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Élever la physio
Suis-moi alors que j'explore et discute de tout ce qui concerne le marché de la physio et de la santé physique sous un autre angle, au delà de la pratique!
Nous parlerons de l’état de la profession dans le marché de la santé physique en abordant plusieurs sujets allant de la gestion à la psychologie et en passant par les aspects sociaux entourant ou impactant la physiothérapie au Québec et ailleurs.
Discutons et analysons notre marché, apprenons et trouvons des solutions pour qu’ensemble, on puisse élever la physio!
Élever la physio
La place de la prévention en physio avec Jean-Philippe Paquin
Dans l'épisode d'aujourd'hui, j'ai eu une conversation intéressante avec Jean-Philippe Paquin, professeur de clinicien à l'UQAC.
On a discuté de physio préventive en explorant des approches innovantes pour améliorer les résultats de santé à long terme et l'autonomie des patients.
On a aussi abordé les implications plus larges de la prévention dans les soins de santé, en réfléchissant à la nécessité cruciale pour les professionnels de la physio d'adopter une approche plus proactive dans leurs pratiques. Pas seulement au niveau individuel, mais aussi aux niveaux communautaire et sociétal, en défendant le potentiel de la physio à atténuer de manière significative les risques de santé à long terme et à améliorer la qualité de vie.
Rejoins-moi dans cette exploration de la physiothérapie sous un angle nouveau, où l'objectif est de stimuler le débat, d'inspirer l'innovation et de contribuer positivement à l'avenir de la profession. #physio
Tes commentaires et suggestions sont les bienvenus pour enrichir cette conversation et explorer ensemble les sujets qui nous passionnent, pour ensemble, Élever la physio.
@physiofranky
francoisgregoire.com
Salut, c'est François.
Bienvenue sur le podcast Élever la physio.
Aujourd'hui, je jase de physio avec Jean-Philippe Paquin, qui est prof clinicien à l'UQAC, l'Université du Québec à Chicoutimi.
Puis en fait, il n'y a jamais meilleur que soi-même pour se présenter.
Alors, merci d'être avec moi, Jean-Philippe.
Je suis sûr qu'on va avoir une belle conversation sur, aujourd'hui, la prévention en physio.
Alors, je te laisse te présenter, puis nous parler un petit peu de quitter, puis ne gêne-toi pas pour nous donner des détails.
Je pense que les gens sont intrigués à te connaître un petit peu plus, s'ils ont été tes étudiants, étudiantes ou pas dans le passé.
Merci beaucoup, François, pour cette opportunité.
Ça me fait vraiment plaisir d'être là avec toi aujourd'hui pour jaser un peu de prévention.
Comme tu l'as dit, je m'appelle Jean-Philippe, je suis physiothérapeute, gradué de l'Université Laval en 2003.
Par la suite, j'ai complété, pardon, 2010, pardon, j'étais un peu plus jeune quand même.
Donc, gradué en 2010 de ce qui était le baccalauréat dans le temps.
Et par la suite, j'ai complété une maîtrise clinique en thérapie manuelle en devenant le plus jeune physio au Canada avec le titre de fellow en thérapie manuelle, qui est maintenant physiothérapie musculo-squelettique avancée.
travers ça, j'ai toujours été vraiment passionné à la fois par ma profession, mais aussi par le partage des connaissances.
Donc, j'ai commencé à m'impliquer un petit peu à gauche, à droite en enseignement, que ce soit en post-gradué via des associations comme l'AQPMA, d'autres organismes aussi comme la classe médique.
Et j'ai développé beaucoup mon expertise en lien avec initialement la thérapie manuelle.
la prescription d'exercice et la région cervicale.
Par la suite, j'ai continué un peu en complétant un micro programme de pédagogie en enseignement supérieur et une maîtrise de recherche clinique qui portait sur les céphalées cervicogéniques.
Et c'est ce qui m'a ouvert un peu plus la porte pour une carrière en enseignement.
Donc, depuis 2018 à titre de chargé de cours à temps plein et 2019 à titre de professeur régulier clinicien, je passe maintenant la majorité de mon temps en enseignement à l'Université du Québec à Chicoutimi.
En parallèle, j'aime toujours quand même toucher un petit peu à tout, voir des choses un peu à gauche, à droite.
Donc, je continue de faire de la clinique sur une base relativement régulière pour aider un petit peu des fois une clinique qui a des listes d'attente qui débordent ou qui a besoin des fois d'une expertise.
J'ai créé aussi dans les dernières années un site web qui s'appelle rehabtech.ca.
C'est un site web qui sert à diffuser de l'information d'une bonne qualité en français, facilement accessible, soit pour les cliniciens ou les futurs cliniciens qui vont travailler avec des populations de type douleurs musculo-squelettiques.
J'ai toujours trouvé, à la fois à travers ma carrière de clinicien, d'étudiant et maintenant d'enseignant, que c'était une bonne difficulté d'avoir une bonne information en français sur la santé musculo-squelettique.
C'est un site web que j'ai développé pour essayer de combler un petit peu ce vide-là, qui commence tranquillement être un peu plus actif, entre autres, sur les médias sociaux et qui offre différentes ressources pour les professionnels, pour les aider dans leur évaluation et leur prise en charge des patients.
Donc c'est un petit peu ça mon parcours pour faire un bref résumé.
T'es pas un gars occupé du tout, Jean-Philippe, si je comprends bien.
Juste assez.
Juste assez.
Si t'as fait de la recherche en cervicale, puis que t'enseignes, puis que t'as développé une expertise en cervicale, puis là on parle même des cervicalgies ou des céphalies d'origine cervicogénique, donne donc à nos auditeurs, mettons, quelque chose d'intéressant ou qui sort de l'ordinaire, des trucs que, par exemple, tu pourrais donner dans une de tes formations, mais qui surprend les gens habituellement, une statistique, un exercice, un fait particulier, sûrement quelque chose qui est frappant des fois.
mais qu'on est moins conscient.
Les céphalées d'origine cervicogénique, je pense qu'en physio en général, c'est vu comme une forme d'expertise, un peu comme de l'ATM ou des trucs comme ça, où les gens veulent généralement aller chercher des formations supplémentaires avant de se sentir complètement l'aise de l'adresser avec de la clientèle ou des patients.
Donc un petit truc, quelque chose de particulier ou d'intéressant.
Déjà, je me permets de me dire si les gens veulent en savoir un peu plus sur ce sujet-là.
Nouvellement, cette année, on va faire la première édition en mai et juin.
J'offre une formation qu'on appelle le workshop sur le cadran supérieur en lien avec la thérapie manuelle.
Puis on fonctionne beaucoup par histoire de cas et on aborde justement une histoire de cas de céphalie cervicogénique avec un diagnostic un petit peu plus complexe.
Donc si jamais les gens veulent en savoir plus sur ce sujet-là et veulent avoir une petite formation, une journée assez intéressante qui inclut aussi le membre supérieur, ça va être une belle occasion.
Sinon pour un élément clé qui est quand même vraiment intéressant, c'est de là qu'est parti mon intérêt, mon désir d'aller vers la recherche.
C'est beaucoup une difficulté en lien avec le diagnostic.
Je trouve que beaucoup de gens se font malheureusement faussement diagnostiquer une migraine alors qu'il y a une très forte composante cervicale.
Je n'entrerai pas dans les détails de la recherche pour ça parce qu'on va passer côté du sujet d'aujourd'hui qui est sur la prévention.
Si vous utilisez bien votre test de flexion-rotation cervicale, qui est un test qui sert à vérifier la mobilité AC1 et AC2, vous allez être capable de voir assez rapidement, de façon efficace, fiable et valide, s'il a une problématique de mobilité rotatoire entre l'atlas et l'axis.
Ensuite de ça, si vous enchaînez directement avec une technique de type snag, qui est l'approche Mulligan en thérapie manuelle, ou encore l'enseignement d'un exercice de type autosnag, pour les gens qui l'ont déjà vu, C'est le fameux exercice avec la serviette où le patient tourne la tête.
en utilisant une serviette avec une suppression sur C1, vous allez avoir des bénéfices assez incroyables.
À ma connaissance, c'est une des seules études qui a réussi faire ça, c'est une étude de Toby Hall, il a quelques années, qui a réussi à comparer cet exercice-là de façon isolée versus un exercice placebo.
C'est difficile en général de faire croire des gens qui font un exercice alors qu'ils n'en font pas, mais ils ont réussi faire un protocole qui servait à ça et ils ont démontré des améliorations assez fulgurantes, à la fois sur la mobilité lors du test, que sur la perception de fonction physique et sur la douleur, jusqu'à un an post-protocole, en utilisant les exercices à raison de deux fois par jour, environ une minute à chaque fois, pendant quatre semaines.
Avec un mois d'exercice à deux minutes par jour, on réussit à améliorer des gens qui ont des céphalées chroniques sur une période qui va facilement jusqu'à un an. Quand j'ai vu cette étude-là, c'était une très bonne méthodologie.
Il n'y avait pas beaucoup de patients, mais c'était très bien fait.
Ça fait même maintenant partie des guides de pratiques cliniques sur la région cervicale.
Automatiquement, ma petite recette en clinique, mal de tête, test de flexion-rotation positif, snag-autosnag, et on n'a presque pas de chance de se tromper.
L'élément clé, c'est d'enseigner l'exercice comme il faut, puis s'assurer que le patient le fait bien, ce qui est souvent le défi en clinique.
C'est un défi dans n'importe quoi.
Dans le fond, si je comprends bien, c'est une étude qui démontre qu'on améliore une déficience sur quatre semaines, mais qui est maintenue dans le temps d'une façon assez prolongée.
Effectivement.
Ce qui est positif pour notre profession.
Extrêmement.
On veut rendre les gens autonomes, c'est toujours ça l'objectif.
100%.
Autonomes eux-mêmes et certainement pas dépendants, peut-être pas de nous, mais surtout pas d'autres choses qui vont médicaliser davantage leurs conditions, ce qui peut amener vers de la douleur chronique et un paquet d'autres problèmes.
Jean-Philippe, c'est toi qui m'as approché pour jaser de ça aujourd'hui, parce que c'est un sujet qui t'intéresse, comme tu le disais tantôt, puis c'est un sujet qui m'intéresse aussi, fait qu'on avait eu une belle discussion en jasant de prévention, puis je pense qu'on eu une opinion similaire là-dessus, mais t'as plus de connaissances que moi là-dessus, puis c'est pour ça qu'on en parle aujourd'hui.
On voulait parler de prévention en physio, c'est quelque chose qu'on fait peut-être qu'on ne fait certainement pas assez, qu'on ne fait pas beaucoup si on regarde le pourcentage de curatifs versus de préventions qu'on fait autant en clinique privée que dans le système de santé publique.
Évidemment, on doit faire un pourcentage très, très élevé de curatifs versus des interventions en prévention primaire ou prévention secondaire.
Peux-tu nous parler un peu de C'est quoi la base de la prévention?
Commençons peut-être par la prévention de façon plus large, puis peut-être qu'on peut aller après ça sur le concept de prévention en physio.
D'abord, la prévention, c'est quoi?
La prévention, c'est de faire une intervention qui peut être n'importe quoi.
On ne parle pas dans ce cas-ci d'un outil précis, dans le but de réduire un risque, tout dépendamment de ce qu'on veut.
C'est la loi d'Hippocrate, si je me souviens bien, en médecine, qui dit que la première chose, c'est de ne pas faire mal au patient et de ne pas entraîner de problème.
De ne pas nuire.
Dans le doute, on ne fait rien.
Mais on peut se rendre compte des fois que de ne rien faire amène plus de risques que de tenter au moins de faire quelque chose.
C'est un peu ça la réflexion derrière la prévention.
On veut mettre en place une intervention qui peut prendre n'importe quelle forme dans le but de diminuer un risque que le patient ait une problématique de santé.
Donc, il y a plusieurs façons de voir les choses.
Quand on parle de risque, on peut se poser la question risque de quoi?
Et moi, en fait, à tout hasard, je suis tombé sur ce sujet-là il y a peut-être un an ou deux.
J'ai toujours été intéressé parallèlement à l'aspect de performances sportives.
Je dis souvent d'ailleurs que si les opportunités d'emploi avaient été un petit peu meilleures, probablement que je serais allé étudier en kinésiologie et non pas en physiothérapie.
Donc, j'étais un petit peu un kinésiologue manqué sur certains aspects.
Mais c'est un sujet que j'ai quand même décidé d'approfondir.
En faisant des recherches X sur la performance, je suis tombé à un moment donné sur un concept qui, je ne savais pas du tout que ça existait, qui était très véhiculé en recherche et qui tranquillement commence à être de plus en plus véhiculé en clinique, qui est la question à savoir est-ce qu'on peut prolonger et surtout comment peut-on prolonger la durée de vie de l'être humain?
Il y a même des chercheurs, des chercheurs plus en sciences fondamentales, par exemple en épigénétique, qui vont dire je ne vois pas aucune raison pourquoi l'être humain ne pourrait pas vivre au moins 200 ans.
On voit maintenant le vieillissement davantage comme une maladie et si on voit le vieillissement comme une maladie, ça veut dire qu'on peut traiter et donc potentiellement prévenir cette maladie.
Donc on se pose la question, c'est quoi les choses qui vont avoir tendance mettre fin au jour de l'être humain à l'extérieur, évidemment des causes comme les accidents, les suicides ou d'autres causes violentes.
Et on arrive avec quatre grandes catégories.
de problèmes, donc les problèmes artérosclérotiques, ce qui comprend tout ce qui est maladies vasculaires et cardiaques, les problématiques cancéreuses, bien évidemment, les maladies neurodégénératives, on pense par exemple à l'Alzheimer qui est la plus commune, et ce qu'on appelle les problèmes fondamentaux qui sont souvent plus connus sous le nom de syndrome métabolique et toutes ces variantes, donc diabète, résistance à l'insuline, tous les problèmes reliés à ces choses-là.
Ce qu'on a comme point commun quand on regarde ces quatre éléments-là, c'est est-ce qu'on est capable de trouver des prédicteurs, ce qu'on appelle des biomarqueurs ou que les gens, des fois, appellent des mesures, des mesures objectives en clinique ou des outcome measures, si je peux faire le terme anglophone, qui vont nous aider à savoir 5 ans, 10 ans, 20 ans, 30 ans avant que cette problématique-là survienne, est-ce que j'aurais été capable de la dépister?
La réponse, c'est oui.
Quand je me suis intéressé à ça et que je me suis rendu compte de quels étaient les différents outils d'évaluation, les différents facteurs qu'on pouvait regarder qui allaient m'aider à savoir si, par exemple, le patient est plus à risque de développer une de ces maladies-là, je me suis rendu compte qu'on avait une très grande proportion qu'on est facilement capable d'évaluer en physiothérapie et de façon courante dans la pratique.
Ça ne nécessite pas nécessairement d'équipement extrêmement spécialisé ou quoi que ce soit.
Et donc, on était capable d'intervenir dessus avant que le problème survienne.
Et c'est donc un petit peu ça qui engendré l'intérêt vers la prévention d'un point de vue un petit peu plus large.
Puis le lien avec la physiothérapie, lorsqu'on connaît justement ces mesures-là qui sont des mesures clés, devient extrêmement franc.
Si je ne me trompe pas, on parle des « four horsemen of chronic disease » quand tu parles des quatre trucs importants à vérifier ou à analyser si on veut planifier l'impact sur la durée de vie.
Là, tu parles de la durée de vie, on ne parle pas de la qualité de vie encore.
On ne parle pas encore de la qualité de vie, mais on va voir que c'est quand même très relié ensemble.
Ça vient d'où, ça, les Four Horsemen?
C'est qui, ces gars-là?
C'est quand même intéressant.
Moi, je suis un petit adepte aussi de bandes dessinées, super-héros et tout ça.
Puis les Four Horsemen, qui sont les quatre cavaliers, donc si jamais tu connais ou si jamais les gens connaissent les bandes dessinées X-Men, le méchant Apocalypse a toujours ses quatre cavaliers avec lui.
Les quatre cavaliers, c'est comme les quatre méchants.
Nous, de point de vue de l'être humain, c'est les quatre grandes maladies et la personne qui a donné ce nom-là, c'est un médecin qui s'appelle Peter Attia, qui est un médecin qui est de plus en plus connu, médecin américain, qui est quand même très actif via podcast, médias sociaux, etc.
Et initialement, ce gars-là était un mathématicien.
Donc très bonne capacité d'analyse statistique, ces choses-là.
Et un étudiant en médecine a fait de la chirurgie pour les personnes cancéreuses, donc la chirurgie oncologique.
Et ce qu'il a réalisé, puis l'image qu'il donne, c'est ça, c'est quand même intéressant.
Il dit, en santé, on essaye juste de ramasser les peaux cassées alors que ce serait peut-être plus simple d'essayer d'empêcher le problème.
Puis l'image que lui se donnait quand il était résident en chirurgie oncologique, il dit, j'avais l'impression d'être au bas d'une bâtisse puis qu'il avait quelqu'un qui lançait Par exemple, des oeufs en bas, pis moi j'ai un panier pis j'essaie juste d'attraper les oeufs pour essayer d'en casser le moins possible, alors que ça aurait peut-être été plus simple de monter en haut de la bâtisse pis d'enlever le gars qui lâche les oeufs en bas.
Et c'est comme ça qu'est l'image, pis qui est venue à s'intéresser à la prévention.
Et c'est lui qui a donné initialement ce nom-là, à ma connaissance, du moins des quatre cavaliers, donc les quatre grandes familles de maladies qui allaient amener des problématiques de santé assez graves au niveau de la population.
C'est vraiment intéressant.
Je ne sais pas si tu veux embarquer là-dedans tout de suite, mais la durée de vie versus la qualité de vie, qu'est-ce qu'on peut en dire?
Parce qu'évidemment, vivre plus longtemps, mais être couché, puis alité, puis hors de fonction cérébrale, ça ne sert pas à grand-chose.
Donc, où est-ce que le lien se fait entre les deux?
En fait, je pense que c'est peut-être une évolution de la question qui est la fois une question de recherche et une question clinique parce que l'idée de base a été initialement sur la durée de vie.
Mais à mesure qu'on avançait dans le temps et qu'on se rendait compte, si on prend par exemple un parcours d'un patient qui va développer une de ces quatre pathologies-là, disons qu'il développe un cancer à l'âge de 60 ans et là, on est dans une approche qui est curative, et on réussit quand même à améliorer la maladie, dans le sens qu'on réussit traiter le cancer avec une certaine efficacité, si on regarde dans la pratique médicale d'aujourd'hui versus il y a 30 ans.
Mais à 65 ans, mon patient a diminué beaucoup de sa qualité de vie, il a une fatigue chronique, il n'est plus actif physiquement, il n'est plus actif socialement, il n'est plus actif au travail, mais à travers des médications, à travers un traitement médical quelconque, je réussis le garder vivant jusqu'à 70, 75, 80 ans.
Ben oui, c'est le fun.
L'objectif de le garder vivant plus longtemps a été atteint, mais à quel prix?
Et à ce moment-là, on a changé un petit peu la priorité pour dire, ben oui, on veut ultimement que les gens vivent plus longtemps, mais on veut surtout qu'ils vivent en santé plus longtemps.
Donc, mon objectif à ce moment-là, avec l'aspect de prévention, est un peu à deux volets.
Si j'estime que l'âge de décès aurait été, par exemple, de 80 ans, je veux tenter de repousser le plus possible cet âge-là.
Mais parallèlement, l'autre ligne qui est l'âge en santé, Je veux essayer de la repousser le plus possible aussi.
Dans les faits, ce qu'on vise avec la prévention, selon moi aujourd'hui, ce n'est plus nécessairement la durée de vie, c'est plutôt la durée de vie en bonne santé.
parce que c'est plus intéressant d'un point de vue à la fois individuel, donc pour la personne en soi, que de sa famille, son entourage et même d'un point de vue de société, d'avoir quelqu'un en très bonne santé, disons jusqu'à 85 ans, puis qui va mourir 86, versus avoir quelqu'un qui tombe malade 75 et qui sera plus fonctionnel, qui n'amènera plus rien la société et tout ça, et qui va mourir à 86 avec une qualité de vie qui est très médiocre, à être alité, ne pas être capable de communiquer, de reconnaître ses proches, etc.
Est-ce que les interventions qui aident à améliorer la qualité de vie sont les mêmes qui aident améliorer la durée de vie?
De façon générale, oui, pour ce qu'on va appeler, pour les besoins de la cause, traitement conservateur.
Donc c'est sûr qu'au niveau médical, quand on commence à rentrer dans la pharmacologie, ces choses-là, ça va changer un petit peu parce qu'on sait qu'il y a plusieurs interventions, si on parle de choses comme par exemple de la chimiothérapie, de la radiothérapie, qui, oui, ultimement vont augmenter la durée de vie des gens, mais qui vont aussi avoir des effets nocifs importants, parfois temporaires, parfois malheureusement en continue et de longue durée.
On exclut cet aspect-là pour les besoins de la cause, mais lorsqu'on parle davantage de l'importance des habitudes de vie, les trois grandes choses, c'est beaucoup le sommeil, l'activité physique et la nutrition.
Lorsqu'on optimise ces choses-là, on réussit à la fois à repousser dans le temps l'âge du décès, mais l'âge aussi à laquelle le patient va perdre sa qualité de vie en tant que patient.
Ça me fait penser à quand on parle de la recherche est capable de démontrer y, z, puis on voit si qu'est-ce qu'il y a un impact sur la qualité puis la durée de vie.
Je me demande, est-ce que, parce qu'il y en a des gens qui vivent plus longtemps, est-ce que, bon, les gens peut-être, la société générale vit en moyenne plus longtemps qu'avant, peut-être qu'on voit des effets inverses dans la dernière décennie ou les deux dernières décennies.
toutes sortes de raisons, les pays industrialisés notamment.
Les gens qui ont 100 ans, les gens qui décèdent 100 ans, 107 ans, est-ce qu'ils nous apprennent quelque chose sur la durée et la qualité de vie de par leur propre vécu?
Ah oui, écoute, je pense que c'est la meilleure ressource.
Puis si les gens sont intéressés ça, il existe une émission, puis là, malheureusement, je n'ai pas le nom en tête, mais il existe des gens qui s'intéressent uniquement à ces personnes-là, les personnes semblables, puis d'essayer de comprendre.
Comment ils ont fait?
En gros, c'est ça la question.
Comment ils ont fait pour se rendre là et que ça aille bien?
Puis on remarque que c'est beaucoup plus fréquent sur certaines régions de la planète.
Donc là, on peut se poser des questions sur les habitudes de vie, les habitudes alimentaires dans certains pays qui changent versus d'autres.
L'exposition à des agents potentiellement pathogènes, on parle de pollution, ces choses-là, versus la non-exposition.
Et le rythme de vie aussi, selon certaines cultures, selon certaines populations, change énormément.
Donc, inévitablement, ça revient quand même un petit peu aux trois éléments majeurs.
On parlait de sommeil, nutrition, activité physique.
Mais travers ça, il a une dimension qui n'est pas nécessairement touchée, mais qui commence à être un petit peu plus émergente, soit dans les discussions populaires en lien avec le sujet ou encore dans les recherches.
qui est sur tout l'aspect social, l'aspect émotif, la santé aussi qu'on pourrait sous-diviser dans d'autres catégories, c'est certain, mais qu'on pourrait appeler spirituelle.
Puis on voit quand même certaines similitudes chez les populations chez qui la proportion de centenaires est plus grande.
que dans d'autres.
Puis ça, c'est quand même assez émergent, mais si les gens veulent avoir des idées là-dessus, il existe une très bonne émission documentaire sur Netflix à ce sujet-là.
Malheureusement, je n'ai pas le nom en tête, mais quelque part, comment vivre jusqu'à 100 ans, quelque chose du genre que les gens devraient être en mesure de trouver.
Je me rappelle avoir vu ça passer aussi.
C'est quoi l'impact génétique, Jean-Philippe, sur l'espérance de vie?
Ça, c'est vraiment intéressant comme discussion, puis après ma part, je ne suis pas quelqu'un qui a une expertise en génétique, donc je ne me lancerai pas trop loin, mais la chose que j'ai apprise en m'intéressant à ce sujet-là, que j'ai trouvé particulièrement fascinant, puis que j'ai pu corroborer aussi avec d'autres personnes qui sont en lien plus en sciences fondamentales, c'est qu'avant, on pensait que la génétique, c'était quelque chose d'assez fixe, dans le sens qu'on a notre code génétique, on a nos gènes qui se reproduisent, qui sont présents dans toutes nos cellules, puis on est comme ça, puis on ne peut rien y changer.
Donc, par exemple, demain matin, je ne peux pas me mettre à avoir les cheveux blonds, je vais toujours avoir les cheveux bruns, je ne mesurerai pas 6 pieds demain matin non plus, etc.
Ça serait dangereux d'essayer, j'imagine.
Mais je pense que c'est vrai encore pour une portion de nos gènes.
Par contre, l'expression de nos gènes, ce qui est appelé l'épigénétique de mémoire, c'est extrêmement malléable, beaucoup plus plastique qu'on pensait.
Ça dépend énormément de ce qu'on fait.
dans notre vie de tous les jours.
Chaque action, chaque décision qu'on va prendre va avoir un impact et cet impact-là, lorsqu'on l'additionne à long terme, va avoir une conséquence sur l'expression de nos gènes.
Un bel exemple qu'on peut voir avec ça, c'est l'expression de nos gènes qui va changer avec l'activité physique.
qui fait d'ailleurs partie du centre ou du core de la prévention qu'on peut faire en physiothérapie, et ça change directement l'expression génétique des gens.
Donc oui, il y a un lien évidemment avec la génétique, probablement qu'un peu comme pour n'importe quoi d'autre, si tu as beaucoup de gens dans ta famille, si tu as une bonne génétique, des gens vivent tous jusqu'à ans, Oui, tu as probablement plus de chances de vivre un peu plus vieux, mais par contre, si tu n'as pas plein de gens dans ta famille qui vivent 90 ans, ça ne veut pas dire que toi, tu ne peux pas réussir.
Mais c'est avec les décisions que tu vas prendre, les habitudes de vie que tu vas avoir, que tu vas réussir à modifier et à moduler ça en particulier.
Oui, c'est ça.
C'est parce qu'au-delà de la génétique qu'on transmet à nos enfants, il aussi toute, là tu parles, tu as mis le doigt dessus, on parle d'habitude de vie, donc quand on grandit de zéro à l'adolescence, l'exposition qu'on a de la part de notre entourage, on va dire nos parents premiers, ou les gens influents dans notre vie, peu importe lesquels, c'est un peu le modèle qu'on va reproduire comme individu chez la majorité des gens.
Alors, est-ce que on peut changer quelque chose en cours de route?
Parce que là, on parle des gens qui sont probablement déjà au plus fort de leur vie adulte.
Il y a-tu quelque chose à faire au courant de sa vie?
À quel point est-ce que l'effort mis Je pratique comme physio, donc je pose une question, mais c'est juste parce que je veux qu'on y réponde.
Je comprends que ce n'est pas toujours facile, mais est-ce que l'effort mis vaut le prix de cet effort-là, finalement, sur l'impact positif que ça peut avoir sur la vie, l'espérance de vie et la qualité de vie pour quelqu'un à 30 ans, 35 ans, 40 ans?
Comment ça fonctionne de ce côté-là, l'impact positif qu'on peut avoir?
Ou est-ce qu'il est trop tard?
Ou est-ce que c'est trop difficile?
Par mon nom, as-tu un petit peu, Jean-Philippe?
Écoute, il n'est jamais trop tard.
Ça, c'est certain, certain, certain.
Et la plus petite amélioration peut avoir un impact majeur.
Ça, c'est quand même des choses très importantes à noter.
On a des données là-dessus au niveau de la science en recherche plus fondamentale, des études qui ont été faites, par exemple, sur des souris, des choses comme ça, avec un paquet d'interventions différentes.
Puis on l'a aussi chez l'être humain.
Mais juste le fait de passer de pas du tout actif à juste un petit peu actif, puis on pourra mettre des chiffres là-dessus si jamais on veut avoir des chiffres un petit peu plus, mais peut augmenter considérablement la durée de vie et la qualité de vie à long terme évidemment chez les patients en réduisant le risque de pathologie.
Donc les chiffres qui sortent le plus, c'est vraiment beaucoup les chiffres sur l'activité physique, puis souvent des choses simples, c'est la marche.
Donc t'as peut-être déjà entendu ça dans les recommandations habituelles sur l'activité physique.
On recommande aux gens de marcher 10 000 pas par jour en moyenne.
On peut le calculer maintenant de façon très facile avec un cellulaire, avec une montre.
On pourra revenir après ça sur des nuances.
Est-ce que réellement tout le monde besoin de marcher 10 000 pas ou non, c'est une autre discussion.
Oui, parce que tu pourrais faire par exemple un gros entraînement en musculation pendant une heure, puis t'as fait très peu de pas, mais t'as fait une activité physique demandante ce moment-là.
Exactement.
C'est pour ça qu'il y a des nuances.
Mais si on part de la prémisse de j'ai une personne qui est inactive, qui ne fait pas de sport, qui n'a pas de travail physique non plus.
Donc, le classique, les gens qui travaillent au bureau, qui regardent la télévision le soir, qui passent leur temps sur leur cellulaire, qui se déplacent majoritairement en voiture et qui ne montent jamais d'escalier.
Donc, ce pattern-là un petit peu.
Si je prends cette personne-là et que je fais juste la passer, mettons, à 6000 pas par jour, ce qui n'est pas beaucoup, je réduis de façon significative son risque de décès.
Puis on ne parle pas encore du 10 000, on est à peu près à la moitié et on voit la même chose quand on les passe de 6 000 8 000, on voit la même chose quand on continue aussi.
Et il y des données similaires avec la force, il a des données similaires avec le VO2max.
Donc d'abord, ne serait-ce qu'une petite amélioration est très intéressante.
Maintenant, ce qu'on va voir de façon générale, c'est que si on imagine une population, On a les gens qui sont très peu en forme en bas, les athlètes qui sont en haut.
Les gens qui sont très peu en forme, aussitôt qu'ils vont monter un peu de palier ou de catégorie, si on divise ça en 100 unités avec des percentiles, ils changent de percentile, ils s'améliorent vraiment beaucoup en termes de facteur de risque, qualité de vie, etc.
Évidemment, plus on monte dans le haut de la pyramide, plus on s'en va vers des personnes qui sont plus performantes déjà de base, moins le bénéfice va être grand.
Évidemment, si je prends un athlète olympique, même si je lui dis de courir une fois de plus par semaine, je ne pense pas que ça va changer vraiment beaucoup son facteur de risque de décès.
Donc il y comme un maximum qu'on peut atteindre, et même, en fait, probablement que, puis on en a déjà parlé avec, tu sais, Born to Run, puis tu sais, l'Ultra, c'est quelque chose qui été populaire à un moment donné dans la littérature, entre autres, avec des livres là-dessus, où on dépasse la limite du corps humain, et là, dans le fond, on s'en va probablement dans le sens inverse, là.
Mais ça, il faut exagérer beaucoup, là.
Je pense que ça touche pas la majorité des gens.
Non, ce n'est pas la population moyenne, mais par contre, c'est peut-être un peu plus courant qu'on le pense chez les athlètes.
Ça pourrait être un autre sujet de discussion, mais c'est quand même moins rare qu'on le pense, les concepts de surentraînement et de problématiques reliées à trop de volume ou trop d'intensité.
C'est la capacité du corps à récupérer de l'entraînement qu'on lui demande.
C'est ça pour un autre podcast.
On parle de quantité de pas, on parle d'espérance et de qualité de vie.
Je lisais un truc cette semaine qui parlait qu'à partir de 6600 pas, baisse d'un pourcentage significatif des risques d'Alzheimer par exemple.
Effectivement, il ne faut juste pas être à zéro de façon générale dans la vie.
Et peut-être quelque chose qu'on peut dire aux gens qui nous écoutent et qui se sentent un peu coupables de ne pas bouffer assez, c'est que ce n'est pas obligé d'être parfait à chaque fois.
Juste se présenter et faire un petit peu.
Tu parlais de la marche, c'est d'en faire un petit peu.
C'est déjà suffisant.
Si on vise des objectifs qui sont trop grands, et je pense qu'on le vit avec notre clientèle et nos patients, des fois c'est décourageant.
Ça fait partie des rôles qu'on a d'accompagner les gens commencer avec quelque chose qui est raisonnable et qui peut faire vivre des succès aux gens.
Exact.
Quand on regarde un peu ce qui est documenté et ce que je vois en clinique, que j'ai vu pendant des années, j'imagine que c'est ce que tu vois aussi.
Une des raisons pour lesquelles souvent on va avoir un échec avec notre prescription d'exercice en physiothérapie, que ce soit curatif ou préventif, c'est parce qu'on ne donne pas des objectifs qui sont adéquats.
Un objectif qui doit être clair, précis, idéalement mesurable avec un frame de temps, dans une durée aussi qui est réaliste, c'est bien.
Si je prends l'exemple d'une patiente que j'ai vue il y a quelques semaines, une patiente assez inactive, elle me dit qu'elle ne sait pas sur sa montre.
J'ai dit, ça ressemble à quoi votre moyenne par jour?
Elle me dit, c'est autour de Moi, je le sais dans ma tête que je veux l'amener à 10 000.
Mais si je lui dis là, demain, vous me faites 10 000 pas, ça ne fera pas.
Elle va se faire mal à quelque part, elle va dépêcher, elle va manquer de temps.
Le conseil que je lui ai donné à cette patiente-là, c'est de dire, quand vous arrivez à la maison, à la place de rentrer tout de suite dans la maison, Faites le tour et ensuite rentrez.
Et déjà, vous venez d'augmenter de peut-être quelques centaines de pas.
Puis le lendemain, ce sera peut-être deux tours, si jamais ça va bien.
Ou sur l'heure du dîner, sortez aller au coin de la rue, revenez.
Ça n'a pas besoin d'être des choses qui sont compliquées, nécessairement.
Parce que là, on rentre dans les habitudes, là, parce que dans le fond...
Et puis c'est ça qui...
Je pense que c'est quelque chose qui...
Puis il y a plein de livres sur le sujet, là.
Peut-être, je sais pas, c'était un gars qui lit là-dessus, là.
Le camp en effet, avec des trucs comme ça, tu sais.
C'est vraiment...
On est vraiment dans ce concept-là.
C'est des petits changements, mais qu'on tient dans le temps.
Et c'est plus facile de tenir un petit changement sur du long terme.
Puis ce changement-là, il peut devenir de plus en plus grand.
On s'en rend pas totalement compte.
On le sait quel point ça passe vite, une année.
Fait qu'ajouter, par exemple, 250 pas par jour pendant deux semaines, pendant trois semaines, pendant un mois, ensuite de ça, ça devient plus facile d'ajouter un autre 1000 pas par exemple.
Et quand on le fait progressivement, c'est l'effet cumulé finalement qui rend ça plus facile et plus naturel, qu'on fait devenir une habitude qui va avoir des impacts significatifs sur du long terme.
Exact.
Moi, quand j'ai lu ça, c'est peut-être un livre que t'as lu aussi, ça s'appelle Atomic Habits de James Clear, puis ça m'a tellement parlé.
Lui, il parle beaucoup du concept du 1%.
Améliore-toi de 1% à chaque jour, chaque semaine, peu importe.
Si on parle d'une amélioration de 1% par semaine, Tout le monde est capable de faire un changement de par semaine, mais au bout d'un an, c'est quand même 52% de gagné.
Puis pour expliquer un peu l'impact de cette idée-là du 1%, il a fait un petit calcul avec deux aéroports, puis il disait, ben, si je change la trajectoire de mon avion de 1°, sur cette très très longue distance-là, je vais arriver une destination qui va être complètement différente, je vais changer de continent.
Donc c'est ces petits 1%-là que les gens vont faire aujourd'hui et qu'ils vont continuer faire demain et dans les semaines et les années venir, qui vont faire en sorte que dans 30, 40, 50, 60 ans, ils vont être en bonne santé, ils ne seront pas assis dans un lit d'hôpital ou dans un CHSLD et ils vont être capables d'avoir une bien meilleure qualité de vie à la fois pour eux-mêmes et pour leurs proches.
Ça fait partie d'un rôle qu'on doit prendre en physio d'être un peu le coach de nos patients dans l'établissement de ce genre d'habitude de vie-là.
On le fait déjà dans du curatif, mais il faut développer les capacités et l'habitude.
Il faut normaliser le fait de le faire au niveau préventif, puis on va y revenir.
Je vais donner un petit exemple.
Moi qui pratiquais il a plusieurs années heures par semaine, on passe sa propre entreprise, on travaille beaucoup, on voit beaucoup de gens, on aide le plus de gens possible, on a de la demande, etc.
60 heures peut-être.
Et là, dans les dernières années, je pratique de moins en moins, j'ai des responsabilités administratives, je mentore mes collègues, etc.
Puis là, ce nombre d'heures-là, qui devient progressivement de plus en plus petit, m'amène à être assis où je suis en ce moment.
Et là, sur quelques semaines, sur quelques mois, puis là, on parlait tantôt, tu disais, Je ne sais pas si c'est à micro-fermer ou pas, mais des enfants, une maison, un chien, et là le temps qu'on a à l'extérieur des fois du travail devient plus complexe à gérer.
Des fois on a moins d'énergie aussi pour faire de l'activité physique.
En me rendant compte que ce n'était pas tellement bon pour ma santé, je me suis acheté un bureau assis debout avec un tapis roulant en dessous.
Donc là, dans le fond, je travaille, je viens joindre l'utile à l'agréable d'une certaine façon.
Donc parfois, étant qu'à travailler 8 heures dans une journée ou 9 heures dans une journée, c'est facile pour moi de travailler pendant une heure pendant que je marche, puis pouf, j'ajoute 6500 emplois ma journée instantanément.
Donc ce qui permet d'avoir pitié chaud, là, honnêtement.
Puis on s'habitue, c'est pas facile au début, mais on s'habitue assez rapidement à travailler en marchant, ça devient usuel.
Mais ça pour dire qu'en 2024, maintenant j'ai des patients qui développent des douleurs lombaires ou dans des situations d'inactivité, puis d'être dans des positions assises prolongées.
Puis probablement toi aussi, Jean-Philippe, t'en vois, mais en dans ma tête à moi, au prix que ça coûte maintenant de s'équiper, ce qui n'est plus tellement dispendieux pour ce genre d'équipement.
Je ne vois pas pourquoi quelqu'un qui fait un travail de bureau 35 heures par semaine assis n'a pas ce genre de truc.
Parce qu'assis debout, on sait que ce n'est pas nécessairement juste ça la solution, mais honnêtement, le petit tapis roulant qui est en dessous, qui me permet de marcher en même temps que je travaille, c'est phénoménal.
Exact.
Ce qui est intéressant avec des solutions comme ça qu'on peut proposer, c'est que ce sont des solutions qui ont un coût qui est relativement faible, des fois même un coût qui est nul selon l'intervention qu'on va proposer, et qui s'intègrent dans la journée.
Les gens n'ont pas besoin de prendre une heure parce qu'il existe évidemment des bonnes barrières qui vont faire en sorte que ça rend ça difficile.
Des fois, pour les patients, c'est un autre sujet qu'on pourra discuter.
C'est un peu les causes d'échecs avec nos interventions préventives, avec les exercices.
de l'intégrer à quelque chose que le patient fait déjà de base, c'est quelque chose qui se fait bien.
Il faut trouver des bonnes idées, il faut réfléchir des fois.
Penser à l'extérieur de ce qui se fait habituellement, de juste par exemple proposer de prendre une heure pendant la journée pour aller faire une activité physique, c'est pas que c'est mauvais, mais des fois ça fait peut-être partie des barrières où ça rend ça plus difficile à maintenir à long terme.
Tout le monde travaille, tout le monde travaille fort, puis là, oups, t'arrives dans une semaine ou un mois où t'es plus occupé, puis là, mais qu'est-ce que tu fais?
Tu coupes sur tes activités à toi en premier.
Je trouvais ça intéressant de, tu sais, avant qu'on rentre peut-être un peu plus dans la place de la physio, puis ça, sur quoi on peut avoir un impact ou sur quoi on peut miser, de parler un petit peu, là, justement, de ces barrières-là ou de ces échecs-là, autant en prévention qu'en curative de ce qu'on vit, là, des fois dans notre quotidien, là, avec notre clientèle ou nos patients.
On va regarder ça surtout sur l'aspect, je pense, de l'activité physique en général.
C'est vraiment, je pense, notre gros levier à nous en physio.
On sait que la nutrition, le sommeil jouent aussi un rôle important.
Si jamais on peut l'aborder, on l'abordera un petit peu.
Mais je pense que c'est vraiment dans l'exercice physique.
Nous, comme physiothérapeutes, ce qu'on voudrait pour que nos patients soient à moins haut risque d'avoir des problématiques de santé, c'est que les gens soient actifs.
si on va de façon résumée.
Par contre, pour les gens, faire une activité physique, ça demande un effort.
C'est pas toujours un effort qui est très intense, ça dépend du niveau duquel on parle, mais ça demande quand même un effort.
Et dans une société où, entre autres, grâce à la technologie, tout est devenu très facilement rapide et accessible, même au bout de nos doigts, les gens peuvent faire leur épicerie en restant assis sur leur divan avec leur téléphone cellulaire, bien, de faire un effort, c'est quand même quelque chose qui est inconfortable.
Donc, c'est déjà une première barrière.
L'autre, on en a parlé un petit peu avec l'aspect du temps.
Donc, si j'échoie entre deux interventions, il y en a une que c'est prendre une pilule, puis l'autre c'est d'aller marcher une demi-heure par jour.
Évidemment, prendre la pilule, c'est beaucoup moins long.
Et maintenant, encore une fois, le rythme de vie avec la technologie est de plus en plus rapide.
Si on regarde au niveau de l'économie, les gens sont souvent obligés malheureusement ces années-ci de faire des semaines un peu plus chargées en termes de travail.
Ce n'est pas rare que les deux partenaires de vie travaillent aussi.
Donc en bout de ligne, l'aspect du temps est un facteur qui joue énormément parce qu'on en manque.
selon où est-ce qu'on est rendu dans notre vie, souvent on en manque.
Les autres choses qui sont intéressantes, que moi j'ai vues dans ma pratique aussi, mais qui ont même été répertoriées par certains chercheurs en lien avec les exercices, surtout pour la tendinopathie, mais je pense que ça s'applique un petit peu partout, faire des exercices, ça coûte pas cher, voire même bien souvent, ça coûte rien.
Et donc, on dirait qu'à cause de ça, ça perd un petit peu la valeur.
Donc, ce n'est pas à payer pour quelque chose, c'est comme si ça ne vaut pas grand-chose non plus.
Fait que ça, c'est souvent de ma.
Part, Donc la valeur perçue.
Exactement.
Ce n'est pas ce qu'il y a de plus cool ou de plus sexy.
Sur les médias sociaux, on aime ça voir des choses qui flash, on aime ça voir des choses qui tapent à l'œil beaucoup.
Il y a des choses qui sont pas mal plus hot que ça.
Si on prend l'exemple de certaines technologies qui ont été développées pour traiter des gens avec des douleurs lombaires, on les met dans une grosse, grosse, grosse machine qui va faire des tractions en continu.
C'est robotisé, c'est électronique, c'est wow.
Mais ce patient-là, il serait juste allé marcher une demi-heure par jour encore une fois, puis il aurait peut-être eu un bénéfice plus grand, mais c'est moins cool un peu.
L'autre chose qu'on va voir aussi, c'est que l'exercice n'amènera pas de façon générale, à quelques petites exceptions près, de résultats immédiats.
La personne part, elle dit, OK, mon physiothérapeute m'a dit qu'il fallait que j'aille marcher une demi-heure à tous les jours.
OK, je vais le faire.
Je pars de mon bureau, il est l'heure du dîner, je vais marcher dehors pendant 30 minutes, je reviens.
et je n'ai aucun bénéfice.
Je ne me sens pas mieux, je n'ai pas perdu cinq livres, je ne suis pas devenu les mollets gros comme ça, je ne vois aucun bénéfice à le faire sur les médias.
Et à ce moment-là, ça, c'est une autre barrière importante.
La petite bémol que j'aimerais apporter par rapport ça nous vient un peu plus de la performance, par exemple, parce que ça, c'est un des facteurs qui est un peu contraire ce que je viens de mentionner.
Les gens qui vont faire des gros exercices de renforcement avec un effort perçu relativement élevé, on va revenir sur des chiffres précis si on en a besoin, vont avoir de façon temporaire ce qu'on appelle un effet de pompe musculaire.
Les muscles vont être un peu plus gros pendant peut-être un an ou deux.
Et c'est sur des populations probablement plus jeunes que ça été répertorié, bien évidemment, mais cette espèce d'effet-là de pompe leur donne une perception d'un changement à court terme qui augmente l'adhérence à leurs exercices parce qu'ils se sentent plus plus musclés, plus gros quand ils finissent.
Maintenant, est-ce que ça, c'est applicable avec la majorité de nos clientèles dans une optique de prévention et de santé?
Probablement que non.
C'est assez rare que je recommande à quelqu'un pour sa santé d'aller faire un squat, 8 RM, 6 séries, si jamais ce n'est pas quelqu'un qui fait ça dans ses loisirs ou quoi que ce soit.
Mais je trouve ça quand même intéressant d'avoir ce levier-là parce que on est peut-être capable de l'utiliser.
Comme par exemple, si j'ai quelqu'un qui va marcher, mais qui a un moniteur cardiaque, ce qui est le cas maintenant de bien des montres intelligentes, puis que je lui dis « je veux que tu te sentes comme ça quand tu vas marcher, puis je veux que ton chiffre soit autour de cette donnée-là », bien là, ça peut peut-être donner un objectif très concret, puis même s'il n'y a pas d'effet visuel ou quoi que ce soit, comme on a en musculation, il revient s'asseoir son bureau, il regarde son résultat, puis il dit « Colin, j'ai atteint l'objectif ».
Il y a comme une espèce de. Petit effet de récompense, Oui, c'est ça.
Oui, Puis en fait, tu réponds à la question que j'allais te poser, tu sais, comment est-ce qu'on fait pour transposer cet effet immédiat-là?
Quelque chose que tu mets le doigt, je trouve ça super intéressant parce que c'est quelque chose à quoi je réfléchis souvent, tu sais.
Quand je vais chez le dentiste pour un examen annuel avec un nettoyage, quand je sors du dentiste, instantanément, je sens ma bouche plus propre.
même plus propre que quand je me brosse les dents.
Alors j'ai comme un intérêt à le faire parce que je vois un effet immédiat.
Puis quand on parle des changements d'habitude chez les gens, d'avoir un résultat immédiat, c'est souvent quelque chose qui drive le changement, autant négatif que positif dans tous les cas.
Alors qu'effectivement, tu mets le doigt sur quelque chose de bien intéressant en physio ou en activité physique, à part des bonnes hormones qui sont stimulées et qu'on sent bien.
Mais oui, c'est plus difficile de voir un effet instantané ou c'est presque impossible de le faire.
La technologie semble avoir une réponse à cette question-là, avec notamment une forme de gamification de l'activité physique finalement.
Oui, puis il a même des applications qui ont été développées, puis je ne les ai jamais essayées, mais justement, où est-ce qu'on utilise un peu les concepts de jeux vidéo pour amener les gens plus bouger.
Donc, il existe des applications où est-ce que tu as comme un personnage, puis là, tu vas faire ton activité physique, puis là, ton personnage dans ton application va évoluer en fonction de l'activité physique que tu as fait.
C'est un gocci, ça!
Dans notre temps, nous, c'était ça.
Maintenant, c'est rendu d'autre chose.
Mais tu sais, quand on y pense, les premières consoles de jeux vidéo qui sont arrivées avec des concepts où on fait bouger les gens, moi, j'ai beaucoup en tête la Wii qui a été la première.
C'était une belle façon quand même d'allier plaisir, technologie, potentiellement résultats, parce que bon, dans le concept de ton jeu vidéo, ton bonhomme évolue, peu importe, avec le fait que tu as fait de l'activité physique.
Donc, ça vient chercher un petit peu ce système de récompense.
Sinon, c'est sûr que si on veut aller aussi vers la technologie des données qui vont nous être cliniquement très utiles pour voir l'aspect de prévention.
J'ai lu récemment beaucoup sur la variance de fréquence cardiaque.
Je ne sais pas si c'est quelque chose que tu connais.
Dans le monde de l'entraînement, du conditionnement, c'est présent depuis peut-être une vingtaine d'années, mais c'est quand même assez récent que c'est utilisé comme donnée de santé par les entraîneurs.
À ce stade-ci, à ma connaissance, dans une pratique un peu plus de santé préventive ou par les médecins, ce sont des choses qui ne sont pas utilisées.
Mais maintenant, il y a certaines montres qui permettent d'avoir cette donnée-là tous les jours.
La variance de fréquence cardiaque, c'est une donnée qui nous indique pour les athlètes le niveau de récupération.
Mais si on regarde cette moyenne-là sur du long terme, exemple sur un mois, deux mois, trois mois, ça nous indique quand même de façon générale la santé globale d'une personne en lien avec sa capacité qu'on pourrait associer un peu plus cardio-vasculaire.
C'est ce genre de données qu'on a et qu'on peut corréler dans une certaine mesure avec des facteurs de risque pour la santé.
Dans tout ça, en physio, qu'est-ce qu'on peut faire, Jean-Philippe?
Où est-ce qu'on peut s'en aller?
On reviendra peut-être à ce qui existe déjà, mais c'est quoi ta vision un peu?
Donne-nous des exemples par où on commence.
Moi, je pense que la première chose, c'est d'être capable, avec des bons outils qui sont faciles, rapides à utiliser en clinique, donc on ne parle pas de choses trop complexes, d'être capable d'évaluer sommairement la condition de santé d'un patient.
Je le vois un peu comme l'examen annuel chez le dentiste.
Quand je fais mon examen annuel chez le dentiste, il a un examen visuel qui est fait.
À chaque X années, il a des radiographies.
On monite l'évolution de la santé buccale du patient.
Si jamais on intervenir pour corriger un problème, on intervient.
Puis si on n'a pas à intervenir, on encourage le patient maintenir ses habitudes avec des paramètres précis.
Brosser les dents deux fois par jour, soie dentaire une fois par jour, ces choses-là.
Mais tout ça part du fait qu'on a évalué la santé buccodentaire d'une personne.
En physiothérapie, on est très facilement capable d'évaluer la santé physique d'une personne dans un contexte comme ça, et il y a des tests clés qui existent.
Maintenant, il y a certains tests qui sont plus difficiles à aller chercher que d'autres en clinique, il y a certains tests qui nécessitent plus d'équipement, ou il y a certains tests qui nécessitent aussi plus de capacité technique à effectuer un geste par le patient.
Mais si on regarde des choses simples que tous les physiothérapeutes sont capables d'évaluer en clinique avec un équipement qu'on va dire assez modeste, La première donnée, c'est très certainement la force de préhension.
La force de préhension maximale d'une personne est très fortement corrélée avec sa force générale et donc avec le risque de décès long terme.
Donc les gens qui n'atteignent pas un certain seuil en force de préhension sont des gens qui sont plus à risque, malheureusement, de mourir de façon prématurée, toutes causes confondues.
Donc on inclut là-dedans les cancers, même les maladies neurodégénératives, ce genre d'éléments-là.
Donc c'est très simple de mesurer la force de préhension d'une personne.
Le deuxième groupe musculaire qui été fortement associé ça, c'est le quadriceps.
Donc ça, ça va être un petit peu plus complexe parce que ça nécessite une machine de type leg extension, comme on a dans les gyms pour faire l'extension des genoux en chaîne ouverte.
Ou encore, ça nécessite une machine spécialisée comme un biodex.
Donc je n'aurais pas tendance à l'utiliser en clinique, sauf si j'ai une clinique qui est équipée d'un de ces deux appareils-là.
Par contre, la force de préhension est corrélée, à moins d'avoir une pathologie précise, mais évidemment, à la force du quadriceps chez une population générale.
Donc, ma force de prévention revient un petit peu à ça.
Si je travaille avec une population qu'on va dire entre très gros guillemets un peu plus âgée, quand on dit un peu plus âgée, on parle de 50 ans et plus, on ne parle pas de 80.
Donc, c'est un test qui est intéressant même chez les adultes dans leur deuxième portion.
La capacité de passer de la position assise au sol à debout sans avoir besoin d'un appui est aussi un excellent test parce que ça nous en dit beaucoup sur la mobilité.
la force et l'équilibre au niveau des membres inférieurs.
On sait que chez les gens qui sont capables de se relever debout sans appui dans un cas de chute, on a beaucoup moins de risques de fractures, donc de complications par après, et on a moins de risques aussi que la personne reste prise au sol, tout simplement.
Dans les autres tests qu'on utilise, souvent plus dans nos populations, soit neurologiques, gériatriques, on parle beaucoup de la marche, donc le fameux test de 6 minutes de marche, qu'on peut utiliser même à l'âge adulte, et on a également une assez bonne corrélation pronostique entre le résultat de ce test-là et des facteurs de risque de décès pour toutes causes confondues.
Un petit peu la même chose aussi avec le 30 secondes sit-to-stand qui, lui, comme gros avantage, ne nécessite aucun espace.
Le test de marche de 6 minutes, idéalement, on veut le faire dans un espace assez ouvert.
Donc, faire ça dans un corridor de clinique, c'est un petit peu moins intéressant.
Par contre, le secondes, c'est tout simple.
Je peux être dans une pièce fermée avec une chaise et je peux très facilement exécuter ces choses-là.
Et encore une fois, on a quand même un assez bon prédicteur sur les risques de décès en fonction évidemment du nombre de répétitions qui va être fait.
Donc, c'est vraiment les éléments de base que j'aurais tendance à suggérer.
Puis quand on regarde ça rapidement comme ça, Force de préhension, secondes sit-to-stand, test de marche, possiblement relevé du sol.
C'est une évaluation qui va me prendre entre 5 et 10 minutes exécuter.
Ce n'est pas une affaire d'un rendez-vous d'une heure ou deux.
Après ça, si on veut pousser un petit peu plus loin, c'est sûr qu'il y a des choses comme la tension artérielle de repos, le rythme cardiaque de repos.
Il existe aussi certains tests respiratoires par spirométrie qui peuvent être faits.
C'est des choses qui vont venir nous donner quand même un petit peu plus d'informations.
Si on veut pousser un petit peu plus loin dans l'aspect un peu plus vasculaire, un test que la plupart des gens, encore une fois, sont capables de faire, c'est le test d'hypotension orthostatique.
On pense des fois le faire chez nos gens plus âgés, à cause de problèmes d'étourdissement, par exemple, quand ils passent de la position couchée à la position assise.
On pense des fois à le faire chez nos patients plus en sportifs, post-commotion cérébrale, parce que c'est le genre de choses qui peut...
arrivé suite aux commotions ou avec les gens qu'ils consultent pour des étourdissements dans le cadre d'un diagnostic différentiel.
Mais une hypotension orthostatique significative, c'est quand même aussi un facteur de risque pour la santé générale et c'est des choses qui peuvent être aussi améliorées avec l'activité physique.
Ça pourrait faire partie des tests complémentaires qu'on pourrait faire avec nos patients sur une base quand même régulière.
On va les nommer, Jean-Philippe.
Il y a un concept qui existe déjà en physio, d'évaluation préventive.
Ça avait été présenté Physio 360 en 2020.
Je pense que c'est un concept qui avait été travaillé dans les années qui précédaient ça par Jean-Louis Larochelle et Mathieu Garrault.
Ça a été discuté.
Quand on cherche sur Internet la prévention en santé, on trouve des cliniques ou des chaînes de cliniques qui offrent des évaluations préventives en physio.
Pourquoi est-ce qu'en physio, on n'offre pas ça?
En fait, on l'offre, mais tu sais, dans ma tête, la quantité de gens qu'on voit en prévention, en physio, c'est très faible versus en curatif, un peu comme le reste du système de santé.
Mais quand on se compare encore aux dentistes, qui, eux, ont réussi, dans le fond, à développer une relation à long terme avec leurs patients, où on les reçoit en examen annuel, puis avec un nettoyage, généralement, pour évaluer la qualité de la santé buccodentaire.
C'est quoi la différence entre ce que les dentistes ont réussi accomplir et pourquoi, nous, est-ce que ça ne semble pas levé?
C'est où nos propres barrières à utiliser ou à développer peut-être cette relation-là à long terme avec la population?
Peut-être, je ne sais pas si tu peux me donner un petit peu ton opinion là-dessus.
Qu'est-ce que tu vois, toi, de ton côté?
Moi, je pense que c'est un cheval de bataille qui est difficile.
Malheureusement, je ne sais pas comment les dentistes ont réussi à intégrer une évaluation préventive d'un certain sens et une intervention préventive avec le brossage de dents que pas mal tout le monde fait à tous les jours.
Moi, ma fille a deux ans, puis la garderie, ils apprennent à se brosser les dents déjà.
Donc, ils ont vraiment réussi à implanter socialement leur intervention, puis les gens voient une importance et une pertinence à ça long terme.
Et j'aimerais vraiment savoir quels leviers, de quelle façon est-ce qu'ils se sont pris comme profession pour être capables de faire ça, parce que ça sauve énormément de problèmes directement bucco-dentaire que des problèmes secondaires à le mauvais bucco-dentaire.
Et quand on regarde un petit peu, Se brosser les dents nécessite une brosse à dents et de la pâte à dents.
Ça nécessite des objets.
Nous, en physiothérapie, on pourrait même faire des choses juste avec le poids de corps, sans aucun objet, puis on pourrait être efficace.
Je pense que ça revient un petit peu à nos barrières.
C'est peut-être plus cool de se brosser les dents parce que j'ai une belle brosse à dents rose ou jaune ou mauve, électrique, avec une belle saveur de pâte à dents, que de faire dix fois je me lève, je m'assois de ma chaise ». Clairement qu'il faut trouver une façon d'implanter ça.
Je pense que ça passe en partie par l'éducation.
Et donc, si ça passe en partie par l'éducation, ça veut dire que ça passe aussi en partie à l'école.
Et je crois qu'on est à peu près dans les mêmes tranches d'âge.
Donc, t'as probablement vécu des tests un peu de performance l'école secondaire.
Donc, le fameux léger boucher.
Donc, bip bip, on court, on court, on court.
Nombre maximum de push-up en une minute.
Nombre maximum de sit-up en une minute.
À ma connaissance, c'est des choses qui sont de moins en moins faites, malheureusement, dans les écoles, mais on pourrait déjà intégrer ça à un âge relativement jeune, l'importance d'atteindre, sans nécessairement des standards ou des catégories précises, mais l'importance d'être capable au moins de faire certains gestes avec une bonne qualité, avec un certain volume ou avec une certaine intensité et que ça suive dans le temps.
D'intégrer des choses aussi dans les milieux de travail pourrait être une belle solution pour plus l'aspect préventif.
Je pense à certains pays, beaucoup des pays asiatiques, que dans les grandes entreprises, pendant un certain temps, tout le monde arrête de travailler et fait 15 minutes de yoga, d'étirements.
D'aïchi, des trucs comme ça.
Exactement.
Puis après ça, tout le monde repart.
Et ça a des bénéfices pour la santé physique, mais ça aussi même des bénéfices pour la productivité au travail.
On voit de plus en plus d'entreprises, moi j'en ai entre autres ici des exemples en tête au Saguenay, que dans une optique de rétention de personnel, et dans une optique aussi de prévention de maladies professionnelles, indemnisation, CNESST, etc., mettre en place des gyms, des infrastructures, même le milieu de travail, et donner la liberté aux gens de les utiliser.
J'ai même discuté il n'y pas longtemps avec un directeur d'une usine qui dit, je donne même la liberté mon équipe de l'utiliser quand ils veulent dans leur journée et la durée qu'ils veulent dans leur journée.
Tout ce qu'ils ont faire, c'est de se remplacer.
puis ils ont des vélos stationnaires, ils ont un paquet de choses.
Je pense que l'intégration doit se faire de façon sociale dans les milieux.
Donc quand on parle de l'enfance, de l'adolescence, c'est dans les écoles.
Et quand on parle après ça de l'âge adulte, c'est dans les milieux de travail.
Parallèlement, je pense que d'offrir une évaluation bien faite, bien structurée avec des données, permet un, d'évaluer la progression du patient dans le temps, ou malheureusement sa régression si jamais ça s'en va dans le mauvais sens, et deux, de placer des objectifs.
Exemple, si je vais chez le dentiste, mon objectif, c'est de ne pas avoir de caries.
J'ai un objectif qui va être mesurable avec une radiographie ou une évaluation buccodentaire.
Mais en physiothérapie, s'il me dit juste « OK, tu as une force de préhension kg, Ok, mais est-ce que c'est bon 30 kilos?
Est-ce que c'est mauvais 30 kilos?
En fonction de mon âge, est-ce que je devrais avoir kilos à la place de kilos?
Fait que d'avoir des barèmes quelconques sur lesquels on peut se baser, ça nous permet de faire un bon dépistage puis de faire une intervention plus agressive si jamais on en a besoin.
Et parallèlement, ça nous permet aussi de fixer des objectifs.
L'autre élément que j'ajouterais peut-être à ça, c'est que malheureusement, quand je regarde dans la pratique clinique de la physiothérapie, puis là je vais aller beaucoup vers la pratique avec des populations qui ont des douleurs musculo-squelettiques, c'est celle que je connais le plus, on passe énormément de temps à « vendre » ou à véhiculer ou à utiliser, peu importe la façon dont on dit ça, des approches passives, alors que de façon générale, pour la santé globale d'une personne, les approches passives sont les moins efficaces.
Par contre, si on revient une discussion qu'on a eue un peu plus tôt, les approches passives donnent un effet immédiat.
Je mesure ma flexion dorsale de cheville, je manipule la cheville, je la remesure, je gagne cm.
C'est pour ça que les patients aiment ça.
Il a un effet immédiat.
Versus si j'enseigne à mon patient à s'étirer en flexion dorsale, à renforcer ses fléchisseurs dorsaux, il ne verra pas 2 cm de différence comme ça après une série.
Il faut trouver une façon de rendre le long terme intéressant court terme, de le mesurer et surtout de l'intégrer d'un point de vue que je dirais peut-être un peu plus social.
Puis peut-être que la clé, c'est de...
Puis on parlait de changement, puis de la vitesse laquelle il peut y avoir des changements, parce qu'il beaucoup de croyances qui sont déjà implantées, puis t'sais, il des trucs qui existent dans l'humanité depuis 10 000 ans, là, fait qu'on changera pas ça à l'intérieur d'une génération.
Alors peut-être que la clé, c'est d'utiliser parfois le soulagement immédiat comme une fenêtre ou une porte, là, d'opportunité pour être capable d'amener, là, t'sais, d'éducation dans la bonne direction avec notre clientèle.
En tout cas, pour ceux et celles qui ont le désir d'aller plus loin, là.
Exactement.
C'est même dans les dernières années ce qu'on véhicule avec certaines approches, comme par exemple l'approche en thérapie manuelle.
Si on recule de peut-être une ou deux générations, on pensait qu'on brisait des adhérences avec ça et qu'on étirait des tissus.
Même si on recule un peu plus loin, qu'on allait replacer des oies leur place.
Maintenant, ce qu'on dit, c'est qu'on s'adapte ça comme outil de modulation de douleur.
Dans le début, dans une fenêtre assez court terme, donc idéalement immédiatement après, mais sinon dans les heures suivantes, que le patient utilise cette mobilité-là, que le patient bouge, que le patient utilise ses muscles dans cette nouvelle amplitude-là disponible dans le but qu'il y ait une intégration qui se fasse.
Donc, nos modalités passives sont effectivement une porte d'entrée court terme pour aller chercher ce petit plus-là que le patient veut, mais parallèlement, il faut aussi lui donner des outils à plus long terme et justifier l'importance de ces outils-là pour sa santé globale et la prévention des problématiques.
Ça revient l'éducation.
Tout à l'heure, tu parlais des tests de maximum de redressement assis, maximum de push-up, des tests de bip et compagnie.
J'ai eu une image instantanément quand tu as parlé de ça.
Peut-être que c'est des tests qui ne sont plus faits parce que je pense que beaucoup de gens n'aiment pas ça, parce qu'il y a un aspect compétitif et comparatif d'une personne l'autre.
Dans tous les cas, je me rappelle qu'on faisait ça au secondaire, puis on ne nous expliquait pas ça servait à quoi.
On ne nous donnait pas d'éducation sur c'est quoi que ton résultat veut dire, puis qu'est-ce que tu pourrais faire pour t'améliorer.
Donc, et ça, je pense que la plupart des gens sont assez brillants ou intelligents pour comprendre quand on leur explique.
Ça ne veut pas dire que le changement se fait immédiatement.
Après ça, il faut donner des solutions, il faut donner du coaching, il faut aider les gens à appliquer ces changements-là.
Encore une fois, même si c'est juste 1%, c'est 1% de plus.
Alors, ton avion se ramasse Sydney au lieu d'Hong Kong.
Mais oui, c'est une question de...
Moi, je suis un jeune de ans, je suis au secondaire, on me demande de courir 3 km, je n'ai jamais fait ça.
Je faisais d'autres activités sportives, puis j'aime pas ça, mais pourquoi est-ce qu'on m'explique pas c'est quoi l'impact positif de faire ces activités-là?
Alors, puis je pense que c'est pour ça qu'on appelle ça normalement de l'éducation physique.
C'est pas juste apprendre à bouger, mais c'est apprendre pourquoi c'est important de bouger, t'sais.
Effectivement, puis écoute, ça me fait penser à une phrase que j'ai entendue il a pas longtemps d'un chercheur qui fait de la recherche sur le sommeil.
Puis justement, il était dans un podcast, une espèce d'entrevue un peu comme on fait aujourd'hui.
Puis il disait, je vais dire la citation originale, je vais la traduire par la suite, mais il disait « People respond to reasons and not to rules ».
Donc, tu peux donner un protocole, tu peux dire quoi faire.
mais ça n'a jamais le même impact que si tu expliques pourquoi le faire.
Donc, les gens vont adhérer s'ils savent pourquoi, mais les gens n'adhéreront pas si tu fais juste leur donner l'outil en tant que thème.
Donc, si mon outil, c'est de dire, je veux que tu fasses 10 000 pas par jour, parce que c'est une recommandation courante, facilement accessible, mais la seule chose que je te dis, c'est, Côte-François, à partir d'aujourd'hui, tu vas faire 10 000 pas par jour.
Bonne journée.
Versus si je te dis, on vise de faire 10 000 pas par jour, parce qu'en faisant 10 000 pas par jour, on va améliorer ta santé articulaire, musculaire, métabolique de façon générale.
Conséquemment, quand on va se revoir dans un an, deux ans, trois ans, tu risques de performer mieux sur tel test, ce qui va faire en sorte que si on se projette dans ans, tu as beaucoup moins de risques de développer telle maladie.
le 10 000 pas par jour devient beaucoup plus intéressant à ce moment-là.
Ce n'est pas très long à expliquer.
C'est toutes des données pour les gens qui ont besoin plus de chiffres.
Des fois, on a des personnes qui disent « montre-moi les chiffres, je veux vraiment savoir » ou des gens qui ont une méthodologie un peu plus scientifique, ils veulent connaître un peu le pourquoi du comment.
Ce sont des données qui sont accessibles et on des preuves.
C'était capable de le justifier.
Après ça, je pense qu'une partie aussi de cette solution-là sera d'utiliser ce levier-là avec d'autres professionnels de la santé qui ont de façon générale une très bonne crédibilité au niveau de la population.
Exemple, les médecins.
Ça a été populaire pendant quelques années, la fameuse prescription d'activité physique.
Je pense que c'était Pierre Lavoie qui avait parti ça.
Si le patient va chez le médecin et que le médecin lui dit, écoute, Ta santé générale, voici de quoi elle a l'air aujourd'hui.
Si on ne fait rien, voici les risques.
La seule chose que je te demande de faire, c'est...
Assez debout par jour, une fois, that's it, c'est fini.
Déjà, le message va se rendre.
Après ça, si on veut avoir un peu plus d'impact encore, de faire des partenariats justement avec des médecins référents pour vous dire, moi, exemple, si j'étais médecin, je n'ai pas le temps dans ma journée, je n'ai pas l'équipement, je n'ai pas les connaissances pour évaluer ces choses-là.
Je t'envoie un physio, ça va prendre une demi-heure maximum.
Tu vas avoir un petit questionnaire de santé générale C'est les risques habituels.
Il va te faire 3-4 tests, il va m'envoyer un rapport et je vais savoir si tu as une bonne force ou non, si tu as un bon équilibre ou non, si tu as une bonne endurance musculaire ou non, si tu as une bonne capacité cardiovasculaire ou non.
Et si la réponse est non, je vais te dire que je veux que tu fasses telle chose, telle chose, telle chose.
Versus si la réponse est oui, je vais te dire continue comme ça et on réévaluera la prochaine fois.
Oui, le problème avec la prescription d'exercice de la part des médecins, c'est que les médecins, on ne les voit pas souvent parce qu'ils sont durs à voir, ils sont occupés.
Puis en fait, quand il n'y a pas de suivi, si je te dis fais 30 assis debout à tous les jours, il n'y pas de suivi, je ne vois pas vraiment mon amélioration.
Jean-Philippe, je te revois juste dans un an, c'est un peu comme la soie dentaire avec les dentistes.
Des fois, tu as l'impression que tu appartiens juste les deux semaines avant d'aller voir ton rendez-vous de nettoyage parce que tu vois le rendez-vous s'en venir et là, tu n'as pas vraiment d'impact majeur sur du moyen long terme.
Alors, encore une fois, c'est un rôle qu'on joue, un rôle de coach en physio, sur ces suivis-là avec les gens, parfois rapprochés au début parce que le changement est plus difficile à implanter, et parfois plus éloigné par la suite.
Puis, cette discussion-là, tu vois, m'amène vers une idée que je pense qui est assez intéressante, qu'on pourrait un peu voler ou emprunter au monde de l'entraînement.
Comme je disais déjà un petit peu plus tôt, moi, j'ai quand même un bon intérêt envers l'entraînement en général, l'activité physique.
Puis si je prends un scénario où je veux aller m'entraîner dans un gym, peu importe où, avec un entraîneur privé, ça va me coûter 50 $, 60 $ la séance, puis je vais faire ça deux fois par semaine, puis je vais faire ça pendant six mois, c'est un haut niveau d'implication financier, c'est du déplacement, c'est lourd comme procédure.
Si j'essaie de vendre ça à un patient dans un aspect de prévention et qu'il n'y pas d'intérêt en termes de performance, ça va être encore plus lourd et ça va être encore plus difficile.
Par contre, ce que je vois qui est devenu très, très, très populaire, c'est des plateformes en ligne, puis les gens ont leur téléphone cellulaire.
Donc, je te vends une planification d'exercice en ligne.
Ça te coûte 30 $ par mois.
Et à travers une plateforme, t'es capable d'écrire exactement ce que t'as fait, donc tes exercices, les charges que t'as prises, etc.
T'es capable de me poser une question.
J'y réponds quand je veux.
Je suis pas obligé de te répondre de façon instantanée.
Je suis capable de regarder tout ce que t'as fait, puis de voir si t'es en bonne évolution ou non.
Puis, je peux scéduler un appel téléphonique ou un rendez-vous de suivi en clinique, si jamais je le juge pertinent, en fonction de ce que je vois.
Pour moi, comme physiothérapeute, ce serait beaucoup plus rapide parce que je n'ai pas à rencontrer chacune des personnes individuellement.
C'est aussi en général plus rapide de répondre une question type message texte que d'appeler.
Est-ce que tu es là?
Oui, non, laisse un message.
On essaie de se rappeler entre deux patients.
Ce ne sont pas des modalités qui sont efficaces.
De par le volume, ça me permet d'avoir un prix ou un coût globalement qui est beaucoup moins cher.
Et on est capable de faire ça quand même assez facilement.
On peut même demander à travers une plateforme comme ça à un patient de s'auto-tester.
Les gens sont capables de faire un 30 secondes assis debout, de compter leurs répétitions par eux-mêmes et de m'envoyer leurs résultats.
Si, par exemple, c'est ça mon outcome measure ou mon biomarquage chez ce patient-là, il était capable de faire quatre répétitions aux 30 secondes, c'est tout sienne, quand je l'ai vu à l'évaluation initiale, évaluation préventive, je vais lui demander de le retester une fois par mois.
Une fois par mois, s'il reste à quatre répétitions, je le sais qu'il a un problème.
C'est peut-être son adhérence, c'est peut-être les exercices que j'ai choisis, c'est peut-être un autre facteur.
Je vais le rencontrer en clinique, je vais l'appeler.
Viens me voir, on va se faire un rendez-vous, on va regarder ce qui ne fonctionne pas.
L'autre patient à côté qui passe progressivement de quatre répétitions à 6, 8, 10, 12, je peux facilement l'encourager et lui dire qu'on va se revoir quand tu auras atteint tel objectif, parce que là, on va faire progresser ton entraînement pour le rendre plus difficile et plus adapté à tes besoins en fonction de ton évolution.
Le fait de devoir rentrer son nombre de répétitions ou l'entraînement qu'on a fait, peu importe, sur son cellulaire, déjà, ça amène un petit objectif.
Le fait de savoir qu'on a un suivi en ligne, quelqu'un qui regarde, ça amène un autre objectif.
Et nous, comme physiothérapeutes, juste le fait d'aller faire l'équivalent qui serait un like sur une plateforme de médias sociaux, juste un petit bravo, on sait qu'on va engager le système de dopamine, de sirotonine, etc., qui amène du plaisir aux gens juste en faisant clic.
et je n'ai pas besoin de t'appeler, je n'ai pas besoin de passer 10 minutes.
Il y a probablement quelque chose à exploiter qui nous vient des téléphones cellulaires, des plateformes en ligne et qu'on peut juste prendre ce qui est déjà fait, l'adapter et le mettre dans une optique préventive à ce moment-là.
100 %.
Peux-tu me dire, Jean-Philippe, peut-être qu'on pourrait, parce que là, on approche la fin, on pourrait en parler toute la journée, mais on va rester dans un format qui est intéressant à écouter et facile écouter pour les gens qui vont nous écouter, justement.
Si j'allais plus loin, la critique de la santé parfaite chez les gens qui disent que la vie étant ce qu'elle est, essayer de toujours ne jamais vouloir être malade, ne plus avoir de tolérance pour la maladie ou pour la douleur par exemple, puis vouloir une santé parfaite, mais ce n'est pas possible, puis c'est une problématique, puis c'est une des choses qui drive les frais de santé, puis les frais de société vers le haut.
Qu'est-ce que tu as dire là-dessus?
Moi, je pense qu'on doit avoir une approche qu'on dit flexible.
Je te fais un parallèle avec la nutrition là-dessus.
Il y a des gens qui vont utiliser un modèle de nutrition qui va être extrêmement strict.
Si on va dans la clientèle extrême, mettons les bodybuilders qui vont compétitionner, qui vont se déshydrater, qui vont faire un paquet de choses.
C'est extrêmement strict, il n'y a aucune place à l'erreur.
Tu es extrême.
En santé, c'est un peu comme ça.
La personne qui lit tout ce qui se fait sur le sujet, c'est une personne qui va se ramasser à faire une demi-heure de méditation par jour, à faire du journaling, à écrire pourquoi est-ce qu'elle est contente et reconnaissante à tous les jours, qui va marcher 10 000 pas, qui va faire une heure d'entraînement physique intensif à tous les jours.
qui va faire des exercices respiratoires, qui va manger des fruits et des légumes de la viande blanche, sauf si elle est végétarienne, qui va s'assurer d'avoir un bon réseau social, de travailler juste deux heures par jour, puis de gagner un million la loterie pour pas avoir de stress financier.
C'est complètement irréaliste comme attente.
Donc, ce qu'on veut en fait, c'est d'avoir de façon générale quelque chose qui est bien en laissant une place à l'erreur, et c'est important de laisser une place à l'erreur, ne serait-ce que pour éliminer l'espèce de culpabilité de ne pas avoir atteint la fameuse perfection.
Et pour ça, j'aime beaucoup revenir la fameuse loi de Pareto, donc le 80-20.
Si tu fais quelque chose de 80 % correct, tu vas avoir la majorité des bénéfices, puis c'est bien correct comme ça.
Puis le 20 % qui manque, entre guillemets, il va coûter beaucoup trop cher à aller chercher.
On ne parle pas nécessairement d'argent ici.
Il va coûter cher en énergie, en impact social, en temps, en effort, peu importe.
Si tu fais 80% de ce qu'on documente qui est bien, probablement que tu vas très bien t'en tirer et que psychologiquement, ça va aller beaucoup mieux que si tu essaies d'aller chercher le à chaque fois.
Je ne sais pas si c'est vers là que tu voulais t'en aller.
Ben oui, pis t'sais, le ça me fait penser à la...
quand t'es aux études, ben la quantité d'études que t'as à mettre pour avoir une certaine performance sur un examen, par exemple.
Pis je me rappelle souvent, pis là peut-être parce que c'était moi qui se convainquais que c'était correct, là, quand j'étudiais en physio, pis là je me disais...
ou avant ça, là, en sciences de la santé au cégep, par exemple, t'sais, pis là, des fois, je me disais, ben, François, là, j'suis pas mal sûr qu'à ce point-ci, là, tu pourrais étudier deux heures de plus, mais j'pense pas que ça va faire bouger ta note finale beaucoup rendue là.
Ça rejoint un peu ce que tu donnais comme exemple tout à l'heure aussi par rapport aux athlètes.
Donc, il a beaucoup d'impact quand on part de zéro, puis l'impact devient de moins en moins grand, plus on arrive proche de la perfection.
Donc, on peut se contenter de quelque chose qui est très bien, mais qui n'est pas nécessairement parfait.
Puis je pense que probablement que c'est meilleur pour la santé mentale de ne pas non plus se mettre la pression ce que ça soit parfait.
Fait qu'il faut rester réaliste dans les objectifs que nous, on se met par rapport nous-mêmes, puis qu'on pourrait mettre, par exemple, à nos patients en thérapie, en physio.
Tout fait.
Tout est une question d'équilibre.
J'aime l'exemple que tu as donné pour l'examen parce que la semaine dernière, je donnais du mentorat un physio qui allait faire ses examens intermédiaires en thérapie manuelle.
Pour les gens qui sont passés travers ça ou qui vont peut-être passer travers ça, c'est stressant.
C'est un gros examen.
On veut tout savoir, tout connaître, mais il y a peut-être 5000 pages de notes de cours.
Puis là, on arrivait, on faisait des mises en situation et il me disait « si ils me demandent telle affaire, j'ai dit moi à ta place, je sacrifierais la question.
» J'accepterais de ne pas répondre, dire je ne sais pas, on passe à la suivante.
C'est impossible de tout savoir, c'est impossible d'être parfait, peu importe l'effort qu'on va donner.
Une des façons de garder l'équilibre et de garder surtout la motivation, c'est d'accepter cette imperfection-là, de se concentrer sur les choses qui sont réellement importantes.
Moi-même, j'étais comme ça dans ma personnalité.
Il y a une période dans ma vie où est-ce que je ne pouvais pas sauter un entraînement, c'était impossible.
Mais c'est le genre de situation aussi où est-ce que je me suis blessé, j'ai fait des sacrifices qui étaient peut-être pas nécessairement appropriés, j'ai perdu des fois des moments avec des gens, quoi que ce soit du genre.
Et maintenant, si j'en saute un, j'en saute un, puis la terre n'arrêtera pas de tourner pour autant.
Puis je pense que c'est un petit peu ça le genre de message qu'on veut envoyer.
Oui, on aimerait ça avoir une belle batterie de tests parfaite, puis que les gens atteignent absolument tous les standards.
Mais si les gens le font juste faire ce qui est très bien sans faire ce qui est parfait, on va conserver globalement un bien meilleur équilibre et cet équilibre-là risque d'être beaucoup plus payant que d'avoir tenté d'atteindre la perfection.
C'est le fameux perfectionnisme.
Je pense que c'est une caractéristique peut-être qui nous est propre un peu plus peut-être en physio que peut-être dans d'autres domaines.
En tout cas, c'est quelque chose que je vois souvent.
Et quand tu parles de toi, je me reconnais, pas nécessairement par rapport l'entraînement, mais par rapport à d'autres trucs, de vouloir toujours avoir la perfection.
Je pense que si on est assez intelligent, l'expérience nous fait un peu comme ce que tu le dis, nous ramène sur Terre progressivement dans notre vie se rendre compte que deux choses.
Premièrement, être parfait tout le temps, c'est exigeant mentalement.
c'est exigeant pour soi, c'est exigeant pour les autres.
Puis la deuxième chose, c'est que quand on attend toujours d'être parfait avant de faire quelque chose, bien, parfois, on fait jamais rien.
Ou on n'apprend pas en cours de route qu'est-ce qui est pas assez bon, finalement, parce qu'une fois qu'on l'exécute, bien, la société évoluée, le projet serait plus nécessairement le même si on avait lancé quelque chose de progressif puis qu'on l'avait adapté, finalement, ce qu'on apprend à faire quelque chose, finalement, au fur et à mesure du temps que la situation avance, finalement.
C'est peut-être un peu mon take-home message pour aujourd'hui.
J'aimerais ça te laisser le mot de la fin, Jean-Philippe, avant qu'on se laisse sur cette conversation passionnante, mais jamais assez longue.
Effectivement, je pense que tu as très bien conclu.
C'est intéressant parce qu'on a parlé la fois d'un petit peu de données scientifiques, de sciences fondamentales, de ce qui est connu au plus haut niveau clinique, parallèlement à comment est-ce que la profession devrait potentiellement évoluer, se positionner par rapport ça dans notre société actuelle.
Je trouve que ça fait quand même quelque chose qui est intéressant très globalement.
De conclure comme ça sur une discussion qui nous amène dire qu'on n'a pas besoin non plus d'être parfait, on a juste besoin d'être bon, je pense que ça remet un petit peu les pendules à l'heure.
Moi, devant ma job actuelle, je vois beaucoup les jeunes qui arrivent, qui deviendront nos collègues dans pas si longtemps, puis qui justement veulent atteindre le 100 %, veulent atteindre la perfection.
J'ai même eu une étudiante pour la première fois, je pense il deux ans, qui est venue me voir en pleurant à mon bureau en disant que c'est la première fois que je n'ai pas A+, puis je me demande si je suis vraiment ma place en physiothérapie.
C'est quand même problématique de façon assez ancrée.
À la fois dans notre rôle de prévention, individuelle avec un patient que dans notre rôle de profession.
On n'a pas besoin d'être parfait, on juste besoin de bien faire les choses, de garder un équilibre là-dedans et je pense qu'on a tous les outils pour être capable de le faire au niveau social et au niveau individuel avec nos patients.
C'est un équilibre de vie qui est intéressant et je suis en train d'écrire le podcast.
On se parle en ce moment, on est jeudi matin, presque midi, et le podcast que je n'ai pas sorti cette semaine, je suis en train de l'écrire.
C'est quelque chose qui sort un peu de ma zone de confort, mais je parle de l'équilibre entre se satisfaire de ce qu'on a, mais de vouloir plus.
Donc, tu sais, c'est vraiment cet équilibre-là de dire, OK, bien oui, ce que j'ai réussi ou ce que j'ai fait, puis ça peut être par rapport à mes études pour mes examens ou ce que j'ai donné à un patient, je peux me satisfaire de ce que j'ai réussi à faire ou à donner.
Mais en même temps, je ne veux pas m'asseoir sur mes lauriers.
Dans le fond, mon objectif, c'est de continuer à m'améliorer comme personne aussi en même temps.
C'est de valser, d'essayer de trouver cet équilibre-là dans la vie.
Et ça, je pense qu'on peut l'appliquer à n'importe quelle saveur, autant à l'école, dans notre travail, avec nos patients, dans notre performance personnelle, dans notre vie professionnelle, dans notre vie personnelle.
Puis dans l'exercice finalement aussi, ou dans notre propre vie active finalement à nous-mêmes.
Tout à fait, bien d'accord.
Jean-Philippe, merci énormément de m'avoir accordé ce temps-là et j'espère que les gens qui nous ont écoutés auront trouvé ça aussi passionnant que moi, en tout cas, puis peut-être que toi aussi, j'espère.
Super belle conversation sur la prévention en physio.
Merci énormément, Jean-Philippe, d'avoir été avec moi aujourd'hui.
Ça m'a fait bien plaisir, puis j'espère être de retour bientôt.
On se parle d'autre chose éventuellement, ça c'est sûr et certain.
Allez, bonne journée.
Merci, bye bye.