6 minutes avec...

6 minutes avec l'avocate Laïla Batou

Radio Lac Season 4 Episode 313

La Chambre pénale d’appel et de révision vient de confirmer le classement de la plainte sur les responsabilités de fonctionnaires du SPMI, de l’Hospice général et du Service d'évaluation des lieux de placement, dans la mort d'Ali Reza. Ce jeune Afghan de 18 ans qui s’était pendu dans sa chambre du foyer de l’Etoile, en mars 2019. Sa mort avait mis en lumière les conditions d'accueil des RMNA. L'avocate de sa famille, Laïla Batou, était invitée de Béatrice Rul, à 7h30, sur Radio Lac.

La Chambre pénale d’appel et de révision vient de confirmer le classement de la plainte sur les responsabilités de fonctionnaires du SPMI, de l’Hospice général et du Service d'évaluation des lieux de placement, dans la mort d'Ali Reza. Vous allez porter cette affaire au Tribunal fédéral...

"L'affaire n'a pas tout à fait été classée, c'est-à-dire que les agents de sécurité qui ont violenté Ali Reza, il a quand même reçu plusieurs coups de poing dans la mâchoire, sur son lieu de placement, ont été condamnés et cette condamnation est maintenant définitive. En revanche, on n'a pas voulu interroger ici au niveau de l'autorité judiciaire, pourquoi un enfant était gardé par des agents de sécurité qui n'ont pas l'habitude, qui n'ont pas de formation pour ça et qui peuvent se comporter des fois en mode videur de boîte de nuit. Qui a accepté que ce foyer de l'Etoile fonctionne aussi longtemps sans autorisation et dans des conditions qui ne sont absolument pas conformes à toutes les normes de protection de l'enfance. Ca l'autorité pénale n'a pas voulu l'examiner et donc on porte l'affaire devant le TF et évidemment qu'on ira plus loin et qu'on fera valoir la Convention des droits de l'enfant et la Convention européenne des droits de l'homme si le TF refuse de reconnaître que là il y a eu un problème dans la protection de ce jeune".

Au-delà de ce cas dramatique se pose forcément la question de l'accueil de ces requérants mineurs non accompagnés.

"On l'a vu au niveau du foyer de l'Etoile, c'est compliqué.Foyer qui a fermé heureusement mais qui a mis énormément de temps à fermer. Toutes ces procédures qu'elles soient administratives ou pénales prennent énormément de temps pour faire reconnaître les problématiques qui existent et qui sont de notoriété publique mais pour les faire vraiment prendre en compte, ça prend énormément de temps. Je dirais que le problème c'est que ces requérants d'asile mineurs non accompagnés, mais comme d'ailleurs les migrants en général, sont des personnes qui sont particulièrement vulnérables parce qu'elles n'ont pas de réseau. Pour les mineurs, ils n'ont pas leurs parents derrière, donc dans toutes les étapes de leur vie en Suisse, il faudrait avoir un œil spécial, un regard protecteur sur ces personnes et c'est le contraire qui se passe. Il y a un a priori: on les traite comme des délinquants et notamment quand ils arrivent à la police, il y a toujours une contre plainte de l'agent de sécurité qui fait que le gamin il est placé au violon pendant 24 heures mais en fait on le garde un peu plus, on le garde 26 heures. Là c'était le cas notamment d'Ali Reza, la première fois qu'il a eu un petit peu des frictions avec un agent de sécurité, systématiquement celui-ci déposait plainte contre lui donc il s'en prenait plein la figure avec la police. Il manquait ce regard bienveillant qui dit: mais attendez qu'est ce qu'il fait dans ce foyer, comment ça se fait qu'il se retrouve avec des bleus au visage après avoir passé la nuit chez lui?"