Partons d’un postulat simple : l’âge est le rapport de pouvoir à la fois le plus commun et le plus tu. Or nous sommes tous des enfants en passe de devenir adultes, des adultes anciennement enfant, voire des parents en charge d’enfants ; quelle que soit notre place dans la hiérarchie des âges, nous croyons à l’innocence et à l’incomplétude de l’enfance autant qu’à la nécessité inéluctable de devenir adulte. Avec La fabrique de l’enfance, anthropologie de la comédie adulte, Sébastien Charbonnier vient dynamiter nos catégories et nos certitudes. En décortiquant les dispositifs et représentations qui produisent l’enfant autant que l’adulte, le philosophe met à nu l’un des mécanismes essentiel à notre conformation au capitalisme : il faut fabriquer de l’enfant pour perpétuer la comédie adulte.
La démonstration est aussi implacable qu’embarrassante : au cœur de nos attachements les plus forts et les plus sincères, se logent les dynamiques et les imaginaires qui nous assujettissent le plus puissamment au monde de l’économie. Et aucune crise de susceptibilité ou de culpabilité ne nous en sauvera. Ce dont il est question c’est d’abolir l’adulte, c’est-à-dire de libérer les devenirs.
La fabrique de l’enfance paraît aux éditions lundimatin ce vendredi 14 novembre. Le livre sera disponible dans toutes les bonnes librairies et en vente en ligne sur notre site ici. Des extraits sont aussi disponibles ici.
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Teaser et présentation du livre
Penser le pouvoir comme rapport (enjamber la susceptibilité comme la culpabilité)
Briser le miroir, ne plus croire à l'adulte(TM)
Comment se naturalise l'infériorisation des enfants
Pourquoi la comédie adulte doit produire la fiction de l'enfant
Contester l'interprétation psychanalytique du complexe d'Oedipe (Alice Miller)
L'adulte produit de la dépendance (les coûts et les profits)
Les enfants n'ont pas besoin d'emploi du temps
Il n'y a pas d'enfants, il n'y a que des infantilisés (et pourquoi la domination par l'ancienneté s'étend jusqu'au monde adulte)
Domination, oppression et exploitation : définir et clarifier ces concepts
Peur de l'enfant et haine de l'enfance (misopédie ou pédophobie)
L'enfant dépendrait de l'adulte qui lui ne dépend de rien (le mythe du don unilatéral et de la la dette matérielle et affective )
Pourquoi les adultes veulent croire au père Noël
L'imaginaire de la supériorité statutaire du professeur : s'imaginer sachant et n'ayant rien à apprendre de l'élève
La vulnérabilité n'est pas un stigmate : nous sommes tous vulnérables car nous sommes tous interdépendants
Le care negatif (Elsa Dorlin), devoir anticiper l'arbitraire et la violence du dominant
La charge mentale des enfants
Le « nécessaire » oubli de la domination (Tal Piterbraut-Merx)
On ne se libère pas de l'enfance en devenant adulte (comme on ne se libère pas du genre en devenant homme ou du racisme en devenant blanc)
Contre l'advenir adulte la liberté des devenirs
Pourquoi la fabrique de l'enfance est la condition de possibilité même de l'exploitation des adultes
Advenir adulte c'est abandonner tous les devenir pour se conformer à un état
Le mécanisme de la ré-compense compense l'absence de sens ou l'humiliation
La fabrication en masse du complexe de l'imposteur (et le faux problème de la légitimité)
« Qu'est-ce que je vaux ? » ou la pire des questions
Comment se positionne ou s'articule la domination par l'ancienneté avec le triptyque « classe, race, sexe » ?
L'usage faible de l'intersectionnalité
Désadultifier l'intersectionnalité (gérontocratie et hiérarchisation des luttes)
À l'échelle individuelle, la domination par l'ancienneté est toujours première
Se taire pour se remettre en mouvement
Abolir l'adulte (Frantz Fanon reloaded)