Prendre le pouls - Taking the Pulse

Prendre le pouls : Qu’est-ce que la psychiatrie de précision, avec le Dr Simon Ducharme

Season 3 Episode 7

Avez-vous entendu le terme « psychiatrie de précision » mais sans trop savoir ce que cela ne signifie ni en quoi cela pourrait bénéficier aux patients?  Vous demandez-vous quel rôle jouent l'intelligence artificielle (IA) et l'apprentissage automatique dans la psychiatrie de précision? Ou comment un centre pour la psychiatrie de précision pourrait faire avancer la recherche et améliorer la vie des patients?   

Le Dr Simon Ducharme, neuropsychiatre (CUSM) et directeur du Centre pour la psychiatrie de précision - Québec, répond à ces questions et à bien d'autres dans cet épisode de Prendre le pouls. En moins de 10 minutes, vous comprendrez mieux ce que cette initiative transformatrice signifie pour l'avenir de la psychiatrie.    

00:00 Intro

00:34 Qu’est-ce que la psychiatrie de précision?

1:10 De quelles données se sert la psychiatrie de précision?

2:09 Comment la psychiatrie de précision sera-t-elle mise au service des patients?

3:35 Qu’est-ce que le Centre pour la psychiatrie de précision – Québec (CPP-Q)?

4:21 Quel est le rôle des partenaires du CPP-Q?

5:28 En quoi le partage de données est-il important et innovant?

5:59 Quel est l’impact du soutien des donateurs sur le CPP-Q?

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[00:00:00] Notre but c'est de vraiment, éventuellement avec la psychiatrie de précision, changer l'évolution des gens. Donc ce qu'ils vont pouvoir maintenir un emploi, ce qu'ils vont pouvoir continuer d'aller à l'école, est ce qu'ils vont pouvoir avoir une vie plus heureuse, productive? Donc en psychiatrie, on arrive à aider certaines personnes, mais il y en a beaucoup qu'on n'arrive pas à aider. Donc on veut améliorer la quantité de gens qu'on peut aider.

 

[00:00:34] À l'idée de la psychiatrie de précision, c'est de prendre les informations personnelles d'un individu, donc biologique. On pense à la génétique, à l'imagerie cérébrale, aux symptômes cliniques et de venir choisir un traitement qui est spécifique à la personne. Donc c'est le concept que, plutôt que d'appliquer les mêmes sortes de traitements à un ensemble, un groupe de personnes avec une même maladie, par exemple un trouble bipolaire, on va pouvoir venir choisir un traitement qui est plus spécifique à un individu pour espérer avoir une meilleure réponse au traitement et moins d'effets secondaires.

 

[00:01:10] Ce qui est difficile en psychiatrie, c'est qu'on n'a pas des modèles, comment dire cellulaires en cancer, Je peux prendre des cellules cancéreuses, les mettre dans des expériences de laboratoire, tout ça. Donc on va aller chercher des données biologiques sur la pathologie comme telle. En psychiatrie, on travaille avec des syndromes, donc des ensembles de symptômes pour lesquels on ne comprend pas bien la pathologie.

 

[00:01:31] Donc même si j'avais un bout de cerveau à l'autopsie, je ne serais pas davantage capable de comprendre la maladie. Donc on ne travaille pas avec le même degré de certitude que dans d'autres domaines médicaux. Donc on sait que les profils personnels, ça va être la génétique, ça va être les modifications du code génétique par les expériences. Les profils métaboliques des gens, ça va être l'expression de leur code génétique, leurs hormones. Mais qu'est ce qui, dans toutes ces données là, va nous amener à dire on est capable de prédire ce qui va arriver à quelqu'un ou à quel traitement il va répondre. Ça, c'est encore très très mystérieux.

 

[00:02:09] Ce qu'on vise, c'est de répondre à deux questions que les patients ou leurs familles vont toujours avoir. La première, c'est à quoi je peux m'attendre dans le futur? Parce que en psychiatrie, on va voir des gens qui sont hospitalisés, par exemple pour un premier épisode de Psychose, donc une perte de contact avec la réalité. On pense à un jeune homme, 21 ans, des hallucinations, des délires, ne fonctionne plus bien, est hospitalisé, prend des traitements, s'améliore beaucoup. Quelle va être la suite? Est ce que ça va être quelqu'un qui va avoir fait un épisode? Il va être gardé sur une petite dose de traitement, va être très fonctionnel pendant les 40 prochaines années ou quelqu'un qu'on va revoir puis qu'il va y avoir hospitalisation va avoir une maladie très sévère. Donc on veut pouvoir prédire qu'est ce qui va arriver à la personne pour après ça, pouvoir aussi ajuster. Ça va être quoi le suivi, la prise en charge, l'intensité du traitement? Donc pouvoir arriver avec un pronostic pour les gens. Puis l'autre point qui est très important, c'est l'idée de pouvoir sélectionner le traitement. Donc dire si vous arrivez avec une maladie bipolaire, est ce que vous êtes quelqu'un qui va plus répondre au lithium, aux stabilisateurs d'humeur pour pouvoir d'emblée arriver avec un traitement plus efficace. Et ça, c'est très important parce qu'en psychiatrie, on sait que plus on a d'épisodes sévères, plus on a de la morbidité, plus ça devient chronique, donc plus on va arriver à prendre le contrôle tôt de la maladie, moins on va avoir d'effets secondaires, plus on a de chances que les gens adhèrent au traitement. Puis il y a des meilleurs pronostic à long terme.

 

[00:03:35] Le Centre pour la psychiatrie de précision, c'est parti d'une vision qu'on avait de mettre en place les ressources pour pouvoir amener en pratique clinique la psychiatrie de précision. Donc la première étape c'est la recherche. Puis pour la recherche, ça nous prend des données. Donc notre projet central, c'est la biobanque qu'on a développée, où on prend des informations sur une très grande quantité de patients avec tous les troubles psychiatriques, donc les adultes, entre 18 à 65 ans, peu importe la nature de leurs troubles psychiatriques, donc vont contribuer des données biologiques, cliniques, d'imagerie. Et ça, ça va être la banque de données qu'on va mettre à la disposition des chercheurs à McGill, mais à travers le monde, pour qu'ils développent les outils pour pouvoir éventuellement appliquer ça en clinique,

 

[00:04:21] Notre projet pour la psychiatrie de précision, C'est basé sur une collaboration avec vraiment beaucoup de partenaires à travers le réseau de McGill. Donc nous, ce qu'on est venu faire, c'est mettre tous ces partenaires là ensemble pour dire Bien, les cliniciens comme Dr Margolis et plusieurs autres Whalen Memorial, ils vont voir, les patients vont leur parler de ce projet de recherche là, ils vont les encourager à participer. Ils vont aussi nous fournir des informations sur les patients, à quels traitements ils ont répondu ou pas. Donc, les cliniciens, les psychiatres ont un rôle crucial. Puis aussi tous nos autres partenaires. Donc, au MGH, on a le centre d'imagerie, on a des collaborateurs au MIT, là, qui est l'Institut d'intelligence artificielle à l'Institut neurologique de Montréal, qui avait développé beaucoup d'expertise aussi dans ce type de projet là. Donc, on a vraiment beaucoup de gens qui ont collaboré. L'institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill, un rôle crucial parce que c'est eux qui fournissent la biobanque, qui nous aident à accéder aux données cliniques. Donc, il y a vraiment un travail de plusieurs équipes qui a été mis ensemble pour faire une belle synergie autour d'un projet en psychiatrie.

 

[00:05:28] Nous, ce qui nous distingue ici, c'est la quantité de données qu'on a. Donc des données très très détaillées en biologie. Puis le fait qu'on va mettre ça en données 100 % ouvertes, c'est à dire n'importe quel chercheur qui nous approche avec un projet crédible approuvé par un comité d'éthique, va avoir accès aux données sans barrières. Donc ça, c'est vraiment quelque chose qui est qui va être très utile pour la communauté en recherche. Le fait qu'il n'y aura pas de frais pour accéder à ça, on va mettre ça entièrement gratuitement dès qu'on les a.

 

[00:05:59] Les organismes qui subventionnent la recherche au Canada, au Québec, ce n'est pas le type de projet qu'ils vont vouloir financer d'emblée parce que c'est très gros, c'est très long. Nous, on veut faire ça sur 10 à 15 ans. Donc c'est vraiment le type de projet qui doit être supporté par la philanthropie pendant les premières années pour pouvoir faire ses preuves. Puis là, les organismes de subventions de recherche vont pouvoir suivre pour certaines parties.

 

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