Voix de Flic

4 - Culture policière

January 28, 2024 Voix de flic Season 1 Episode 4
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4 - Culture policière
Jan 28, 2024 Season 1 Episode 4
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Si vous voulez savoir pourquoi certaines zones de police fonctionnent mieux que d'autres.
 si vous êtes curieux des mécanismes structurels qui influencent le comportement et la vie des policiers au quotidien ou si vous vous intéressez simplement au service public le plus critiqué de l'histoire, vous êtes au bon endroit.

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Show Notes Transcript

Si vous voulez savoir pourquoi certaines zones de police fonctionnent mieux que d'autres.
 si vous êtes curieux des mécanismes structurels qui influencent le comportement et la vie des policiers au quotidien ou si vous vous intéressez simplement au service public le plus critiqué de l'histoire, vous êtes au bon endroit.

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 📍 bonjour à tous. Le sujet d'aujourd'hui est la culture d'entreprise à la police, plus communément appelée la culture policière.  Si vous voulez savoir pourquoi certaines zones de police fonctionnent mieux que d'autres, si vous êtes curieux des mécanismes structurels qui influencent le comportement et la vie des policiers au quotidien ou si vous vous intéressez simplement au service public le plus critiqué de l'histoire, vous êtes au bon endroit.

je me présente. J'ai travaillé pendant huit ans à la police dans des services d'intervention, de maintien de l'ordre et de police judiciaire.  L'idée de ce podcast est de parler de la police sous un autre angle, d'en faire découvrir ses bons et ses mauvais côtés, mais surtout de donner la parole à des policiers.

Car de nos jours, tout le monde parle de la police, les médias, les politiques. On parle de nous au café, dans son canapé, entre amis, mais les seuls que vous n'entendrez pas dans le débat public. Ce sont les policiers. 

Parce que les policiers n'aiment pas cela, parce qu'ils ont parfois peur des conséquences d'une prise de parole, mais surtout parce qu'il est extrêmement difficile pour nous d'expliquer ce que nous vivons au quotidien.

comment cet épisode va-t-il être structuré en premier? Je vais vous définir ce qu'est la culture d'une entreprise en second, j'aborde les trois niveaux de culture policière au sein de notre institution.  à savoir le niveau général, donc la culture policière commune à l'ensemble des policiers du pays. Le niveau local,  la culture policière propre à la zone de police locale ou à la direction dans le cas de la police fédérale et le niveau de l'équipe, donc c'est la culture policière au sein d'une brigade.

/ commençons par définir ce qu'est la culture d'entreprise. L'idée de culture d'entreprise renvoie aux normes sociales au sein d'un groupe, ici les forces de l'ordre. Il s'agit de l'ensemble des pratiques qui sont monnaie courante au sein de cette entreprise, de ce qui se fait, de comment cela se fait et de l'interprétation de ce qu'est un bon employé.

/

pour illustrer un peu plus vulgairement ce qu'est la culture d'entreprise. Prenons deux entreprises dans le privé. Dans certaines entreprises, à mon avis, elles ne sont pas légion. , vous allez pouvoir venir en short, travailler en short t-shirt, peut-être, une entreprise de la tech. Et dans d'autres entreprises, il va falloir venir travailler en costard.

C'est deux cultures d'entreprise différentes. et on va voir tout au long de ce podcast qu'en fait, au niveau des zones de police, c'est relativement la même chose. Alors vous ne pourrez jamais venir travailler en en tout cas à l'intervention, quelle que soit la zone de police. Mais il y a des comportements, des normes et des attentes qui sont tout à fait différentes selon que vous travaillez dans telle zone de police, dans tel département de la police fédérale ou même d'une brigade à l'autre. 

/ le premier niveau de la culture policière, c'est le niveau commun à tous les policiers, c'est simplement d'être membre de l'institution. Il y a cinq traits que j'aimerais souligner et ces cinq caractéristiques sont pour moi présentes chez Nonante à non cinq pour cent des collègues.  Le premier est la résistance au changement.

Peu importe la zone de police, le département de la police fédérale ou le service, l'institution policière est contre le changement. Je pense que chaque policier a déjà un jour posé la question suivante mais en fait pourquoi est-ce qu'on fait comme ça pour se voir répondre mais parce qu'on a toujours fait comme ça.

Enfin et du coup on fait des choses d'une certaine façon, simplement parce qu'on a toujours fait comme cela, sans forcément prendre du recul et tenter parfois d'améliorer un processus  pour expliquer et un peu faire l'avocat du diable. Les changements peuvent apporter des gains d'efficacité, mais il n'est pas rare que par incompétence et manque de moyens, les changements surtout informatiques soient contre-productifs.

/

et je vais vous donner deux exemples pour illustrer ce propos.  Quand je travaillais dans une zone de police bruxelloise, j'étais à la garde. Donc la garde c'est ceux qui acte les plaintes qui viennent à l'accueil et surtout qui font les les dossiers urgents de l'intervention quand il y a une fusillade l'intervention vient en rendre compte à la garde et nous on tape  le PV et euh en fait quand vous tapez un PV en gros il y a c'est un, c'est un document où il faut mettre certaines informations dans un certain ordre et il y a énormément de phrases type que vous mettez et donc en fait, c'est un document très lourd, c'est pas juste.

Il s'est passé ça point barre. Et donc en fait, la plupart des gens qui travaillent à la garde ont ce qu'on appelle des insertions automatiques. donc c'est-à-dire qu'ils vont taper un certain mot sur ils vont appuyer sur F trois et il y a toute la rubrique par exemple rubrique audition bah vous tapez a D vous tapez F trois et vous allez avoir tous les droits de l'audition qui se mettent directement dans le PV avec de telle heure à telle heure nous avons auditionné telle personne bla bla donc c'est vraiment un outil qui fait un gain de temps énorme parce que un service de guerre vous vous êtes vous êtes tout le temps sous pression.

Bref, il faut sortir des PV, il faut que ça aille vite, il faut avancer donc tous les tous tous les policiers avaient des insertions automatiques  et voilà. Sans ça, vous, vous ne vous en sortiez pas Et du jour au lendemain le le service I T a fait une mise à jour qui n'a apporté absolument rien, sauf  de supprimer les insertions automatiques.

Les collègues sont devenus fous. Honnêtement, le gars qui avait fait cette mise à jour il passait dans le couloir, il terminait avec du goudron et des plumes parce que on on a perdu du temps mais de fou furieux et l'option de faire des insertions automatiques a juste disparu. Donc maintenant on doit avoir sur le côté un document et on fait des copier-coller entre le document et le le document euh le document où on tape le PV c c'est complètement une perte de temps.

Avant ça marchait beaucoup mieux et voilà il y a un gars qui s'est dit Bon on va faire un changement pour je ne sais quelle raison et  et du coup on se retrouve dans une situation complètement aberrante où on a perdu en qualité et on a perdu en temps  pour faire le même PV on va prendre vingt à trente pour cent de temps en plus simplement parce qu'il faut changer de document, faire un copier-coller, l'envoyer alors qu'avant je tapais trois lettres je tapais F trois et tout était bien mis 

/

et le deuxième exemple.  ça c'est quand je travaille dans un service judiciaire. Une fois que vous avez terminé des procès-verbaux, vous devez les scanner. pour pouvoir les envoyer.  enfin pour pouvoir les mettre dans le système et pouvoir envoyer le la copie papier au au  parquet pour ceux qui sont surpris oui, on offre toujours les les procès-verbaux par papier, par porteur au parquet En tout cas à je sais pas comment ça se passe dans les autres, mais à mon avis c'est la même chose.

Et donc on a une une imprimante, enfin une imprimante qui fait avaleuse et on on vient, on met, on met le document dedans, on scanne et en fait ça nous envoie un mail avec le  avec le le document scanné pour je ne sais quelle raison, une imprimante qui fonctionnait très bien a été remplacée.

C'est un mercredi donc bon voilà le gars, il vient, il prend l'ancienne imprimante, il remet une nouvelle il la branche et puis puis il s'en va quoi? Il teste pas l'imprimante évidemment. Donc le collègue qui passe après Ah ben en fait euh ok, ça marche pas. Bon d'accord, on vient, on essaye, on essaie de rappeler le le gars qui avait mis l'imprimante.

Pas de réponse Finalement, il rappelle et il dit Ouais ben euh, je passerai lundi prochain, hein. Et donc en fait mercredi, jeudi, vendredi, samedi, dimanche Bon, c'est un peu moins moins occupé le week-end, mais on était juste sans capacité de scanner les documents et si on avait des PV par porteur? Donc on devait les envoyer très rapidement au juge d'instruction ou quoi?

Pour prendre une décision dans l'urgence, on devait parcourir le bâtiment, espérer trouver euh une une imprimante qui avait cette cette capacité-là et euh et surtout ben ou alors on faisait des photos avec notre téléphone, on envoyait ça par mail Voilà, ça c'est un signe. Alors je pense que c'est assez typique à l'état ça mais on a fait un changement, on a mis.

Euh, on a remplacé une imprimante par une autre imprimante, On ne sait pas trop pourquoi il fallait la changer de parce qu'elle fonctionnait relativement bien. Mais euh, on n'a même pas vérifié si le changement était bien fait et on a laissé les gens comme ça. Voilà donc euh, pendant trois jours en fait.

Finalement, le gars est venu que deux semaines plus tard pour X ou y raison. C'est pour ça que les les policiers sont parfois un peu sceptiques par rapport au changement, parce qu'en fait, ils ont déjà tellement vécu des changements ou la situation après.  était là, mais en fait non, c'est moins bien qu'avant quoi?

une deuxième généralité de la culture policière, c'est l'absence de confiance de la base vers la hiérarchie. Donc de manière générale, les inspecteurs qui forment la base du corps de police n'ont pas fort confiance dans leur hiérarchie et vous trouverez très très peu de policiers qui vous diront Moi, j'ai confiance en ma hiérarchie pour me soutenir en cas de problème.

Par contre, à l'inverse, beaucoup de collègues vous diront de vous couvrir et de tirer le parapluie.  alors tirer le parapluie, qu'est ce que c'est? J'explique en deux mots et la relation entre la base et la hiérarchie fera l'objet d'une d'un d'un podcast dédié. Mais donc tirer le parapluie, c'est quoi? Ben c'est en fait l'expression est assez imagée, c'est simplement on va vous dire de toujours prendre vos précautions pour vous protéger de des des éventuelles retombées de votre travail. 

le policier vit en permanence avec l'épée de Damoclès au dessus de sa tête. Qu'une de ses actions au travail lui provoque des conséquences graves dans son privé des perquisitions, privation de liberté, procès saisie de ses biens et il n'a clairement aucune confiance en sa hiérarchie et en l'institution policière pour mettre en oeuvre un cadre qui lui permette de gérer cela. 

OK alors attention ici l'idée c'est pas la hiérarchie qui doit couvrir une bavure, c'est pas du tout ça, mais c'est bien de soutenir son membre du personnel dans une action en justice. Après que le contrôle interne de la zone est validé, que le membre n'a pas commis d'erreur par exemple, ou même que son son officier regardé l'intervention et se disent bah oui, ici il y a, il n'y a pas d'erreur de sa part, on va le soutenir, on va l'aider, Non, non, ici c'est on prend bien sa distance et on le laisse se débrouiller tout seul.

Je reviendrai plus tard avec un exemple par rapport à ça. 

/

et je profite d'aborder le sujet pour donner un conseil à tous les collègues, qu'ils soient jeunes ou vieux, qui écoutent ce podcast, il faut vraiment absolument, absolument songer à prendre une assurance protection juridique.  Euh chez DASS ou un autre. Enfin, je précise ce podcast n'est pas sponsorisé. 

parce que ça vous, ça va vous coûter un peu d'argent, certes, mais le jour où vous aurez besoin d'aller consulter des avocats spécialisés, que ce soit en droit administratif, en droit pénal ou même pour votre privé, vous serez vraiment soulagé de comptez pas euh sur euh l'intervention de votre zone de police parce que elle est soumise à autorisation et elle n'est pas automatique ni à celle de votre syndicat.

Parce qu'elle n'est pas non plus automatique. Donc vous dépendez de quelqu'un qui peut vous dire oui ou non. Par rapport au fait qu'on va vous rembourser vos frais et à titre d'exemple, en deux mille vingt-trois une heure d'un avocat un peu compétent, spécialisé dans ce genre de matière, on est plutôt plus ou moins à deux cents euros.

euh TVA comprise de l'heure. Donc euh les montants peuvent s'envoler/

rapidement.

/ pour en revenir dans le fait que les les policiers de base, enfin les inspecteurs n'ont pas fort confiance dans leur hiérarchie. Souvent le policier de terrain doit compenser les déficits de l'institution en improvisant ce faisant. Euh bah quand il improvise sur le terrain parce qu'il doit résoudre une situation et que en fait l'institution ne lui en donne pas, ni les moyens ni le temps.

bah il doit improviser et il s'attend souvent à être puni par sa hiérarchie pour ne pas avoir su suivi la procédure standard alors même que elle n'était juste pas suiv. Parce que si on suivait cette procédure standard, on est noyé directement il y a, il y a tout un tas de cas comme ça. Enfin, notamment moi, j'ai travaillé dans une zone de police où la nuit, il y avait deux patrouilles.

C'était quand même deux à trois patrouilles. C'était une très grosse zone de de de police à Bruxelles et les effectifs ne suivaient pas du tout. et euh normalement bah bref, quand on fait euh, quand il y a un accident ou quoi, on est censé faire souffler la personne.  Eh ben c'était pas du tout automatique, on ne faisait pas du tout souffler tout le temps, Tout simplement parce que le fait de faire souffler quelqu'un ça allait immobile si il était positif ça allait immobiliser la patrouille pendant plusieurs heures, le temps de faire de l'administratif, de de s'occuper de monsieur, de faire dépanner le véhicule etc etc.

Et le problème c'est que pendant ce temps-là euh il restait une patrouille sur sur la zone et c'était une zone voilà une zone très, très compliquée, très criminogène. Et donc on on n'était pas capable de  d'assurer une une une sécurité, ne serait-ce que aux collègues qui devaient intervenir quelque part parce qu'ils allaient intervenir à deux quoi donc?

Euh donc voilà, ça, ça vous donne un peu un exemple du fait que parfois on improvise, on ne suit pas la procédure et parce qu'on n'a pas le choix sur le terrain. Et ça, c'est des décisions qu'on prend au plus près du terrain. Mais évidemment, s'il y a un souci par rapport à ça le gars qui va euh enquêter là-dessus il sera bien au chaud dans son bureau à quinze heures de l'après midi euh à côté du chauffage et lui il va peut-être pas avoir la même logique de terrain et donc euh donc voilà, ça peut vite devenir compliqué pour les policiers de terrain.



Et pour continuer dans dans ce style d'anecdote lors d'une mission sur le piétonnier bruxellois euh dont le but était de sécuriser de façon discrète la zone piétonne du Centre-ville l'état major à l'époque nous avait fait parvenir les consignes par mail et donc la la mission. C'était un samedi soir d'août et c'était pendant une vague de chaleur.

Il faisait trente-deux trente-trois degrés jusque minuit deux heures du matin  et danse mail surligné en rouge et mis en gras. La mention suivante. Port du gilet pare-balles obligatoire donc le but c'est de faire une mission en civil.  euh pour repérer Bah voilà s'il y a des des des, des bandes qui agressent des des touristes pour pour repérer les comportements problématiques quoi!

Et on nous demande de mettre notre gilet pare-balles en civil? Donc je précise on a des gilets pare-balles qui se mettent sous le t-shirt quand on travaille en civil. mais évidemment ça fait une carrure quoi. Enfin le c'est cinq six centimètres d'épaisseur. Bah oui enfin tout le monde voit bien et surtout au niveau des épaules tout le monde voit bien que vous avez un gilet pare-balles donc que vous êtes à priori soit flic, soit que vous vous apprêtez à braquer un truc.

Alors là vous avez une cagoule et donc voilà et euh et ça c'est pour illustrer le fait que la hiérarchie elle sait quand elle envoie son mail et qu'elle met en gras rouge surligné euh taille quarante port du gilet pare-balle obligatoire elle sait que c'est pas possible. On ne sait pas réaliser la mission euh en en appliquant cette consigne et elle sait très bien que on ne va pas le mettre.

On ne va pas le mettre, c'est sûr et certain, parce que ça ne sert à rien de sortir du commissariat avec ce truc là parce qu'on est repéré à deux cents mètres. Et le but de travailler en civil bah c'est précisément de ne pas être repéré. OK, donc elle sait très bien qu'on ne va pas le mettre, mais par contre s'il y en a un qui prend un coup de couteau ou une balle  et ben ils diront ah ben allez c'est vraiment scandaleux!

Les méchants inspecteurs n'ont pas mis leurs gilets pare-balles pourtant on l'avait écrit dans le mail, on avait mis en rouge souligné taille quarante-cinq qu'il fallait mettre son gilet pare-balles Donc nous on n'est pas responsable. C'est les méchants inspecteurs de terrain qui n'ont pas écouté et qui n'ont pas eu l'intelligence de mettre leurs gilets pare-balles. 

voilà et personne n'est jamais venu vérifier qu'on a mis notre gilet pare-balle évidemment, mais par contre eux ils ont tiré ce qu'on appelle le parapluie donc ils sont bien couverts. Si ça partait euh mal sur le terrain et que il y avait des blessés ben ils pouvaient nous dire ah bah regarde, t'as pas mis ton gilet pare-balle donc c'est ta faute, c'est pas la mienne alors même que la mission  ne le permettait pas. 

alors le troisième et le quatrième trait du policier en règle générale sont assez euh concomitants. Le policier est de manière générale un râleur alors c'est dur d'objectiver ça avec des des faits scientifiques mais je pense que tous les collègues euh enfin en tout cas la majorité des collègues abonderont dans mon sens.

c'est que le policier est par nature râleur. Je ne sais pas vous expliquer pourquoi scientifiquement, mais si vous allez si vous travaillez un jour dans un commissariat, vous vous rendrez compte que  quarante-cinq pour cent des collègues sont des râleurs. Alors c'est pas grave hein? Pas pas des mauvais râleurs mais voilà, ils ont tendance à râler pour tous.

Peut-être notre statut de fonctionnaire c'est peut-être. Voilà nos conditions de travail, je ne sais pas, mais le policier de base est un râleur et ça va assez bien avec le fait que ça c'est lié au métier. le policier est un pessimiste. donc la culture policière pousse au pessimisme. Un policier ne verra que très rarement une situation sous un oeil optimiste.

Il se demandera plutôt comment la situation va empirer. Alors peut-être qu'il s'agit d'une déformation professionnelle lors des interventions de terrain ou des enquêtes. La situation, elle, a toujours tendance à empirer avant de se résoudre. C'est très très rare, les interventions où vous arrivez et en fait ça se résout tout seul.

Vous ne devez rien faire. mais par contre souvent vous allez arriver, la chose va empirer que ce soit parfois vous arrivez sur une bagarre et au lieu de continuer à se battre bah il se bagarre avec vous. C'est du vécu. Je pense que la plupart des policiers pour vous confirmer donc le policier se prépare toujours au pire et imagine comment l'intervention qu'il est occupé à réaliser peut se dégrader.

Et alors? bah il en tire des informations et met en place des actions pour éviter le scénario du pire. Vous allez voir dès qu'un policier par exemple va intervenir sur une une situation. S'il y a une grosse pierre, une batte de baseball pas loin ou quoi, il va la prendre il va l'acheter plus loin pourtant le mec est peut-être hyper calme devant lui c'est peut-être quelqu'un de tout à fait correct qui jamais ne le ferait mais pas voilà le p Le policier ne va jamais prendre le risque.

Il va se dire Ouais, ici, si ça part en cacahuète, il y a une pierre. Là, il y a un truc, donc c'est c'est un instant de survie. Il est il est pessimiste. Euh, je ne sais pas si le mot pessimiste est est juste dans ce contexte là, mais il va se dire OK ici comment est-ce que ça peut dégénérer? Et comment est-ce que je peux prévenir le fait que ça dégénère comme ça?

J'ai pas à gérer les conséquences du fait que ça vient de dégénérer quoi Donc voilà le cinquième et dernier trait général, c'est que le poste initié il est résolu l'état d'esprit général euh des policiers ça peut il n'y a pas d'autre. Il y a pas de meilleur mot que résolu le policier. Il sait qu'il est pas parfait.

Il sait que ses interventions, elles ne sont pas parfaites, qu'il sait qu'il manque de moyens, qu'il est pas soutenu par sa hiérarchie et que le changement positif n'est pas pour tout de suite. Mais par contre, appel du cent et un après appel du cent et un, il fait ses missions, il essaie de faire son métier au mieux de ses compétences.

Et si la police belge tourne à peu près carré aujourd'hui au lieu de ne pas tourner du tout C'est grâce à l'ensemble des petites mains qui ont décidé que malgré tous les obstacles, malgré le police bashing, malgré les manquements en termes de moyens d'infrastructure, d'informatique, il faut faire le job et le meilleur mot pour décrire cette particularité de la culture policière belge.

C'est résolu, dont la définition, c'est qui sait prendre une résolution s'y tenir et les policiers belges, et je pense de manière générale, les policiers. En tout cas en Europe, on a pris la résolution  de faire notre métier du mieux qu'on peut. avec les moyens qu'on a. Et de pas de pas pousser la réflexion plus loin sur les moyens parce que de un ça nous rendrait malade.

Et de deux ça nous empêcherait peut-être de donner le meilleur. Mais d'ailleurs, à mon avis, c'est cet état d'esprit et cette caractéristique qui a empêché toute action syndicale significative au sein des forces de police. Car l'idée d'une grève est à l'opposé de cette mentalité. et je pense que la réflexion peut être étendue à l'ensemble des services de secours tels que les pompiers, les ambulanciers, le personnel hospitalier qui partagent tout cette mentalité de résolu.

On est sur le terrain, il y a un job à faire et on va le faire est-ce qu'on va le faire de la meilleure des manières. Non, on va le faire  au mieux de nos capacités, avec les moyens qu'on a et et et on va faire le travail sera fait à la fin de notre chiffre ou en tout cas, on sera allé le plus loin possible jusqu'au moment où on n'a plus d'énergie.

Et ça, ça caractérise quand même non? Neuf virgule neuf pour cent des policiers

Donc maintenant on a fini d'aborder le le pilier général de la culture d'entreprise, celui de la police en particulier, Donc être simple membre de l'institution. Quelles étaient les tendances et les comportements qu'on pouvait auxquels on pouvait s'attendre? On va parler un peu du, de la culture de la zone de police, donc rappelez-vous.

Il y a la culture de la police en général, de la zone de police et de la brigade ou de l'équipe dans laquelle on est. au niveau de la de la zone de police. Les zones de police ont un impact direct sur la culture d'entreprise policières des membres de leur personnel.  La culture policière d'une zone de police va dépendre énormément des éléments suivants.

Le type de population de la zone de police, le leadership de la zone, la structure de la zone en termes d'horaires, de matériel de formation, la qualité du contrôle interne et la prise en compte du bien-être du personnel.  ces critères vont faire en sorte que la zone développera sa culture particulière et qu'une zone de police peut être complètement différente d'une autre zone, alors même qu'elles sont limitrophes et partagent le même type d'intervention et de population. 

On peut voir ça par exemple sur entre B ouest et et la zone militaire. Pas du tout les mêmes cultures policières, alors que elles partagent enfin Anderlecht et Molenbeek, partagent quand même le même type de population  au niveau du type de population. la population de la zone de police entraînera immanquablement une culture d'entreprise différente car les problèmes à solutionner seront différents.

Pour imaginer la situation très facilement, prenons un exemple de zones bruxelloises. La zone de police Marleau et la zone de police Bruxelles Ouest, donc le  vers Molenbeek Bem Ganshoren  Et pour les non bruxellois qui nous écoutent, la zone Marleau est une zone majoritairement riche sont des communes. 

où il y a très peu de d'immigration  et où le salaire moyen est très élevé là où la zone de molenbeek est plus populaire et le salaire moyen bien bien moins élevé et on est sur une population à majorité musulmane du Maghreb, le type d'intervention que vous rencontrez, les policiers sont tout à fait différent parce que la culture sera tout à fait différente et donc la mentalité et la façon d'intervenir vont faire en sorte que il y aura deux cultures policières complètement différentes à Uccle ou à Molenbeek.



pour vous illustrer en quoi le type de population change la culture policière prenons l'exemple d'une intervention à Molenbeek dans un quartier densément peuplé. Dès que vous allez sortir de la voiture et que vous allez tenter de commencer votre intervention, les passants vont venir voir. Il va y avoir un attroupement autour de vous quasiment directement.

Il y a dix ou quinze personnes qui vous demandent Monsieur, qu'est ce qui se passe? Parfois? Pas forcément agressivement, parfois de façon très agressive, mais pas forcément. Et là, du coup, vous avez déjà directement une pression. Il y a une chape de plomb, tout le monde vous regarde, la plupart vont sortir leur téléphone et vous allez devoir gérer cette pression que vous n'allez peut-être pas avoir dans une zone comme la zone de police Marlow où là, quand vous allez faire votre intervention, la plupart des gens de un ils vont vous dire bonjour.

et surtout ils ne vont pas rester pendant deux heures regarder votre intervention de police. Il ne va pas y avoir quinze personnes directement autour de vous et les risques ne sont pas les mêmes. Vous faites une intervention sur UC. Les risques de se faire caillasser sont nettement  nettement moins présents que si vous faites la même intervention à Molenbeek  et cette ambiance va induire un comportement différent.

a Molenbeek, vous sortez de la voiture, il y a dix jeunes derrière vous, Il y en a un qui vient vous parler, vous vous êtes déjà tendu, donc vous risquez directement de répondre de façon assez agressive, tandis qu'à UC,  ça ne va pas du tout être la même situation. Et donc vous allez répondre beaucoup moins agressivement et ce sont des choses qui vont rentrer dans la culture policière de la zone. 

Il faut bien comprendre que le type d'intervention qu'un policier va rencontrer au quotidien va laisser une marque sur son comportement professionnel. Un policier qui est habitué à aller sur des bagarres de façon quotidienne aura un instinct beaucoup plus combatif et sera beaucoup plus prêt au combat qu'un policier qui est plus envoyés sur des tapages nocturnes.

En fait, la zone et le type de population sur la zone, qu'elle soit fort criminogène ou pas, va induire deux types de policiers différents. On n'intervient pas dans des quartiers chauds à Molenbeek comme on intervient dans un quartier tranquille à UC, le policier doit s'adapter.  à son environnement et à son intervention.

Et évidemment, à force de s'adapter au quotidien, il devient un peu comme ça. Donc un policier qui va toujours aller sur des bagarres va être beaucoup plus à l'aise sur une bagarre mais surtout va être peut être beaucoup plus combattant. Dès qu'il arrive sur une bagarre, il sait quoi faire et il va peut être prendre des actions beaucoup plus décisives.

que quelqu'un qui n'a pas l'habitude d'aller sur des bagarres. Donc il faut faire très attention quand on juge ça de l'extérieur parce qu'il faut prendre l'ensemble de l'image et pas uniquement un petit point et dire Ah oui, regardez  sur cette partie de l'image de l'institution ou du policier, on pourrait dire que bla bla bla bla bla il faut bien prendre l'ensemble de l'image et faire un desom par rapport à ça pour pouvoir poser un avis par rapport à une intervention ou par rapport à un comportement.

L'organisation du corps de police va aussi être très différente afin de répondre au mieux aux problèmes qui se posent sur son territoire. Et ces deux facteurs vont induire des pratiques professionnelles différentes.  Le deuxième point d'impact pour une zone de police, c'est le leadership.  donc le leadership d'une zone de police, ça aura un impact immense sur la culture d'entreprise de la zone.

Moi je vais vous parler de la de ce que je connais le mieux, c'est entre la zone de police, Bruxelles Midi et la zone de police de Bruxelles Capital X l ce sont deux zones qui couvrent un mix de population relativement similaire avec des quartiers populaires, des quartiers plus aisés et par contre le leadership de ces zones est diamétralement opposé. La zone de police de Bruxelles Midi est une zone dont le leadership est resté vacant pendant de longues années, sans chef de corps à sa tête, uniquement un chef de corps faisant fonction sans entrer dans les détails du pourquoi et comment. L'impact d'un manque de leadership sur la zone de police est immense.

En l'absence d'un bon patron une zone de police tombe vite à l'abandon.  des services entiers sont désertés puisqu'ils ont pas de vision sur l'avenir. La qualité moyenne du travail descend hein quand il n'y a pas de leadership c'est sûr, sûr et certain. Et euh et la zone de police peut vite devenir problématique.

Non pas parce que le personnel est moins compétent mais juste parce que s'il y a personne à la manoeuvre  il n'y a personne pour donner une direction. Tout le monde part dans tous les sens et tout le monde le fait un peu à sa sauce et donc du coup ça en ça crée tout un tas de points de friction. Voilà ça c'est vraiment c'est vraiment un souci. Par contre ce que je disais là avait plus trait à la zone de police de Bruxelles midi. Par contre la zone de police Bruxelles capitale XL qui a qui a ses propres problèmes aussi bah le le il est clair il est de relativement de bonne qualité.

On peut peut avoir son avis là-dessus, mais en tout cas moi je trouve qu'il est de bonne qualité et de manière générale ça tourne beaucoup mieux. Dans une zone où le LEP  est bon parce qu'en fait le leadership inf- influence directement la culture d'entreprise, on sait ce qu'on doit faire, on sait comment on doit le faire.

On sait ce qui est accepté ou n'est pas accepté.



Dans une zone de police où le leadership est compétent. En fait, les services qui composent la zone vont travailler tous entre eux.  Donc, c'est à dire que le service de garde va travailler en collaboration avec le service judiciaire, avec le service d'intervention, avec le service trafic.

Et tout le monde sait ce qui est attendu d'eux et quelles sont leurs missions? À quel moment est-ce que leur mission commence, à quel moment est-ce qu'elle termine? Et qu'est ce que leur service partenaire attend d'eux? Et on peut même aller plus bas au niveau de l'équipe, c'est la même chose quand vous avez un boss qui vous donne des bonnes responsabilités, qui vous dit toi tu fais la tâche AB toi tu fais la tâche c D et toi tu fais la tâche E F.

Évidemment, ça va rouler beaucoup plus facilement dans une zone où il n'y a pas  un bon leadership.  Chaque service va un peu faire ce qui l'arrange bien et pas trop regarder ce que font les autres. Et en fait chaque service va se sentir abandonné typiquement dans un dans une zone où parfois le leadership n'est pas là le service intervention, ils ont l'impression de travailler comme des dingues et qu'en fait les dossiers qu'ils initient ne sont jamais repris par la Jude alors peut-être qu'ils le sont!

ils sont juste pas au courant. Personne leur a fait un mais ça c'est un problème. Ça c'est c'est un signe d'un leadership dysfonctionnel, c'est que si on a l'impression que nous on fait tout le boulot et que personne d'autre fout rien dans la zone,  ben là il y a un souci. Alors soit c'est peut-être vrai et il y a vraiment un gros souci.

Soit c'est pas tout à fait vrai, mais il y a un problème de communication. Il y a un problème. Il y a un problème de leadership qui doit faire en sorte que les gens se sentent entendus et euh, et appréciés à leur juste valeur. 

pour terminer le point sur le leadership d'une zone de police. Il est important de comprendre comment le patron, donc le chef de corps d'une zone, est choisi  une zone de police. De manière générale, en Belgique, elle est pluri communale, donc elle comprend plusieurs communes. Prenons la zone Marleau par exemple.

Elle va reprendre Uccle, Waterford et ODM.  et donc ces ces zones, ces trois communes, elles vont se mettre ensemble pour former un conseil de police. Donc les trois bourgmestre feront partie du conseil de police et les échevins des conseils communaux seront seront représentés au prorata de leur score électoral dans le conseil de police. 

Et c'est ce conseil de police qui va choisir sur candidature le prochain chef de corps de la de la zone de police. Donc c'est une nomination politique.  On est donc en présence d'un système qui place un choix d'une importance capitale dans des mains de gens qui ne maîtrisent pas l'ensemble des données liées à ce choix.

Car est Che  ne donne pas les clés pour comprendre le monde policier, la situation de terrain et ne donne pas non plus la capacité de se poser les bonnes questions par rapport au choix de la bonne personne à même de gérer le corps de police. Donc outre le manque de compétence des échevins pour faire un choix avisé, il faut aussi tenir compte du contexte politique. 

où le futur chef de corps doit avoir une étiquette de la bonne couleur politique en adéquation avec les parties qui sont aux commandes dans les différentes communes  les nominations politiques dans le milieu policier placent rarement l'homme qui est le plus compétent à la tête de la zone de police, mais bien celui qui est le plus accommodant.

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imaginez-vous à la place du conseil de police. Votre rôle est de choisir le nouveau chef de la police. Vous allez entendre plusieurs prétendants pour le poste.

Il y en a un qui vous dit oui, il faut investir, on va reprendre le terrain dans certains quartiers où la police ne passe plus, on va faire des actions, on va tout faire en sorte pour pour que la police s'améliore et améliore son efficacité.

Vous dites Ah louable le gars qui passe après il vous dit bah écoutez moi, je ne vais pas vous demander plus d'argent. on sait que les budgets des communes sont assez tendus. Donc moi je ne vais pas vous demander plus d'argent. On ne va pas aller dans certains quartiers parce que voilà, ça va juste faire des problèmes. 

Mais par contre voilà, nous on va rester, on va rester tranquille et vous n'aurez pas de mes nouvelles pendant quatre ans et il n'y aura pas de vague.  évidemment, pour le monde politique, la tentation de prendre la deuxième personne. Pas de vague, pas besoin de mettre des sous. En plus, elle est elle est énorme parce qu'il faut se mettre à leur place.

Ils ont pas les clés pour comprendre comment fonctionne une zone de police, donc ils passent d'office par le chef de corps. Et s'ils ont un chef de corps qui veut tout changer et qui veut améliorer les choses, il va y avoir des frictions. Va y avoir du changement, ça va générer des problèmes. Il va falloir donner plus de sous.

et un gars qui vient et qui dit bon, on va faire comme avant, on ne va rien changer, on ne va pas demander plus d'argent. Ben c'est confortable évidemment en tant qu'homme politique d'entendre ça et de valider un discours pareil.

/ le point suivant, c'est la structure de la zone de police au niveau de l'horaire, du matériel, de la formation et de l'infrastructure. La structure de la zone de police et son fonctionnement interne ont un impact majeur sur la culture d'entreprise policières.  si l'horaire est adapté aux membres du personnel réfléchis dans le but d'accommoder les besoins de services et la vie privée des policiers, cela aura bien évidemment un impact sur la qualité du travail et sur les mentalités des policiers qui travaillent dans cette zone. 

De plus, si les jours de repos sont respectés, cela jouera aussi énormément sur la qualité du travail car un policier reposé qui a le temps de refaire son stock d'empathie sera un bien meilleur policier que celui qui doit remonter souvent. involontairement. Sur ces jours de repos, celui-là sera beaucoup plus rapidement en d'empathie. 

Les infrastructures sont aussi un problème majeur au niveau des services de police. L'environnement d'un commissariat affecte l'humeur et la motivation des policiers. Certaines zones possèdent des commissariats désuets et pratiquement dangereux pour le personnel.  Certains commissariats, il y a des rats, des problèmes d'humidité.

Les locaux n'ont plus été repeints depuis la fusion des polices en deux mille un. Les les locaux sont sales et donc évidemment, quand vous travaillez dans un environnement comme ça tous les jours que vous devez accueillir des gens qui portent plainte dans dans des dans des locaux qui n'ont jamais été repeints depuis vingt ans, dont le le mobilier est dégradé, le carrelage est dégradé. 

mais évidemment votre votre fierté de travail en prend énormément un coup, parce que vous vous en rendez compte que les conditions ne sont pas correctes, hein. Et ça joue énormément sur votre motivation puisque vous n'êtes pas forcément fier de faire ce travail dans des conditions pareilles. 

alors la formation, c'est aussi un point noir de la police et on y reviendra dans un podcast dédié à cela. Mais de manière générale, on voit une différence entre certaines zones qui investissent un peu plus dans la formation, enfin dans des formations de qualité. Et et les policiers de de ces zones se sentent plus à l'aise.

Moi, personnellement, moi, sur mes années de sur mes huit années de police, je compte sur les doigts d'une main les formations intéressantes que j'ai suivies.  pour deux raisons. Parce qu'on n'a pas le temps de suivre des formations, il faut tout le temps fournir du personnel pour divers services et parce que au niveau de ces formations, ben le la qualité et l'intérêt de ces formations est souvent aberrante. 

Typiquement en règle générale, une formation de police qui qui n'est pas maîtrise de la violence etc Donc il y a un truc théorique les quatre premières heures ce sont une vingtaine de où le professeur lit les textes de loi qui s'appliquent par rapport à la matière qu'on va faire après. c'est complètement aberrant.

Il n'explique rien. Il vous lit littéralement ce qu'il a mis sur le PowerPoint, donc la loi du douze janvier mille neuf cent deux contraignant, le  voilà. J'ai pas d'exemple comme ça en tête, mais vous voyez l'idée. Donc c'est c'est d'une réalité, c'est d'un intérêt presque nul alors parce qu'il doit effectivement passer la partie légale au peigne fin.

Mais voilà, il y a moyen de rendre ça un peu plus vivant et au-delà de ça le la qualité souvent des des des formations derrière. Même sans ce problème de, de technique, d'enseignement, on va dire ça comme ça est quand même vraiment très limitée.  La seule formation obligatoire, c'est la formation dite Gpi quarante huit qui doit être suivie quatre fois par an pour tous les policiers et qui comprend un mix de théorie de tirs de dojo et d'intervention policière.

Alors sur le papier, ça a l'air incroyable. mais uniquement sur papier. Bah je crois que ça, ça dépend très fort des zones et des moniteurs que vous avez, mais de manière générale les formations G P I Quarante-huit c'est pas incroyable, vous allez tirer trente cartouches et alors? Selon l'envie du moniteur ce sera un peu plus ou juste mécanique donc il y a des moniteurs qui vont faire des petits exercices et essayer de vous corriger.

Il y en a deux qui vont vous dire charger deux chargeurs de quinze munitions pa pa pa pa pa pa un changement de chargeur pa pa pa pa pa et euh terminer tchao bonsoir quoi donc après dix minutes vous avez tiré vos vos trente coups. Et après ça, vous avez un petit séjour au dojo pour avoir pour vous rappeler des clés de bras qui ne fonctionnent pas et que vous n'utiliserez jamais, jamais, jamais en rue puisque ça ne fonctionne pas.

Mais comme elles sont prévues dans l'arrêté royal et qu'il faut les rappeler, le moniteur vous les rappelle tout en vous disant ça ne fonctionne pas. Voilà. Et après vous avez le le module intervention policière alors il s'agit souvent des fouilles de personnes ou d'un contrôle d'un individu donné. 

C'est souvent donné par des moniteurs un peu Rambo qui sortent plus en rue depuis quelques années et qui enseignent des principes en total décalage avec ce qui se fait en rue.  un principe simple. On va vous dire Ah ben quand vous demandez une carte d'identité, le particulier doit tendre son bras. Vous tendez votre bras aussi et donc de bout de bras en bout de bras, vous allez du bout des doigts chercher sa carte d'identité, comme ça il y a deux mètres entre vous.

S'il veut vous mettre une droite, il ne sait pas le faire. Alors sur le fond, personne discute que oui, c'est bien d'avoir deux mètres entre lui et nous essayez de faire ça sur un trottoir à Bruxelles.  Euh vous allez lui dire monsieur, tendez le bras, tendez le bras et vous allez venir délicatement tend dans le bras.

Le gars va se foutre de votre gueule, tout le quartier va se dire mais c'est quoi? C'est quoi celui-là? Et surtout il y a juste pas la place quoi. Parce qu'il y a des gens derrière vous, vous allez être bousculé enfin on on ne sait pas faire ça. Et si je prends un exemple à la con mais des des des exemples de ce style là par rapport des décalages entre ce qui nous est enseigné et ce qu'on fait sur le terrain, il y en a, il y en a une pléthore 

/ ce qu'il faut retenir de l'impact des horaires, de l'infrastructure, de la formation et cetera sur la culture de la zone, c'est que ce sont des jauges que le policier va utiliser pour voir si sa hiérarchie se soucie de lui et quand trop de jaunes sont dans le rouge. Ben il y a un sentiment d'abandon qui impacte la culture policière de cette zone. 

Selon les zones de police, la mentalité de la zone est différente.  quand la zone est bien tenue au niveau du leadership, des horaires, du contrôle interne et du bien-être du personnel, la mentalité de chaque policier est relativement bonne et les comportements violents pessimistes ou je m'en foutiste sont plutôt l'exception que la règle.

Le problème, c'est qu'en deux mille vingt-trois, très peu de zones de police vont cocher l'ensemble des cases de cette  pire, certaines zones de police vont n'en cocher pratiquement aucune. On assiste dans certaines zones de police à la création d'une culture policière délétère. Violences répétées, harcèlement en interne, mauvais services aux citoyens comme des refus d'acter des plaintes,  renvoi vers d'autres zones de police pour acter la plainte, voire même des comportements carrément hors la loi.

Alcool en service, services de prostituées,  évidemment, ces dérives ne sont pas légion. Il ne faut pas noircir le tableau. La police belge, de manière générale, est intègre. Mais ils existent. et ils doivent être combattus bien souvent en interne. L'omerta est de mise et beaucoup de monde sait ce qui se passe.

Mais personne ne dira rien. Cette culture policière prend racine dans une zone qui est dysfonctionnelle et s'épanouit dans une équipe brigade qui l'est encore plus ce genre d'équipe. Bien souvent, l'équipe dite disciplinaire c'est-à-dire l'équipe où les plus fortes têtes et les policiers problématiques sont rassemblés.

doivent avoir un leadership exemplaire pour ne pas sombrer dans ces dérives. Et il existe des cas où malheureusement ce n'est pas le cas.  Je pense que la plupart des collègues dans dans certaines zones peuvent se dire Ah ouais, mais l'équipe numéro trois, je dis trois par ça l'équipe numéro trois Ouais, eux c'est vraiment c'est tous des sauvages avant de avant de causer enfin il y a il y a des équipes comme ça où en interne on elles ont une réputation alors est-ce qu'elle est toujours justifiée ou pas, ça je peux pas me prononcer mais en tout cas il y a il y a des choses qui se savent et d'où on ne fait rien  alors est-ce qu'il existe des zones de police dont la culture intrinsèque est dysfonctionnelle  Oui, c'est un secret de polichinelle au sein de la police, mais il existe des zones de police meilleures que d'autres.

Il existe des zones de police où la culture est à bien faire, les choses où le personnel est relativement bien pris en considération. J'insiste sur le relativement et et ces zones qui essaient de proposer un cadre de travail moderne. D'autres zones de police sont clairement à l'abandon et la motivation y est au plus bas.

Ces faits sont connus dans le,  dans le milieu policier et il y a plusieurs moyens  de voir si la zone tourne bien ou pas. Regardez la moyenne d'âge dans les brigades d'intervention si vous avez un  de fou furieux donc c'est-à-dire au bout de quatre, cinq, six ans les gens s'en vont  et ne reste pas dans la zone.

HM ça c'est déjà  une mauvaise indication Et puis regardez en fait le le nombre de condamnations judiciaires. Il y a des zones de police où bah voilà, il y a beaucoup plus de condamnations policières alors il faut reprendre en compte la taille de la zone de police. Évidemment, si vous comparez une zone où il y a cent personnes à une zone où il y a deux mille cinq cents policiers bah oui, vous allez peut-être avoir plus de condamnations policières dans la zone de deux mille cinq cent mais ça c'est juste un effet de masse mais par contre effectivement il y a des zones qui fonctionnent mieux que d'autres.

Et on peut l'objective grâce à ces deux critères.

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Il nous reste maintenant à aborder le dernier niveau de la culture policière c'est-à-dire la culture qui règne au sein de  l'équipe du policier.  Ce niveau est le plus impactant pour le comportement du policier. Alors ce qu'il faut bien comprendre,  c'est que la culture policière globale au niveau de l'institution impacte la culture zonale, la culture zonale dépendante de l'ensemble des facteurs abordés.

plus haut va elle impacter la culture d'équipe et c'est au niveau de la culture d'équipe que les normes de travail vont se définir.  C'est vraiment au niveau de la de l'équipe que les comportements acceptés et acceptables se font. Et c'est au niveau de l'équipe que l'éthique professionnelle se joue.

Une bonne équipe avec un leadership cohérent et compréhensif n'aura pas ou peu de policiers dysfonctionnels.  les policiers connaîtront le comportement acceptable qui est attendu d'eux. Et  la définition dans l'équipe de ce qui de ce qu'est un bon flic, et évidemment la définition de ce qu'est un bon flic dans les bonnes équipes est une bonne définition.

On va attendre du professionnalisme, de la compétence, un esprit d'équipe à toute épreuve. Euh un service aux citoyens tout en garantissant au policier un espace stable et et correct où il pourra s'exprimer et partager ses doutes avec ses collègues. Ça c'est un peu le le l'exemple type d'une bonne équipe. 

après, évidemment, dans les équipes dysfonctionnelles, vous aurez l'image du flic idéal, donc de ce qui est attendu, du flic qui sera différente. Les comportements acceptables, eux, seront dysfonctionnels, donc on acceptera des comportements qui normalement ne devraient jamais être acceptés et parfois même pire.

 Le flic idéal sera en fait un flic complètement dysfonctionnel pour exemplifier tout ça  dans ma carrière, j'ai connu des brigades où la culture de l'équipe était relativement dysfonctionnelle Je vais vous donner un exemple certaines équipes, le but c'était d'en faire le moins possible. 

Vous étiez un bon flic si vous parveniez à ne jamais rédiger de procès-verbal,  quand bien même l'intervention nécessitait un procès-verbal ben vous parveniez à comme on dit à Bruxelles, que ce soit à la garde ou à l'accueil.  l'équipe avait une tendance à renvoyer les gens pour le moindre détail manquant et à leur demander de revenir soit plus tard.

Et alors on fixer un rendez-vous à un moment où l'équipe ne travaillait pas, soit à carrément les renvoyer vers un autre commissariat? Le coup classique c'est vous avez perdu votre portefeuille à Bruges. Vous débarquez à Bruxelles pour dire bah j'ai perdu mon portefeuille et on vous dit ben non monsieur, il faut aller porter plainte à la police de Bruges ou alors ça ou si on a déjà souvent entendu, vous venez?

Ah ben on a cassé la vitre de mon véhicule à tel à dans telle commune et il y avait des caméras juste à côté. Ah monsieur, il faut aller porter plainte là où là où les caméras sont nous, on n'a pas accès à ça. Alors factuellement, c'est vrai qu'on n'a pas accès à ces caméras là, mais on peut très bien envoyer une demande et de toute façon la personne a le droit de porter plainte à cet endroit là.

et pour pour l'anecdote, cette équipe, cette équipe, elle avait trouvé le moyen d'éteindre l'enseigne lumineuse bleue du commissariat. Vous voyez les grosses enseignes qui sont affichées dans dans la rue et en l'éteignit. Ils éteignaient en parallèle les lumières du commissariat la nuit et en fait ils faisaient croire aux gens que le commissariat était fermé et ils s'assuraient comme ça que personne ne venait porter plainte au guichet.

Bah vu que les gens passaient devant le panneau lumineux était coupé, les lumières étaient éteintes, donc en fait bah voilà, ils disaient ok le le poste de police s'est fermé cette nuit

pour terminer, il est important d'expliquer qu'il y a des cultures d'équipes et des et de zones dysfonctionnelles. Mais j'insiste sur le fait qu'il s'agit d'une petite fraction des équipes et des zones de police et que le fait que de manière globale, la police belge est de qualité est un miracle. Et c'est le témoin de la grande force morale et de caractère des policiers.

Parce qu'au moment d'enregistrer ce podcast, l'ensemble des voyants de la police sont soit au rouge, soit à l'orange nous sommes critiqués, lynchés dans les médias et sur les réseaux sociaux. Notre statut social est détricoté par le gouvernement. Nous souffrons d'un manque de moyens chroniques et d'une justice à l'agonie.

Et malgré ça, le nombre de zones de police ou d'équipes ayant une culture policière dysfonctionnelle est restreint. Et ça c'est dû uniquement à la bonne volonté et aux efforts du personnel policier. Alors c'est sûr que dans les médias  on va toujours parler des des policiers qui font mal leur travail, qui vont finir en prison, qui sont jugés et cetera et cetera.

Mais enfin il y aura un podcast uniquement là-dessus mais il faut vraiment se rendre compte que évidemment sur l'ensemble des quarante-cinq mille policiers la fraction qui arrive dans les médias Mme on ne parle même pas de un pour cent des policiers mais évidemment elle fait beaucoup de bruit. Et l'attention médiatique se concentre sur ces quelques policiers qui font n'importe quoi mais c'est pas du tout représentatif du travail de l'ensemble du corps de police.