If Oceans Could Speak

Greg Lecoeur: Telling stories from under the sea

EU4Ocean Season 2 Episode 5

In our fifth episode, we reach the French Mediterranean coast and Greg Lecoeur, who shares with us his journeys, his experiences with marine wildlife, the power of images and how raising awareness begins with individual actions. 

A lover of the Mediterranean Sea since early childhood, Greg became interested in marine biology and diving at a very young age.  At the age of 32, with a diving instructor's certificate in his pocket, he sold his company and lived his dream: a year around the world with his camera. Since then, Lecoeur has dedicated all his time to his passion for the marine world. 

Greg was National Geographic's Photographer of the Year in 2016 and has been honoured with many other international awards ever since, including the recent Underwater Photographer of the Year in 2020.

By telling the oceans' stories, Greg aims to raise awareness everywhere he goes, talking to communities about the preservation of underwater ecosystems and sharing the stories of local heroes that do their part to enhance ocean literacy each day. His next quest: documenting his home - the Mediterranean Sea!

Learn more here: https://www.greglecoeur.com 

## EN FRANCAIS ##

[00:00:00] Greg: La Méditerranée est mal connue et mal comprise et il faudrait la regarder sous un autre regard. Du moins, il faut être curieux, s'y pencher de plus près parce qu’elle n'a rien à envier aux autres mers du monde. 

[00:00:16] Pierre: Bonjour à tous. Bienvenue dans cet nouvel épisode de la saison deux de If Oceans Could Speak - littéralement en français, ça veut dire si les océans pouvaient parler - et cette saison deux est entièrement dédiée à la Méditerranée. 

Je m'appelle Pierre et avec la série If Oceans Could Speak, je suis l'un de vos guides qui vous aidera à découvrir des histoires, des expériences ; qui vous fera découvrir des facettes cachées de l'océan, les liens entre nous et l'océan et certaines des responsabilités individuelles et collectives que nous avons pour assurer sa protection. 

Aujourd'hui, nous sommes très heureux d'accueillir Greg Lecoeur. Greg, bonjour. [00:01:03] Greg est photojournaliste, artiste, auteur de livres, fortement engagé dans la préservation des océans. Sa documentation, nous raconte des histoires sur les océans, enfin nous sensibiliser à sa préservation, à la préservation des écosystèmes. 

Greg a été en particulier récompensé par le titre de meilleur photographe de nature du National Geographic en 2016 pour un cliché assez spectaculaire de la course de sardines. Il a été honoré de nombreux autres prix internationaux, comme par exemple le Underwater Photographer of the Year et le Grand Prix du Sienna International Photo Awards 2000. Greg, merci d'être avec nous aujourd'hui et nous vous écouterons pour découvrir un monde que beaucoup d’entre nous ignorent et sans doute comprennent que trop peu.

Alors, dans ce podcast démarrons du début. Vous avez grandi au balcon de la Méditerranée, à Nice et la question, c'est de voir est-ce que la Méditerranée, vous avez toujours fasciné et peut-être est-ce que cette fascination a changé avec le temps?

[00:02:18] Greg: Alors oui, je suis originaire de Nice. Donc j'ai grandi entre les montagnes du Mercantour et la mer Méditerranée. Donc c'est vrai que depuis tout petit, je suis passionné de la nature et la mer a pris le dessus. On est de la génération du commandant Cousteau, du film Le Grand Bleu. Donc voilà, tout ça nous a inspiré et m'a amené à me documenter beaucoup sur la biologie marine et comment fonctionnent les écosystèmes marins. Donc j'ai fait mes classes de plongée. J'ai passé beaucoup de temps en Méditerranée, en apnée, ensuite en plongée bouteille, aller voir ce que j'aimais et notamment la biologie marine. 

[00:02:58] Pierre: Et le déclic c’était quoi exactement?

[00:03:02] Greg: Au début, c'était vraiment pour assouvir une passion. Je dirais un hobby, j’avais du temps libre. J'essayais de passer le plus de temps en mer pour aller plonger, pour aller explorer, découvrir des espèces marines qu'on peut rencontrer en Méditerranée, avec, au fond de moi, un désir d'explorer la planète de l'autre côté du miroir, dans toutes les mers du monde. 

[00:03:29] Pierre: En fait, avant d'être photojournaliste, vous avez en particulier démarré votre carrière avec la gestion d'entreprise avant de changer de cap vers une vie qui ressemble peut-être un petit peu plus à une vie d'aventurier. En quoi cette première expérience en gestion d'entreprise vous aide aujourd'hui dans votre carrière d'aventurier sous-marin?

[00:03:49] Greg: Alors oui, j'ai commencé par suivre la voie de mon père qui avait une société dans les balances électroniques. Et c'est vrai que quand on est jeune, on idéalise un petit peu notre vie future. Et moi, j'imaginais la voie de mon père en reprenant la suite et en construisant une famille. Voilà, reproduire ce que lui avait produit. Puis la vie a fait que je me suis rendu compte qu'on avait chacun notre destin, qu'on avait chacun notre avenir, qu'on était différent. 

Pendant dix ans, j'étais chef d'entreprise et, comme je disais tout à l'heure, tous les moments libres étaient dédiés à aller plonger et naviguer en Méditerranée. Un jour j'ai rencontré au large de Nice, j’ai fait une incroyable rencontre avec un banc de globicéphales. Les globicéphales sont des grands dauphins. C’était assez incroyable parce que ces animaux sont très sociaux. Il y avait un groupe de cinquante à quatre-vingts individus. Ce jour-là était fabuleux, j'ai coupé le moteur de mon bateau. Ils sont venus se plaquer à la coque du bateau. En anglais on les appelle les pilot whales, donc les baleines pilotes. Donc ce sont des cétacés qui viennent vraiment escorter les bateaux. Et là, j'étais à l'arrêt, je me laissais dériver et ils étaient tout autour du bateau en train de s’installer. Je pouvais les entendre du bateau, je pouvais les voir entre eux : ils sortaient la tête de l'eau, ils étaient curieux, ils regardaient le bateau. 

C'était vraiment une rencontre assez incroyable et en plus en Méditerranée. Donc, je savais que je croisais régulièrement des dauphins, des tortues. Enfin, voilà des espèces marines, qu’on n'imagine pas forcément en Méditerranée. Mais ce jour-là, cette rencontre avec ces globicéphales…je connaissais même pas leur existence, c'était vraiment quelque chose d'assez incroyable. Du coup, quand je suis rentré à terre, j'ai raconté un petit peu cette rencontre et peu de gens connaissaient leur existence. Les gens étaient même un petit peu dubitatif qu'on puisse voir de tels animaux en Méditerranée. Donc de là, j'ai acheté un appareil photo et j'ai commencé́ à ramener des images, des témoignages de mes aventures au large. 

[00:05:51] Pierre: Finalement, c'est le la nature et l'océan qui vous ont appelé pour devenir photojournaliste?

[00:05:57] Greg: Oui, alors on peut dire ça. Ce qui est important dans mon travail, c'est de raconter des histoires à travers de l'image racontée. Mes rencontres animalières. Ce que j'essaie de faire, c'est montrer le beau, essayer de magnifier l'océan, les animaux, pour essayer d'entrevoir un petit peu d'émotion près du grand public. Pour que les gens s'intéressent un petit peu à cet environnement et à partir de là, on peut commencer à leur faire passer des messages de préservation. Les jeunes sont pour eux un très, très bon public.

Et pour répondre à votre première question : le fait d'avoir été chef d'entreprise avant, ça m'a permis de construire des projets, de construire des voyages, de me rendre compte que dans la vie, on avait tous des bras et des jambes. Nous sommes tous égaux et pouvons accomplir des choses incroyables. Il suffit juste d'être courageux et d'y croire. Et donc moi, ce que j'ai voulu faire, c'était de réaliser mes rêves. Mon rêve d'enfant qui était sur les traces du commandant Cousteau, du film Le Grand Bleu, c'était d'aller passer mon temps en mer. Donc je me suis lancé comme ça. Pendant un an, j'ai fait le tour du monde avec mon appareil photo. 

J’ai donc voyagé pendant un an et exploré toutes les mers du monde. Donc j'ai tout plaqué en France et quand je suis rentré, j'ai commencé́ vraiment à publier mes images, mon travail de fil en aiguille. Aujourd'hui, je vis pleinement ma passion et mon rêve d'enfant. 

[00:07:25] Pierre: Finalement, depuis le premier achat d'appareil photo, je pense qu'il y en a eu beaucoup d'autres depuis…Et quand vous regardez toute la collection d'images, d'expérience, d'histoire que vous avez produite, que vous partagez, qu'est ce qui vous traverse l'esprit ? Comment vous ressentez tout ça? Fier, excité ou angoissé? 

[00:07:43] Greg: Non, non, je suis très fier de ce que j'ai accompli après. Quand on fait un métier passion, on ne le voit pas vraiment comme un métier. On est heureux de se lever le matin et d'aller faire ce qu'on aime. Et du coup les journées passent vite. Les mois passent vite, les années s'enchaînent bien souvent. On a même du mal à prendre un peu de recul et de se poser. Et de regarder le parcours et le travail accompli. Cinq ans après avoir changé de vie, j'ai été nommé photographe nature de l’année par le National Geographic. Et là, je me suis quand même dit ‘’Tiens, j'ai bien fait de prendre le risque de changer de vie’’. Voilà, le pari était gagné. Cet événement m'a fait prendre conscience que j'avais bien fait d'écouter et de suivre ma passion pour la photographie des océans. 

Et depuis, j'essaie de monter des projets plus engagés. Vraiment raconter l'histoire des océans et non pas faire passer des messages de préservation et sensibiliser le public aussi bien en Méditerranée que dans les différents océans de la planète. 

[00:08:47] Pierre: Comment est-ce que vous arrivez finalement au produit final, que ce soit l'histoire de la photo ou des photos qui ont été primés ? En particulier je pense au palais des phoques crabiers - pour les auditeurs aller voir sur internet,  c'est assez impressionnant - comment ça se passe ce processus de création ou de construction de cette histoire que vous allez ensuite partager avec d'autres pour les sensibiliser? 

[00:09:12] Greg: Déjà, on travaille avec la nature. Donc c'est la nature qui nous va offrir des opportunités qu'il va falloir saisir. Quand on prend l'exemple de cette photo de phoque crabier en Antarctique : donc déjà, c'est un travail qui commence un an, voire deux ans avant pour monter une expédition en Antarctique. Celle-ci a été montée de la meilleure des manières, je pense, pour avoir le minimum d'impact sur l'environnement. 

On a été à bord d'un petit voilier. On était un petit équipage en été, à bord d’un voilier qui faisait une quinzaine de mètres pour aller explorer la péninsule antarctique. Au départ, on a dû naviguer dans des mers plutôt hostiles. Si je vous dis le cap Horn, le passage du Drake, ce sont des endroits assez réputés et assez craints même par les meilleurs skippeurs de la planète. Donc c'est déjà une aventure, c'est compliqué. C'est dur d'aller là-bas. Une fois sur place, on a plongé dans des conditions extrêmes. L'eau est à moins un degré. )

On avait une quête photographique avec deux objectifs : Chez nous, on entend parler du réchauffement climatique, du changement climatique. Mais on a un petit peu du mal à le toucher du doigt. Les pôles sont les premiers observateurs de ces changements climatiques. Donc on a voulu aller voir sur place ce qui se passait de nos propres yeux, pour amener nos témoignages, notre vécu d'expérience. Et j'avais une autre quête, je dirais un peu plus égoïste, d’un point de vue photographique, qui était d'aller à la rencontre du léopard de mer. Il est l'un des plus grands prédateurs de la planète, qui vit dans l'endroit le plus hostile de la planète. Aller à sa rencontre, pour moi, c'était quelque chose de pouvoir observer cet animal dans son habitat naturel et le documenter dans ses comportements animaux, notamment la prédation sur les manchots. 

Donc on avait cette quête en tête. Pendant l'expédition, la plus belle rencontre que j'ai eue… d'ailleurs, ça fait la couverture du livre antarctique. Cette rencontre inespérée, je dirais inattendu, avec quatre ou cinq phoques crabiers qui sont venus nous offrir vraiment une danse le long des icebergs. Outre la rencontre qui est ma vie, il avait cette ambiance avec cet iceberg en arrière-plan où les phoques venaient un petit peu jouer à cache-cache dans les anfractuosités de de l'iceberg. C'était quelque chose d'assez exceptionnel. Voilà, on a réussi à faire quelques images, on a vraiment saisi l'opportunité. Ce que je veux dire, c'est que quand on travaille comme ça, avec la nature, on travaille en amont sur des projets, on a un projet en tête, une histoire à raconter. Mais bien souvent, ça se passe pas vraiment comme on l'a espéré, comme on l’a imaginé. C'est ce qui fait le charme de ce travail, de la photographie animalière. Donc du coup, les histoires qu'on racontait, on part avec un projet, on a une idée, mais l'histoire se crée sur place en fait. Et puis une fois sur place, c'est totalement différent de comment imaginer. Puis il se passe des choses. Voilà donc après on revient avec plein d'histoires à raconter. 

[00:12:14] Pierre: Vous avez quand même vu des léopards de mer ou pas du tout? 

[00:12:17] Greg: Oui, alors on a vu des léopards de mer, c'était vraiment exceptionnel. On a eu beaucoup de mal à les rencontrer. Ces animaux ont une mauvaise réputation, un petit peu comme comme les requins et d'autres. Mais ce sont juste des prédateurs qui sont au sommet de la chaîne alimentaire, qui ont une importance vitale pour la bonne santé et l'équilibre des océans. Leur régime alimentaire, c'est par exemple du krill, ce sont des bébés manchots quand ils repartent en mer. Quand ils sont jeunes, ils sont, je dirais, un petit peu patauds. Ils viennent de naître, ils ont deux ou trois mois et ils doivent partir en mer. Au moment où ils vont partir en mer, ils doivent faire un petit peu leur éducation dans l'eau. Donc ce sont des piètres nageurs, je dirais, et donc des proies faciles. C'est ce qu'on voulait documenter, quand les léopards chassaient ces petits manchots. Par contre ça, malheureusement on n'a pas pu le documenter, on n'a pas pu l'observer. On a vu des léopards et quelques interactions dans l'eau avec les léopards. Mais on n'a pas pu voir cette prédation. Tout simplement parce que le cycle de la vie en Antarctique est totalement bouleversé, notamment par la fonte des glaces. 

Les manchots ont besoin de venir à terre pour nidifier. Donc ils doivent attendre que la banquise, quand l'été arrive, fonde. La fonte de glace fait que la banquise de surface, l'autre surface, gèle à l'arrivée de l'hiver et la banquise est plus froide en surface, donc il faut plus de temps en été pour ouvrir la mer afin que les manchots puissent revenir sur leur site de nidification, ce qui retarde le processus de reproduction. En tout cas, moi je ne suis pas scientifique, c'est ce qu'on a constaté sur place. C'est à̀ la fin de l'été, normalement. Nous avons dû partir avant que la glace ne se referme avec l'arrivée de l'hiver.

[00:14:20] Pierre: Moi j'écoute, j'entends léopards de mer, des bébés manchots, des températures. On sent que c'est déjà des expériences. Est-ce que vous avez d'autres expériences qui vous ont tout particulièrement marquéy ? Yen a-t-il autour de la Méditerranée?

[00:14:37] Greg: Bien sûr. Alors j'ai été bercé par la Méditerranée, même si aujourd'hui j'ai la chance d'explorer les différentes mers et océans de la planète. J'ai toujours un plaisir fou à revenir en Méditerranée. Allez plonger en Méditerranée. La Méditerranée n'a rien à envier à une autre mer ou océan. Elle ne représente qu’un pour cent de la surface des océans, mais elle abrite dix pour cent des espèces connues et des espèces marines connues dans le monde. Donc, c’est une mer qui regorge de biodiversité, c'est vraiment un hotspot pour la biodiversité.  Et en Méditerranée, on va aussi trouver…là, on parlait des phoques crabiers en Antarctique, mais il faut savoir qu'en Méditerranée, il y a aussi le phoque moine. 

Le phoque moine existe en Méditerranée. Il y a cent ans en arrière, il était très commun le long de nos côtes. Aujourd'hui c'est une espèce qui est vraiment en danger par la faute de l'homme. Heureusement quelques colonies qui se situent en Grèce et aujourd'hui ils repeuplent un petit peu la Méditerranée. En Méditerranée aussi, on va trouver des baleines, des dauphins, des tortues, des requins, des raies. Voilà, on va trouver toutes les espèces qu'on trouve dans le monde entier. Donc pour vivre des aventures, des expériences, j'en ai vu aussi bien en Méditerranée que dans d'autres océans qui ont peut-être des noms qui font un peu plus tropicaux, qui font un peu plus rêver.

Pour moi, la Méditerranée, c'est vraiment une mer incroyable, d'une grande richesse, avec beaucoup de trésors, mais qui malheureusement est mal connue. On me dit souvent que la Méditerranée, c'est une mer morte, c'est une des mers les plus polluées dans le monde. C'est vrai que c'est une mer fermée et qu’il y a une énorme démographie qui vit le long du littoral méditerranéen. Elle est polluée, mais elle a des espèces incroyables. Notamment le  phoque moine et également l'ange de mer. C'est un requin qui a donné son nom à la baie des Anges et autres fois aussi qui a été très commun le long de nos côtes et qui a aussi disparu. 

Donc on avait des espèces quand même assez exceptionnelles comme le requin ange et le phoque moine. Mais il y a encore aujourd'hui des espèces comme les globicéphales, comme le rorqual, qui est la deuxième plus grande baleine sur la planète. Voilà, il y a différentes espèces de requins. Il y a des tortues, il y'a des raies, il y a toute cette biodiversité. Alors là je parle que des espèces un petit peu emblématiques. Mais on va retrouver aussi beaucoup de couleurs. Quand on va plonger sur les récifs méditerranéens, on va trouver le coralligène et puis on va trouver des espèces qui vivent dans la roche comme les nudibranches, comme les galathées, des espèces qui sont très colorées. 

On va trouver aussi par exemple la posidonie, qui est vraiment vital à l'écosystème méditerranéen. La posidonoe c'est le poumon de la Méditerranée et c'est une plante qui absorbe le CO2 et qui va transmettre notre oxygène qu'on va respirer. Donc je pense il est important aujourd'hui de prendre conscience que c'est une mer qui est vital pour nous. C'est une mer qui regorge de vie et que, au lieu de peut-être, de dire que c'est une mer trop polluée, que c’est une mer où il n'y a pas grand-chose à voir. Il faudrait peut-être changer son état d'esprit. Au contraire essayer d'avoir des actions dans le quotidien, dans notre mode de consommation dans nos modes de vie, de changer un petit peu, de faire des petits gestes quotidiens qui permettront, mis bout à bout, d'améliorer les choses et d'avoir un avenir durable. 

[00:18:09] Pierre: Du coup, la nature, la biodiversité très riche, est-ce que vous la communiquer différemment, partager différemment des autres espaces que vous avez visitées? 

[00:18:19] Greg: Non, la Méditerranée me tient très à cœur. Jusqu'à maintenant, j'accomplissais des missions, je dirais plutôt sur le court terme à moyen terme. La Méditerranée, c'est vraiment un projet sur le long terme. D'ailleurs là, je suis en train de terminer mon travail sur la Méditerranée. Enfin, j'ai encore deux ans de campagne sur le terrain pour revisiter la Méditerranée. L'idée derrière, c’est de faire une énorme campagne de sensibilisation à travers des publications dans des magazines, des expositions à ciel ouvert, des rencontres avec le public, notamment les enfants. L'idée, c'est de lancer comme ça un gros mouvement, un nouveau souffle. On parlerait de la Méditerranée et on essaierait de changer un petit peu le regard que les gens portent sur la Méditerranée. 

[00:19:12] Pierre: Ca fait le lien avec ma question suivante : dans les photos que vous produisez, on voit beaucoup de nature et qu'en est-il un petit peu les personnes qui vivent autour et qui sont connectés à cet écosystème marin, comment est-ce que vous discutez avec eux? Qu'est-ce qu'ils vous disent? Qu'est-ce que vous leur dites pour expliquer votre passion, votre démarche? 

[00:19:32] Greg: C'est une très bonne question. D'ailleurs le projet Méditerranée, l'idée c'est d'apporter un travail de photojournaliste en allant documenter d'une part ce qu'on va appeler les pressions anthropiques. Donc je dirais les nuisances causées par l'homme et d'un autre part, de documenter mais justement le travail de ces gens,  de ces acteurs locaux qui essaient de mener des actions au quotidien pour préserver la Méditerranée. Donc ça peut être aussi bien des scientifiques, des associations, des guides, des personnes dans les ports. 

L'idée, c'est d'aller un petit peu, prendre des témoignages de chacun et de regrouper justement tous ces témoignages de tout le monde et de créer des synergies entre les différents acteurs, les différents métiers de la mer. Parce qu'en fait, on a tous le même objectif, qui est la préservation de la mer Méditerranée. Donc c'est vrai que quand moi je discute avec, il y a beaucoup de gens qui s'investissent énormément sur la Méditerranée. Ils le font avec leurs petits moyens, ils le font à leur échelle. Voilà, tout le monde s'associe pour mener à bien de grosses campagnes comme ça de sensibilisation pour essayer de faire changer les choses. 

Je pense que si on veut avoir un avenir durable pour nos générations futures, je pense que chacun de nous, et ce n'est pas valable que pour la Méditerranée, c'est valable à l'échelle planétaire, je pense que chacun de nous a les moyens, le pouvoir de changer les choses. Mais ça passe vraiment par des gestes très simples dans le quotidien. Mais un vrai changement, une vraie prise de conscience, c’est un vrai changement dans nos habitudes de consommation. Parce que les industries, le trafic maritime, tout ce qui pollue, au final, c’est produit pour le consommateur final et le consommateur final c’est nous. S'il n'y a plus de demande ou si la demande est différente… 

Je pense que la solution est en chacun de nous. On a vraiment ce pouvoir d'être le consommateur final. Chacune de nos actions, en fait, a un impact sur l'environnement et en modifiant notre consommation, on va modifier la demande, on va modifier notre moyen de déplacement, la manière de se nourrir. Moi, je sais que c'est difficile. J'essaie dans mon quotidien de faire attention, par exemple éviter que ce qui va se retrouver dans mon assiette ait parcouru la moitié de la planète. Donc j'essaye de manger local. Voilà, c'est des petites attentions. C'est une prise de conscience qui, mise bout à bout, permettra vraiment de faire un grand changement pour que les gens prennent conscience. 

[00:22:07] Pierre: Pour que les gens prennent conscience et,  j'allais dire ‘faire parler l'océan’, que les gens entendent, il y a de nombreuses manières de le faire. Vous avez parlé des scientifiques par exemple. Et vous utilisez la photographie comme un outil. Qu'est-ce que vous voyez comme force derrière la photographie? La photo comme manière de faire comprendre. 

[00:22:27] Greg: La photographie, pour moi, c'est vraiment, je dirais, un moyen d'expression universel. C'est-à-dire que quand je prends un exemple avec les scientifiques : souvent ils tiennent des discours, des propos qui ne sont pas forcément…ils n’utilisent pas forcément le même vocabulaire. Leur langage des fois n'est pas comprise par le grand public ou c'est un petit peu compliqué. La photographie est universelle. Quand on la regarde, la photographie raconte une histoire et il n'y a pas besoin de mettre des mots dessus. Il n'y a pas besoin de mettre une légende. J’aime bien, par exemple, quand je fais mes expositions photos, je mets pas de légende ou très peu, parce que pour moi, la photo raconte une histoire et elle s'adresse à tout le monde. Tout le monde peut la comprendre différemment. Peut-être. Mais la photo a vraiment un langage universel que tout le monde peut comprendre. 

Et mon travail, justement, s'inscrit dans ce qu'on appelle la ‘vulgarisation scientifique’. C'est-à-dire que je crée le lien justement entre le scientifique et le grand public. Enfin, du moins, c'est ce que j'essaie de faire en utilisant la force de l'image.

[00:23:34] Pierre: Effectivement, par rapport au rôle que vous jouez pour faire comprendre aux gens des choses un petit peu compliquées. Vous parlez de l'océan, on parle parfois aussi de la difficulté de comprendre le changement climatique. Si j'étais un jeune artiste ou un jeune photographe…vous avez beaucoup parlé de votre passion, qu'est-ce que vous voudriez partager avec ces jeunes artistes ou je les appellerais ‘conteurs de la mer’, des personnes qui peuvent partager des choses avec le grand public sur l'importance de la protection des océans? 

[00:24:11] Greg: Alors déjà le le message que j'aimerais leur dire, c'est que dans leur carrière, en début de leur carrière, c'est déjà de faire ce qu'ils aiment. Si on fait la photo, par exemple, il faut photographier les espèces qu’on aime. En général la photo, c'est presque une excuse pour aller voir, aller observer, aller comprendre. La photo permet de partager. C'est un moyen de partage. C'est très important de partager au maximum, notamment sur les océans. Alors plus il va y avoir d'ambassadeurs, je dirais entre guillemets, qui vont raconter la vie des océans, je pense que mieux ce sera pour une prise de sensibilisation. Je crois beaucoup en montrant les belles choses de la nature, qu’on prend vraiment conscience. Je pense que le souci dans lequel on vit aujourd'hui, c'est que beaucoup d'entre nous sont totalement déconnectés de la nature. Il ne faut pas oublier ce qui en est d'où on vient. Je pense qu'il y a un gros décalage, encore plus aujourd'hui avec les réseaux sociaux, avec cette nouvelle technologie. On vit vraiment dans un monde un petit peu virtuel et on oublie un petit peu les bases. 

Voilà, c'est un petit peu le sentiment que j'ai aujourd'hui. Alors après c’est aussi important. Les réseaux sociaux permettent de communiquer au plus grand nombre de personnes. Je pense qu'aujourd'hui c'est une grosse force de frappe. Donc voilà, il faut utiliser à bon escient. Quand on va travailler avec la nature, il faut y aller avec beaucoup de respect. Il faut vraiment respecter la nature. Moi je suis un peu outré quand je vois tous ces gens qui font des selfies. Pour moi, c'est comme cocher des cases pour montrer qu'on a fait ceci ou cela-, alors qu'on oublie de peut-être vivre vraiment le moment et la communion avec la nature. 

[00:25:52] Pierre: Si je reviens à la Méditerranée elle-même et peut-être à la partie sous-marine de la Méditerranée. Puisque c'est cette partie-là qui nous intéresse en particulier…Est-ce que vous auriez un message à lancer à la mer?

[00:26:06] Greg: Oui, j'aimerais bien lancer un message. La Méditerranée est mal connue et mal comprise et qu’il faudrait la regarder sous un autre regard. Du moins il faudrait être curieux et s'y pencher de plus près parce qu’elle n'a rien à envier aux autres mers du monde. C'est une mer qui est vraiment un hotspot de la biodiversité. Ce n’est pas une mer morte. Il y a beaucoup de vie en Méditerranée, contrairement à ce que l'on pense. 

Il y a une ambiance très particulière quand on plonge en Méditerranée. Souvent quand je partage mes images, notamment les images que je réalise au large, l’eau est cristalline, cristal bleu. Les gens sont assez impressionnés par cette clarté de l'eau. Voilà l'écosystème méditerranéen est vitale pour notre propre vie d'humain. Donc, moi, ce que j'aimerais beaucoup, c'est que les gens s'intéressent de plus près la Méditerrannée et essaient de la voir sous un autre regard. J'entends un peu trop qu’on me dit que c'est la mer la plus polluée du monde. Que c’est une mer où il n'y a pas de vie, alors que c'est totalement faux. Il y a vraiment énormément de choses à voir. J'espère que les gens vont agir dans ce sens, avec des petits gestes dans le quotidien qui permettront de donner un nouveau souffle à la mer Méditerranée. 

[00:27:33] Pierre: Donc notre épisode se termine, nous allons remonter tout doucement à la surface. Merci beaucoup Greg pour ces éléments, ce voyage qui nous a permis de découvrir ce métier passion, cette passion métier et votre vie en mer, votre vie sous la mer. Pour les auditeurs : allez voir, regardez les photos, regardez leur beauté, leur force et essayez de comprendre également les liens que vous avez avec les écosystèmes marins qui sont racontés. 

Ce podcast vous est présenté par les membres de la coalition et a été réalisée par l'équipe de production de If Oceans Could Speak, dirigé par Anna Saito, co-organisé par Penny Clarke et Arne Riedel, présenté et édité par Stefan Kirchner, Jen Freer, Vera Noon, Agness Nohra, Anna Maria Marino, Francisco Lopez Castejon et moi-même, Pierre Strosser. Merci de nous avoir écoutés. Nous serons de retour la semaine prochaine avec un nouveau récit sur la Méditerranée qui sera en anglais. Il y aura une transcription en anglais si vous souhaitez la suivre, ce que je vous recommande vivement. Alors si les océans avait une voix, que vous dirait-elle? 


## ENGLISH ##

[00:00:00] Greg: The Mediterranean is poorly known and understood and should be looked at in a different light. At least, we should be curious, and take a closer look, because it has nothing to envy to the other seas of the world.

[00:00:16] Pierre: Hello everyone. Welcome to another episode of season two of If Oceans Could Speak, and this second season is entirely dedicated to the Mediterranean.
My name is Pierre and with the series If Oceans Could Speak, I am one of your guides who will help you discover stories, experiences, who will help you discover hidden facets of the ocean, the links between us and the ocean and some of the individual and collective responsibilities we have to ensure its protection. 

Today we are very pleased to welcome Greg Lecoeur. Greg, hello. [00:01:03] Greg is a photojournalist, an artist, an author of books, and is strongly committed to the preservation of the oceans. His documentation, tells us stories about the oceans, making us aware of its need for preservation, the preservation of ecosystems. Greg was awarded the title of National Geographic's Best Nature Photographer in 2016 for a spectacular shot of the sardine race. He has been honoured with many other international awards since then, such as Underwater Photographer of the Year and the Grand Prize at the 2000 Sienna International Photo Awards. 

Greg, thank you for being with us today and we'll be listening to you to discover a world that many of us don't know and probably don't understand. So, let's start from the beginning. You grew up on the balcony of the Mediterranean, in Nice. Have you always been fascinated by the Mediterranean and has this fascination changed over time? 

[00:02:18] Greg: Yes, I'm originally from Nice. So I grew up between the Mercantour mountains and the Mediterranean Sea. So it's true that since I was a child, I've been passionate about nature and the sea has taken over. We are from the generation of Captain Cousteau, from the film The Big Blue. It inspired us and led me to read a lot about marine biology and how marine ecosystems work. So, I did my diving classes. I spent a lot of time in the Mediterranean, snorkelling, then scuba diving, seeing what I liked, especially marine biology.

[00:02:58] Pierre: So this triggered your passion? 

[00:03:02] Greg: At first, it was really to satisfy a passion. I would say a hobby. I was trying to spend as much time as possible at sea to go diving, to go exploring, to discover marine species that we can meet in the Mediterranean, with, deep down, a desire to explore the planet from the other side of the mirror, in all the seas of the world.

[00:03:29] Pierre: In fact, before becoming a photojournalist, you started your career with business management before changing course towards a life that perhaps resembles a little more an adventurer's life. How does this first experience in business management help you today in your career as an underwater adventurer?

[00:03:49] Greg: I started by following the path of my father who had a company in electronic scales. And it's true that when you're young, you idealise your future life a little bit. And I imagined my father's path by taking over and building a family. Reproducing what he had already produced. Then life made me realise that we each had our own destiny, that we each had our own future, that we were different.

For ten years, I was a company director and, as I was saying earlier, all my free time was devoted to diving and sailing in the Mediterranean. One day, off Nice, I had an incredible encounter with a group of pilot whales. Pilot whales are bottlenose dolphins. It was quite incredible because these animals are very social. There was a group of fifty to eighty individuals. That day was fabulous, I cut the engine of my boat. They came and clung to the hull of the boat. These are cetaceans that really come to escort the boats. I let myself drift and they were all around the boat, settling in. I could hear them from the boat, I could see them among themselves: they were sticking their heads out of the water, they were curious, they were looking at the boat. 

It was really quite an incredible encounter, and in the Mediterranean too. So I knew that I regularly came across dolphins and turtles. But pilot whales are marine species that you don't necessarily imagine in the Mediterranean. But that day, this encounter with these pilot whales...I didn't even know they existed, it was really something quite incredible. When I went ashore, I told a little about this encounter and few people knew of their existence. People were even a little sceptical that such animals could be seen in the Mediterranean. So from there, I bought a camera and I started́ to bring back images, testimonies of my adventures on the open sea. 

[00:05:51] Pierre: Finally, it was nature and the ocean that called you to become a photojournalist?

[00:05:57] Greg: Yes, you could say that. What's important in my work is to tell stories through images. My animal encounters. What I try to do is to show the beauty, to try to magnify the ocean, the animals, to try to catch a glimpse of emotion for the general public. So that people become a little bit interested in this environment and from there, we can start to pass on messages of preservation. Young people are a very, very good audience for them.
And to answer your first question: the fact that I used to be a company director allowed me to build projects, to build trips, to realise that in life, we all have arms and legs. We are all equal and can achieve incredible things. We just have to be brave and believe in it. And what I wanted to do was to make my dreams come true. My childhood dream, which was to follow in the footsteps of Captain Cousteau in the film The Big Blue, was to spend my time at sea. So I set off like that. For a year, I went around the world with my camera. I travelled and explored all the seas of the world. I left everything in France and when I came back, I really started́ to publish my images, my work. One thing led to another. Today, I live my passion and my childhood dream to the fullest.

[00:07:25] Pierre: Since the first camera purchase, I think there have been many more since...And when you look at the whole collection of images that you have produced, that you shared, what goes through your mind? How does it make you feel? Proud, excited or anxious?
[00:07:43] Greg: No, no, I'm very proud of what I've accomplished. When you're doing a job, you’re passionate about, you don't really see it as a job. You're happy to get up in the morning and go do what you love. And so the days go by quickly. The months go by quickly. The years often follow one another. It's even hard to take a step back and sit down. And to look back at the journey and the work accomplished. Five years after I changed my life, I was named Nature Photographer of the Year by National Geographic. And then I said to myself, "Well, I was right to take the risk of changing my life". And that was it, the bet was won. This event made me realise that I had done the right thing in listening to my passion for ocean photography and following it. 

And since then, I have been trying to set up more committed projects. To really tell the story of the oceans and not to pass on messages of preservation and to raise public awareness both in the Mediterranean and in the different oceans of the planet. 

[00:08:47] Pierre: How do you get to the final product, whether it's the story or the award-winning photo? In particular I think of the crabeater seals - for the listeners go and see it on the internet, it's quite impressive - how do you go about this process of creating or constructing this story that you will then share with others to raise awareness?

[00:09:12] Greg: We are working with nature. So it's nature that will offer us opportunities that we'll have to seize. If we take the example of this photo of the crabeater seal in Antarctica, it's a job that started a year or even two years before we set up an expedition to Antarctica. This one was set up in the best possible way, I think, to have the least impact on the environment.

We went on a small sailing boat. We were a small crew in the summer, on a sailing boat that was about 15 metres long to go and explore the Antarctic Peninsula. At the beginning, we had to sail in rather hostile seas. If I tell you Cape Horn, the Drake Passage, these are places that are quite famous and quite feared even by the best skippers in the world. So it's already an adventure, it's complicated. It's hard to go there. Once there, we dived in extreme conditions. The water is minus one degree. 

Our photographic quest had two objectives: At home, we hear about global warming, climate change. But it's a little hard to put your finger on it. The poles are the first observers of these climate changes. So, we wanted to go and see what was happening with our own eyes, to bring our testimonies, our experience. 

And I had another quest, I would say a little more selfish, from a photographic point of view, which was to go and meet the leopard seal. It is one of the biggest predators on the planet, living in the most hostile place on the planet. To go and meet it, for me, was something to be able to observe this animal in its natural habitat and to document its animal behaviours, particularly predation on penguins. 

So we had this quest in mind. During the expedition, the most beautiful encounter I had... in fact, it is on the cover of the Antarctic book. This unexpected encounter with four or five crabeater seals that came to give us a real dance along the icebergs. There was this atmosphere with the iceberg in the background where the seals came to play hide and seek in its crevices. It was quite exceptional. So, we managed to get some images, we really seized the opportunity. When you work like that, with nature, you might have a project in mind, a story to tell. But very often, it doesn't really happen the way you hoped, the way you imagined it. That's what makes this work, wildlife photography, so charming. So, the stories we tell, we leave with a project, we have an idea, but the story is created on the spot in fact. And then once you're there, it's totally different from how you imagine it. Then things happen. So afterwards we come back with lots of stories to tell. 

[00:12:14] Pierre: Did you actually see leopard seals or not at all? 

[00:12:17] Greg: Yes, we saw leopard seals. That was really exceptional. We had a hard time meeting them. These animals have a bad reputation, a bit like sharks and others. But they are just predators that are at the top of the food chain, that are vitally important for the health and balance of the oceans. Their diet is, for example, krill and baby penguins when they go back to sea. When they are young, they are, I would say, a little bit clumsy. They have just been born, they are two or three months old, and they have to go to sea. When they go to sea, they have to learn a little bit in the water. So, they are poor swimmers, I would say, and therefore easy prey. This is what we wanted to document, when the leopards were hunting these little penguins. But unfortunately, we couldn't document that, we couldn't observe that. We saw leopards and some interactions in the water with leopards. But we couldn't see this predation. This is simply because the life cycle in Antarctica has been totally disrupted, particularly by the melting ice.

The penguins need to come ashore to nest. They have to wait for the ice pack to melt when summer comes. The melting of the ice means that the surface pack ice freezes when winter arrives and the pack ice is colder at the surface, so it takes longer in summer to open the sea so that the penguins can return to their nesting site, which delays the reproduction process. In any case, I'm not a scientist, but that's what we saw on the spot. It's at̀ the end of the summer, normally. We had to leave before the ice closed up with the arrival of winter. 
[00:14:20] Pierre: I hear leopard seals, baby penguins, temperatures. You can feel that these are already strong experiences. Do you have any other experiences that have particularly marked you? Are there any related to the Mediterranean? 

[00:14:37] Greg: Of course. I am partial to the Mediterranean, even if today I have the chance to explore the different seas and oceans of the planet. I always enjoy coming back to the Mediterranean. Go diving there. The Mediterranean is like no other sea or ocean. It's only one per cent of the surface of the oceans, but it's home to ten per cent of the world's known species and known marine species. So, it's a sea that's full of biodiversity, it's really a hotspot for biodiversity.  And in the Mediterranean, we will also find... we were talking about crabeater seals in Antarctica, but you should know that in the Mediterranean, there is also the monk seal.

A hundred years ago, it was very common along our coasts. Today it is a species that is really endangered because of man's fault. Fortunately, there are a few colonies in Greece and today they are repopulating the Mediterranean a little. In the Mediterranean too, we will find whales, dolphins, turtles, sharks, rays. We'll find all the species that we find in the whole world. I have seen them in the Mediterranean as well as in other oceans which may have names that sound a bit more tropical, that make you dream a bit more.

For me, the Mediterranean is really an incredible sea, with a great wealth of treasures, but which unfortunately is not well known. I am often told that the Mediterranean is a dead sea, one of the most polluted seas in the world. It is true that it is a closed sea and that there is a huge population living along the Mediterranean coast. It is polluted, but it has incredible species. In particular the monk seal and also the angel shark. It's a shark that gave its name to the Bay of Angels and that also in other times was very common along our coasts and that has also disappeared since. 

We had some rather exceptional species like the angel shark and the monk seal. But there are still species like pilot whales, like the rorqual, which is the second largest whale on the planet. There are different species of sharks. There are turtles, there are rays, there is all this biodiversity. I'm only talking about the emblematic species here. But we will also find many colours. When you go diving on the Mediterranean reefs, you'll find coralligenous and then you'll find species that live in the rock like nudibranchs, like galatheas, species that are very colourful. 

We will also find, for example, the posidonia, which is really vital to the Mediterranean ecosystem. The posidonia is the lung of the Mediterranean and it is a plant that absorbs CO2 and transmits the oxygen that we breathe. I think it is important today to be aware that this is a sea that is vital for us. Instead of perhaps saying that it is too polluted, that it is a sea where there is not much to see, perhaps we should change our mindset. On the contrary, we should try to take action in our daily lives, in our consumption patterns, in our lifestyles, to make small daily gestures that will allow us to improve things and to have a sustainable future. 
[00:18:09] Pierre: The nature, this very rich biodiversity, do you communicate it differently from other spaces you have visited?

[00:18:19] Greg: No, the Mediterranean is very close to my heart. Until now, I have been carrying out missions, I would say more in the short to medium term. The Mediterranean is really a long-term project. In fact, I am currently finishing my work on the Mediterranean. I still have two years of campaigning in the field to revisit the Mediterranean. The idea behind it is to carry out a huge awareness campaign through publications in magazines, open-air exhibitions, and meetings with the public, especially children. The idea is to launch a big movement, a new breath. We would talk about the Mediterranean and we would try to change the way people look at the Mediterranean.

[00:19:12] Pierre: This links to my next question: in the photos you produce, we see a lot of nature and what about the people who live around and are connected to this marine ecosystem, how do you talk to them? What do they tell you? What do you tell them to explain your passion, your approach?

[00:19:32] Greg: This is a very good question. The idea of the Mediterranean project is to bring in the work of a photojournalist by documenting what we'll call anthropic pressures on the one hand. So, I would say the nuisances caused by man and on the other hand, to document the work of these people, these local actors who try to carry out actions on a daily basis to preserve the Mediterranean. It can be scientists, associations, guides, people in the ports.

The idea is to go out and collect testimonies from everyone and to bring together all these testimonies and to create synergies between the different actors, the different professions of the sea. Because in fact, we all have the same objective, which is the preservation of the Mediterranean Sea. It's true that when I talk to people, there are a lot of people who are very involved in the Mediterranean. They do it with their small means, they do it on their own scale. Everyone is joining forces to carry out large awareness campaigns like this to try to change things.

I think that if we want to have a sustainable future for our future generations, each of us, and this is not only valid for the Mediterranean, it is valid on a planetary scale, each of us has the means, the power to change things. But it really comes down to very simple gestures in our daily lives. But a real change, a real awareness, is a real change in our consumption habits. Because industries, maritime traffic, everything that pollutes, in the end, is produced for the final consumer and the final consumer is us. If there is no longer any demand or if the demand is different... I think the solution is in each of us. We really have the power to be the final consumer. Each of our actions, in fact, has an impact on the environment and by modifying our consumption, we will modify the demand, we will modify our means of transport, the way we eat. I know it's difficult. In my daily life, I try to be careful, for example to avoid that what ends up on my plate has travelled halfway around the world. I try to eat locally. These are small things. It's an awareness that, when put together, will really make a big change so that people become aware. 

[00:22:07] Pierre: To make people aware and, I was going to say 'make the ocean speak', to make people hear, there are many ways to do it. You mentioned scientists for example. And you use photography as a tool. What do you see as the force behind photography? Photography as a way to make people understand? 

[00:22:27] Greg: For me, photography is really, I would say, a universal means of expression. That is to say that when I take the example of scientists: often they hold speeches that are not necessarily... they don't necessarily use the same vocabulary. Their language is sometimes not understood by the general public or it's a little too complicated. Photography is universal. When you look at it, photography tells a story and there is no need to put words on it. There's no need to put a caption on it. I like, for example, when I do my photo exhibitions, to not put a caption or very few, because for me, the photo tells a story and it is for everyone. Everyone can understand it differently. That may be so. But photography really has a universal language that everyone can understand. And my work is part of what is known as 'popular science'. In other words, I create the link between the scientist and the general public. At least, that's what I try to do by using the power of images. 

[00:23:34] Pierre: Indeed, in relation to the role you play in making people understand things that are a little complicated. You talk about the ocean, we also sometimes talk about the difficulty of understanding climate change. If I were a young artist or a young photographer...you've talked a lot about your passion, what would you like to share with these young artists or I would call them 'storytellers of the sea', people who can share things with the general public about the importance of protecting the oceans?

[00:24:11] Greg: The message I would like to give them is that in their career, and already at the beginning of their career, they should be doing what they like. If you're a photographer, for example, you have to photograph the species you like. In general, photography is almost an excuse to go and see, observe and understand. Photography allows you to share. It's a way of sharing. It's very important to share as much as possible, especially on the oceans. So, the more ambassadors there are, who will tell the story of the life of the oceans, I think that it will be better for raising awareness. 

I believe that by showing the beautiful things of nature, we really become aware. I think that the problem we live in today is that many of us are totally disconnected from nature. We must not forget where we come from. I think there is a big gap, even more so today with social networks, with this new technology. We really live in a virtual world and we forget the basics a little bit. That's the feeling I have today. Social networks allow us to communicate with the greatest number of people. I think that today it's a great force to be reckoned with. But you have to use it wisely. When you go to work with nature, you really have to respect nature. I'm a bit outraged when I see all these people taking selfies. For me, it's like ticking boxes to show that you've done this or that, while you forget to perhaps really live the moment and the communion with nature. 

[00:25:52] Pierre: If I come back to the Mediterranean itself and perhaps to the underwater part of the Mediterranean. Since it is this part that interests us in particular... Would you have a message for the sea? 

[00:26:06] Greg: Yes, I would like to send a message. The Mediterranean is poorly known and misunderstood and should be looked at in a different way. At least we should be curious and look at it more closely because it has nothing to envy the other seas of the world. It is a sea that is truly a hotspot of biodiversity. It is not a dead sea. There is a lot of life in the Mediterranean, contrary to what we think.

There is a very special atmosphere when you dive in the Mediterranean. Often when I share my images, especially the images I make offshore, the water is crystal clear, crystal blue. People are quite impressed by the clarity of the water. This is the Mediterranean ecosystem that is vital for our own lives as humans. So, what I would really like is for people to take a closer look at the Mediterranean and try to see it from another angle. I hear a bit too much that people tell me it's the most polluted sea in the world. That it is a sea where there is no life, when this is totally false. There is really a lot to see. I hope that people will act in this direction, with small gestures in their daily lives that will help to breathe new life into the Mediterranean Sea. 

[00:27:33] Pierre: So our episode ends, we're going slowly back to the surface. Thank you very much Greg for these elements, this journey that has allowed us to discover this passionate profession, this profession passion and your life at sea, your life under the sea. For the listeners: go and see, look at the photos, look at their beauty, their strength and also try to understand the links that you have with the marine ecosystems that are told.

This podcast is brought to you by the members of the coalition and was produced by the production team of If Oceans Could Speak, directed by Anna Saito, co-organised by Penny Clarke and Arne Riedel, presented and edited by Stefan Kirchner, Jen Freer, Vera Noon, Agness Nohra, Anna Maria Marino, Francisco Lopez Castejon and myself, Pierre Strosser. Thank you for listening to us. We will be back next week with a new story on the Mediterranean which will be in English. There will be a transcript in English if you wish to follow it, which I highly recommend. If the oceans had a voice, what would it tell you?