Prendre le pouls - Taking the Pulse

Soins innovants en santé mentale : Dre Karine Igartúa

Dre Karine Igartúa Season 2 Episode 8

Dre Karine Igartúa, psychiatre en chef du CUSM et cofondatrice de la Clinique d'identité sexuelle de McGill, s'entretient avec Annie DeMelt. En seulement 21 minutes, elles abordent des sujets tels que la recherche qui permettra de faire la lumière sur les questions d'identité sexuelle et d'améliorer le traitement des maladies mentales, des programmes novateurs qui réduisent les séjours à l'hôpital et favorisent une sortie de crise plus rapide, ainsi que l'importance vitale de l'éducation à la santé mentale tout au long de la vie. 

Apprenez-en plus sur le Programme transitionnel de jour de l'Hôpital général de Montréal, les ateliers d'art des Impatients, l'Unité d'intervention brève, le Centre de précision de psychiatrie, le Centre d'identité sexuelle de l'Université McGill et plus encore, avec la co-responsable de la Mission en santé mentale du Centre universitaire de santé McGill.

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Une des nouveautés qu'on veut amener chez nous aussi, c'est un module semblable au premiers épisodes psychotiques, mais au premièrs épisodes on va l'appeler de la dysrégulation de l'humeur. Donc que ce soit un trouble anxieux en émergence ou un trouble dépressif en émergence, ou un trouble de personnalité en émergence, de dire on attrape ces jeunes là tout de suite en début de parcours avant qu'ils prennent un paquet de mauvais plis et avant que leur leur fonctionnement se détériore. Bonjour, ici Annie DeMelt et bienvenue à cette Entrevue CODE ViE, un balado sur l'innovation en soins de santé, présenté par la Fondation de l'Hôpital Général de Montréal. Notre invitée aujourd'hui est la docteure Karine Igartúa psychiatre en cheffe de la mission en santé mentale du CUSM. Cette mission consiste à fournir les meilleurs soins aux patients grâce à des programmes qui sont novateurs, mais aussi grâce à la recherche pour faire avancer la personnalisation et la précision des traitements. Alors, c'est un domaine qui est fascinant. Je suis contente de vous revoir, docteure Igartúa. Merci d'être avec nous. Ça me fait plaisir. J'aimerais ça commencer par le fait que vous êtes incroyablement occupés au département de psychiatrie, de psychologie au CUSM. Qu'est ce que vous constatez en ce moment? Qu'est ce que vous voyez en termes de demandes et le type de patients que vous voyez? Je vais commencer avec le bout plus facile, c'est à dire le nombre de lits. Quand j'ai commencé comme résidente entre l'Hôpital général de Montréal et le Royal Victoria Hospital, il y avait environ 120 lits. Maintenant, on a 42 lits, donc c'est sûr qu'on nous demande de faire plus avec moins. D'autre part, on a la Covid qui a été difficile pour beaucoup beaucoup de gens et ça a fait qu'il y a eu beaucoup de départs aussi dans le milieu de la santé. Donc on a moins d'infirmières, moins de psychologues, même des médecins qui ont décidé de prendre une retraite anticipée. Donc on a moins de lits, moins de personnel et en combien nous on conjugue avec ça une société qui, je pense, ne se rend pas compte des mauvaises habitudes qu'elle a prises qui vont à l'encontre de sa santé mentale. Donc que ce soit d'avoir légaliser le cannabis, donc on se ramasse avec des quantités de THC astronomiques par rapport à ce qu'on avait dans les années 70 par exemple, que ça soit la quantité de temps qu'on passe devant des écrans, ce qui est inversement proportionnel à la quantité de temps qu'on passe en face à face et à avoir des vraies relations avec du vrai monde. Le temps aussi de médias sociaux, donc on se compare constamment à une version édulcorée de nos amis et de nos réseaux, ce qui fait qu'on se compare et on se trouve toujours moins bons que les autres. On dort moins aussi parce qu'on binge Netflix ou parce qu'on est sur notre téléphone en train de checker nos courriels à des heures où on devrait pas le faire. Et on ne donne pas à notre cerveau assez de temps, de décanter, de repos, de s'ennuyer, d'être dans le siège arrière de l'auto et regarder par la fenêtre. On fait plus ça, On ne va plus aux toilettes sans notre téléphone. Donc il n'y a vraiment plus à un moment où notre cerveau a le loisir de divaguer. Donc on prend toutes ces choses là ensemble, puis j'ajoute la difficulté à avoir accès à un médecin de famille ou un psychologue. Donc quand les gens sont en détresse, ils ne savent pas où cogner. Ils viennent à l'urgence. Donc on voit des gens en détresse, pas nécessairement en maladie mentale, mais en détresse. Et on voit aussi plus de psychose, plus de psychose toxique à cause des drogues qui circulent, par exemple. Des gens qui sont profondément seuls et isolés. Et puis malheureusement, quand c'est vraiment de la maladie mentale et que les gens ont besoin d'une hospitalisation, c'est pas rare qui vont attendre deux, trois, quatre ou cinq jours à l'urgence avant d'avoir accès à un lit. Et ce n'est pas parce que mes collègues à l'interne ne font pas bien leur travail, c'est juste parce que les gens sont malades et ça prend un certain temps pour que nos traitements fonctionnent. Ça vous force aussi, ou c'est plus efficace à avoir des programmes qui sont performants dans le traitement des patients. Vous avez évidemment plusieurs programmes spécialisés à l'Hôpital général de Montréal, dont le programme transitionnel de jour. À qui s'adresse ce programme là et en quoi ce qu'il est unique et innovateur au Québec. En fait. C'est drôle de dire que c'est un programme novateur parce que c'est novateur, mais ça fait déjà 20 ans qu'on le fait. Ce qui m'impressionne. C'est pas que ça m'impressionne, ce qui m'attriste peut être plus, c'est que, ça n'a pas fait de petits ailleurs au Québec. En fait, l'idée derrière le programme transitionnel de jour, c'est de prendre tous les éléments thérapeutiques d'une admission qui se font habituellement pendant le jour et de les donner de façon intensive en clinique externe. Ça fait que c'est un traitement qui est axé sur le rétablissement. Donc on n'est pas à l'hôpital en pause de notre vie. Puis on n'est plus capable d'aller marcher le chien, de parler à sa mère ou d'ouvrir son courrier. Pour ceux qui ont encore du courrier. Ou Courriels. Ou Courriels. C'est ça. Donc ça permet de se rétablir sans couper les ponts avec la vie extérieure. C'est un programme comme je vous dis qui a déjà 20 ans. Donc on est dans un processus de le rajeunir et de le renouveler. D'où le désir d'amener les impatients dans le programme transitionnel de jour. Donc Les Impatients, c'est un organisme communautaire d'artistes qui font des ateliers d'art. Donc on voudrait ajouter l'atelier d'art au TDP. Donc c'est pas de l'art thérapie comme tel, mais c'est une activité qui est encore là, axée sur le rétablissement un peu plus normale. C'est la vie normale, c'est à dire comme de prendre un cours d'art, tout ça. Donc c'est une des choses qu'on veut faire. Il y a des gens en fait, la chorale, donc il y a déjà un côté artistique au TDP, mais on voudrait rajouter ce volet là. Et l'autre chose qu'on voudrait rajouter, c'est le volet de psychothérapie. Donc de rajouter une psychologue dans l'équipe pour vraiment avoir des psychothérapies ciblées pour certaines maladies. Donc on est en train de faire un TDP 2.0 parce qu'on était novateurs il y a 20 ans, C'est fantastique, On est encore devant la courbe mais on peut faire mieux et c'est ce qu'on est en train de faire. Si on regarde une vue plus d'ensemble, est ce qu'on s'en va justement plus vers ça? Le rétablissement, la prise de conscience, l'application de cette éducation là dans notre vie mais pas à l'hôpital, nécessairement. Oui, exactement. On n'a pas assez de lits, donc il faut innover. Donc le TDP, c'était une innovation. L'autre trajectoire, c'est ce qu'on appelle UIB, donc l'unité d'intervention brève, là aussi, l'idée, c'est une courte hospitalisation qui est soit suivie du TDP par la suite, ou une courte hospitalisation. Donc un 3 à 5 jours. Ce qu'on fait de novateur là, c'est qu'on construit des plans de traitement avant même que t'arrives. Donc on cible six ou sept différentes raisons pour lesquelles les gens vont être admis. Donc que ce soit un début de manie, que ça soit une crise suicidaire, que ça soit une personnalité qui est en crise, que ça soit une intoxication qui aura besoin de désintox. Donc on cible certaines situations cliniques, certains profils et on prévoit d'avance, ça va être quoi le traitement? Donc dans les premiers 12h, on va faire quoi? dans les 12h à 24h suivant, On va faire quoi ? dans la deuxième journée, 24h à 48h, Ça va être quoi les traitements? Donc c'est une façon d'intensifier le traitement parce le patient arrive, puis tout le monde sait qu'est ce qu'on va faire, puis qu'est ce qui est besoin d'être fait jour un, un jour deux, jour trois? En plus de votre rôle comme psychiatre en cheffe, vous êtes aussi la cofondatrice du centre d'identité sexuelle de McGill. C'est quelle sorte de soins spécialisés que vous offrez via le centre? Donc, c'est un centre qu'on a ouvert en 1999. Initialement, c'était un centre qui se voulait un endroit sécuritaire, accueillant, pour les personnes de minorités sexuelles et à l'époque, on voyait surtout des personnes gays et lesbiennes qui s'assumaient pas, qui avaient des difficultés avec leurs familles ou qui venaient de pays où c'était carrément interdit par la loi ou qui avaient été victimes de violences de ce côté là, Avec le temps, évidemment, la société a évolué. Il y a beaucoup moins de discrimination par rapport à la communauté LGB et ce qu'on a commencé à avoir depuis une dizaine d'années à peu près, c'est l'émergence des troubles de dysphorie de genre, donc des gens qui sont inconfortables dans le genre qu'on leur a assigné à la naissance. On voit des gens de tous les âges, on voit des enfants, des ados ou des jeunes adultes, des adultes plus âgés qui se questionnent par rapport à leurs genres, comment ils se présentent, comment ils veulent être perçus dans la vie ou qui ont des inconforts avec leurs corps physiques. Donc on essaie de voir avec ces gens là qu'est ce qu'ils ont besoin pour être bien dans leur peau. Et pour certaines personnes, c'est la transition classique, hormonale, chirurgicale. Et on passe d'une boîte, ou on m'a assigné fille, puis je veux être un homme. Mais pour plusieurs personnes, le genre n'est pas si binaire que ça et ce n'est pas une recette pour tout le monde. Donc des transitions, il y en a toutes sortes. Il y a des transitions comme je disais, chirurgicales et hormonales, mais il y a aussi des transitions sociales et il y a aussi toute une prise de conscience de, à quel point la société est rigide dans sa binarité de genre. Et peut être que je peux avoir des attitudes masculines, des intérêts masculins, peut être que je n'ai pas envie de me maquiller ou d'avoir les cheveux longs, mais peut être que je peux être tout ça dans un corps de femme. Et donc c'est un petit peu ça qui fait partie de l'exploration, c'est de voir Est ce que j'ai vraiment un dédain de mon corps qui a besoin de changer ? ou est ce que j'ai l'impression qu'il faut que je change mon corps parce que la société me dit choisis le genre que tu veux, mais arrange toi pour que ton corps fit avec ? On s'en va faire quoi dans vos traitements? Ben, je vais répondre en deux parties. Je vais répondre avec ce qu'on fait maintenant puis l'idéal avec plus d'informations et de la recherche là, ce qu'on fait maintenant. Nous, on est une clinique de santé mentale, donc le côté hormonal thérapie, c'est ailleurs que ça se fait. Nous, sur quoi on se concentre, c'est à savoir est ce que la personne a une bonne compréhension de ce qu'est le genre et de ce qui est le genre pour elle ?et quelles sont les façons dont elle peut exprimer son genre de façon à être confortable et à vivre une vie pleine et heureuse ? Et ça, ça implique de comprendre la binarité de genre, de la rejeter parfois, mais de comprendre aussi que la société n'a pas tant évolué que ça, et que donc, si on choisit et on peut faire ça, ça peut être un choix très valable d'être non-conforme dans son genre, mais ça veut dire qu'on va faire face à la discrimination. Donc une partie de ce qu'on fait aussi c'est, on outille les gens et à dire Bon, mais quand ça va arriver, comment est ce qu'on va t'aider à réagir? Comme nos demandes sont en augmentation exponentielle de nombre de consultations, on a développé plusieurs groupes pour pouvoir voir plus de monde en même temps. Donc on a un groupe spécifiquement sur l'actualisation de son genre. On l'appelle comme ça maintenant, donc qui explore toutes ces facettes là du physique et du social, du genre et comment on y va pour s'actualiser là dedans? On a aussi un groupe pour les parents parce que c'est compréhensible. On a beaucoup de parents qui sont inquiets par rapport à leurs jeunes, qui transitionnent, donc un groupe de support et d'éducation pour les parents. Et on a aussi un groupe de régulation des humeurs parce qu'on se rend compte qu'il y a beaucoup de gens qui questionnent leur genre, qui viennent chez nous, là, et il faut que je le dise, là, c'est une clinique tertiaire de santé mentale. Donc je ne suis pas en train de dire que toutes les personnes trans sont comme ça, mais de la population qui viennent chez nous, il y a une grosse comorbidité avec des troubles de régulation des humeurs. Donc on se retrouvait à faire la même chose en individuel avec un patient après l'autre. Donc, On a fini par dire ça aussi on va le faire en groupe, on va être capable d'en voir plus. Donc c'est ce qu'on fait en ce moment. C'est une population qui est relativement peu connue. Il y a 40 ans, les personnes trans, c'était vraiment une très mince partie de ce qu'on voit maintenant. C'était vraiment les gens qui étaient prêts à passer deux ans de thérapie, à se travestir pendant des années avant d'avoir accès à des hormones et à de la chirurgie. C'était vraiment archaïque comme traitement. Mais bref, ça faisait que c'était une pointe de l'iceberg des personnes trans. Et on a des données sur ces gens là. Mais depuis 10 à 20 ans, il y a une plus grande acceptation qu'il n'y a pas juste cette façon là d'être trans et il y a une ouverture à une plus grande population, mais on n'a pas de données. Donc avant, c'était si tu étais trans, t'étais trans de jeune enfant, t'es resté trans ado, puis tu deviens trans adulte. Maintenant on voit plein de jeunes qui se questionnent pour la première fois à l'adolescence et ils ne s'étaient jamais questionnés à l'enfance. On n'a pas de données sur ces gens là, on n'a pas de données sur quand ça se présente à l'adolescence, C'est quoi le facteur qui fait que ça va rester à l'âge adulte? Donc, si on avait certains marqueurs, que ce soit des biomarqueurs ou des marqueurs psychologiques qui pouvaient nous dire Ah oui, quand on a ça, ça, ça, on peut prédire que cette personne là, la transition est absolument obligatoire, alors que pour cette personne là, la transition va être plus dommageable que d'autres choses. Ce serait vraiment aidant. Il y a un lien à faire avec un des un des projets forts à l'Hôpital général de Montréal, le Centre de psychiatrie de précision. Donc le Centre de précision de psychiatrie, c'est un gros projet de recherche qu'on a dans notre département qui est vraiment excitant parce qu'on va suivre les patients pendant dix ans avec des marqueurs psychologiques, mais aussi des biomarqueurs. Pour toutes sortes de condition? Donc pour toutes sortes de conditions. Donc, les patients du Centre d'identité sexuelle de l'Université McGill sont invités, comme les patients des troubles de l'humeur, comme les patients des troubles psychotiques à se joindre à ce programme là. Et donc ça nous permet de suivre l'évolution dans le temps. Les patients qui veulent vont avoir une imagerie de leur cerveau, des prises de sang, et il y a un suivi à tous les six mois de leur condition pour voir, comment est ce que ça évolue, Pour notre centre, Ça serait super excitant d'être capable de dire quand la dysphorie de genre se présente de telle façon, on sait que l'évolution dans dix ans, c'est que ça persiste et ça s'empire, ou ça persiste et ça s'amoindrit, ou finalement ça finit par se résorber. Donc, ce serait vraiment utile d'avoir ces données là et j'espère que d'ici quinze, vingt ans, on aura un capital de données assez important, qu'on va pouvoir tirer des conclusions. Est ce qu'il y a des patients ou des cas pour lesquels ça serait particulièrement intéressant d'avoir cette médecine là de précision? Mais je pense partout en psychiatrie, ça serait intéressant. Tu sais, quand j'ai un patient qui est déprimé dans mon bureau, j'essaie de choisir si j'y vais avec la pharmacologie, par exemple, j'essaie de choisir une molécule qui va avoir le moins d'effets secondaires et qui va, qui va bien affecter. Mais je ne peux pas ouvrir son cerveau, prendre une tranche, puis regarder, puis dire ah oui, toi tu vas répondre bien à ça. Donc c'est un petit peu d'essais erreurs, donc est ce le Wellbutrin qui va marcher, est ce l'Effexor qui va marcher, ce patient là qui est bipolaire? est ce plus du lithium dont il a besoin de plus d'Epival dont il a besoin donc pour que ce soit les troubles anxieux, que ce soit la psychose aussi. il y a des gens qui répondent à des très petites doses d'anti psychotique, il y en a d'autres qui ont besoin des grosses doses, et bien on y va toujours avec une dose. Avec l'essai erreur. plus ou moins moyenne puis on réajuste après. Donc tu sais, si on si on était capable de dire à cette personne là va avoir besoin de micro doses, celle-là plus grosse, on va éviter des effets secondaires. Donc partout en psychiatrie, ça pourrait être utile d'avoir plus d'indicateurs de réponse aux traitements ou d'être capable de prédire la réponse. Vous l'avez affirmé dans le passé, c'est important de faire la différence entre la santé mentale et la maladie mentale. Vous traitez la maladie mentale au CUSM puis à l'Hôpital général de Montréal, mais vous avez aussi à cœur l'éducation en santé mentale. Pourquoi est ce que cet enjeu là est si important pour vous et pour le système à l'heure actuelle? Parce que si on continue de la façon dont on y va, on s'en va directement dans le mur. Donc d'abord, la distinction entre la maladie mentale et la détresse. J'en parle souvent. La détresse dans la vie, elle est normale et elle est inévitable. Ce qu'il faut apprendre, c'est comment la gérer, comment l'amoindrir, comment la vivre. Et malheureusement, on est dans une société où on est en train de dire que la détresse c'est pas normal. Donc si je suis triste, il y a quelque chose qui n'est pas correcte avec moi si je ne réussis pas toujours comme ce que je vois sur Facebook ou Instagram, je suis un moins que rien donc je ne mérite pas de vivre. Donc il y a une espèce d'intolérance à la détresse qu'on a comme société qui est probablement en partie à cause des réseaux sociaux, qui est probablement aussi en partie à cause de la vitesse de notre société. On se donne jamais le temps de décanter, on regarde plus par la fenêtre, même quand on est en ligne à l'épicerie, on check notre courriel, le nombre de gens qui oublient leur téléphone dans les toilettes, ça me fait penser que les gens ne sont même pas capables d'aller aux toilettes sans se bombarder, donc on est toujours en train de bombarder notre cerveau. Donc il y a les réseaux sociaux où il y a le bombardement du cerveau. Il y a aussi l'effritement des contacts humains. L'autre fois, je passais devant un parc, il y avait quatre jeunes dans un char et je me disais qu'est ce qu'ils font? Ils doivent être en train de fumer ensemble ou quelque chose. Qu'est ce qu'ils font à se parker, devant, le parc, dans l'auto, les quatre étaient sur leurs cellulaires. Donc tu sais, même quand on est ensemble, on n'est pas ensemble. Donc on a un paquet de choses qui, dans la société moderne, je pense, qui heurtent notre bien être. Et si on commence pas à enseigner aux jeunes et aux adultes, Mais commençons avec les jeunes comment notre société peut être toxique pour notre cerveau et comment est ce qu'on peut se prémunir de ça et comment c'est normal d'avoir de la peine des fois, d'être anxieux des fois, d'être fâché des fois, puis d'être capable de reconnaître l'émotion, d'être capable de s'apaiser pour prendre des bonnes décisions. Si je suis fâché parce qu'il y a quelqu'un qui a été méchant avec moi, si je suis capable de savoir que je suis fâché, de comprendre pourquoi je suis fâché et bien, je suis capable après ça, de prendre une décision rationnelle pour rétablir la situation qui m'a fâché. Mais si je ne suis pas capable, mais je suis en réaction, je vais tout simplement donner un coup de poing dans le nez. Et là, ça, ça m'a pas aidé, ça a fait que la police est arrivée, puis je me ramasse avec plus de problème. Donc pour moi, l'éducation à la santé mentale est hyper importante. Si je peux rêver, ça commence en maternelle ou même au préscolaire, mais ça commence en maternelle, ça se donne à toutes les années jusqu'en secondaire cinq donc. Puis est ce qu'on peut même parler de prévention en santé mentale? Absolument, absolument. Et d'ailleurs, c'est bien connu pour les troubles psychotiques et à travers le Québec, on connaît le concept des premiers épisodes psychotiques. Une des nouveautés qu'on veut amener chez nous aussi, c'est un module semblable au premiers épisodes psychotiques, mais aux premiers épisodes, on va l'appeler la dysrégulation de l'humeur. Donc que ce soit un trouble anxieux en émergence ou un trouble dépressif en émergence, ou un trouble de personnalité en émergence, de dire on attrape ces jeunes là tout de suite en début de parcours, avant qu'ils prennent un paquet de mauvais plis et avant que leur fonctionnement se détériore. Merci Docteur Igartúa, merci beaucoup pour votre temps et merci à vous d'avoir été avec nous pour cette entrevue Code Vie présentée par la Fondation de l'Hôpital Général de Montréal. N'oubliez surtout pas de vous abonner pour accéder à d'autres entrevues sur l'innovation en soins de santé et aussi de nous suivre sur les médias sociaux pour toutes les dernières nouvelles. Merci beaucoup et à la prochaine!

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