Incubateur Néonat

#20 - Les soins du développement (avec Isabelle Milette)

Benjamin Courchia & Gabriel Altit Season 1 Episode 19

Dans cet épisode de l'Incubateur Néonat, Isabelle Milette, infirmière praticienne spécialisée en néonatologie et experte en soins du développement, nous présente cette approche innovante. Les soins du développement visent à modifier l'environnement de l'unité néonatale pour recréer au mieux les conditions intra-utérines, favorisant ainsi le développement neurologique, émotionnel et psychologique des nouveau-nés prématurés.

Isabelle explique que cette approche repose sur l'individualisation des soins, la réduction du stress et la promotion du bien-être des bébés. Cela passe par des stratégies telles que la diminution du bruit et de la lumière, le positionnement thérapeutique, la méthode kangourou et l'implication des parents comme partenaires de soins.

Les bénéfices des soins du développement sont multiples : meilleure stabilité physiologique et comportementale, réduction de la durée d'hospitalisation et de ventilation, amélioration des résultats neurodéveloppementaux à long terme. Isabelle souligne l'importance d'une volonté organisationnelle pour implémenter ces pratiques, ainsi que l'engagement de chaque professionnel de santé.

Elle aborde également le rôle crucial du peau à peau précoce pour atténuer le stress de la naissance et de la séparation maternelle. Enfin, Isabelle partage de nombreuses ressources pour les professionnels souhaitant se former et intégrer les soins du développement dans leur pratique, insistant sur l'importance de cette approche pour offrir les meilleures chances de développement à ces petits êtres fragiles.

Pour en savoir plus sur Isabelle et sa fondation visitez - https://sddsenc.com/fr/partners.asp

Comme d'habitude, n'hésitez pas à nous envoyer vos questions, commentaires ou suggestions à notre courriel : nicupodcast@gmail.com. Vous pouvez également contacter l'émission via Instagram ou Twitter, @nicupodcast Ou contactez Ben et Gabriel directement via leurs profils Twitter : @drnicu et @CardioNeo. Les documents discutés dans l'épisode d'aujourd'hui sont listés et horodatés sur la page web liée ci-dessous.

Bonne lecture !
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Les notes de l'émission, les articles et le formulaire de FMC sont disponibles sur notre site Web :
www.lincubateur.org

Ben Courchia MD (00:00.846)
Bonjour et bienvenue dans l'incubateur Néonat, on est de retour ce dimanche avec un nouvel entretien. Gabriel, comment ça va ce matin?

Gabriel (00:07.515)
ça va super bien. On s'approche de la... Après dire, c'est en plein hiver, on a la neige, la glace, et je pense que ça doit être différent de ce que tu vois, peut-être que ce que nos auditeurs voient. Le froid...

Ben Courchia MD (00:17.838)
Oui, on enregistre en décembre. C'est vrai que vous au Canada, ça a l'air assez sombre.

Gabriel (00:23.355)
Ah mais nous ça dure jusqu'en mars hein, alors même si l'épisode il sort en mai, ça va être encore valide. Ah ah

Ben Courchia MD (00:28.494)
Mais nous on est en Floride, on a une sorte d'ouragan en ce moment, les nuages sont bas, il y a du vent, il y a de la pluie, on n'est pas mieux loti.

Gabriel (00:41.947)
Absolument.

Gabriel (00:45.595)
Ah oui, tout à fait. Alors on a quelqu'un qui va nous amener beaucoup de chaleur et beaucoup de rayons de soleil. Donc vraiment c'est un grand plaisir aujourd'hui. On va voir avec nous Isabelle Millette, qui est une infirmière praticienne spécialisée en néonatologie, mais également une spécialiste en soins du développement. Elle est la première au Québec à avoir été certifiée en formation de NITCAP. Et juste pour dire, elle a quand même un long pédigri. Elle a travaillé entre autres à l'hôpital Royal Victoria, l'hôpital de Montréal pour enfants.

Elle a également œuvré au sein de l'équipe du CHU Saint-Justine. Elle a travaillé aussi avec l'équipe de l'hôpital Général Juif et présentement elle est infirmière praticienne à l'hôpital Maisonneuve-Rosemont. Et elle est également représentante ou je pense directrice au niveau de l'association canadienne des infirmières de néonatologie. Et elle est une des pionnières au Québec dans ce qu'on appelle les soins du développement en néonatologie.

dont elle a fait en partie sa mission de promouvoir pour nos petits bébés prématurés dans la francophonie. Donc c'est vraiment un plaisir Isabelle de t'avoir parmi nous aujourd'hui, comment ça va?

Isabelle Milette (01:53.415)
Ça va bien vous. Merci beaucoup de me recevoir.

Ben Courchia MD (01:56.334)
Ah bah non avec plaisir, avec plaisir. Je peux commencer Gabriel parce que je voulais démarrer Isabelle en te parlant un petit peu des soins du développement parce que c'est quelque chose qui en Amérique devient très tendance en quelque sorte, on en parle beaucoup.

Gabriel (01:56.571)
Ah bah ça fait plaisir. Ça fait plaisir.

Gabriel (02:02.811)
Bah oui, bien sûr, vas-y.

Ben Courchia MD (02:15.118)
On a beaucoup d'infirmières, beaucoup de médecins qui s'intéressent à ce sujet-là, notamment Mary Coughlin, en Amérique qui parle beaucoup et qui a un circuit un petit peu de conférences, mais je pense qu'il y a quand même un besoin de redéfinir un petit peu de quoi on parle et j'aimerais savoir si tu pourrais nous donner un peu une introduction à ce sujet-là.

quels sont les soins du développement et en quoi ça diffère un petit peu des soins qu'on donne, qu'on pourvoit aux enfants en réanimation.

Isabelle Milette (02:48.167)
C'est toute une belle question. En fait, je pense que la grande définition générale pour moi, les soins d'héliotérement, c'est une philosophie de soins ou c'est une mentalité ou une approche de soins qui change un petit peu notre pratique clinique au niveau des soins intensifs. Donc, on a... ce que ça veut faire, c'est vraiment intentionnellement de modifier l'environnement dans lequel ces enfants-là vont évoluer à l'unité natale pour...

Ben Courchia MD (02:49.678)
Ah ah ah!

Isabelle Milette (03:13.927)
essayer le plus possible de recréer l'environnement intra-utérin, mais non seulement de les faire survivre puis de travailler tout leur côté médical, physiologique, pathologique, mais aussi de optimiser le développement neurologique de ces enfants, que ce soit au niveau du cerveau, mais que ce soit aussi au niveau émotionnel, psychologique et de l'attachement. Ça, c'est quelque chose qu'on ne parle pas souvent, justement, en néonatologie, parce qu'on est très intensiviste.

Et moi je demande aux gens de réfléchir un peu comme des neuro-développementalistes et ça change vraiment un petit peu l'approche. Et puis ce qu'on veut faire c'est vraiment individualiser les soins à chacun des patients pour les remettre au centre de la pratique. Donc au lieu de se dire on fait un soin à un patient, on le fait avec lui. De considérer que cet enfant-là est vraiment un partenaire actif dans les soins. Qui est capable de nous dire ce qu'il aime, ce qu'il n'aime pas, si on est capable bien sûr de l'écouter.

de là toute l'importance de la théorie synactive des soins du développement qui est à la base des soins du développement que Dr. Adelise Hals a développé aux États-Unis. Elle était à Boston avec Dr. Brazelton dans les années 76 et 80. Et Dr. Brazelton qui était un des premiers pédiatres a vraiment dire qu'un bébé ça parle, ça fait plus que juste manger et déféquer, je suis désolée, mais que ça a d'autres compétences aussi.

et elle de constater que les bébés prématurés ou les enfants qui étaient hospitalisés à l'unité neonatale n'avaient pas nécessairement les mêmes compétences de par les maturités neurologiques auxquelles ils étaient un petit peu exposés et puis aussi dans l'environnement où ils étaient très stressés. Donc ce qu'on veut faire en soins du développement, c'est vraiment de s'assurer qu'on contrôle bien cet environnement-là pour au niveau physique, donc que ce soit diminuer la lumière, diminuer le bruit, travailler sur des choses comme ça. Au niveau...

de l'approche des soins, c'est-à-dire d'être en relation avec le patient, de comprendre ce qu'il nous dit, de comprendre ses comportements, d'y réagir quand on fait des soins. Donc si un bébé nous dit qu'il est stressé, il faut nous assurer qu'on l'entend, qu'on l'écoute et qu'on le rassure dans ce qu'on fait. Et ce n'est pas quelque chose qu'on a toujours tendance à faire. D'inclure les parents comme partenaires de soins dans cette approche-là, donc de les remettre au chevet, de faire du peau à peau, de s'assurer qu'eux aussi comprennent les comportements de leur enfant pour mieux...

Isabelle Milette (05:28.807)
mieux s'approprier cette relation-là qu'ils vont développer à l'unité noire natale avec eux. Donc, de les remettre ensemble dans une diade et dans une triade, bien sûr, avec papa aussi et maman. Et de s'assurer qu'on a des changements aussi au niveau organisationnel dans la façon dont on voit et dans la façon dont on fait les choses. Prioriser les soins du développement, ça veut dire prioriser la relation parent-enfant, prioriser la relation

le confort, prioriser le sentiment de sécurité de ces enfants-là, l'unité néonatale. Et ça doit être tout aussi important dans l'approche que tout ce qui est respiratoire, tout ce qui est cardiaque, d'avoir une échographie au chevet. Donc ça doit prendre le même niveau de priorité et ça, ce sont des choses qui sont plus difficiles à faire, je pense, dans la pratique clinique au quotidien.

Gabriel (06:12.763)
Isabelle, c'est super intéressant et je pense qu'on va rentrer dans les détails d'un petit peu comment intégrer ça et un petit peu tout ton parcours aussi. Mais peut-être avant de rentrer dans ce sujet, moi, ce que j'aimerais prendre et savoir, c'est qu'est-ce qui t'a amené là dans ton chemin, dans ton parcours? Et peut-être pour nos auditeurs, peut-être retracer parce que, bon, moi, je sais très bien et j'œuvre beaucoup avec des infirmiers et infirmières praticiennes, mais c'est quoi le rôle d'un infirmier, infirmière, praticien, praticienne et finalement toi dans ton parcours personnel?

Comment tu as développé cette expertise, cette intégrée, qu'est-ce qui t'a amené à tout ça? Donc ça, ça serait mes petites questions.

Isabelle Milette (06:48.455)
J'ai un parcours un peu particulier. En fait, j'ai commencé à l'université en médecine. J'ai fait une année de médecine à McGill et puis la vie a fait que les choses ont été un petit peu plus difficiles. J'ai pas été capable de terminer mon année cette année-là avec des gros défis au niveau personnel. McGill à ce moment-là n'était pas très encourageant au niveau émotionnel et psychologique. Donc, je suis allée faire un bac pour me dire « Ah, je vais revenir en médecine par la suite ».

Finalement, j'ai trouvé que les sciences infirmières étaient quelque chose qui était vraiment plus près de ce que je voulais faire au niveau de la médecine et que si je devais faire quelque chose qui était similaire, c'était probablement ou potentiellement ce que j'aurais dû faire. Donc, je suis allée faire mon baccalauréat en médecine à McGill et finalement je suis tombée en amour avec l'approche... Oui, exact, pardon, excuse-moi, en sciences infirmières. Et puis je suis tombée en amour avec l'approche caring, l'approche centrée sur la famille.

Gabriel (07:32.315)
en nursing, en affaire mière. C'est ça.

Isabelle Milette (07:42.855)
tout le côté humain, l'humanisation des soins qui étaient vraiment apportés au niveau de la science infirmière. Puis je me suis dit, j'adore ça, c'est ce que je vais commencer à faire. Puis au moment où j'ai commencé à travailler, c'était au moment où au Québec, de façon exceptionnelle, il n'y avait pas d'emploi pour les infirmières, tu peux t'imaginer. Et donc je devais travailler dans deux hôpitaux en même temps pour être à temps plein. Donc c'est pour ça que j'ai commencé au Royal Victoria puis au Jewish en même temps. Je faisais les deux hôpitaux pour être capable de maintenir.

cette pratique-là et puis on choisissait pas où on travaillait. Donc, j'ai été parachutée à l'Unité sous-intensif Néo-Natal au Royailles-Victoria et je suis tombée en amour avec ces petites personnes fragiles qui avaient vraiment besoin d'amour. J'ai beaucoup apprécié l'importance de la relation parent-enfant qui était développée à l'Unité Néo-Natal dans un environnement qui est complètement public, là où on doit développer, c'est vraiment un lien d'attachement qui est privé avec notre enfant.

Tout cet aspect familial, j'aimais beaucoup les soins intensifs. Je pense qu'on aime tous l'adrénaline, c'est pour ça qu'on travaille aux soins intensifs. Mais j'aimais beaucoup cet aspect humain que je ne m'attendais pas à retrouver dans un environnement comme ça. Ça m'a tout de suite donné la piqûre de vouloir travailler en néonatologie. J'ai eu la chance de pouvoir travailler à Saint-Justine pendant trois ans après ça.

Isabelle Milette (09:10.855)
tout aussi motivé que moi à travailler le côté humain de la chose. Donc, j'ai rencontré Marie-Josée Martel, là-bas, qui est une de mes grandes collègues, avec qui j'ai travaillé pendant très longtemps. Et puis, on est assisté à des conférences ensemble et j'ai eu l'occasion, la chance et le privilège de voir Dr. Halz en conférence. Et la façon dont elle parlait des bébés.

de leur compétence, de leur capacité de communication, du fait que ce ne sont pas des petits morceaux de pathologie différente dans un incubateur, mais bien des êtres à part entière qui ont un devenir et que nous, on a une influence sur ce devenir-là dans la façon dont on fait les choses. Ça m'a complètement chamboulée dans ma vision de la pratique et des soins intensifs. Donc, c'est comme ça que j'ai commencé à m'intéresser vraiment beaucoup aux soins du développement et que j'ai eu la piqûre en néonatéologie.

On a fait un projet de recherche à ma maîtrise. Donc, j'ai fait une maîtrise par la suite en sciences infirmières à l'Université de Montréal. Puis une maîtrise qui était vraiment en soins du développement. Donc, on a fait un projet de recherche avec Marie-Josée Martel pour développer de la formation pour les infirmières qui intégrait justement tous les concepts de base des soins du développement, l'approche, l'interprétation des comportements, l'approche au nouveau-né.

toutes les pratiques de co-régulation, de méthodes de retour au CAN, comment vraiment tout travailler avec les infirmières de chevet. Puis, on a démontré que ce programme de formation-là fonctionnait vraiment bien. Alors, on ne voulait pas que ça reste un projet tablette, comme beaucoup de projets universitaires à la maîtrise. Ce qu'on s'est dit, c'est qu'on allait travailler là-dessus pour faire avancer les choses. Donc, on a publié nos résultats, mais on a aussi décidé de développer de la formation.

et de créer une compagnie de formation pour pouvoir diffuser la bonne nouvelle, si vous voulez, au reste du Québec. Donc, cette compagnie-là, on l'a créée au début des années 2000, puis on est encore actif au niveau de la compagnie. On a fait de la formation en soins de développement dans plusieurs unités au Québec. On a 18 unités néonatales au Québec et j'ai fait de la formation à peu près dans 12 de ces 18 unités-là.

Isabelle Milette (11:21.703)
On a fait de la formation en Ontario, on a fait de la formation en France à l'Île-de-la-Rignon. Donc, c'était vraiment intéressant parce que ça m'a permis aussi de voir différentes pratiques dans différentes unités et donc d'aller chercher un petit peu ce qui se fait dans toutes les unités pour se rendre compte que finalement, les problématiques sont les mêmes partout. Donc, ce n'est pas facile de mettre en application des interventions en soins du développement dans toutes les unités. Et puis, j'ai fait une dizaine d'années par la suite à l'Hôpital de Montréal pour enfants.

où j'ai travaillé en soins intensifs pésiatriques pour aller chercher un petit peu plus d'affinement au niveau des chirurgies cardiaques. Donc tout ce qui était du post-op cardiaque, on ne me voyait pas en néonatologie parce que ça allait aux soins intensifs pésiatriques. J'ai travaillé avec eux, j'ai fait cela là-bas pour me rendre compte qu'en pésiatrie aussi, l'environnement n'est pas aidant pour nos nouveaux-nés. Donc ça m'a juste poussé un petit peu plus loin. C'est à ce moment-là qu'on m'a recruté pour aller faire ma pratique avancée.

Gabriel (12:11.387)
..

Isabelle Milette (12:17.959)
Puis, je trouvais que ça me ramenait un petit peu à mes amours de la médecine, ce que je voulais faire au début. Pour moi, la pratique avancée, c'était vraiment une belle amalgalme entre la médecine et le côté humain de la pratique en sciences infirmières. Donc, je ne sais pas si vos écouteurs sont tous au compte de qu'est-ce que c'est une infirmière praticienne, mais en fait, une imprimaire praticienne au Québec, mais je pense un petit peu partout dans le reste du monde aussi, c'est une infirmière qui a l'expérience dans une spécialité spécifique,

un certificat de deuxième cycle à la maîtrise pour aller pousser un petit peu plus loin ses connaissances, surtout médicales au niveau de cette spécialité-là et faire une résidence si vous voulez pour aller intégrer ses connaissances au niveau de la pratique clinique. Moi je les ai fait en néonatologie, mais c'est aussi une infirmière qui a plusieurs actes délégués au niveau médical dans sa pratique. C'est une infirmière qui peut porter des diagnostics,

c'est prescrire des examens diagnostiques, il peut faire des traitements, des intubations, des lignes centrales, prescrire des médicaments, des substances contrôlées. Donc, on a vraiment un niveau de fonctionnement qui est très similaire à celui du fonctionnement médical, mais on travaille vraiment en collaboration avec le médecin qui est responsable de l'unité à ce moment-là, avec des patients bien sûr qui nous sont assignés ou qui nous sont délégués. Donc, on a une prise en charge qui est très médicale de ce côté-là.

en ayant une approche de pratique avancée vraiment au niveau de la science infirmière. Et moi, dans mon développement professionnel où j'ai beaucoup travaillé sur les soins du développement, ce que j'ai fait, c'est que j'ai intégré ça à ma pratique clinique où maintenant, quand je suis des patients à l'unité neonata, je ne les suis pas simplement du côté médical, mais je les suis aussi du côté neurodéveloppemental. Donc, je vais aller faire des évaluations, des observations et des plans de soins individualisés à ces patients-là médicaux, bien sûr, mais aussi.

en soins du développement et en neurodéveloppement avec ses familles. Donc, c'est un petit peu comme ça que ça s'est présenté. Je ne sais pas si ça répond à ta question, Gabrielle.

Gabriel (14:19.131)
Ouais, c'est super complet.

Ben Courchia MD (14:23.47)
Isabelle, moi ce que j'aimerais savoir c'est que comme tu nous as dit au début de l'épisode c'est vraiment une philosophie de...

de pratique, ces soins du développement et je pense qu'on comprend bien un petit peu qu'est-ce que ça veut dire maintenant avec toutes ces explications que tu nous as donné vraiment de remettre le patient au centre de l'équation et de vraiment essayer d'avoir un dialogue malgré le fait que pour beaucoup d'entre nous une des raisons pour laquelle on est allé en néonatologie c'est qu'on n'a pas tellement besoin de de converser avec nos patients mais les soins du développement ça remet un petit peu en question cet aspect là.

Gabriel (14:57.595)
notion.

Ben Courchia MD (14:58.606)
Et moi ce qui m'intéresse c'est d'un point de vue pratique est ce que tu peux nous donner je sais pas des exemples assez communs un patient standard que toi tu irais voir et dans lequel il y aurait vraiment un besoin de besoin au niveau des soins du développement et à quoi ça ressemblerait exactement les interventions parce que je pense que pour beaucoup de nous on entend le terme on se dit oui bon bah c'est pas c'est pas c'est déjà ce qu'on fait on fait attention on les on les enrobe bien les bébés et tout mais il ya beaucoup plus que ça évidemment j'aime je

J'aimerais savoir si tu pourrais donner quelques exemples concrets de à quoi ça ressemble.

Isabelle Milette (15:31.687)
Oui. En fait, je pense qu'à la base, une des choses qui est plus importante à comprendre avant de travailler les stratégies, c'est vraiment que l'environnement de l'unité mentale, c'est stressant pour un bébé prématuré. C'est stressant pour nous, c'est stressant pour les parents, mais on oublie que le petit bébé, lui, évolue là-dedans et c'est stressant pour lui aussi. Et que ce stress-là, il va le manifester de différentes façons et que ça a un impact à long terme sur son développement, que ce soit physique ou neurologique. Donc,

Pour nous, ce qui est très important à la base, c'est de bien comprendre comment cet enfant-là va exprimer son stress parce que dans mes soins au quotidien, c'est comme ça que moi je vais être capable de réagir à ce stress-là. Ou d'essayer de le prévenir, donc de faire des stratégies de prévention ou d'essayer de le tamponner, que j'aime pas le mot français qui traduit buffer, mais c'est ça qu'il essaye vraiment de le tamponner. Donc quand on fait des interventions chez des patients, on va toujours...

Gabriel (16:25.563)
De l'amortir, finalement. De l'amorti... Exact. Ah!

Isabelle Milette (16:27.079)
Oui, j'aime bien, j'aime beaucoup. Ah, là, j'ai 30 cents en note pour mes plus petites formations. Oui, non, je sais, je sais, je déteste le mot, mais bon, c'est la traduction officielle. Donc, je vais toujours demander aux gens de se présenter avant de faire des soins. De faire des soins en tandem, donc à quatre mains ou à deux personnes, parce que justement, ce qu'on veut, c'est que nous, on a un soin à faire, mais qu'il y a quelqu'un qui est là et qui est complètement dédié.

Ben Courchia MD (16:32.206)
Tampon ça fait mal, on se sent un petit coup de poing là.

Isabelle Milette (16:55.303)
confort puis à la rassurance ou à la sécurité ou développer ce sentiment de sécurité là pour ce patient là. Donc souvent cette personne là bien sûr c'est les parents si on est capable de les avoir au chevet. Alors de se présenter ça veut pas dire bonjour je m'appelle Isabelle c'est moi qui s'occupe de toi aujourd'hui. C'est sûr que moi je vais le faire parce que parce que je suis comme ça je parle à mes patients mais l'enfant va pas nécessairement comprendre ce que tu dis mais va comprendre l'intention en arrière de ce que tu dis puis va comprendre qu'il y a quelque chose qui s'en vient.

de se présenter en déposant nos mains sur le bébé, en lui disant «Voici, il y a quelque chose qui s'en vient». Parce que le stress, quand on le vit au quotidien, il peut être léger comme il peut être sévère, mais il peut aussi avoir des impacts plus négatifs au niveau de la stabilité physiologique. Donc, je vous mets dans votre lit à 3 heures du matin, j'arrive soudainement, j'arrache les draps, je prends votre pied, je plante un stylo dans votre talon, vous vous sentez comment, tiens?

Non mais c'est vrai! Puis là, le premier mot que tout le monde me dit, c'est toujours « je me sens agressé » et puis effectivement et avec raison, parce que c'était pas prévisible, puis parce que ça faisait mal et parce que ça l'a changé de mon baseline. Et c'est ce qu'on fait au quotidien avec nos patients. Fait que de rendre les choses prévisibles juste en se présentant, en disant « il y a quelque chose qui s'en vient », ça diminue l'impact du stress de ces enfants-là.

Ça prend pas 5 heures, ça prend 30 secondes à lui dire qu'on est là puis qu'on s'en vient, mais ça fait toute la différence dans la prévisibilité de ce qui s'en vient. Et par la suite, dépendamment du soin qu'on va faire, on va essayer de maximiser le plus possible tout ce qui se passe de façon intra-utérine à l'unité no-natale. Un bébé dans le ventre de maman, c'est en position foetale, les mains à la bouche, avec une barrière physique qui lui permet d'avoir une rassurance et de revenir en flexion s'il a besoin. C'est comme ça qu'on devrait faire nos soins.

un bébé sur le dos, les quatre fers en l'air, comme on dit au Québec, c'est pas normal pour un bébé d'être comme ça. En fait, nos bébés prématurels, une ténue au natal, c'est pas des bébés, pour moi ce sont des fœtus qui ne sont pas à la bonne place. Puis là, tout de suite, si on remet ça de l'avant dans notre façon d'agir avec ces patients-là, de quoi ça a l'air un fœtus dans le ventre de maman, puis si vous envoyez un, les quatre fers en l'air, à NECO comme ça, vous me l'enverrez parce que moi j'ai jamais vu. Mais... Alors ça nous permet...

Ben Courchia MD (19:02.254)
Mm-hmm.

Gabriel (19:13.947)
..

Isabelle Milette (19:17.895)
tout de suite de visualiser de quoi notre patient devrait avoir l'air pendant qu'on fait nos soins. Que ce soit n'importe quel soin, je dois l'intimider, je dois faire une ligne centrale, je dois changer sa couche indépendamment de ce que je fais, je veux m'assurer que je recrée l'environnement intra-utérin aussi le plus possible. Je veux le garder en flexion, je veux garder ses manches à bouche parce que c'est rassurant pour lui et je veux prendre le temps de faire ce que j'ai besoin de faire. Puis on sait qu'aux soins intensifs, d'un point de vue, prendre le temps, ce n'est pas toujours facile.

Mais prendre le temps, ça ne veut pas dire aller prendre une pause et revenir non plus. Ça veut juste dire de laisser le temps au bébé de s'adapter à chaque chose que je vais faire. Donc, je vais prendre sa tension artérielle. Par exemple, je vais l'aviser en mettant ma main sur son bras. Je vais mettre le brassard de tension artérielle. Je vais prendre sa tension artérielle en le gardant en flexion, en lui donnant une tussie, capable de têter, en lui permettant d'agripper, si il est capable de le faire. Pour qu'ensuite, quand j'ai terminé, je l'enlève et je lui dis, j'ai terminé. Donc, c'est de la communication qui se fait.

Gabriel (19:47.547)
Mm-hmm.

Isabelle Milette (20:12.967)
au niveau corporel, mais aussi dans l'approche et dans la façon dont on va faire les choses qui fait toute la différence sur la tolérance de ce stress-là. Il y a une échelle, l'échelle de NIST qui a été publiée en 2013 qui est le Neonatal Infant Stressure Scale. Donc c'est une échelle de stresseurs néonatales qui documente un petit peu les choses qui sont les plus stressantes à l'unité néonatale. Puis bien sûr, en haut de la liste, on a notre examen de rétinopathie.

on a les intubations, on a les chirurgies. Mais dans les choses qui sont modérément stressantes, la chose en haut de la liste, oui, merci Gabrielle. Puis on n'y pense pas, là. On fait ça 8 fois par jour minimum à nos patients. Et changer la couche d'un bébé sur le dos, en levant son bassin, c'est hyper stressant au niveau émotionnel et psychologique, mais c'est aussi très stressant au niveau émodynamique.

Gabriel (20:46.427)
changement de couche.

Isabelle Milette (21:05.959)
Aussitôt qu'on lève le bassin, on change la pression intra-abdominale, la pression intra-orthoracique, donc la pression systémique. On crée une augmentation de la pression et bien sûr nos petits bébés qui sont fragiles au niveau cérébral, avec une matrice cérébrale qui est fragile, on augmente les risques d'hémorragie intraventriculaire aussi. Et donc ce sont des interventions mais stratégies qui sont très simples au quotidien. Changer la couche en latérale par exemple au lieu de la changer sur le dos.

Des petites techniques comme ça qui font que c'est moins stressant pour les bébés au niveau vraiment du stress physiologique, mais c'est aussi, ça crée aussi beaucoup plus de stabilité émodynamique chez ces patients-là. Donc ça c'est vraiment toutes sortes de petites stratégies qu'on peut faire qui font vraiment un gros changement au quotidien. Mais moi je vous dirais que la plus grosse stratégie en haut de tout ça, ma première prescription pour tous mes patients bien avant le ventilateur, c'est du pot à pot avec les parents.

la méthode kangourou, ça va être vraiment la façon la plus efficace d'avoir cet effet d'amortissement, j'adore l'expression, pour ces enfants-là parce qu'un parent qui a son bébé sur lui va réagir à ce que son bébé lui dit de façon instantanée. Je suis pas bien, je m'étire, j'aime pas, il y a un petit bruit, je fais un sursaut, les parents sont là pour le rassurer. Quelque chose qui ne va pas arriver quand le bébé est dans l'incubateur tout seul.

Gabriel (22:13.595)
..

Isabelle Milette (22:31.527)
Donc oui, la méthode kangourou et le peau à peau a plein de bénéfices pour plusieurs raisons, mais au niveau du stress physiologique, c'est un effet d'amortissement de stress instantané en permanence qu'on a chez les parents quand on est en peau à peau. Et ça, pour moi, ça fait toute la différence. Fait qu'on commence beaucoup à recommander à faire des soins en peau à peau, au lieu de les faire dans l'incubateur si on est capable de le faire. Je comprends bien que ça, on a un petit 23 semaines qui est super instable sur haute fréquence. On n'est pas dans le même contexte, mais en général, quand c'est possible,

C'est ce qu'on va recommander de faire aussi. Est-ce que ça répondait à la question, Ben?

Ben Courchia MD (23:05.39)
et ma question qui suit je connais la réponse mais je dois me dois de la poser c'est je me fais un petit peu l'avocat du diable dans ce cas là il ya des gens qui vont dire ah oui c'est bien beau tout ça mais bon c'est c'est joli mais c'est pas c'est pas autant prioritaire que qu'ajuster le ventilateur que donner certains médicaments parce que ça n'a pas d'effet vraiment sur les sur la mortalité sur les et sur les oui mais oui mais je pose la question parce que je connais la réponse

Gabriel (23:06.779)
Fui.

Isabelle Milette (23:29.383)
Oh boy.

Gabriel (23:30.587)
Ha ha ha ha!

Ben Courchia MD (23:33.71)
Qu'est-ce que tu peux nous dire un petit peu sur les effets concrets et tangibles de ces interventions-là, sur des métriques qu'on utilise fréquemment dans toutes les autres études qui évaluent d'autres interventions?

Isabelle Milette (23:46.119)
Il y a plusieurs métriques qui ont été utilisées au cours des années pour les soins du développement et aussi pour le programme NetCap. Mais une des premières que j'aimerais vous mentionner, c'est vraiment tout ce qui sort des études italiennes avec Dr Provenci et Dr Montiroso, où ils travaillent beaucoup sur le stress toxique et sur l'épigénétique. Ils ont démontré vraiment que le stress toxique a un impact au niveau bien sûr hémodynamique, ça a un impact au niveau hormonal.

ça a un impact au niveau cérébral, neurotoxique et ça a un impact au niveau génétique, c'est-à-dire que ça change notre ARN, la production de certaines protéines. Donc ce qu'on sait, c'est qu'à long terme, ça peut avoir des conséquences assez catastrophiques sur plusieurs aspects du développement de ces enfants-là. Et donc, la diminution du stress à la base dans tout ce qu'on fait dans notre pratique clinique, c'est vraiment une des priorités qu'on s'est données.

On évalue les soins de développement. La littérature est assez vaste parce que c'est, comme vous savez, quelque chose qui est multi-intervention avec des multiples résultats qu'on va aller mesurer. Et de faire des études randomisées contrôlées, c'est très compliqué. Donc, on a une revue Cochrane qui nous parle des soins de développement avec seulement 36 études randomisées contrôlées qui n'ont pas remis à jour depuis quelques années d'ailleurs parce que justement, ce n'est plus rendu éthique de ne pas le faire.

Et la conclusion était justement celle-là, c'était que toutes les petites interventions fonctionnent de façon très efficace, mais que c'est difficile de dire qu'est-ce qui fonctionne et qu'est-ce qui ne fonctionne pas dans l'ensemble et que les conséquences bien sûr sont toutes vraiment bien efficaces aussi, mais qu'on n'est pas sûrs à quoi relier telles conséquences. Donc en général, ce qu'on sait, c'est qu'à court terme, on va améliorer la stabilité physiologique de ces patients-là.

on va améliorer la stabilité comportementale, donc dans la respiration des comportements. Au niveau du moyen terme, c'est vraiment ça les temps longs d'art, c'est de la publication en soins de développement, on va diminuer la durée de spécisation, la durée de jour sur ventilateur, la durée de jour sur oxygène, la durée de jour sur gavage, on va rapprocher ou raccourcir la transition à l'alimentation orale complète, on va avoir un meilleur poids congé.

Isabelle Milette (26:07.431)
Donc il y a plusieurs aspects comme ça qui ont été bien documentés et qu'à plus ou moins moyen terme, long terme, on est rendu dans certaines études net cap à 12 ans, je pense chez certains enfants. Puis avec des recherches en épipages aussi en France, on est rendu peut-être à ça aussi vers 12 ans. Ou on a beaucoup d'aspects neurodéveloppemental qui sont mieux. Donc on a des meilleurs résultats à 1 ans, 3 ans, 5 ans au niveau du belès par exemple. Mais on a aussi...

moins de complications neurodéveloppementales que ce soit des troubles envahissants du développement, du TDAH par exemple, de tous les problèmes de comportement, des problèmes d'adaptation, des problèmes de langage, des problèmes de motricité fine. Donc on est vraiment dans de l'amélioration à long terme de tout ce qui est neurodéveloppemental et pas nécessairement d'handicap majeur parce que comme la cécité, la surdité, la paralysie cérébrale et le

Gabriel (26:49.115)
Mhmm.

Isabelle Milette (27:04.519)
ce qu'on sait que les parents considèrent en fait la plus importante, vous en avez déjà parlé aussi dans vos podcasts. Donc il y a beaucoup beaucoup d'évidence que ça fonctionne. Je pense que ce qu'il faut regarder aussi c'est toutes les stratégies qu'on met en place parce que chacune des stratégies qu'on va mettre en place ont aussi beaucoup d'évidence en soins de développement, que ce soit la méthode kangourou pour l'attachement, pour l'allaitement, pour le développement neurologique, ça c'est bien documenté.

tout ce qui est positionnement thérapeutique, comme quoi ça stabilise les enfants au niveau hémodynamique, ça permet de la meilleure ventilation, donc ça diminue aussi la durée de ventilation. Que ce soit quand on parle par exemple de contrôle de l'environnement, du bruit, de la lumière, donc ça aussi ça a des effets positifs sur la stabilité physiologique. Donc je pense que dans l'ensemble, l'évidence est quand même bien. Je pense que le programme NITCAP est un de ceux qui a le plus d'évidence justement dans ce domaine-là parce que c'est sûr que les soins du développement.

selon votre définition, selon votre approche, selon le programme que vous allez utiliser. Elle est très variable d'une unité à l'autre et je pense que c'est ce qui fait que la recherche dans le domaine est très difficile parce que ça ne veut pas dire la même chose pour différentes personnes. C'est pas implémenter de la même façon d'une unité à l'autre ou même d'un pays à l'autre ou même dans la même unité d'une personne à l'autre. Donc ça rend les choses vraiment plus difficiles en terme d'évaluation.

Gabriel (28:22.875)
..

Isabelle Milette (28:26.087)
C'est pour ça qu'on a voulu développer des lignes directrices d'implantation, justement des soins de développement, de dire, si vous voulez faire des soins de développement sur l'unité, voici ce que l'évidence nous dit. Donc, voici, par exemple, les cinq normes de soins que vous devriez mettre en place avec cinq différentes façons de les appliquer, par exemple. Ces normes de soins-là, ce sont comme, aux États-Unis, ils appellent ça des core measures soutenus par le Joint Commission. Au Canada, c'est plus, avec Accréditation Canada, c'est plus comme des normes de soins.

Ben Courchia MD (28:48.43)
Mm-hmm.

Isabelle Milette (28:55.239)
Mais par exemple de protéger le sommeil, de diminuer le stress et la douleur, de favoriser la méthode Kangaroo bien sûr, d'avoir des soins qui sont centrés sur la famille, de contrôler l'environnement et de s'assurer qu'on a un positionnement qui est adéquat au niveau physiologique, de s'assurer qu'on a une alimentation qui est basée sur les compétences et non sur ce qu'on voudrait bien que cet enfant-là prenne aujourd'hui. Donc, donc d'essayer de...

Gabriel (29:17.787)
Mmh.

Isabelle Milette (29:22.503)
de standardiser un petit peu cette approche individualisée-là pour que dans la plupart des unités qui la pratiquent, on ait un minimum de stratégies cliniques qui sont vraiment basées sur l'évidence. C'est pour ça qu'on a développé justement les lignes directrices d'implantation parce qu'on se disait que ce n'est pas clair pour personne comment le faire. Il y a comment on le fait au quotidien dans notre pratique clinique, mais il y a comment est-ce qu'on fait ce changement-là organisationnel au niveau de l'unité.

Ben Courchia MD (29:43.854)
Mm-hmm.

Isabelle Milette (29:50.311)
dans le contexte où justement, ce n'est pas toujours une priorité.

Gabriel (29:55.003)
Et non vraiment c'est super intéressant et pour ceux qui nous écoutent Isabelle je pense que tu es auteur de justement un livre qui est sur les soins du développement qui regroupe un petit peu tous ces outils tous ces conseils les évidences qui sont derrière ces conseils également et je pense aux éditions je suis sainte justine et ça a été publié je me trompe à la deuxième édition quand même assez récemment donc ça a été mis à jour et donc donc c'est disponible pour ceux qui sont intéressés à

à se plonger de manière plus large dans c'est quoi exactement les soins du développement et comment les impliquer et d'ailleurs d'où vient ma prochaine question et j'en connais aussi la réponse mais je vais quand même la poser mais qui est responsable dans l'unité de faire des soins du développement?

Isabelle Milette (30:39.335)
Moi, ma réponse, ce serait tout le monde. Ça serait tout le monde. Je pense qu'une responsabilité organisationnelle, il doit avoir une volonté organisationnelle de faire ce changement-là vers une humanisation des soins, vers une diminution du stress, vers des soins centrés sur la famille.

Gabriel (30:42.939)
Exactement, c'est ce que je m'attendais! Ah ah

Isabelle Milette (31:03.367)
vers des soins qui sont axés sur la prévention du traumatisme parce qu'on n'a pas parlé de trauma encore mais on est rendu là aussi en soins du développement. Fait que c'est sûr qu'on doit avoir cette approche là de façon organisationnelle pour s'assurer que les politiques, les protocoles qu'on doit mettre en place soutiennent les soins du développement. Oui, je vais intuber un bébé et voici mon protocole d'intubation mais il ne faut pas oublier qu'il faut s'assurer que cet enfant là, on le stresse le moins possible pendant qu'on fait cette intervention là par exemple.

Donc de s'assurer que ça s'imprègne dans tout ce qu'on va faire. Fait que c'est sûr qu'au niveau organisationnel, on a besoin de ce soutien-là. Mais à la base... Oui, exactement. Et c'est ce qui fait...

Gabriel (31:40.891)
C'est une philosophie d'équipe finalement et c'est pas une recette à une seule personne, c'est vraiment, c'est un entanglement, c'est tout le monde ensemble qui a un focus sur la famille et le patient.

Isabelle Milette (31:50.471)
It is. Exit. C'est pour ça qu'on a besoin de ce soutien-là au niveau organisationnel, mais je pense que l'implantation, c'est de la gestion-changement, l'implantation, ça vient d'en haut, mais il faut qu'il y ait de la volonté de la base aussi. Moi, quand je fais de la formation, ce que je dis toujours à tout le monde, c'est que chacun d'entre nous, on laisse une empreinte chez nos patients.

et si cette empreinte peut être plus positive que négative dans la façon dont on fait les choses, c'est ça qu'on a de gagné chez notre patient. Mais si tout le monde a cet aspect de considération de cette petite personne comme un être qui a besoin de soutien dans son développement, et que chacun d'entre nous, dans la façon dont on pratique, on a cette influence, je pense que c'est très important. C'est pour ça qu'on fait beaucoup de travail en tandem avec les parents.

Mais on se fait beaucoup de travail en tandem, chacun d'entre nous avec l'équipe. Au HMR, je trouve ça vraiment intéressant parce qu'à Mérizona-Frosmo, on a beaucoup impliqué les nanothérapeutes, l'équipe médicale aussi dans cette approche-là. Mais les nanothérapeutes sont extraordinaires, ils travaillent avec nous, nos chevets, avec les infirmières. C'est à quatre mains, je vais faire ça pendant que tu fais ça, je vais rassurer bébé pendant que tu fais ça, je vais changer son interface pendant que moi je fais ça.

C'est de toute beauté de voir cette danse que les professionnels font ensemble. Et de un à l'autre, de se renforcer ou de se corriger ou de se rappeler que c'est peut-être pas le temps de parler du barbecue qu'on a fait hier, c'est peut-être plus le temps de regarder notre patient pendant qu'on fait nos soins pour s'assurer qu'il est bien et puis enseigner ça aux parents. Je pense que c'est la responsabilité de chacun d'entre nous de faire ça dans notre pratique clinique ou de se remettre un petit peu en question parce que...

C'est sûr que si je vous dis que l'unité nous attend, elle est super stressante et traumatisante, à la base, les gens qui créent ce traumatisme-là, c'est nous. Il y a beaucoup de culpabilité quand on fait de la formation parce que les gens se rendent compte que finalement, l'impact qu'on peut avoir sur nos patients peut être très négatif, autant qu'il peut être très positif selon la différence dans ce qu'on fait au niveau clinique.

Isabelle Milette (34:00.423)
Et donc cette réalité-là de prendre conscience de l'impact qu'on a chez nos patients, puis de se le partager ensemble mutuellement avec nos collègues avec qui on fait les soins, avec nos patients, c'est du renforcement positif pour moi. Donc je fais beaucoup de formation théorique, mais on fait beaucoup aussi de coaching au chevet justement, pour être capable de s'assurer de cette intégration-là des connaissances dans leur pratique clinique. Donc oui, en réponse à ta question, je pense que c'est super important que chaque individu...

en prennent la responsabilité ou en prennent conscience, mais qu'il faut absolument qu'il y ait une volonté organisationnelle pour le faire parce que sinon ça ne fonctionnera pas. C'est un petit peu ce qu'on est en train de faire au HMA présentement à Maison Neuf-Rosemond, c'est de dire, nous on a décidé comme institution que ce qu'on allait prioriser en une hétalogie c'est vraiment les soins de développement et le NEDCAP. Suffisamment pour dire qu'on a le soutien de la direction des soins infirmiers, de la direction médicant, de la direction

des grands donateurs à la fondation qui sont extraordinaires, qui nous ont donné de l'argent pour faire ce programme-là et qui ont reconnu le besoin de former les infirmières pour pouvoir ensuite former les parents et faire cette différence-là auprès de nos patients. Fait que si vous n'avez pas cette volonté organisationnelle-là, les professionnels au chevet de façon individuelle, ils ne savent pas ce qu'ils ne savent pas. Je ne sais pas si vous comprenez ce que je veux dire, c'est vraiment une mauvaise expression, mais si je ne sais pas que moi je peux avoir un impact négatif ou comment...

Gabriel (35:22.107)
Mm-hmm.

Isabelle Milette (35:27.815)
changer ma pratique pour avoir moins cet impact négatif-là, je ne le ferai pas. Donc, ça fait partie aussi un peu de la responsabilité de l'institution de faire cette sensibilisation-là ou de faire cette formation-là. Parce qu'on s'entend que, Gabriel, demain matin, tu vas faire un écho au chemin de tes patients, parce que je sais que c'est ton grand-adult, mais que c'est ça, la façon dont tu vas faire ton écho a une différence.

Gabriel (35:46.619)
..

Isabelle Milette (35:54.887)
Je parlais à Dr Fournier qui est un cardiologue avec qui on travaille qui me disait mais t'es-tu en train de me dire que ce serait mieux pour moi de faire les échographies cardiaques en position latérale? Puis je lui dis oui parce que le bébé est plus rassuré en position latérale mais elle dit tu sais que c'est parfois mieux quand on le fait comme ça. Je suis comme ben go! Puis là on a commencé à changer la pratique juste en se disant qu'est-ce qui est le mieux pour ce patient-là. Donc je pense qu'il y a une responsabilité individuelle mais il y a aussi effectivement une responsabilité organisationnelle.

Gabriel (36:21.723)
je mets du piano quand je fais mes échos mais c'est peut-être plus pour me calmer, calmer la famille et l'infirmière que pour calmer un bébé mais ça fonctionne, ça fonctionne.

Isabelle Milette (36:26.375)
C'est moi pour le bébé! C'est bon!

Ben Courchia MD (36:30.67)
les soins du développement pour Gabriel en fait. Isabelle, qu'est-ce que tu peux nous dire un petit peu, je sais qu'on arrive bientôt à la fin de cette entretien, mais on parle beaucoup des soins du développement dans l'AREA. J'aimerais que tu nous parles un petit peu de ce qui se passe vraiment au moment de l'accouchement, où il y a quelque chose d'assez traumatique qui se passe, qui est cette séparation qui arrive tout de suite après l'accouchement. Quelle est la signification de ce moment-là et quel est l'impact que...

Isabelle Milette (36:35.015)
Oh...

Gabriel (36:35.099)
super intéressant.

Ben Courchia MD (36:59.726)
que toi et tes collègues avaient analysé sur ce moment-là en particulier.

Isabelle Milette (37:04.743)
J'adore que tu dises ça Benjamin parce que c'est vrai, c'est vrai les gens oublient souvent que l'accouchement c'est le premier traumatisme auquel on est tous exposés, maman et bébé inclusivement, et que le premier effet d'amortissement, donc pour tamponner l'accouchement c'est quoi? C'est vraiment le peau à peau. C'est en remettant bébé sur maman que tout d'un coup tous les deux oublient qu'est-ce qui s'est passé depuis les derniers peut-être 12 heures. Mais que le deuxième traumatisme auquel

passées à l'unité néonatale sont exposées. C'est vraiment ça, c'est cette séparation maternelle. Donc non seulement ils n'ont pas pu bénéficier de cet effet d'amortissement, de cet effet de tampon, mais qu'en plus on les retire de moment pour faire ce qu'on a besoin de faire au niveau de la réanimation néonatale. Donc il y a deux choses qui sont faites présentement dans plusieurs unités, surtout en Europe. On n'est pas tout à fait rendu là un maison d'œuvre, heureusement, mais on travaille là-dessus. Je pense à Toulon par exemple qui viennent de nous présenter leur projet qui est extraordinaire.

Gabriel (37:54.971)
..

Isabelle Milette (38:00.615)
qui font, si ils sont capables, ils font la réanimation sur les parents. Il y a quelques unités qui font ça, surtout dans les pays scandinaves, où on va carrément mettre bébé sur maman pour bénéficier de cette stabilité-là, de la poste accouchement pour gérer ce stress-là et ce traumatisme-là que l'enfant vient de vivre, et de le stabiliser sur maman. Donc on va le sécher sur maman, on va le positionner sur maman, on va l'aspirer sur maman, on va... si on a besoin de lui mettre un CPAP sur maman, si on a besoin de débuter une intraveineuse sur maman, et...

Ils ont eu de très très bons résultats et parfois les bébés peuvent rester jusqu'à 2 heures à l'unité néonataire, à la salle d'accouchement comme ça. Quand ils sont assez stables bien sûr, on ne parle pas encore une fois de 23 semaines ou de 24 semaines qui sont très instables, mais chez les 32 semaines et plus ça a été démontré comme étant extrêmement efficace au niveau de la déventilation plus rapide, de la stabilité de besoins d'oxygène qui sont diminués, donc ça c'est vraiment très très très intéressant comme approche.

Dans un contexte où c'est pas toujours facile ou faisable pour tout le monde de le faire comme ça, nous on essaie de travailler beaucoup sur ce qui se passe sur la table chauffante après l'accouchement. Donc on va vraiment avoir un nid de positionnement, on va essayer d'avoir la lumière, le bébé avec ses yeux protégés de la lumière si on est capable à moins qu'on ait besoin de le ventiler ou de l'intuber, mais de toujours le regrouper, de l'emmailloter le plus possible à moins qu'on ait besoin de visualiser ou de faire une ligne centrale.

ça va toujours dépendre de façon individuelle pour individualiser les soins encore de ce que ce patient va avoir de besoin, mais on va essayer le plus possible tout de suite après de faire ça. Et si on est capable après cette stabilisation-là, avant de le transférer à l'unité mentale, on va le remettre sur maman. Ce qui est recommandé dans la littérature, ce qui est recommandé par l'OMS aussi depuis l'an dernier, que je suis tellement contente qu'il est sorti ces recommandations-là, c'est qu'il faudrait idéalement que ce premier contact se fasse dans les deux premières heures de vie.

et que ce premier contact-là dure au minimum 20 minutes pour qu'on puisse avoir le bénéfice de l'effet justement d'amortissement de cet enfant-là. Ce qui est recommandé aussi, c'est qu'on peut transférer le patient à l'unité neonatale sur papa au lieu de le transférer sur une table chauffante avec l'objectif de dire que le pouls à pouls garde cet enfant-là plus stable pour le transfert à l'unité neonatale. Donc dans un contexte où c'est sûr qu'on ne peut pas le faire avec tous les patients,

Isabelle Milette (40:17.415)
parce qu'il y en a certains qui vont être plus instables ou plus petits que d'autres par exemple. Je pense que c'est une belle façon de débuter la vie de cet enfant-là en minimisant le plus possible le stress et le traumatisme auquel il est exposé.

Gabriel (40:31.195)
Puis, question pour toi Isabelle, on a quand même pas mal d'auditeurs d'auditrices de partout à travers la francophonie, ce qui est quand même assez international. S'il y a des gens qui disent ok, ben comment est-ce que je fais pour commencer dans ce domaine où aller faire des changements, où amener des changements dans cette philosophie, dans ce package de soins organisationnels comme tu le mentionnes. Il y a évidemment des ressources comme par exemple articles, livres, entre autres le livre que tu as publié.

Isabelle Milette (40:39.175)
Mmh.

Gabriel (41:00.635)
Mais comment est-ce que les gens vont chercher un peu plus cette expertise ou cette manière d'aller intégrer cette philosophie dans leurs pratiques?

Isabelle Milette (41:07.847)
C'est sûr qu'on a les livres et les articles de recherche. Dr. Cisun, en France, qui était à Brest, originalement, qui est maintenant en Toulouse, a aussi publié plusieurs articles, mais aussi plusieurs livres en ce mois du développement. Donc, il y a quand même de la lecture. Nous, au Canada, on a développé, quand j'étais à Saint-Justine, une pratique exemplaire aussi qui parle des grands points d'implantation sur l'unité. Ça aussi, c'est disponible sur le site d'Accréditation Canada.

Les lignes directrices d'implantation, je pense que c'est une belle façon de commencer aussi si on veut le faire au niveau organisationnel. Alors ça aussi c'est un article qui est disponible, mais dans l'ensemble, il y a plusieurs ressources partout dans le monde qui font de la formation en soins de développement. Je pense bien sûr à la NFI qui est la fédération internationale du NEDCAP qui fait de la formation, mais je pense aussi à d'autres...

d'autres types de formations comme, par exemple, Mary Coffin, vous en avez parlé, Leben, au début d'un rencontre, qui fait des formations extransigeantes en soins axés sur la prévention du théromatisme. C'est la première aussi qui a fait des lignes directrices sur les mesures fondamentales ou les normes de soins en soins du développement qui ont été endossées par le NAN, qui est l'Association américaine des infirmières en neonatologie, mais aussi par le NEDCAP. Donc, il y a beaucoup de...

de formations qui sont disponibles un petit peu partout, que ce soit aux États-Unis comme en Europe, en soins de développement, selon le niveau auquel vous voulez le faire. Si vous voulez faire par exemple du net cap, ça doit être une approche d'unité. Il y a plusieurs niveaux de formation, le find 1, le find 2, le net cap et tout ça. Mais si vous voulez seulement aller faire de la sensibilisation par exemple pour semer une graine, la rosée, puis espérer que ça pousse un petit peu sur l'unité.

Il y a beaucoup de formations qui se donnent. Je pense à Creative Therapy Consultant aux États-Unis qui font de la formation sur le massage, mais aussi sur les comportements. Je pense aux formations en Trauma-Informed Care que Mary Coughlin a offert qui sont absolument extraordinaires. Je pense par exemple à Children Medical Ventures aux États-Unis qui ont un programme aussi de formation qui appelle le Neuro-Protective Care, mais qui est vraiment des soins de développement aussi. Il y a plusieurs ressources qui sont disponibles.

Isabelle Milette (43:12.647)
que les gens peuvent vraiment utiliser pour aller commencer à piquer leur curiosité, à se faire une petite base de formation. Mais c'est sûr que si vous voulez faire des changements de voie organisationnelle, on doit aller un petit peu plus loin et on doit pousser un petit peu plus loin sur ce genre de programme-là effectivement.

Ben Courchia MD (43:30.35)
Et je pense que ce qui est important c'est de mentionner qu'une fois que les gens vont sur ces sites internet là, qu'ils vont rencontrer ces groupes là, il y a un monde faux et c'est pas quelque chose où vous allez être tout seul, dire ah je suis dans cette quête, il y a personne qui est avec moi, c'est un peu la croisade un peu tout seul, pas du tout, c'est quelque chose où vous allez être soutenu et...

toutes les personnes à qui j'ai parlé de ce sujet là ont toujours été des gens super abordables et super collaboratifs, donc n'ayez pas peur, n'ayez pas peur.

Isabelle Milette (44:01.511)
Non pas du tout et c'est un réseau de soutien qui est très important, qui est très intéressant et c'est une communauté qui est un petit peu desserrée parce qu'on a vraiment la même approche ou la même mentalité. Mais effectivement, c'est ce que j'aime aussi du programme de Mary Coughlin, c'est qu'elle met des gens en contact. On est en train de travailler sur potentiellement le développement d'une unité néonatale virtuelle où tout serait parfait, à quoi ça devrait ressembler.

Ben Courchia MD (44:11.182)
Mmh.

Ben Courchia MD (44:24.398)
Mm-hmm.

Isabelle Milette (44:26.599)
Et puis c'est intéressant parce que des gens de l'Écosse, de la France, des États-Unis, du Canada qui se sont joints à nous pour faire ça. Donc c'est vraiment une belle communauté. C'est des ressources. Vous ne vous gênez pas pour rapprocher les gens. Vous m'envoyez un courriel, vous envoyez un courriel, vous allez sur notre site web. C'est des choses qui pour nous c'est tellement ancré dans ce qu'on croit et ce qui est important pour nous que l'objectif de ma carrière pour moi ça a été de partager ça. En plus de le faire cliniquement.

Ben Courchia MD (44:53.422)
C'est des passionnaires.

Isabelle Milette (44:55.783)
ça peut pas rester un projet tablette, je peux pas être la seule personne à faire ça, ça a pas de bon sens. C'est super important pour moi que ces petites personnes-là qui sont entre nos mains, on se rende compte qu'on est en train de développer leur cerveau, qu'on est en train de développer leur futur. C'est une grosse responsabilité qu'on a! Donc voilà.

Ben Courchia MD (44:59.214)
Mmh-hmm.

Gabriel (45:00.795)
..

Ben Courchia MD (45:11.214)
Mmh.

Absolument.

Gabriel (45:15.547)
ta fille

Ben Courchia MD (45:17.358)
Isabelle, on va mettre tous ces liens dans la description de l'épisode et à travers ces liens les gens pourront te contacter directement. On voulait te remercier encore une fois d'avoir pris le temps de nous parler un peu de tout ça aujourd'hui et d'être venu sur le podcast. Merci beaucoup et on te souhaite plein de bonnes choses pour la suite.

Isabelle Milette (45:32.903)
Merci à vous.

Gabriel (45:32.923)
Merci beaucoup.

Isabelle Milette (45:36.135)
Merci.

Gabriel (45:36.699)
C'était super, merci Isabelle.