
Balados dans la constellation Anne-Hébert
Anne Hébert occupe la place d’honneur dans la littérature québécoise. En témoigne la fascination de nombreux lecteurs et de nombreuses lectrices d’ici et à travers le monde depuis plus d’un demi-siècle. Son oeuvre s’échelonne sur quelque 60 ans, de 1937 à 1999, un an avant sa mort. Elle a inspiré et inspire encore plus de livres, de thèses et d’articles que toute autre œuvre québécoise. Ses poèmes et ses romans, traduits en plus d’une trentaine de langues, se sont aussi mérités de nombreux prix. Son œuvre demeure cependant mystérieuse. Et c'est peut-être ce qui ajoute à son pouvoir de séduction. À l’image de son autrice d'ailleurs qui a toujours été réservée, discrète, un peu secrète même.Mais au-delà de cette notoriété publique, il reste à découvrir pourquoi l'oeuvre continue d'exercer son attrait sur nous. Pourquoi sommes-nous si fascinés par l’œuvre d’AH ? D’où viennent ces images saisissantes, pleines de fulgurances qu’on trouve dans ses poèmes et ses romans? Comment expliquer cette gravité du propos dans l’écriture de ses romans, presque solennelle, aux résonances tragiques, parfois proche du sacré? Qu’est-ce qui donne à son œuvre cette dimension universelle qui fait les grandes œuvres? Bref, comment accéder au coeur de l’œuvre d'Anne Hébert, à ce qui sous-tend l'élan de son écriture?
Balados dans la constellation Anne-Hébert
Ma lecture d'un poème
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Robert Harvey
Il existe plusieurs façons d'aborder la lecture d’un poème. Mais pour que le texte puisse jouer de toutes ses résonances et exprimer toutes ses potentialités, il importe de savoir que « les mots d'un poème communiquent entre eux [jouent entre eux] avant de communiquer avec le monde extérieur » (Meschonnic), soit celui de la signification. Ainsi, le lecteur, la lectrice seront mieux préparé(e)s à participer activement à la dynamique des échanges qui ont lieu dans les formes textuelles, comme nous le verrons au cours de l'analyse du poème « Sous la pluie », extrait du recueil Le Tombeau des rois.