Voix de Flic

S2E3 La fusion des zones de police, les désavantages potentiels

F A Season 2 Episode 3

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Bonjour à toutes et à douce. Bienvenue dans wli. Dans les deux dernières épisodes, on a parlé fusion des zones de police bruxelloise. D'abord les enjeux politiques et opérationnels et ensuite les avantages concrets, mutualisation des moyens, cohérence, efficacité, etc. Aujourd'hui, on va regarder l'autre côté de la médaille. Toute réforme aussi prometteuse, soit elle comporte ces risques et dans le cas de la fusion, croyez-moi, il y en a quelques-uns. Le premier risque qu'on va aborder, c'est le risque d'une fusion politique plutôt coopération. C'est probablement le plus grand danger que cette fusion ne soit pas menée pour améliorer le service aux citoyens, mais pour des raisons purement politiques ou hiérarchiques. Je vous rappelle qu'on a déjà vécu ça lors de la fusion des zones de police dans les années 2000. Le gouvernement pour faire passer la pilule, a distribué les grades comme les petits pains. Des centaines de personnes ont été promues, commissaires de police sans examen, sans sélection, juste pour apaiser les tensions des membres du personnel. On appelait ça les commissaires tapis rouges. Est-ce que c'est une bonne ou une mauvaise chose? Chacun jugera. Personnellement, j'ai eu des commissaires tapis rouges qui étaient exceptionnels et d'autres qui étaient tout à fait mauvais. Donc il y a eu du bon et du moins bon, mais ça s'éteint à i personnel. Mais le résultat, c'est concert eux avec beaucoup trop de commissaires, trop de chefs pour passer d'Indiens. En fait, si vous me permettez l'expression, le problème est doucement en train de se résoudre de lui même parce qu'en fait, c'est commissaires qui ont été nommés en 2000 qui avaient plus ou moins 40 ans à l'époque, ils partent à la retraite pour l'instant. La leçon, elle doit quand même rester. Il ne faut pas acheter une réforme en distribuant des galons dans la fusion bruxelloise. Le risque, ce serait de multiplier les posts hiérarchiques pour replacer tout le monde et donc annuler les gains d'efficacité. Prenons un exemple concret pour que ça parle au plus grand nombre. Aujourd'hui, on a six chefs de dispatching, un dispatching par zone de police demain dans une seule zone, il n'en faudra qu'un seul avec un ou deux adjoints au maximum. Le passage de six postes à trois doit être assumé. Pas question de recréer des postes sur mesure juste pour caser les gens. Il y a plein d'autres zones de police en Belgique. Les commissaires trouveront une place ailleurs sans souci. Je m'inquiète pas trop pour eux pour les inspecteurs et les policiers de terrain, la fusion, elle changera pas grand'chose parce qu'on en manque partout. On manque d'inspecteurs, on manque d'enquêteurs, on manque d'agents de quartier. On manque de service spécialisé par contre pour la hiérarchie. Ça va être un vrai défi parce que grosso modo va passer de six postes à un poste avec un adjoint, mais une réforme, ça doit faire sens. Et c'est pas fait pour faire plaisir au à la hiérarchie actuelle. Un deuxième risque, c'est le risque de perdre la proximité avec les citoyens. Alors moi personnellement, j'ai pas de doute sur ce point, mais ça doit rester un point d'attention. La vérité, c'est que la police de proximité n'existe pratiquement plus à bruxelle. Pour des centaines de raisons et d'abord aussi parce que le terme police de proximité, mais ça ne veut pas dire grand-chose. Chacun ait ce qu'il veut. Mais si on parle de ce qui se rapproche, de ce qui se rapproche le plus aujourd'hui, c'est l'agent de quartier. Son rôle, c'est de venir chez vous pour faire votre domiciliation, gérer les problèmes de voisinage et maintenir un lien direct entre la police et les citoyens. Malheureusement, c'est une fonction qui souffre. Elle souffre d'un manque d'attractivité en interne, souvent vue, à tort, comme un poste planqué réservé aux policiers en fin de carrière, nos agents de quartier abattent un travail formidable autant pour les services aux citoyens que dans la collecte de renseignements utiles pour la police judiciaire. Le vrai problème, c'est que c'est pas une fonction prioritaire. Aujourd'hui, on n'arrive déjà pas à faire tourner correctement la police de première ligne. Donc l'intervention dans toutes les zones. Donc toute notre énergie est concentrée là-dessus au détriment du reste, est-ce que c'est bien ou pas? Chacun jugera, mais il y a aussi d'énormes disparités entre les services de quartier. Prenez par exemple une référence reconnue à Bruxelles, le service de quartier d'ixelles dirigé par un n pp bien connu du milieu, dont je tairai le nom par respect, mais que je salue au passage. Ce service a innover en mettant en place des managers de quartier, de nouvelles méthodes de coordination avec les citoyens, des procédures modernes et des partenariats efficaces. C'est évidemment ce genre de bonnes pratiques qu'il faut généraliser. Et justement, la fusion pourrait pourrait être l'occasion d'aller chercher le meilleur partout à Bruxelles et de standardiser ce qui fonctionne sans étouffer la créativité locale. Bref, la fusion doit simplifier la structure, pas effacer la proximité. Les commissariats de quartier doivent rester. Bien entendu, les agents de quartier doivent rester aussi, bien entendu, c'est la coordination qui change pas la présence dans les rues. Le troisième risque, c'est le risque de la lourdeur administrative, une fusion sur le papier. C'est beau dans la réalité, ce souvent souvent des années de paperasse. Il faudra harmoniser les logiciels. Je sais que ça va être compliqué, les uniformes, les procédures, les syndicats, les carrières, bref, un chantier gigantesque. Si c'est mal préparé, on risque de créer une usine à gaz. Et dieu sait qu'on est très, très fort en Belgique pour créer des usines à gaz dans cette usine à gaz, les policiers, parce qu' plus de temps à se battre avec leur ordinateur qu'à faire leur boulot sur le terrain. Je rappelle qu'on a déjà du mal à faire communiquer les six banques de données entre elles. Alors imaginer la fusion des six zones avec six cultures, six systèmes, six façons de coder un simple procès-verbal, c'est pas gagné, mais en fait, c'est ici que se joue la vraie bataille de la fusion, tiré l'ensemble des zones de police bruxelloise vers le haut, en sant mutuellement et en prenant le meilleur de chacune pour le généraliser à l'ensemble de Bruxelles. C'est le vrai coeur de cette fusion. Si on prend le meilleur de Paul bruy, le meilleur de marleau le meilleur de midi et qu'on le généralise au sein de la nouvelle zone là on va gagner en compétence. Là on va gagner en qualité et on va gagner en service aux citoyens. Mais c'est aussi extrêmement compliqué à faire, parce que demain, il va falloir s'entendre. Il va falloir être honnête. Il va falloir être bienveillant. Il va falloir être volontaire. Certains vont y perdre. Parce que quand on fait quelque chose depuis 20 ans et que du jour au lendemain, on vous dit ah ben, en fait, maintenant on va changer et on va faire autrement. Même si autrement est mieux, je peux vous garantir qu'il vaille y avoir des résistances au changement. Le quatrième risque, c'est le risque des inégalités entre les autres. Autre effet pervers possible, la redistribution des moyens. Certaines zones sont historiquement plus riches que d'autres cle évoluées auderghem dans la zone marleau contre molenbeek ou anderle. Les besoins y sont tout à fait différents et les réalités sociales sont beaucoup plus lourdes dans deux communes que dans d'autres. Si on fusionne sans transparence, les zones plus riches auront l'im pression de payer pour les autres et celles qui manquent déjà de moyens auront peur d'être oubliées. La réarticulation des forces doit doit donc être faite de façon réfléchie pour éviter ces sentiments, tout en gardant ceci à l'esprit, un problème d'insécurité à anderle ou à a des ans des impacts sur l'ensemble de la région, la criminalité, elle ne s'arrête pas à la frontière communale. Une amélioration à molen be courant en nole peut avoir des conséquences positives sur ucle et plus largement sur toute la région bruxelloise, laisser se développer des zones de non-it ou des foyers d'insécurité. Ça finit toujours par contaminer le reste. On le voit très clairement avec les fusillades liées au trafic de stupéfiants, le dévin, le développement de certains points de d'île non régulés a entraîné à entraîner des règlements de comptes et des attaques dans d'autres quartiers de Bruxelles. Avec des fusillades incontrôlée et aucune zone de police assez forte seule pour enrayer le phénomène. Voilà pourquoi la fusion doit viser une solidarité de sécurité et non une simple addition de budget. La fusion doit unir ses forces, pas les opposer. Et si c'est fait de façon opérationnelle, on va avoir une une redistribution des moyens peut être qu'on aura un peu moins de moyens all louer à certaines zones ou ce n'était pas nécessaire un peu plus là ou on n'en manquait. Et de ça, on doit tirer une force supplémentaire. Le cinquième risque, c'est le risque de perte d'identité et de culture de zone de police. Chaque zone de police à Bruxelles a développé sa propre culture de travail, sa méthode, son esprit, certaines sont plus sociales, d'autres plus opérationnelles, certaines plus rigids, d'autres plus proches du citoyen. Et c'est une richesse. Mais dans une fusion, il y a un risque réel de tout aplatir. Si on impose une seule façon de faire sans écouter le terrain, on risque de casser des dynamiques positives et de dé. Motiver ceux qui font la différence et surtout, sans faire de politiquement correct. On n'est pas policier à uccle comme on l'est à molenbeek, le policier doit s'adapter à son environnement et réagir différemment selon le contexte. C'est un des plus gros challenges du métier, savoir lire le contexte pour réagir de manière appropriée. Ça. Ça doit être pris en compte dans la politique de la zone et dans la manière de former les futurs collègues. Pour vous donner un exemple, très parlant, un jeune policier ardennais arrivé à la zone midi y à quelques années placé là à la fin de son décollage. Normalement pour cinq ans minimum, il venait d'un petit village dans les Ardennes, pas beaucoup d'expérience de la vie. Il va avoir 19 ans et quand il a débarqué à clemenceau ou peterbos, le choc a été énorme. Un jour, peu après ses débuts s'est fait cracher dessus. Il s'en est par pendant deux semaines, pourtant à anderle bah, malheureusement, c'est presque banal. Heureusement, après trois mois, la zone midi l'a libéré et il a pu postuler dans les Ardennes. La zone midi s'est dit bah, ecoute, ça va jamais à les gars. Il va, il va jamais s'habituer au terrains. C'est trop compliqué. Donc, au temps qu'il aille, poursuivre sa carrière ailleurs, alors que normalement il était censé rester cinq ans et là-bas. En fait un peu par hasard, projetai de la famille qui habite dans cette zone de police. Et j'ai reçu quelques années après des commentaires par rapport à cette personne. Et en fait, là-bas, il est devenu un flic hyper respecté à l'écoute compétent, presque une petite légende locale. Et en est réfléchissant. Je me suis dit que ce qu'on considère probablement comme m. Un très bon flic ici ne le serait peut-être pas là-bas. Et inversement. S'il ne s'adapte pas à son environnement, un policier peut vite être en décalage. Il peut être très bon dans une zone très mauvais dans une autre. Et ça illustre bien dans les extrêmes le point qu'il faudra garder un oeil. On n'est pas frika hue comme on l'est à molenbeek. Et aujourd'hui, les zones de police conditionnent pour le meilleur et pour le pire leur policier à leur environnement. Il faut une sélection dans l'embauche. Il faut une sélection dans leur formation. Il faut une sélection dans leurs feedback qui donne à leur policier terrain il faudra garder ça. Il ne faudra pas faire. Un document pour tout le monde et on s'en tient à cette procédure là. Ça, c'est vraiment, ça va. Il va falloir mettre un peu de d'intelligence là-dedans. Et donc ça peut vite devenir compliqué qu'il y ait une procédure quand on travaille dans certains quartiers et une autre quand on travaille dans d'autres. Pourtant ça, ce sont des réalités opérationnelles dont il faudra tenir compte. En conclusion, ben, la fusion, c'est comme un mariage sur le papier, tout paraît logique. On met tout en commun on mutualise, on partage. Mais si les valeurs ne sont pas les mêmes, si la confiance n'est pas là, ça peut mal finir. Le succès de cette réforme dépendra moins des discours politiques que de ceux qui la mettront en œuvre sur le terrain, des policiers, des chefs de service, des techniciens qui comprennent les réalités de la rue et du quotidien. La fusion des zones de police peut être une chance pour Bruxelles, à condition qu'elle soit faite avec intelligence, honnêteté et courage, pas pour les carrières, pas pour les symboles, mais pour le citoyen et pour une police plus cohérente, plus humaine. Le vrai risque, c'est que cette fusion des zones de police soit décidée par des gens qui ne connaissent plus les réalités opérationnelles de Bruxelles par des gens qui sont dans des bureaux depuis 10, 15, 20 ans, qui n'ont plus posé leurs fesses dans une voiture de patrouille depuis tout ce temps-là et qui, ok, ils vont essayer de faire de leur mieux. Mais en fait, ils vont rater le point et qu'il faut absolument que cette réforme soit mise en œuvre en tenant compte des réalités de terrain de Bruxelles, en impliquant les intervenants de terrain, parce que c'est eux qui savent ce dont ils ont besoin. Merci de m'avoir écouté. Vous venez d'entendre le dernier épisode de cette minisérie sur la fusion des zones de police. N'hésitez pas à partager, commenter et surtout à rester curieux parce qu'une réforme réussie commence toujours par une bonne compréhension. Dans le prochain épisode de wawi, on changera de registre et on parlera de l'intelligence artificielle dans la police belge entre fantasmes, outils réel et dérive possible. On verra ensemble ce que il y a peu ou ne peut pas apporter au travail policier.