et vous avez mentionné également, entre autres, donc dans le cadre de vos initiatives très importantes avec des universités canadiennes, une école d'été avec l'Université Laval. Est-ce que vous pouvez en parler davantage s'il vous plaît?

Zahra  32:50

Oui, bien sûr. Alors le partenariat avec l'Université Laval est un partenariat stratégique. Nous avons un partenariat avec l'Université Laval sur plusieurs thématiques, sur la thématique de la gestion et de la prévention des conflits dans le cadre de la chaire Roméo Dallaire. Nous avons un partenariat de longue date avec l'ODSEF qui travaille étroitement avec l'Observatoire de la langue française sur le dénombrement des francophones. Nous avons un partenariat avec le département des sciences géomatiques justement pour élaborer la solution numérique de la cartographie de l'enseignement du français dans l'espace francophone que j'ai évoqué un peu plus tôt. Et nous avons un partenariat avec l'école supérieure des études internationales et ce partenariat consiste à organiser des écoles d'été. Alors nous avons organisé une école d'été l'année dernière, une école d'automne, pardon, une école d'automne l'année dernière sur la thématique « les défis de la francophonie au XXIe siècle ». Cette école d'automne s'est adressée à des étudiants de l'Université Laval et à des professionnels donc des fonctionnaires du ministère des Affaires mondiales et également des fonctionnaires du ministère des Relations internationales et de la Francophonie du Québec. Et donc c'était l'occasion de parler de plusieurs thématiques d'actualité et pour nous, c'était l'occasion également de faire connaître l'action de l'OIF, l'action sur le terrain de l'OIF, sur des thématiques telles que la francophonie, telles que les questions liées à la paix et sécurité, le renforcement de la démocratie, des droits de l'homme. Donc ça s'est traduit par la présentation et l'intervention des fonctionnaires de l'OIF, qui interviennent au quotidien sur le terrain. Si je prends l'exemple, par exemple, de la thématique de l'éducation et de la formation, la directrice de l'IFEF, l'Institut de la francophonie pour l'éducation et la formation, est intervenue à distance. Nous avions un représentant de la direction des Affaires politiques, une gouvernance démocratique qui s'était déplacée à Québec. Donc c'était important pour nous de dire aux jeunes étudiants qui sont la relève de demain, d'expliquer en quoi consistent les actions au quotidien et de manière concrète, les actions de l'OIF. Donc cette année, c'était une école d'été qui a porté sur la thématique « expression culturelle et découvrabilité ». Et cette thématique a été choisie en lien avec la célébration des 20 ans de la convention de 2025 sur les expressions culturelles. Comme vous le savez, il y a une discussion actuellement donc à l'UNESCO pour faire évoluer cette convention et pouvoir donc intégrer les aspects numériques. Donc pour nous, c'était l'occasion de travailler avec des experts de haut niveau, notamment québécois et de l'Ontario, qui sont intervenus dans cette université d'été pour parler donc de comment la convention a été mise en place, comment elle est mise en œuvre dans les différents espaces et par les différents partenaires et donc lancer une réflexion autour des thématiques et des travaux en cours actuellement au sein des experts à l'UNESCO. Et c'était bien sûr en lien avec la réflexion qui était posée au sein de la conférence ministérielle qui s'est tenue la même semaine à Québec.

Amal  37:11

Vous contribuez beaucoup vraiment, vous ça veut dire l'OIF mais aussi vous-même madame Zahra Kamil, comme j'ai dit, au rayonnement de la francophonie au Canada et à l'international. Dans ce cadre-là, que représente la francophonie pour vous?

Zahra  37:31

La francophonie, pour moi, fait partie de mon identité. Comme je l'ai expliqué un peu plus tôt en me présentant, pour moi c'est une communauté de valeurs, nous avons la même appartenance linguistique et culturelle mais c'est aussi un espace qui nous permet de nous enrichir à travers nos diversités linguistiques et culturelles. Donc ça, c'est également un levier d'émancipation parce que la francophonie permet justement de promouvoir l'éducation en français, elle permet aux jeunes et aux femmes comme moi, surtout en Afrique, d'avoir accès à des savoirs et d'avoir des opportunités qui nous permettent de grandir, d'évoluer. Donc la francophonie m'a donné ces opportunités justement d'évoluer et d'acquérir certains savoir-faire qui m'amènent aujourd'hui à être ici et à vous parler en tant que représentante de l'OIF pour les Amériques. Donc pour moi, la francophonie, c'est une passerelle entre mes racines africaines et on va dire le monde, le monde francophone et même au-delà. Donc pour moi, la francophonie c'est aussi cette chance qui permet à beaucoup de jeunes, de femmes d'avoir leurs droits défendus et d'avoir un acteur engagé justement pour les droits comme l'égalité pour les femmes et les hommes. Je pense que c'est un domaine qui est très important aujourd'hui, qui fait avancer les droits des jeunes et des femmes et de lutter contre les discriminations. Donc je dirais voilà, c'est une responsabilité qui est partagée. Pour moi, la francophonie c'est une responsabilité qui est partagée à tous les niveaux. Donc nous souhaitons que son impact et son action perpétuent dans le temps. 

Amal  40:01

Madame Kamil, quels sont vos souhaits d'avenir pour la francophonie?

Zahra  40:07

Alors, mes souhaits pour l'avenir c'est que l'OIF, en tout cas la francophonie internationale institutionnelle, puisse poursuivre ses missions pour la préservation de ces valeurs et qui sont aussi universelles, des valeurs telles que l'égalité, la solidarité, la paix, la justice, la liberté et surtout la dignité humaine. Je pense que mes souhaits aujourd'hui ne peuvent que s'inscrire dans le contexte géopolitique que nous connaissons. Donc je souhaite que la francophonie soit une force de proposition, une voie singulière pour affluer dans cette dynamique de dialogue entre les cultures. Donc de cette dynamique de recherche, de médiation et de coopération au service de la paix. Je souhaite une francophonie plus proche de ses populations, qui est ancrée dans la réalité de ses peuples, une francophonie encore plus riche de ses diversités linguistiques et culturelles. Je rêve d'une francophonie qui continue à refléter la pluralité de ses histoires et d'une francophonie qui continue à parler d'une seule voix pour défendre les droits, les droits humains, en particulier ceux des femmes et des jeunes filles.

Amal  41:35

Madame Kamil, merci beaucoup de cet échange très fructueux, y compris donc vos souhaits à venir pour la francophonie. 

Zahra  41:44

Merci.

Joey  41:46

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