[Les réponses sont en anglais mais une version sous-titrée est disponible sur youtube]
Depuis une dizaine d’années, Stefano Harney et Fred Moten incarnent aux États-Unis le renouveau de la pensée radicale noire et de la théorie révolutionnaire en général. Après Les sous-communs, planification fugitive et étude noire traduit et publié en français en 2022, vient de paraître All incomplete, Alternatives au capitalisme logistique (Les Liens qui libèrent). C’est un livre à la fois riche et puissant qui mêle poésie, philosophie et théorie politique. Mais c’est aussi un livre déconcertant ; si les fulgurances s’enchaînent, on s’y perd aussi (très) régulièrement. De la plantation esclavagiste au capitalisme globalisé, l’économie, soit la gestion du capital humain, repose sur l’idée que nous serions des individus complets et souverains. Harney et Moten postulent à rebours que nous survivons dans les sous-sols du monde de la logistique en tant qu’être incomplets, c’est-à-dire toujours-déjà liés et constitués par le monde, tel qu’on y survit, tel qu’on y résiste. Si vous avez le sentiment que la théorie décoloniale en France tourne autour des 3 mêmes idées depuis 15 ans et n’en finit plus de ressasser le même léninisme pataud, vous trouverez chez Moten et Harney de quoi vous aérer l’esprit. Au reste, si nous avions prévu de discuter avec Stefano Harney de leurs développement théoriques, on s’est dit qu’au vu de la multiplication des émeutes contre les raids anti-migrants aux Etats-Unis, il était plus judicieux de partir de là pour comprendre ce que leur pensée permet d’éclairer dans la situation présente.
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Revient-on de Milei ? Et si oui, dans quel état ?
Des politiciens du monde entier, y compris la directrice du FMI, brandissent désormais la tronçonneuse, symbole des coupes budgétaires furieuses associée à la campagne électorale de Javier Milei. 18 mois après l’investiture de ce dernier à la présidence de l’Argentine, lundisoir consacre une émission à la situation du pays latino-américain. Dans un dialogue notamment avec l’expérience du gouvernement de Jair Bolsonaro au Brésil (2019-2023), les invités tâchent de cerner ce qu’instaure d’irréversible les gouvernements de tels énergumènes.
• Maud Chirio, maître de conférence à l’Université Paris-Est Marne-la-Vallée. Spécialiste des militaires brésiliens, elle a notamment publié La politique en uniforme : L’expérience brésilienne, 1960-1980 (PUF).
• David Copello, politiste, maître de conférence à l’Institut Catholique de Paris, il vient de publier Les droits humains armés. Guérillas, dictatures et démocratie en Argentine (PUF Rennes).
• Christophe Giudicelli, professeur à la Sorbonne, il est notamment l’auteur de cet excellent article publié au moment de l’élection de Milei.
• Jérémy Rubenstein, qui a tenu une chronique hebdomadaire dans lundimatin pendant les premiers mois de gouvernement de Javier Milei.
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Dans ce lundisoir, nous allons parler de guerre, de militarisme et d’antimilitarisme. Pour cela nous recevons Déborah Brosteaux qui vient de publier Les désirs guerriers de la modernité(Seuil) ainsi que des membres de la coalition « Guerre à la guerre », qui réunit plusieurs dizaines d’organisations et individus dans l’objectif affiché de « désarmer le militarisme » et plus largement reconstruire un front anti-guerre et un antimilitarisme de masse.
A travers une analyse nourrie entre autres de Klaus Theweleit et Walter Benjamin, qui croise histoire des représentations et enquête sur les mécanismes de formation du désir, Déborah Brostaux ne vise donc pas simplement à dénoncer la guerre comme une abstraction mais à essayer de comprendre ce qui, dans les corps, produit, construit, un désir de la guerre, un désir pour la guerre en même temps qu’elle souligne ce qu’il y a de spécifiquement moderne dans cet affect « qui consiste à bâtir une existence politique sur des rapports guerriers tout en se présentant soi-même comme incarnation de la paix. » Sur quoi se fonde le mythe de la paix européenne ? Quelle est la différence entre antimilitarisme et pacifisme ? Qui arme, finance, transporte le matériel pour les guerres en cours dans le monde et le génocide à Gaza, et quelles sont à cet endroit à responsabilité et la complicité de la France ? Quel est le lien entre antifascisme et antimilitarisme ? Au coeur de cette discussion croisée entre théorie pratique, l’extrême contemporanéité de la guerre et les enjeux concrets que pose la question de la lutte antimilitariste aujourd’hui en France.
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En avril dernier, une vague d’actions ciblait le système carcéral français. A chaque fois, le sigle DDPF pour Défense des Droits des Prisonniers Français était retrouvé sur les lieux. En parallèle, un canal Telegram revendiquait cette campagne et en explicitait les revendications, soit le respect des droits des prisonniers décrits comme systématiquement bafoués. Dans un brillant article récemment publié dans lundimatin (lire ici), l’historien Alessandro Stella revenait sur cette « affaire » pour la recontextualiser à la fois dans le moment politique présent mais aussi plus généralement dans l’histoire du « narcotrafic » et de la politique pénale qui prétend réprimer la vente et la consommation de stupéfiants. Dans ce lundisoir, nous accueillons Anne Coppel, sociologue et pionnière en France de l’étude du prohibitionnisme des drogues, Fabrice Olivert, militant historique pour la défense des consommateurs de drogue et fondateur d’ASUD (Auto support des usagers de drogues) ainsi qu’Alessandro Stella.
On verra comment une pratique millénaire et anthropologiquement banale, -l’usage de psychotropes-, est devenue en quelques décennies le prétexte à une criminalisation et une répression de masse des populations pauvres et plus particulièrement racisées. Comment les figures du « drogué », du « dealer » et maintenant du « narcotrafiquant » ont été construites politiquement et se sont tellement bien ancrées dans nos représentions que lorsque une campagne d’actions en solidarité avec les personnes incarcérées se diffuse aux quatre coins de la France, personne dans le champs public n’entreprend de la soutenir ou à tout le moins de la comprendre.
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Professeur de sciences politiques à São Paulo, Jean Tible navigue depuis plusieurs décennies entre la France et le Brésil. Ses recherches portent essentiellement sur cette matière riche et prolifique : la révolte. Il vient de publier Politique sauvage aux éditions Terres de feu, un essai aussi foisonnant qu’enthousiasmant qui propose de reprendre l’histoire de ces 70 dernières années depuis les gestes d’insoumission, de subversion et d’affrontement avec l’ordre des choses. Par ce renversement de perspective, on s’aperçoit que ce sont les bouleversements qui imposent le rythme de l’histoire et qu’il ne s’agit jamais pour le pouvoir que de tenter de l’interrompre. Jean Tible retrace donc 7 décennies de luttes qui se succèdent, se chevauchent, s’entrecroisent, des forêts de l’Amérique du Sud aux ZAD, des quilombos aux favélas, des Black Panthers aux féminismes révolutionnaires. Depuis les grèves, les usines, les campus, les ghettos ou les places occupées, il retisse le fil des évènements jusqu’à rendre palpables leurs résonances. Contre une politique politicienne aussi éreintée qu’impuissante et triste, il révèle cette politique sauvage, joyeuse et ingouvernable qui relie les mille luttes minoritaires, qu’elles soient queer, indigènes, ouvrières ou écologistes. En évoquant le trumpisme, un ami écrivait récemment que « nous avons la contre-révolution que nous méritons », la fascisation en cours n’étant que le contre-coup des révoltes récentes. Antonio Gramsci d’ajouter en 4e de couverture du livre de Jean Tible : « On ne peut prévoir que la lutte. ».
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Pour ce 4e épisode de lundi bon sang de bonsoir cinéma, Nicolas Klotz, Saad Chakali et Victor Morozov discutent de cette figure presque évanouie : le critique de cinéma. Mais comme toujours, il s’agira d’abord de parler de tout le reste, comment bifurquer de l’industrie et s’en foutre de Cannes, comment encore faire du cinéma politique alors que Gaza, comment persévérer dans l’impasse jusqu’à ce que le réel se fissure. Plus de détails dans le chapitrage ci-dessous.
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Autrefois cantonné aux cercles les plus assumés de l’extrême droite, le « problème musulman » a doucement mais sûrement conquis l’espace politique et médiatique. D’une partie de la gauche qui veut sauver une « république » en péril au ministre de l’Intérieur qui proclame « vive le sport, à bas le voile » la question de l’islamophobie est devenue un marqueur plus déterminant que jamais en France. Si certains assument cette peur des musulmans pendant que d’autres s’indignent des discriminations qu’elle engendre, personne ne s’interroge sur la manière dont s’est construit ce « problème musulman ». C’est ce à quoi s’attèle Hamza Esmili, socio-anthropologue, dans La cité des musulmans, une piété indésirable (Amsterdam). Le chercheur retrace la genèse et les différentes évolutions de l’islamophobie en France, de sa variante libérale de gauche à son déploiement conservateur actuel et ouvre la question en creux de ce « problème musulman » : comment l’histoire coloniale, la désindustrialisation et l’espace ségrégé de la cité, ont produit un phénomène de réaffiliation et de regain de piété qui vient mettre en crise le rapport dominant à la communauté, à l’État et à la société globalisée. Soit « une collision historique bien réelle,
une épreuve de modernité ».
00:00 Intro
2:58 1982, les ayatollahs infiltrent les grèves ouvrières
6:13 1989, trois lycéennes voilées à Creil, le Munich de l’éducation
9:23 Le « problème musulman », collision historique et épreuve de la modernité
11:23 De l’islamophobie libérale de gauche à l’islamophobie conservatrice
15:25 La question en creux du « problème musulman » : la non-assimilation
18:09 La différence entre l’islamophobie et le racisme anti-maghrébin
20:47 De la génération perdue des enfants d’immigrés à la réaffiliation pieuse
24:20 Désindustrialisation et multiplication des mosquées
28:06 Une forme singulière de collectifs d’individus ’un à un’ pieux
33:06 L’influence méconnue de la prédication des « frères de l’effort » sur l’islam de France
37:09 L’attentat géopolitique et l’attentat antisémite : distinguer politiquement les phénomènes de violence
43:52 Islamophobie des gouvernants : calcul politique cynique ou déréliction morale sincère
44:43 Le « problème musulman » permet-il de produire « du français » ?
47:56 Pourquoi l’extrême droite ne rêve pas (même au Puy du fou)
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Si vous ne savez pas que les mésanges conspirent secrètement pour abolir le capitalisme et qu’il est possible d’entrer dans la tête de Bruno Retailleau grâce à un rituel animiste douloureux, c’est que vous n’avez jamais lu les excellentes et hilarantes bandes-dessinées d’Alessandro Pignocchi. Après La recomposition des mondes et Ethnographies des mondes à venir avec Philippe Descola [1], l’ancien chercheur en sciences cognitives revient avec un projet peut-être encore plus ambitieux. Avec Perspectives terrestres, Scénario pour une émancipation écologiste, Alessandro Pignocchi propose une hypothèse politique hybride qui ne se satisfait ni d’une pureté révolutionnaire dépendante du « grand soir », ni des illusions réformistes auxquelles plus personne ne croit de toute façon. Il s’agirait de renouer avec les milieux de vie, de territorialiser les forces politiques et de nouer les alliances qui permettent à la fois prendre au sérieux la question de la subsistance et celle du démantèlement de ce qui détruit la vie, la planète et tout le reste. Il s’agirait en somme d’accueillir le devenir émeutier de Marine Tondelier et d’accepter que Jean-Luc Mélenchon puisse au moins diriger un potager. Programme vaste et audacieux qui vient nourrir les questionnements politico-stratégiques.
00:00 Présentation
2:20 Lutter par et depuis les affects : diffuser les possibilités de joie et d’intensité de vie
7:36 Reprendre prise sur le monde depuis nos attachements aux territoires, aux milieux de vie et au vivant non-humain
10:25 L’attitude objectivante VS l’attitude subjectivante
17:23 De l’impossibilité de connaître 51 vaches ou comment l’élevage intensif modifie substantiellement le rapport au non-humain
21:35 La pensée du vivant : programme révolutionnaire ou anesthésiant pour bourgeoisie déprimée
29:41 Renverser les coordonnées de la valorisation économique de soi
35:42 Entre le réformisme social-démocrate et le mythe du grand soir : le gradualisme et l’oscillation saisonnière
41:47 Archipels, désertion et autonomie : luxe communale ou alternative pour privilégiés ?
47:36 Face à l’effondrement de l’hypothèse sociale-démocrate : fascisme ou prises de terres
51:14 Territorialiser les forces politiques
55:52 Engager la conflictualité, organiser le démantèlement
1:01:22 Se débarrasser de Retailleau dans un rituel animiste
1:08:07 Réactiver la joie de la grève ouvrière, réactualiser le lieu de la conflictualité politique
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Gabriel Hagaï est une figure qui tranche au sein du judaïsme français contemporain. Formé à Jérusalem au sein d’une confrérie mystique qui transmet des enseignements ésotériques ancestraux, il est l’un des derniers représentants d’une tradition orthodoxe séfarade marginalisée. Il se revendique Gilet jaune, anarchiste, communiste et anti-matérialiste, et promeut une politique mystique de l’amour inconditionnel. Il vient de publier Itinéraire d’une initiation, le cheminement d’un rabbin qabbaliste aux éditions Vues de l’esprit dont nous avons publié quelques bonnes feuilles.
00:00 Présentation
1:18 Qu’est-ce que la Kabbale ?
2:48 Pourquoi la Thora n’est pas la loi mais la voie
5:38 Comment faire le pitch de la Thora en se tenant sur un pied ?
7:51 Pourquoi publier un tel livre dans la situation politique et mondiale actuelle ?
11:17 Déconstruire les projections sur le judaïsme
14:10 Messianisme et sionisme : la question du littéralisme
21:00 « Nous n’attendons pas le messie, le messie nous attend » (et il pourrait être le nom d’un phénomène révolutionnaire)
23:54 Du sionisme culturel au sionisme politique
28:23 Qu’est-ce que l’amour inconditionnel ?
34:38 Peut-on être anarcho-communiste et royaliste ?
38:40 Le soutien des gouvernements européens au sionisme
40:16 La mystique est elle l’espace du dialogue inter-religieux ?
45:03 La tradition mystique contre le littéralisme
47:35 Que reste-t-il des traditions talmudiques séfarades par rapport aux traditions talmudiques ashkénazes ?
52:18 Comment devient-on mystique ?
57:31 « D’abord vivre, ensuite philosopher, mais troisièmement revivre. »
58:38 Qu’est-ce que le tiqqun ?
1:04:34 Quel rapport à la lutte politique ? Gripper la machine, réparer le monde
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« Bienvenue dans la machine sécuritaire. Voici une carte des rouages et un plan d’évasion. »
Dans la foulée du documentaire Nous sommes des champs de bataille (disponible prix libre ici, Mathieu Rigouste publie ce 18 avril La guerre globale contre les peuples. Mécanique impériale de l’ordre sécuritaire aux éditions La Fabrique.
Lorsque l’on entend le mot « guerre », nous imaginons une situation exceptionnelle qui viendrait suspendre le temps normal de la paix ; on se représente des tranchées, des mortiers et une ligne de front autour de laquelle au moins deux États projettent les hommes à leur solde. Quand on habite en occident, cette guerre est à peu près toujours lointaine, géographiquement ou dans le temps.
Dans son livre, qui est d’abord une enquête, Mathieu Rigouste rebat tout cela et nous démontre que la guerre, ses logiques et ses profits, traverse le temps et l’espace et accompagne depuis toujours l’extension et l’évolution du capitalisme. Surtout, il analyse comment la ligne de front s’est dilatée, comment la guerre ne vise in fine jamais un ennemi mais les populations ; ce qu’il décrit comme le continuum entre guerre et contrôle. Ou comment les mécaniques de la guerre impériale et de l’ordre sécuritaire intérieur se complètent, se brouillent et font système.
Dès lors, toutes les distinctions à partir desquelles nous avons pour habitude de lire le monde deviennent désuètes : guerre et paix, fascisme et démocratie, sécurité et population. Ce livre propose quelques nouveaux outils pour s’orienter, « une carte des rouages et un plan d’évasion ».
00:00 Intro
1:18 Présentation de « Nous sommes des champs de Bataille » le film et « La guerre globale contre les peuples » le livre
5:10 Comment les formes de la guerre épousent les formes du capitalisme (et vice-versa)
7:41 Le continuum entre guerres extérieures et contrôle des populations
13:13 « La normalité du système c’est l’écrasement de la vie » : biopouvoir, thanatopouvoir, nécropouvoir
18:20 Qu’est-ce que la mécanique impériale de l’ordre sécuritaire ?
23:55 Enquêter sur les penseurs et entrepreneurs de la contre-insurrection
32:25 Conquérir les cœurs et les esprits : les différentes tendances de la contre-insurrection
36:28 La population comme champ de bataille
39:38 Comment se construit le désir de sécurité ?
48:33 La mécanique impériale est-elle toujours logique, rationnelle et profitable ?
57:10 L’internationalisation des soulèvements ET des techniques répressives
1:01:32 La fascisation de l’ordre sécuritaire
1:05:18 « L’IA constitue le support techno-industriel du néo-fascisme sécuritaire »
1:10:35 « Par-delà les frontières de l’apartheid global, Palestine devient plus que jamais le nom d’une détermination des opprimés à résister pour exister et à s’unir pour se libérer. »
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C’est avec quelques mois de retard que nous avons découvert Le Repli, formidable film documentaire du cinéaste Joseph Paris. Il y est question d’état d’urgence, de recul des libertés publiques et de l’histoire de l’islamophobie en France. Enthousiasmés, nous avons proposé à Joseph Paris de venir nous raconter son rapport aux archives, au cinéma et aux images du pouvoir. Comment les dévoiler sans s’en faire le relai, comment les réagencer pour les désactiver. Il nous parle aussi de son expérience au près des Femen, jusqu’à leur neutralisation depuis l’intérieur mais aussi de son travail en cours sur le front ukrainien. Comme il y a beaucoup de choses à raconter et de personnes à rencontrer en ce moment, nous passons pendant quelques semaines à un rythme de deux lundisoir par semaine. Celui-ci sera donc diffusé à partir de jeudi 10 avril à 20h.
00:00 intro
1:01 Avec Harun Farocki, penser les images du pouvoir, faire des films comme des essais
6:12 Les Femen et la guerre nue
14:13 Comment les Femen ont été neutralisées depuis l'intérieur en dépolitisant le choix des cibles
21:50 Le repli, un film documentaire sur la montée de l'islamophobie en France
29:48 La violence du pouvoir par ses propres images
35:16 Comment le « problème musulman » fut inventé par la gauche en 1983 pour diviser les grèves ouvrières
42:18 De gauche à droite, l'islamophobie d'opportunité
48:47 Respecter l'archive, déchirer et manipuler les images du pouvoir
56:25 Filmer la guerre en Ukraine : la sidération des images militaires
1:00:37 Des images opérationnelles qui ne sont pas faites pour être regardées mais pour être montrées
1:06:15 Ukraine : le dilemme moral des déserteurs
1:11:48 Penser la spécificité des affrontements armés aujourd'hui
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Romain Graziani, philosophe et sinologue, vient de publier Les lois et les Nombres (Gallimard), une enquête épatante qui nous permet de retracer le fil qui relie les formes les plus avancées de la domination contemporaine à ses premiers inventeurs : les stratèges chinois au IVe siècle av. J.-C.
Dans cette nouvelle archéologie du pouvoir, le philosophe nous raconte comment la domination impériale chinoise s’est fondée sur un imaginaire politique du calcul, du mesurable, du mécanisme et de la capture fondé sur la primauté des nombres. C’est l’héritage du Légisme (Guan, Shang Yang, Han Fei) qui, à la source de la première fondation de l’Empire, n’a plus cessé de s’étendre jusqu’à aujourd’hui avec le crédit social en Chine ou encore la diffusion de la gouvernance algorithmique partout dans le monde. On fait aussi un petit détour par Mao qui se délirait en Qi Shi Huangdi (le premier empereur) et se revendiquait du légisme en faisant littéralement tout le contraire et n’importe quoi, produisant famines sur famines.
Si l’on a longtemps vu dans le logos grec le début de la logification capitaliste du monde, nous pouvons voir dans le FA chinois (la loi ou la norme) le début de la mathématisation algorithmique du gouvernement impérial.
L’étrange phénomène contemporain est le suivant : une idéologie du Nombre d’il y a 23 siècle est en train de réémerger à la vitesse de la poudre sur tout le continent asiatique avec pour effet une formidable réintégration du reste du monde à sa mesure.
00:00 Teaser
1:27 Du légisme chinois au IVe siècle av. J.-C. à la description de l’Empire au XXIème siècle
05:00 Modernité de l'imaginaire politique chinois
07:37 Gouverner par les nombres, dominer sans affect
10'51: Par-delà les valeurs et le pouvoir charismatique, les lois et les nombres
12 :39 Comment la pensée gouvernementale chinoise du IVe siècle av. J.-C. converge avec le management contemporain, le nudge et la surveillance algorithmique
14 :41 D'ailleurs c'est quoi le légisme ?
19:59 « Enrichir l'état , renforcer l'armée » ou comment régner par la guerre et le profit
24:16 Par-delà l'enrichissement, la recherche du contrôle maximal sur la population
27 :32 Comment s'articulent l'art de gouverner et celui de s'enrichir ?
33:17 La souveraineté en pilotage automatique ou naissance de la technocratie
42 :07 De la surveillance céleste à la surveillance numérique
49:50 Les métaphores du pouvoir : la mesure, la mécanique, la capture
55:08 La population chinoise est-elle culturellement plus passive face au pouvoir ?
59:43 Le pouvoir chinois antique et le régime chinois contemporain peuvent-ils être considérés comme des totalitarismes ?
1:02:39 Les trois figures de l'ingouvernable : le saint homme, le justicier errant et le brigand
1:08:45 Mao, le nouvel empereur délirant
1:12:29 Bonus : le non-agir est-il anarchiste ?
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En l’espace de quelques années, l’intelligence artificielle s’est immiscée, qu’on le veuille ou non, dans tous les interstices de nos existences. Dissimulée dans les « app » qui nous guident, nous ambiancent ou font les devoirs de mathématiques à notre place, elle optimise les frappes de l’armée israélienne et peut nous offrir des conseils avisés dans nos relations affectives. Sait-on pourtant exactement ce qu’est l’IA ? Comment elle fonctionne, ce qu’elle peut, ce qu’elle ne pourra jamais et ce qu’elle pourra peut-être ?
Mathieu Corteel est philosophe et historien des sciences, il publie cette semaine Ni dieu ni IA (La découverte). Au gré d’un inquiétant voyage à la rencontre de cerveaux plongés dans des cuves, de robots dactylographes, de perroquets stochastiques, de policiers quantiques et de chatbots psychopathes, l’auteur propose d’« ouvrir le capot » pour comprendre les rouages, les paradoxes et les illusions tant épistémiques que techniques au cœur de cette nouvelle technologie.
De là, s’ouvrent quelques questions éminemment politiques et les désaccords logiques : peut-on séparer la mauvaise IA qui contrôle, ordonne, gouverne de la bonne qui soigne sans commettre d’erreur de diagnostic et réduit la pollution des embouteillages ? Faut-il y voir l’opportunité de gagner du temps pour certaines tâches ingrates ou la menace d’une destruction méthodique de toute expérience et créativité humaine ? Faut-il voir dans l’IA en même temps que le dernier avatar du capitalisme cognitiviste l’émergence possiblement émancipatrice d’une commune intelligence collective ? On en discute dans ce lundisoir.
00:00 Coucou ChatGPT
2:46 De quoi parle-t-on lorsqu'on parle des IA ? Une petite généalogie
6:59 Pourquoi nous vivons dans un gigantesque laboratoire dont nous sommes les cobayes
11:13 Les illusions totémistes de l'IA nous plongent dans un univers de non-sens avec des conséquences graves
17:24 Qu'est-ce que l'IA n'est pas ? Pourquoi l'analogie entre langage et mathématiques est un leurre
20:24 L'IA est indifférente au monde et amorale.
23:32 Comment l'IA nous dépossède en écrasant notre expérience du monde. L'exemple de la musique
32:13 Peut-il exister des agencements de l'IA émancipateurs ? (Mathieu Corteel pense que oui, nous plutôt que non)
38:26 Quoi qu'il en soit les usages aliénants de l'IA sont massivement majoritaires et les garde fous inexistants
41:12 Causalité et fausses corrélations : taux de suicide, consommation de margarine et police prédictive
45:00 Que serait un bon usage de l'IA ?
51:50 A-t-on déjà vu un nouveau dispositif technologique être limité dans ses usages ?
52:45 Les ordinateurs peuvent-ils faire l'amour entre eux ? Qu'elles illusions affectives nous vend l'IA ?
58:58 L'IA c'est des stats et des probabilités qui pénètrent techniquement nos représentations du monde et de nous-mêmes
1:00:42 La mutation du capitalisme vers le capitalisme cognitif. L'IA au service de la réaction. Pour une grande démission
1:08:02 Les limites matérielles et physiques de l'IA dans un monde fini. Pourquoi Bluesky ne rend pas nécessairement moins idiot que twitter
1:12:29 Et si la valorisation de chaque interstice de la vie n'était pas le stade suprême de l'économie ?
1:15:06 Comment sortir des paradoxes pragmatiques ? Peut-on réenchanter la démocratie avec présidents robots ?
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Cette semaine, nous vous proposons un lundisoir exceptionnel depuis le bar la Plaine à Marseille. On reçoit Alèssi Dell’Umbria afin qu’il nous raconte l’incroyable histoire du groupe Os Cangaceiros, mythique et mystérieuse association de malfaiteurs, théoriciens révolutionnaires autodidactes, émeutiers transnationaux et saboteurs au grand cœur. Ou comment une bande de jeunes, fans de rock et de football, et qui refuse d’aller à l’usine, se lance dans une vie de clandestinité, d’arnaques aux banques à l’échelle industrielle et de campagnes de sabotages en soutien au luttes en cours dans les prisons, les usines et les banlieues.
Si la revue publiée par le groupe a pu continuer de se diffuser dans quelques recoins de l’internet, pendant très longtemps, cette histoire est restée mal connue, probablement parce qu’Os Cangaceiros est parvenu à disparaître sans jamais que le ministère de l’Intérieur et la BRB, lancés à ses trousses, ne parviennent à le rattraper.
Passé le délai de prescription, Alèssi Dell’Umbria a décidé de s’y coller et de revenir sur cette époque de scandales, d’audace et de tumultes dans un livre passionnant « Du fric ou on vous tue ! » aux Éditions des mondes à faire. On lui a proposé de nous raconter tout ça, autour d’une anisette.
Alèssi Dell’Umbria est l’auteur, entres autres, de C’est de la racaille ? Eh bien, j’en suis ! À propos de la révolte de l’automne 2005, Histoire universelle de Marseille, De l’an mil à l’an deux mille, Tarentella ! Possession et dépossession dans l’ex-royaume de Naples, Antimatrix.
Les trois numéros de la revue Os Cangaceiros, le recueil L’incendie Millénariste et le dossier des Treize milles belles évoqués dans l’entretien sont tous consultables dans l'article paru sur lundimatin.
00:00 intro
1:27 Os Cangaceiros, une association de malfaiteurs, lettrés et politisés
3:58 Rock'n roll, bagarres, refus du travail et arnaques aux banques
5:40 La fondation du groupe
8:15 Le choix de la clandestinité et de l'action directe dans le reflux politique des années 80 et sous le mitrerrandisme
11:43 Penser et élaborer théoriquement depuis les luttes en cours et le refus diffus du travail
17:08 Échapper à la reproduction du capital, repenser le prolétariat
20:42 Politiser la délinquance (blousons noirs, banlieusards, vols de voitures et braquages)
27:40 1ère vague d'actions en soutien aux mutineries dans les prisons : « La liberté est le crime qui contient tous les crimes » (blocages et attaques de trains de luxes, incendies d'entreprises qui font travailler les prisonniers, destructions d'imprimeries de journaux qui calomnient la révolte)
32:56 Des actions exemplaires plutôt que symboliques. La théorie du scandale
34:42 : Soutien à George Courtois, Patrick Thiolet, Abdel Karim Khalki et la prise en otage du palais de justice de Nantes (Sabotages du métro parisien)
41:58 La dépendance à l'écho médiatique
43:17 Football, hooliganisme, violence de rue et politique (ce à quoi la gauche ne comprend rien)
50:30 La nécessité de voyager à travers le monde pour aller à la rencontre des soulèvements et tisser des amitiés comme des solidarit
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Avec Alexia Roux, Saad Chakali, Mehdi Benallal & Guillermo Kozlowski
Jean-Luc Godard ne sera jamais le nom propre d’un auteur consacré, mais le nom commun d’une pensée partagée, sésame ou schibboleth pour le cinéma qui vient et dont nous avons besoin : le partage au nom du commun et ce qu’il départage au nom de l’égalité. Quand il eût fini les Histoire(s) du cinéma, Godard disait qu’il n’avait aucun public, sinon des spectateurs, peut-être 100.000 dans le monde, ses amis : l’amitié pour ce qui se pense sous ce nom. Avec ce cinéaste, c’est comme avec les communistes selon le bon mot de José Bergamin, on ira jusqu’à la mort sans faire un pas de plus.
Le cinéma à le suivre, on peut se l’imaginer ainsi, à l’instar du tiers-état selon l’abbé Sieyès. Qu’est-il ? Rien. Que veut-il ? Tout. Que peut-il ? Quelque chose. Ce peu qu’il peut est sa dernière puissance, le miracle de donner ce que l’on n’a pas - les images, les idées. Liberté (le droit de citer contre le droit d’auteur et les citations à comparaître des procureurs). Égalité (contre toutes les hiérarchies). Phraternité (comme Marie José Mondzain nous a appris à l’écrire) pour les métaphores, ces transports en commun.
Si le cinéma a gagné (il est partout), il a perdu aussi (Auschwitz-Hiroshima) et il ne cesse pas d’être encore défait aujourd’hui (Gaza-IA). Le cinéma de Godard est le moins au centre car il est le plus au milieu, par où tout bifurque et tout recommence. Alors on recommencera par le milieu, moins nombril qu’ombilic : la crise et la critique qui est d’abord autocritique, la modernité contre elle-même, le legs des premiers romantiques et un retour sur la politique des auteurs, pas un autoritarisme mais une politique des marges. Une pensée par accords discordants, opérant par rapports à la fois destituants et constituants. Des montages d’images dialectiques qui sont toujours des démontages critiques. Une pensée remontée à démonter le terrain miné des clichés. Des faux-raccords pour faire fuser les correspondances. Des courts-circuits pour interrompre la bêtise des automatismes. Le sabotage poétique de toutes les chaînes d’asservissement, chaînes conjugales, chaînes d’usine, chaînes de télévision, toutes les chaînes d’esclaves.
Godard ? Le cinéma ne divertit pas, il divise. De deux choses, pas l’une pour montrer la troisième, l’invisible qu’il y a entre toi et moi - l’image qui revient de loin en donnant la main à celle d’après. Champ/contrechamp/hors-champ, une trinité. Godard juif, Godard arabe et ce sont les trois personnes. Sinon, on ne comprendra jamais que ce que l’on hait en l’autre, n’est autre que soi-même. Le cinéma est un art pacifique, il est fait pour rapprocher. Son cinéma ? À l’épreuve des conflictualités, au contraire de la guerre.
00:00 Jean-Luc Godard, un nom commun comme un mot de passe03:12 L'amitié contre la notion « fasciste » de public06:50 Un cinéma qui ne raconte pas d'histoire
10:57 Entrer dans le cinéma par sa porte de sortie
14:12 L'ami dont on se méfie
17:06 Il ne s'agit pas de savoir ce qu'est le cinéma mais ce qu'il peut et ce qu'il expérimente
21:43 « Si je me suis bien fait comprendre, c'est que je me suis mal exprimé »
26:28 Le visible et l'énergie sombre
31:44 La crise, Homère et le geste paysan (plus rien ne va de soi, tout devient compliqué)
36:04 Debord, le grand mensonge et le renfrognement
42:40 Critique de la critique de la séparation
46:54 L'émancipation, la question juive, la question arabe
51:49 Le caractère spectaculaire du film « La société du spectacle »
56:02 La vie s'éloigne dans une représentation...
58:39 La prisonnière du désert, les gestes qui s
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« L’université est en crise », c’est ce que l’on dit ou que l’on nous dit depuis maintenant des décennies. En plus d’être en ruines, elle est désormais ruinée et soumise à des mesures d’austérités aux effets toujours plus dévastateurs : réduction des budgets, fermeture de formations, hausse des frais d’inscription, gel des recrutements, abandon des rénovations, etc. Comme nous en discuterons dans ce lundisoir, tout cela était pourtant prévu et programmé avant d’être orchestré.
Mais l’université, en France, c’est aussi les étudiants, les mouvements, les occupations, les blocages et le débordement. Ce moment privilégié de l’existence où on a le temps de se rencontrer, de penser et de commencer à s’organiser. En tous cas historiquement. Depuis plusieurs semaines, un début de mouvement pointe son nez, des AG sont organisées partout, certains campus sont bloqués ou occupés, comme à Rennes 2. Pour discuter de tout cela, nous accueillons Bruno Andreotti, physicien, animateur du séminaire politiques des sciences et fin connaisseur de la néo-libéralisation de la recherche et de l’enseignement. Depuis le campus de Rennes 2, on suivra Fanny Le Nué et Fabien Tallec de l’Union Pirate, pour comprendre où en est la mobilisation.
Et si dans l’air vicié du moment, l’explosion de la cocotte-minute étudiante pouvait nous ramener un grand vent d’air frais ?
Lundi 17, l’AG de Rennes 2 vient de voter le blocage de l’université.
00:00 Introduction – L'état des universités
2:43 Depuis le campus de Rennes 2 avec l'Union Pirate : historique de la mobilisation en cours
8:53 Histoire de l'université ou comment elle est née d'une grève qui a duré 3 ans
11:30 Comment le pouvoir s'est transféré des universités aux grandes écoles et pourquoi l'idée d'université n'existe pas dans l'espace public
12:33 À l'origine des réformes de l'université : le modèle élitiste états-uniens et la volonté de revanche sur mai 1968 et sur la réforme Devaquet stoppée par la mort de Malik Oussekine et un mouvement étudiant de masse
16:41 Le rapport des économistes Aghion Cohen de 2004 qui a théorisé et programmé la destruction des universités
19:55 Comment l'idée d'autonomie a été détournée puis retournée en son contraire
22:48 La dualité du système français : d'un côté les vacataires en grande précarité, de l'autre les titulaires encore protégés
25:09 L'horizon des réformes : enrichir les enseignements privés et augmenter les frais d'inscription pour toujours plus de sélection sociale
30:09 Depuis le campus de Rennes : qu'est-ce que les plans d'austérité font aux universités ?
36:58 Pour éviter tout mouvement étudiant de masse, la stratégie « incrémentale » des gouvernements successifs (ou comment ne jamais inscrire publiquement les petites réformes dans leur plan général)
40:09 Qu'est-ce que l'HCÈRES (Haut Conseil de l'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur) et pourquoi il est l'outil et la tactique de mise au pas des universités
50:43 Comment la mise sous pression des étudiants dès Parcoursup influe sur leur capacité de mobilisation
54:43 « La pression mise sur les ados est internalisée » - La précarisation subjective
57:26 Comment la précarisation et les angoisses sur l'avenir produit une génération sous cocotte-minute (la stratégie de la bouée normative)
1:06:19 Depuis le campus de Rennes 2 : comment vit-on la précarité matérielle et subjective ?
1:14:26 Qu'est-ce qui empêche la jeunesse de se soulever et pourquoi elle ne peut que finir par se révolter
1:20:58 Comment les attaques contre la
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« Vers un pays inconnu », c’est le titre du dernier film de Mahdi Fleifel, réalisateur palestinien, une fiction qui aurait dû être un documentaire, en salles depuis le 13 mars. Dans les rues d’Athènes, aux côtés de deux cousins palestiniens, le film nous projette dans toute la brutalité et l’humanité que charrie l’expérience de l’exil, par-delà le misérabilisme comme les bons sentiments. L’attente et la débrouille, l’errance et les arrangements avec sa propre conscience, pas de happy end, que des plans serrés, au ras du réel. Le chemin escarpé vers un avenir meilleur ; ce qu’il en coûte dans un monde mauvais.
On en discute avec Frank Barat, producteur exécutif du film, dans ce lundisoir qui se tient exceptionnellement un vendredi. Dépéchez-vous d’aller voir le film si vous souhaitez qu’il reste sur les écrans. Dure loi du marché et du cinéma.
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Le groupe Chuglu hante Marseille et le monde. Mais il est le contraire d’un spectre. Si vous voyez des gens déménager des meubles sans savoir où ils vont, des clémentines qu’il faut se mettre à dix pour n’en manger qu’une seule, des transhumances urbaines de centaines de ballons de foot rapiécés, des manifestations d’enfants autoritaires, des soupers de pierre servis en pleine rue et des cavernes sur le vieux port où l’on vend pour gratuit des vêtements trop chers, c’est probablement que vous avez été témoins d’une malice de Chuglu, que vous avez été frappé par le Chuglu, qu’il vous a joué une farce impossible et qu’il ne vous est plus possible de discerner le quotidien de la révolte.
Craignez du haut de votre Hilarité l’attaque soudaine de ces ex-« barbares nihilistes » de l’art, ce Groupe qui n’est pas un Collectif, ce Collectif piqué de réunionnite incessante, dont la seule forme d’unité est l’embrouille. Si vous vous dîtes, au détour d’une rue d’une de ces capitales, témoin d’un geste infinitésimal où se produit un tout petit écart, que c’en est trop, qu’il faut se révolter et qu’y en a marre d’être liés comme des rôtis, c’est probablement que vous avez été pris par une fièvre, cette fièvre, on l’appelle CHUGLU.
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Fabien Lemozy et Stéphane Le Lay, sociologues du travail, ont mené une vaste enquête sur les livreurs à vélo qui pédalent toute la journée dans le cœur des métropoles pour rassasier la petite bourgeoisie pressée. Ils y voient le déploiement d'un nouveau stade du capitalisme, sa plateformisation ; ou comment les plateformes numériques et les nouvelles technologies qui tiennent dans nos poches révolutionnent l'organisation même du travail, c'est-à-dire l'exploitation et la domination des corps.
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Peut-on être juristes et anarchistes ou faut-il partir du principe que le droit est toujours « bourgeois » ? Qu’il est quoi qu’il arrive la cristallisation et l’expression des rapports sociaux dominants ? C’est quoi d’ailleurs « le droit » ? Des lois, des normes, des décrets, des titres, des constitutions, des règlements, des contrats... Quand on y pense, c’est un peu tout et n’importe quoi mais c’est ce qui trame plus ou moins visiblement nos existences communes et personnelles, c’est ce qui fait tenir cette fiction bien réelle : « la société ». Les juristes anarchistes que nous recevons cette semaine font le pari de penser le droit par-delà et en-deçà de l’État, pour cela ils ouvrent simultanément deux questions d’apparence paradoxales : comment trouver dans le droit des ressources pour se défendre contre l’ordre des choses ? Comment préfigurer depuis le droit ce que pourrait être une organisation sociale anarchique, consentie, libre ? Leur premier livre qui vient de paraître s’intitule d’ailleurs Vers de nouvelles utopies concrètes.
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On connaît le célèbre adage : « il nous faut des lieux pour habiter le monde », une exigence qui se pose au carré lorsqu’on est exilé. Pour ce lundisoir, nous accueillons trois membres de l’un de ces futurs lieux : Darna, « notre foyer » en arabe. Depuis 5 ans, certains d’entre-eux animaient La Cantine Syrienne de Montreuil, un collectif impulsé par des exilés syriens déterminés à ne pas lâcher l’idée de révolution, ils ont décidé de passer à l’étape supérieur, d’étendre et de pérenniser leurs activités : cuisine et révolutions.
Si nous les avons invités, c’est que le projet est en route, que les travaux ont commencé et qu’ils ont cruellement besoin de financements (voir le lien vers la cagnotte ci-dessous) mais pas que. Leur projet n’est pas seulement sympathique, il vient aussi concentrer et condenser de nombreuses questions et hypothèses qui traversent toutes menées révolutionnaires sérieuses : Comment fonder et déployer des foyers lorsqu’on a été dépouillés de tout rapport au territoire ? Pourquoi l’internationalisme relève-t-il de l’évidence dès que l’on appréhende les soulèvements contre le pouvoir depuis leurs réalités propres et tangibles ? Comment se traduire et se raconter, victoires comme défaites, par-delà les frontières et les circonstances locales ? Comment articuler le temps de la révolte et celui de la construction d’une force ? Comment se retrouver ou s’accueillir quand tout pousse à la dispersion ? Comment se rencontrer et bien manger ?
C’est de cela et de tout le reste dont il fallait parler avec ces camarades syriens, soudanais et même français.
La cagnotte pour les soutenir, est par là.
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Depuis plus de 40 ans, Robert Guédiguian et ses personnages traversent le cinéma français. Des films comme autant de fables qui nous racontent l’époque depuis les bords de l’intime et de la méditerranée. À l’occasion de la sortie de son dernier film La pie voleuse, il a accepté de venir discuter avec nous du monde tel qu’il va (mal) et de ce que la vie ordinaire recèle d’irréductible, de beau et de sensiblement communiste. On a donc parlé de Marseille, de philosophie, de son film et de certaines scènes. Attention, ça spoile mais ça déborde.
00:00 Intro01:29 En quoi « La pie voleuse » est une fable politique ?
04:14 Le vol, la nécessité et le petit supplément
07:02 La richesse sous les yeux, la frustration dans les cœurs
09:40 Voler pour vivre et non survivre
12:17 La place du piano dans les films de Robert Guédiguian
16:40 Le vol comme moment communiste ou comme pessimisme révolutionnaire ?
18:39 Par-delà ou en-deçà du vol, la solidarité ou la communauté
21:34 Les plans oreillers
24:53 Tchekhov, Rancière et le communisme de l'infime
27:42 De la lutte des classes au partage du sensible
29:29 Pourquoi la bourgeoise est-elle indécrottablement séparatiste
34:42 Peut-on filmer la réconciliation amoureuse des classes ?
39:16 L’ambiguïté de la scène du baiser
49:10 Enchaîner les images et les souvenirs sans devenir fou
52:02 Les moments communistes
57:10 Que peut le cinéma en 2025 ?
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Au sein de la gauche, parlementaire comme extra-parlementaire, nous voyons régulièrement réapparaître des revendications constitutionnelles ; la promesse d’une 6e République, l’organisation d’une assemblée constituante, des petits ateliers pour rédiger notre constitution idéale, etc. Il s’agit à chaque fois de perpétuer cette drôle d’idée : la constitution ce serait un peu de nous, nous serions même un peu constitués et si elle était mieux rédigée nous ne manquerions pas d’être plus libres, plus égaux, plus heureux. C’est cette croyance que Lauréline Fontaine, professeur de droit public et constitutionnel vient dynamiter dans son excellent La constitution au XXIe siècle, histoire d’un fétiche social (éditions Amsterdam). Car lorsque l’on étudie l’histoire des constitutions, en France comme ailleurs, ce sont toutes nos illusions qui s’évaporent. Cette pratique bien particulière qui consiste à « écrire le pouvoir » s’avère systématiquement être un leurre qui vise à nous faire adhérer au pouvoir tout en nous dépossédant de toute prise sur lui. C’est en tous cas l’implacable démonstration faite par Lauréline Fontaine dans cet entretien. Ces illusions perdues, s’ouvrent alors l’une des questions les plus importantes de notre époque : comment sortir du cercle constituant/constitué, soit comment penser une puissance destituante ?
00:00 introduction
00:11 La constitution, un objet mystérieux mais omniprésent qui nous protègerait du despotisme (présentation du livre)
2:23 Quel rapport la constitution entretient-elle avec la société ? Qu'est-ce que le constitutionnalisme ?
05:16 Qu'y a-t-il dans une constitution ?
06:46 Créer l'illusion du peuple constituant qui adhère au pacte social
08:59 Est-ce que ce n'est pas grâce à la constitution que nous gagnions des droits ou abolissons certaines oppressions, par exemple l'esclavage ? (spoiler, non)
16:07 Quel rapport entretiennent les constitutions avec l'ordre économique et libéral ? Ou comment se reconduit la séparation entre politique (organisation formelle du pouvoir) et économie (mise au pas effective des sujets économiques)
23:40 Le constitutionnalisme se diffuse par le biais des grandes puissances économiques
24:50 La propriété privée comme pierre angulaire de toutes les constitutions
30:07 « On finit par donner le nom de démocratie à un régime qui était au départ conçu comme l'opposé de la démocrate »
34:18 Pourquoi la meilleure des démocraties représentatives ne sera jamais démocratique
37:05 Le Droit n'existe que comme outil de domination (même si ponctuellement, on peut bien connaître d'heureuses victoires)
38:00 Les exemples de constitutions vertueuses, leurs réussites et leurs échecs
40:15 Pourquoi le pouvoir a-t-il toujours besoin d'oripeaux, de déguisements, de maquillage ? Et à quoi ça lui sert ?
45:12 Ne plus s'étonner que la constitution soit systématiquement trahie par les pouvoirs institués
47:31 Le droit ne fait-il pas quand même office de contre-pouvoir ?
55:25 #LibérerGino (intermède publicitaire pour un camarade antifasciste incarcéré)
58:32 « Les libertés qui nous sont accordées qu'à la condition qu'elles ne nuisent pas au bon déploiement des rapports économiques à l'origine de toutes les formes de misères sociales »
59:59 Le constitutionnalisme par rapport au droit international. Comment le consitutionnalisme déborde l'État-nation
1:02:52 La néféodalisation des institutions et de l'économie.
1:04:27 La Science Fiction est-elle la trame des constitutions techno-fascistes et algorithmiques à venir ?
1:09:22 Comment le néo-libéralisme mène à
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Comme il y aura toujours besoin de s’organiser et de penser pour faire la guerre à la guerre, il est nécessaire de rappeler et transmettre les résistances populaires. Il s’agit de faire le travail dialectique pour actualiser les analyses de l’ADN abominable du capitalisme : la guerre. C’est ce que propose Nils Andersson, militant anticolonialiste et communiste à travers deux livres : Les guerres annoncées et Le capitalisme c’est la guerre. Il s’agit de faire l’histoire du temps présent, celle du capitalisme et de la réalité morbide des impérialismes, marchands de guerres et de génocides. Et de rappeler la responsabilité de l’occident dans les guerres annoncées du XXIe siècle.
00:00 Introduction
00:11 Présentation
02:44 L'édition comme pratique politique. La publication depuis la Suisse des livres censurés en France pendant la guerre d'Algérie
06:06 Actualiser et vulgariser le matérialisme historique : genèse de « Le capitalisme c'est la guerre ». Faire le bilan historico-politique de la chute de l'URSS
08:20 Du mythe de la fin de l'Histoire. Comment la guerre n'a jamais cessé.
9:40 On redécouvre la guerre avec l'invasion impérialiste russe en Ukraine
12:44 1945 : le plan Marshall pour rétablir les bourgeoisies corrompus avec les régimes nazis et fascistes
14:12 La confrontation inégale du capitalisme occidental contre le « camps socialiste »
15:22 Chute de l'URSS, hégémonie américaine puis arrive la période des échecs (Afghanistan, Irak, Libye, Syrie)
17:04 C'est grâce à la mondialisation capitaliste que la Chine a surgi comme super puissance en renversant le rapport de force
20:18 Les guerres annoncées. Comment la Russie a créé la surprise en relançant ouvertement les guerres inter-étatiques
21:44 Écrire l'histoire du capitalisme du réel
24:35 L'élargissement de l'OTAN dans les années 90
29:50 La non intégration de la Russie capitaliste à l'Europe capitaliste
33:54 Déceler les nouvelles contradictions au sein du capitalisme mondial
35:40 L'isolement de l'occident sur lui-même
36:46 Le deux poids deux mesures dans l'accueil des réfugiés ukrainiens et le rejet à la mer des africains
39:42 Comment la question palestinienne vient opérer une coupure mondiale
42:36 Comprendre la situation géopolitiquement en dehors du discours hégémonique occidental. La question du terrorisme
49:20 « La guerre c'est l'abomination »
51:20 Succès militaires et échecs politiques : l'OTAN à l'horizon 2030, la défection américaine et l'isolement européen
53:00 La Chine est devenue la nouvelle priorité des Etats-Unis
54:30 La menace d'une guerre avec la Russie
55:40 La tricontinentale et son influence sur la configuration mondiale actuelle
56:40 La contradiction global nord, global sud
1:00:34 La contradiction inter-impérialiste depuis le début des années 2000
1:03:25 Ce que le retour de Trump et du libertarianisme va radicaliser
1:07:42 Les Etats-Unis restent la plus grande puissance mais la tendance irréversible c'est l'accroissement de puissance du global sud et le risque de guerre pour maintenir l'hégémonie
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Cette semaine, le cinéaste Nicolas Klotz et Saad Chakali reçoivent le philosophe Frédéric Neyrat. C’est lundi bon sang de bonsoir cinéma, épisode 2.
De nombreuses questions se posent : quel rapport y a-t-il entre le cinéma, le soulèvement et la philosophie ? Est-ce que l’IA ne dominait pas déjà nos consciences avant d’être inventée ? Est-ce que la tâche révolutionnaire qui incombe au cinéma ne serait pas de désynchroniser les esprits et percer à travers le désert techno-capitaliste pour se réarrimer au réel ? Enfin des trucs de ce genre. Pour les impatients ou celles et ceux qui détestent la linéarité, nous avons ajouter un chapitrage dans la description youtube qui vous permettra de vous orienter et d’optimiser votre expérience.
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