Où va l'industrie ?

Réalité augmentée et pénuries - Faire plus avec moins

December 07, 2022 PTC Season 1 Episode 2
Où va l'industrie ?
Réalité augmentée et pénuries - Faire plus avec moins
Show Notes Transcript

Dans ce nouvel épisode, Guillaume Taccoen, chargé de la Réalité Augmentée chez PTC, nous partage sa vision sur la crise de l’approvisionnement et les leviers que les industriels peuvent actionner pour y faire face. La pandémie de la Covid-19 et plus récemment la guerre Russo-Ukrainienne ont posé des défis sans précédent aux chaînes de valeur mondiales. Les chocs du côté de l'offre et de la demande ont créé de multiples goulets d'étranglement le long de la chaîne d'approvisionnement, allant des perturbations logistiques à la pénurie d'équipements, de main-d'œuvre, de matières premières ou encore d’énergie. Depuis lors, de plus en plus d'appels ont été lancés en faveur de chaînes de valeur plus robustes, plus résilientes et plus indépendantes. Dans ce contexte, les industriels peuvent-ils encore être rentables ? Quelles options peuvent-ils explorer pour y parvenir ?  La digitalisation des process, la remise en cause des systèmes d’approvisionnement existants et la capacité à s’adapter à de nouveaux modes de consommation s’imposent déjà comme des atouts essentiels…

Cette semaine je suis avec Guillaume Taccoen, en charge de la réalité augmentée chez PTC France. 

Guillaume, vous nous avez parlé de la crise énergétique, de transition énergétique et d'une mue nécessaire du côté des industriels. Cette semaine, nous allons parler d'approvisionnement. Là aussi, il y a des tensions. En ce moment, il y a une crise. Mais là aussi, il y a des pistes à explorer et des solutions à aller chercher du côté de l'industrie 4.0 avant de commencer.

 

Présentation de l’invité

 

J'ai une carrière d'industriel. Ça fait quinze ans que je travaille dans le milieu industriel. J'ai commencé par le design de produits industriels, puis leur mise en mise en production, puis leur mise en route sur des lignes de production clients. Et j'ai vite réalisé, quand la réalité augmentée a commencé à être connu, que ce nouveau modèle interface homme machine allait vraiment changer les choses et allait être source de productivité et de qualité pour nos industries. Au même titre que l'automatisation dans les années 80-90, c'est un changement technologique majeur, qui va apporter un avantage compétitif aux industries. C'est comme ça que je suis tombé sur cette technologie. C'est comme ça que je me suis spécialisé, que je suis arrivé chez PTC, qui est numéro un mondial de ces solutions.

 

Est-ce que vous avez un exemple de réalité augmentée appliquée à l'industrie ?

 

Tout à fait. Sur la réalité augmentée, on connaît tous des applications qui sont des applications grand public. Je vais prendre l'exemple des filtres Snapchat par exemple sur les réseaux sociaux, on veut prendre un selfie et on va augmenter son selfie avec du maquillage ou un déguisement pour faire une photo un  

peu fun. C'est le même principe. C'est à dire qu'au lieu de reconnaître un visage, la réalité augmentée industrielle va reconnaître une machine au lieu d'afficher des éléments qui vont faire une photo fun.

Dans l'industrie, sur la machine, on va afficher des informations de contexte, des informations venant de la supervision ou des informations de modes opératoires pour exploiter au maintenir cette machine. C'est vraiment important dans ce sens ou grâce à cette technologie, l'opérateur sort son smartphone ou sa tablette, va pouvoir être guidé au bon endroit sur le bon élément et on va pouvoir lui expliquer au bon moment ce qu'il va devoir faire et comment il va le faire en toute conformité et en toute sécurité. Donc c'est un vrai changement pour les opérateurs pour baisser la charge mentale et pour être plus efficace. 

 

Donc on n'est plus sur un manuel rébarbatif, on est plutôt sur quelque chose qui s'inscrit dans le flux de la production d'un opérateur par exemple.

 

Exactement. On n'est plus sur un manuel papier ou même un manuel en Word ou en PDF qui pourrait être accessible. On est sur une information localisée. Si on doit agir sur une vis ou un bouton, on va aller afficher cette fiche et ce bouton au bon endroit sur une machine contextualisée et augmentée d'informations qui peuvent être parfois inaccessibles à l'opérateur.

Auparavant des données de supervision ou des éléments de compréhension de comment fonctionne la machine. C'est tout à fait intéressant quand on doit afficher des choses qui sont intangibles, des flux de chaleur, des zones de sécurité pour prévenir l'opérateur d'opérations ou de zone où il ne devrait pas être, on est vraiment sur, apporter une information contextualisée au plus proche du terrain et au plus proche du bon moment.

Ce qu'on ne pouvait pas faire avec les manuels papier, qui pour être en toute honnêteté, étaient de moins en moins lus, pas toujours lus et de moins en moins lu par les jeunes générations qui ont l'habitude du scrolling.

 

Pour reprendre le problème à la racine, d'où viennent toutes ces pénuries qui apparaissent un peu partout dans l'industrie depuis deux ans maintenant ?

 

Alors c'est une bonne question, c'est une conjonction de plusieurs facteurs. On a eu effectivement la crise sanitaire avec le Covid qui a perturbé la supply chain. On a arrêté, on a confiné les gens à travers le monde et on a arrêté de produire. Donc les productions ont été stoppées, les stocks sont réduits. Premier élément, deuxième élément cette crise a duré longtemps et quand nous, on commençait à s'en sortir et à avoir réouvert, en Asie, notamment en Chine, on a eu des confinements qui ont continué et qui ont été de plus en plus strictes.

L'année dernière et en début d'année 2022, quand Shanghai s'est confiné, nous avions une file d'attente de porte containers qui étaient en mer de Chine, plusieurs milliers de porte containers qui attendaient que Shanghai se réouvre pour pouvoir décharger et recharger leurs marchandises. La chaîne logistique a été complètement mise à l'arrêt et un porte container qui est à l'arrêt. Ce n'est pas un porte containers dont les frais s'arrêtent.

Au contraire, les frais d'entretien continuent. Ce qui fait que le coût du fret a explosé. Je n'ai plus, les chiffres en tête, mais il me semble que le coût du transport d'un container entre l'Asie et l'Europe a pris un facteur de 2 à 5 sur les 12-18 derniers mois. Donc le premier sujet, on a la crise sanitaire, on a arrêté des choses, des usines, on a rompu la chaîne logistique et le transport depuis l'Asie, on était plus cher et interrompu. Par effet domino des pénuries, dans toute la chaine de valeur, donc des sous-traitants, des fabricants de sous-ensembles. Ces pénuries, se sont basculées par effet domino. On commence tout juste à voir l'effet final des confinements de Shanghai.

 

On pense notamment à la pénurie des semi-conducteurs qu’on a connu.

 

Tout à fait et c'est intéressant. Je le disais dans le précédent podcast que nous avions des crises ponctuelles, une usine de semi-conducteurs qui brûle quelque part en Asie et une crise ponctuelle à gérer. Là, on est sur une crise du système complet qui se répète et auquel s'ajoutent d'autres crises, notamment la crise en Europe de l'Est, la guerre en Ukraine qui fait que les espaces aériens russes sont sous embargo. Donc les trajets d'avion ne sont plus du tous les mêmes, les délais d'approvisionnement ne sont plus du tout les mêmes pour cette raison et pour d'autres, tous ces facteurs amènent sur des situations à la fois de pénurie et également d'inflation du coût de ces matières premières.

 

Donc concrètement, pour les industriels, ça veut dire quoi ? Qu'on n'a pas le choix qu'il faut fermer les usines comme on l'entend déjà à droite à gauche en France ?

 

Alors quand on est un industriel où on cherche par tous les moyens à avoir le meilleur schéma de production et surtout pas fermer ses usines, ces usines ou son dispositif et chercher des solutions pour les maintenir en compétitivité. Vis à vis de ça, on a plusieurs solutions. Première chose qui est mise en place c’est la négociation avec les fournisseurs. On va revoir les schémas d'approvisionnement, on va renégocier les prix. Souvent, ce qui se passe, c'est qu'on est sous allocation, c'est à dire que le fournisseur nous alloue une certaine quantité de produits et un certain prix, ce n’est pas évident et ce n’est pas forcément source d'avantages compétitifs.

 

On a toujours son pouvoir de négociation, indépendamment de sa taille et de l'empreinte qu'on a chez son fournisseur. Mais ce n'est pas forcément la source d'un avantage compétitif énorme. Parce que, quand le fournisseur n'a plus de produits à fournir, il va renégocier avec les fournisseurs. C'est toujours le premier sujet. Le deuxième sujet qui arrive et qui est de plus en plus à la mode. J'ai envie de dire, c'est de repenser la chaîne d'approvisionnement. Et repenser la chaîne de valeur pour qu'elle soit plus proche et plus locale. Alors, pas forcément local au niveau d'une ville ou d'un département, mais au moins au niveau international, de revenir dans les productions européennes ou péri européennes. J'ai envie de dire pour les Etats-Unis, ce seraient les Etats-Unis, le Canada, le Mexique, pour l'Europe, ça va être pour la France avec l'Europe et l'Afrique du Nord.

 

Mais repenser un schéma où les sous-ensembles viennent d'Asie, on voit que la maîtrise sur cette chaîne d’approvisionnement n’est pas toujours évidente. Donc la relocalisation ou ce qu'on appelle en anglais le nearshoring localisé dans une localité à un endroit qui est plus proche et souvent mis en avant. Des scénarios qui sont étudiés par les industriels.

 

Dans tous les cas, ce scénario-là n'est pas un scénario de court terme. Ça prend du temps de reconfigurer une chaîne d'approvisionnement. Donc le point principal, ça va être l'optimisation de l'utilisation des matériaux mis à disposition. On a moins de matières premières. Il faut que toutes ces matières premières soient utilisées. Alors je parle de matières premières comme du plastique, du métal. Ça peut être aussi des sous-ensembles. Tout dépend un peu de chaque industriel, mais tous ces éléments qui sont entrant doivent sortir et être utilisés en produits finis. Donc, on va éviter tout ce qui est coûts de non-qualité, pertes de matières premières, d'énergie, ce qu'on appelle le scrap en anglais ou les rebuts pour éviter de mettre des matières premières à la poubelle. Tout ce qui est mis à la poubelle, c'est une double peine. C'était déjà une peine.  Aujourd'hui, c'est une peine d'un an en termes de chiffre d'affaires, parce qu'en général, les carnets de commandes sont plutôt bien fournis et on n'arrive pas à livrer.

 

Vous parlez de nearshoring. Est-ce que ça va dans le sens de la réindustrialisation en France ?

 

C'est un sujet qui revient à la mode. Et c'est plutôt une bonne chose parce que notre industrie a plutôt une mauvaise image. L’Industrie a eu une mauvaise image dans les dernières décennies. On se rend bien compte aujourd'hui qu'une économie ne peut pas être une économie à 100 %, une économie de services.

Pour avoir les économies de service, nous avons besoin de l'industrie pour produire des choses. Et on voit effectivement un mouvement de relocalisation qui est assez intéressant. Le sujet de la souveraineté est effectivement à aborder là-dedans. Une souveraineté énergétique, une souveraineté industrielle et des groupes de travail comme le retour de l'industrie en France ou d'autres qui travaillent sur ces sujets.

Précisément parce que c'est un sujet complexe. Mais oui, ça va effectivement dans ce sens-là.

 

Donc, pour être plus résilient en période de pénurie, il faut arriver à faire plus avec moins. Mais comment s'y prendre pour faire plus avec moins ?

 

Alors j'ai plusieurs pistes à explorer et notamment avec notre métier d’expert en réalité augmentée industrielle et plusieurs pistes à explorer dans le contexte où on cherche à faire moins de coûts de non-qualité, on s'intéresse à d'où viennent les coûts de qualité, deviennent les rebuts et d'où viennent ces pertes en temps, en énergie et en eau et en matières premières ?

 

Le premier point, c'est d'instaurer plus de plus d'inspection et de contrôle qualité sur la chaîne, à la fois de contrôle des récipients, des produits que ça peut être des contrôles lors des opérations d'assemblage, contrôles intermédiaires ou de contrôle de l'inspection d'inspection en fin de ligne et d'automatiser ou de standardiser ces contrôles. Aujourd'hui, on voit souvent que ces contrôles sont compliqués à mettre en place pour plusieurs raisons.

 

On a la pression du temps de production, on a des dizaines, voire des centaines de points de contrôle à regarder sur un produit fini et quand ou quand on a tous ces points de contrôle. Regardez ainsi un opérateur à 250 points de contrôle, regardez sur un produit fini et qu'il a la pression, tu as du temps de production.

 

Ce qui va se passer, c'est humain, c'est qu'on va jeter un coup d'œil et ensuite on va retourner à son poste de travail et cocher 250 cases pour dire que globalement, on a regardé, ça va. Mais ce contrôle, tel que je le décris, et je suis un peu caricatural pour l'exemple, ce contrôle-là ne va pas servir à grand-chose.

 

On va laisser passer des choses avec la réalité augmentée industrielle. Ce qu'on peut faire, ces procédures standardisées et ce contrôle et remettre le temps, le temps de l'humain là où il va avoir le plus de valeur ajoutée, c'est à dire sur les points de contrôle qui ne passent pas. Donc on va automatiser, on va standardiser la procédure de contrôle, on va amener la personne à contrôler aux endroits où on doit contrôler, contrôler les assemblages, contrôler les possibles bavures, contrôler les possibles manques de matière, contrôler ce qui est à contrôler.

 

On peut l'aider l'outil, les outils ont été augmentés. Peut faire un diagnostic de ce qui est visuel et dire cette situation nous semble correcte ou au contraire dire cette situation-là ne semble pas correcte et c'est là ou l'humain doit passer du temps. Donc sur les 250 points de contrôle, on va gagner un temps phénoménal parce qu'on va pouvoir à autoriser l'humain à passer très vite sur tous les points qui sont bons, les consigner pour avoir une traçabilité complète et focaliser le temps de l'opérateur là où il y a effectivement quelque chose à diagnostiquer, à résoudre.

 

Donc ça, c'est un premier point. C'est sur la réception des produits, gagner du temps sur le contrôle qualité, le déployer et éviter d'avoir plus de rebuts. Le deuxième point, c'est lors du démarrage des machines, des démarrages, des lignes. Quand on démarre une machine, quand on démarre une ligne, on va avoir des productions très préliminaires qui sont, qui ne sont pas forcément bonnes si la machine n'est pas forcément bien réglée.

 

Je prends l'exemple d'une presse à injecter cette presse des paramètres de cette presse à injecter ne sont pas forcément bons et les produits qui sortiront ne seront pas bons et iront directement au rebut. Avoir le bon nombre d'opérateurs. Voir de configuration de cette machine. De commissionnement de cette machine pour la régler bien du premier coup, c'est vraiment important.

 

Pour éviter ces rebuts de démarrage, de production et et c'est là ou la réalité augmentée, encore une fois tout son sens capté, le mode opératoire, le bon standard, le standard et la source de la performance, le bon standard de démarrage de la machine et savoir le répliquer et le répliquer à n'importe quelle heure, sur n'importe quel shift, avec n'importe qui, entre guillemets, n'importe quel opérateur, parce qu'on parlait de besoin, de flexibilité.

 

Dans l'épisode précédent, pouvoir répéter ce bon démarrage de machine grâce à un mode opératoire est demandé. C'est vraiment important parce qu'on va gagner effectivement sur à la fois la productivité, mais également sur les rebuts et le scrap. Le dernier point que je pourrais mentionner, ce sont les modes opératoires d'assemblage. C'est assez visuel sur les modes opératoires d'assemblage, une seule imprécision peut entraîner la non-conformité complète du produit et on peut avoir à relancer ce produit, alors à faire un « rework » en anglais.

 

Une reprise pour rester en français sur les modes opératoires, l'assemblage, le fait d'avoir des gammes de travail en réalité augmentée qui ne soit pas ambigües, c'est à dire quand on a un ordre de serrage des vis, par exemple parce qu'on va assembler un carter ou assembler un boîtier, un boîtier plastique, avoir un ordre de serrage et vice avec les bons couples, parce qu'ils ont des couples différents, avec les bons modèles, les bons modèles de tournevis.

 

C'est vraiment important parce que toutes ces petites erreurs peuvent générer de la non-qualité. La réalité augmentée va donc permettre d'avoir un mode opératoire qui est absolument non ambigu et sur lequel on ne peut pas se tromper.

 

Si je comprends bien, c'est comme monter un meuble IKEA, il suffit de se tromper de sens en voulant visser un boulon et en fait il faut repartir de zéro.

 

Exactement si à l'étape deux, on s'est trompé de sens sur une ligne, sur un objet et qu'on se rencontre à l'étape 20, qu'il faut qu'on démonte tout ce qu'on a fait. Ça met à l'épreuve toute la famille qui est en train de le faire. Ça met en cause tout le planning qu'on a le tout, le temps qu'on ait l'énergie qu'on a utilisée.

 

C'est exactement ça. Mais imaginez le montage du meuble Ikea multiplié par 1000 comme de cadence, alors qu'avec la réalité augmentée à l'étape numéro deux, on vous dit exactement dans quel sens mettre les choses. Et si l'opération ne sont pas conformes parce qu'on inspecte en temps réel, vous savez tout de suite si vous passez à l'étape trois ou s’il faut tout de suite reprendre un gain de temps et d'énergie énorme.

 

Donc, en résumé, la réalité augmentée agit sur le contrôle de la qualité, le démarrage des machines et les modes opératoires d'assemblage. Mais est ce qu'ils ont vraiment un effet ?

 

Le point, ce n'est pas de faire de la réalité augmentée pour le plaisir de déployer de nouvelles technologies, c'est de le faire pour avoir un levier sur de la productivité, de la qualité. Et c'est ce qu'on voit sur des déploiements à l'échelle de réalité augmentée. Nous avons un client, par exemple dans le domaine du semi-conducteur qui, avec le déploiement de modes opératoires digitalisés en réalité augmentée, a diminué de 25 % les coûts de sa mise au rebut, à la fois sur les produits qui passaient à la poubelle et l'énergie et le temps qu'il passait à produire ses produits défectueux. Diminuer de 25 % les coûts de la non-qualité, ça peut avoir un impact non négligeable sur les bilans financiers de l'entreprise.

 

Est ce qu'on y gagne seulement sur les coûts de la non-qualité ?

 

C'est un bon point. Il y a des gains additionnels qui se retrouvent sur le temps de formation des employés. Quand on a des nouvelles personnes qui viennent parce qu'on a du turn over, on doit former des intérimaires, par exemple. On voit qu'on diminue jusqu'à 50 %. On divise par deux le temps d'intégration et on voit que ce temps de formation il n'est pas négligeable. Quand on a une personne qui vient dans l'entreprise pour faire de l'assemblage, du contrôle qualité et qu'il faut la former parfois en dix, 20, 50, parfois 100 jours, ça peut être, ça peut être très long, divisé par deux, c'est divisé par deux le temps de formation et d'intégration. C'est vraiment intéressant, notamment quand on a besoin de flexibilité.

 

Le deuxième point, c'est le dernier point perdant, c'est la baisse des temps morts. On baisse les temps morts d'environ 30 %, donc les temps morts on les mesure dans l'industrie le temps de disponibilité et de production de la machine. On appelle ça les taux de rendement globaux ou synthétiques et les temps morts machines sont les temps ou elle ne produit pas et on arrive à les diminuer de 30 % parce qu'une machine qui est bien configurée, qui est bien démarrée et qui est bien opérée n'est plus productive.

 

Est-ce que la réalité augmentée est toujours bien accueillie ? La mise en place ?

 

La réalité augmentée telle quelle, c'est une technologie. Ce qui est mis en place, ce sont des solutions qui aident les opérateurs. Donc là, j'ai envie de dire à ce titre, la technologie se cache derrière l'usage, se cache derrière le bénéfice. Vous savez, les opérateurs et les industriels ne sont pas de grands friands de technologie pour la technologie. Par contre, des solutions qui amènent de l'aide aux opérateurs dans leurs opérations tous les jours en général sont très prisées.

 

Et c'est bien car c'est ce dont on parle. Donc dans votre question, est ce que la technologie de réalité augmentée est bien acceptée par les opérateurs ? J'ai envie de répondre : Ils ne la voient même pas parce qu'elle se cache derrière l'usage qu'ils en font. Comme aujourd'hui, vous avez un téléphone, il y a différentes technologies dans le téléphone, vous ne les voyez pas parce qu'elles vous rendent un service au quotidien, mais vous ne savez pas comment c'est fait derrière.

 

Pour compléter cette réponse également, ce que je peux vous dire, c'est que vis à vis des experts et des experts métiers, ces solutions sont en général bien acceptées parce que ces experts sont en situation de surcharge, sont des experts métiers. On leur demande d'opérer les machines pour leur chiffre de production, leur demande aussi. On les sollicite alors lorsqu'il y a des problèmes sur la ligne de production, parce qu'en tant qu'expert, ils sont à même de résoudre les problèmes, donc de diagnostiquer et de remettre les dispositifs en état de marche.

 

En tant qu'expert, on leur demande également, et on en a parlé, de faire le monitoring, le tutorat des nouveaux arrivants et de produire du contenu pour ces nouveaux arrivants. Au final, ces experts sont en général en situation de surcharge. Vous voyez très vite vous demandez à la personne qui est experte de la machine. Elle n’est pas forcément joignable parce qu'elle gère des imprévus.

 

Ces experts accueillent quasiment systématiquement ces solutions d'un très bon œil parce qu'elles leur permettent de retrouver du temps. Elles leur permettent de capitaliser un savoir-faire, de le diffuser plus facilement et de se focaliser sur les points qui sont vraiment important pour eux.

 

Pourquoi la réalité augmentée aujourd'hui n'est pas un standard dans toutes les usines ?

 

Alors c'est bien le sujet, c'est un sujet qui est en train d'être adopté par les industriels. Vous savez que le monde industriel n'est pas un monde de mode, ce n'est pas un monde avec des cycles et des temps de décision qui sont les mêmes que dans le monde du consommateur. Si je prends l'exemple du domaine du nucléaire, on est sur des dizaines d'années.

 

Le monde industriel a donc ses temps propres. Ce n'est pas un monde qui est régie avec les différentes modes technologiques. Par contre, on voit quand même une accélération de l'adoption, au même titre qu'on a vu dans les années 80 et 90, une accélération de l'adoption de l'automatisation. Et on voit que les entreprises qui ont adopté l'automatisation des processus de production ont pu trouver un avantage compétitif certain comparé à la production manuelle.

 

On voit aujourd'hui le même type de tendance sur la réalité augmentée. Que les entreprises qui adoptent ce type de nouvelles technologies, notamment pour les modes opératoires digitalisées, en tirent un avantage compétitif et celles qui l'ont déployé depuis un ou deux ans, notamment lors du Covid, commencent à en tirer des bénéfices à l'échelle, c'est à dire important au regard de leur situation vis à vis des compétiteurs.

 

Finalement, il aura fallu une crise pour accélérer le mouvement, mais finalement, faire plus avec moins, ça n'a pas toujours été l'objectif des chefs d'entreprise.

Ça a toujours été l'objectif d'un chef d'entreprise de faire plus avec moins, probablement pour des raisons de rentabilité et de profitabilité. Aujourd'hui, le faire avec moins est de plus en plus subi parce que les matières premières sont moins disponibles, l'énergie va être moins disponible et l'enjeu est probablement aussi de faire mieux au regard des crises écologique qui sont en cours, et notamment vis à vis de l'impact que ça peut avoir pour le grand public et notamment aussi pour les employés. Le sujet est de faire mieux et de plus en plus important pour les chefs d'entreprise.

 

Remerciements

 

Merci Guillaume Taccoen d'avoir partagé avec nous votre vision et votre analyse des enjeux de pénurie dans l'industrie. On se retrouve très vite pour un prochain épisode. Vous pouvez partager ce podcast et vous abonner sur votre application de podcast préféré. A très vite.