Voix de Flic

S2E6 Doit on répondre aux débats sur la police avec nos amis et connaissances ?

F A Season 2 Episode 6

ourquoi tu n’es pas obligé de répondre quand on attaque la police

Repas de famille, soirée entre amis, verre entre potes…
 Et à un moment, le sujet tombe : la police.

Une vidéo sortie de son contexte, un fait divers, une remarque “bien pensante”…
 Et te voilà soudain sommé de t’expliquer, de te justifier, voire de défendre toute l’institution.

Dans cet épisode, on parle d’un piège classique du métier de policier :
 👉 la sensation qu’on doit toujours répondre.

On aborde :

  • pourquoi le métier de policier est un métier identitaire
  • pourquoi certaines discussions ne sont pas des débats, mais des procès
  • comment faire la différence entre ceux qui veulent comprendre et ceux qui veulent attaquer
  • pourquoi répondre systématiquement finit par user, rendre cynique et épuiser mentalement
  • et surtout : comment se préserver sans fuir, sans s’écraser, sans créer de conflit

Un épisode pour rappeler une chose essentielle :
 être policier, c’est un job. Pas une croisade.

🎄 À écouter particulièrement avant les fêtes…
 et à partager à un collègue qui en a besoin.

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Pourquoi tu n'es pas obligé de répondre quand on lance le débat sur la police. Salut à tous. Bienvenue dans voix de flic. Aujourd'hui, on parle d'un truc simple mais qui bouffe des carrières et des familles. Cette impression qu'on doit toujours se justifier, toujours argumenter toujours défendre la police en civil entre pote, même à Noël, même quand on a juste en envie d'être tranquille. Aujourd'hui épisode très concret, très vie réel, parce que je sais que ça arrive à énormément de collègues. Tu vas un repas de famille, tu vas boire un verre, tu es avec des amis d'amis et à un moment, ça tombe le sujet de police entre dans la discussion, soit parce que quelqu'un dégaine son GSM et montre une vidéo, soit parce qu'il y a eu un nouveau fait d'actualité, soit et c'est le pire parce qu'on vous a demandé ce que vous vous faisiez comme métier. Et c'est votre pote qui a répondu il est flic. Alors même que votre instinct vous indique clairement que les gens autour de vous ne sont clairement pas pro police Quand le sujet tombe, tu sens déjà ton corps qui se met en mot de service. Tu sens que ça risque de partir dans un débat qui va durer 45 minutes et ou bizarrement, tu es le seul à devoir prouver des trucs. Et moi aujourd'hui, je vais te dire un truc qui paraît évident, mais qu'on oublie. Tu n'es pas obligé de répondre. Et surtout, je vais expliquer pourquoi c'est difficile de ne pas répondre comment faire la différence entre les gens qui veulent comprendre et ceux qui veulent juste attaquer et comment te préserver. Parce que sinon ça finit par te bouffer à petit feu. Et si tu n'es pas policier mais que tu écoutes ce podcast, tu peux aider tes pod de flics à ne pas se faire avoir bêtement en soirée et être coincé. Ils t'en remercieront. Pourquoi est-ce qu'on sent obligé de répondre déjà? Faut comprendre un truc chez nous. Le métier est identitaire. Tu n'es pas un gars qui fait juste un job. Tu es flic et ce mot-là, il te colla la peau même quand tu sors du commissariat, il faut bien garder ce truc en tête. C'est un job, pas une croisade, parce que l'un des pièges du métier, c'est qu'il te prend tellement. Qu'il devient une partie énorme de ton identité. Et du coup, quand quelqu'un critique la police toi, tu n'entends pas une critique abstraite d'une institution. Tu entends toi et tes collègues. Vous êtes des connards. Ton travail est sale. Ce que tu fais n'a pas de valeur. Tu es le problème. Et là, évidemment, ça déclenche de la colère. C'est normal. Beaucoup d'entre nous réagissent avec colère parce qu'on a l'impression qu'on nous critique personnellement ou qu'on insulte nos collègues, sauf que le problème, c'est le suivant cette colère. Si tu la nourri à chaque discussion, elle te bouffe et soyons honnêtes dans le contexte sociétal actuel. Quelle conversation sur la police se termine par une personne qui vous dit en tout cas, mec, chapeau de faire ce job là. Continuez le bon boulot les gars, en ans de service. Moi, je me rappelle pas d'une issue comme ça, par contre les oui, mais là, l'usage de la force, c'est abusé ou le traditionnel. Il aurait pu tirer dans la jambe ou dans la main. Voir les tous les flics adorent taper. Ce sont des frustrés en manque d'autorité, etc, etc. Ça, on en a plus cassé. Quand vous prenez ces avis et ces jugements en pleine face à chaque discussion sur la police, ça use et ça renforce plein d'autres problèmes qu'on rencontre dans la carrière avant de lancer le sujet sur l'utilité de répondre ou non quand on est interpellé sur la police. Petit types, comment ne pas se faire coincer sur le sujet? La première solution, c'est de dire à vos potes, avant la soirée que vous préférez prendre la décision, vous même d'expliquer ce que vous faites ou pas. Et la deuxième chose, c'est qu'il faut préparer une piste de sortie sur la question. Tu fais quoi? Dans la vie? Personnellement. Je répondais. Que j'étais un simple fonctionnaire et en cas de question un peu plus poussée. Et si je sens que la personne va me prendre la tête, je réponds fonctionnaire aux pensions. Alors si votre interlocuteur a moins de 55 ans, votre job fictif fonctionnaire aux pensions, ça ne l'intéressera pas du tout. Il arrêtera de poser toute question, évidemment en réunion de famille, ça, ça ne fonctionne pas parce que les gens sont bien au courant de ce que vous faites. On reviendra plus loin dans le podcast sur comment dévier les questions auxquelles on n'a pas forcément envie de répondre. Mais donc la grande question, faut-il répondre quand on est interpellé sur le débat policier, il y a deux options quand on te prend à partie sur la police, t'as deux choix. L'option a, c'est répondre et à argumenter l'option b c. Ne pas répondre et dévier le sujet. L'option a elle est géniale et hyper intéressante pour nous. Autant en tant qu'humain que pour l'institution policière, car tu vas expliquer des trucs qui pour nous, sont basiques, mais pour le citoyen sont complètement inconnus. Tu vas expliquer le cadre légal, la réalité du terrain, la nécessité, la nécessité ou pas d'une intervention. La complexité de maîtriser un individu qui ne veut pas se laisser faire la procédure qu'on suit, etc, etc. Tout un tas de sujets qu'un média classique n'aborde pas ou de manière très superficielle parce que ça n'apporte pas de buzz. Et donc ça ne fait pas vendre de papier. C'est triste. Mais aujourd'hui, les médias vendent du buzz et la police est un excellent pourvoyeur d'histoire. Donc le traitement médiatique est parfois orienté vente d'histoire plutôt qu'explication de phénomène complexe. Parfois c'est utile de répondre et d'expliquer parce qu'on ouvre les yeux des gens, surtout quand t'es en face de toi quelqu'un qui est curieux, qui doute et qui est capable d'écouter l'option b. Ne pas répondre déjà, il faut commencer par dire que l'option b est tout à fait ok, on a le droit de ne pas répondre. Tu n'es pas la police et tu n'es a priori pas son porte. Parole officiel. Dire je n'y étais pas. Je n'ai pas tout l'élément. Je suis en civil. Je ne suis pas là pour parler. Boulot. C'est une solution tout à fait viable et tout à fait correcte. Comment choisir quelle option prendre. Mais c'est ça la vraie question et ça dépend tout simplement de ce que tu as en face de toi. Il faut comprendre l'intention des gens. Il y a des gens qui posent des questions parce qu'ils veulent comprendre et il y a des gens qui posent des questions parce qu'ils veulent te piéger. Tu le sais, certains débats sont des procès et la ligne est très claire. Il faut éviter les discussions avec ceux qui sont trop éloignés. On ne doit pas s'épuiser à tenter de convaincre ceux qui ne nous écoutent pas. On a tous déjà vécu cette situation, une personne qui nous pose une question piège du genre. Là, on voit clairement que le policier utilise beaucoup trop de forts ceux illégal et bien sûr, il n'aura rien. En fait ici, ce n'est pas une question qui nous pose. C'est un jugement qu'il nous partage. Et cette même personne, si vous exprimez un avis différent du sien, vous dira c'est toujours la même chose avec la police. Vous vous serrer les coudes, vous vous couvrez en cas de bavure, vous effacez l'épreuve de vos collègues. Vous jouissez d'une impunité. Bref, la seule réponse qui apaisera cette personne, c'est d'être d'accord avec lui. Entre parenthèses, ce genre de personnes sont souvent des personnes qui prônent la différence comme valeur et la liberté d'opinion, sauf quand cela raconte leurs intérêts et leurs croyances. Alors là, ce n'est plus bon fin de parent. Évidemment, quand vous êtes devant ce genre de personnes, la question de la pertinence de répondre est légitime de mon expérience. Comment je fais le tri à l'oral, mais il y a les signaux qui valent la peine. Le premier signal qui vaut la peine c'est la personne te laisse parler sans interrompre toutes les trois secondes. Elle pose des questions sur le contexte. Elle est capable de dire ok, je n'avais pas vu ça. Elle accepte la nuance et elle te reconnaît une expertise sur le sujet qu'elle ne possède pas. Puis après, il y a les signaux pair de temps. Ce sont les red flag. Alors la personne a a déjà tout décidé. Elle te sort des slogans, des généralités. Chaque réponse que tu donnes devient une nouvelle accusation et elle veut te faire dire un truc. Elle ne veut pas comprendre à ce moment là, ne pas répondre. C'est pas vraiment une faiblesse pour moi, c'est plus une stratégie de sur. Ok, mais du coup, on arrive à une autre vraie question qui se pose. C'est pourquoi est ce que c'est si difficile pour un flic de juste se dire ok, laisse tomber ce gar n'en vaut pas la peine et de passer à autre chose. Pourquoi sur ce sujet là, bien plus que sur d'autres. On est directement mis en tension. La réponse est assez simple. Notre cerveau n'est pas câblé comme celui de quelqu'un qui ne fait pas le métier en service. On est en mode hyper vigilance. On observe tout, on analyse tout, on anticipe tout notre cerveau y tourne à 200 c'est ce mode là qui te garde envie et en sécurité sur la voie publique et ton cerveau associe police à l'hyper vigilance. Le problème, c'est que ce mode se déclenche quand le sujet police arrive dans une discussion, ton cerveau ne fait pas toujours une grande différence entre une intervention potentiellement dangereuse et un débat de salon avec quelqu'un. Qui n'y était pas sur place pour lui. La police, c'est, il faut mettre le système en mode hypervigilance pour un bar. Si tu veux un élément qui prouve un peu cette théorie, j'en suis sûr que tu as déjà connu des moments dans la vie privée ou tu es apathique. La discussion en cours ne t'intéresse pas et tu es en mode zombie, puis ta copine ou en pot te demande de raconter ta dernière course. Poursuite à pied et là switch, tu racontes l'histoire en étant plein d'énergie hyper taqué. Puis une fois que l'histoire est racontée avec que le sujet change, tu te remets doucement en mode zombie. Eh bien, ici ton cerveau, il a reconnu une situation policière et il a appuyé sur le bouton plein gaz. Et c'est ce qui arrive quand quelqu'un te dégaine la dernière vidéo à la mode sur la police, tu passes automatiquement en mode service, en mode justification, en mode de défense, en mode de combat. Et à ça s'ajoute à un autre truc très spécifique à notre métier. C'est la pensée binaire en intervention. On va penser en noir et blanc en oui, non danger, pas danger. Et c'est nécessaire parce que sur le terrain, tu n'as pas le luxe de philosopher quand une situation dégénère, la situation est soit dangereuse, soit elle est sait, mais il n'y a pas d'entre deux. Mais le problème, c'est que tu continues à fonctionner comme ça en dehors du boulot, surtout. Quand tu vas te retrouver en situation d'hyer vigilance petit à petit. Tu vas te rendre compte que soit d'accord. Soit tes contre. Soit les gens sont géniaux, soit ce sont des comptes, soit ils soutiennent la police, soit ils sont anti et à force, tu vas perdre la nuance. Et quand tu perds la nuance, les discussions deviennent plus compliquées. Les relations se tendent et ta vie sociale commence doucement à s'abîmer. Donc non, ces débats sur la police ne te détendent pas. Mais pour toutes ces raisons, tu as du mal à ne pas aller dans le débat. Ces débatte fatigue, ils te remettent dans un état mental dont tu es justement censé sortir. Quand tu es en repos, il faut garder le cap. Alors garder le cap, ça veut dire plusieurs choses très concrètes déjà. Il faut accepter que le monde ne pense pas comme tout et surtout accepter que tu n'es pas obligé de convaincre tout le monde. Il y a un truc très important, intégré et qui fait souvent mal à entendre aux personnes autour de nous, c'est que la majorité des gens qui en a vie très tranché sur la police. N'ont jamais été confrontés à la réalité du terrain. Ça, ils ont beaucoup de mal à l'entendre dans ta carrière. Tu vas croiser des gens de ton entourage très sur deux, très bavard, mais sans aucune expérience concrète. Une phrase que j'aime bien garder en tête, surtout pendant les fêtes, c'est qu'il faut le faire la différence entre ceux qui ont un vécu de terrain et ceux qui ont un a avis de terrain dans certaines familles, dites bien pensantes le sujet de police rassure. Il permet de ranger le monde en deux cas simples, les gentils, les méchants. Nous on sait que, malheureusement, la réalité est beaucoup plus sale, plus foulu, plus complexe. Et parfois, il faut accepter un truc frustrant mais essentiel. Tu ne gagnes rien à parler avec certaines personnes. Par contre, tu peux gagner beaucoup en protégeant et en évitant le sujet, mais concrètement, quoi dire, comment s'en sortir sans déclencher un conflit. Maintenant, on va être un peu pragmatique parce que tout ça, c'est très bien. C'est très joli en théorie, mais en vrai, il faut des phrases qui marchent pour se sortir du piège sans froisser les gens. Et il y a différentes approches. Il y a la phrase cadre. Je suis en civil, je ne parle pas boulot ce soir. C'est clair, c'est posé, c'est pas agressif. Voilà. Puis il y a le, je n'ai pas les éléments. Je n'y étais pas. Je ne veux pas commenter une vidéo de 20 secondes. Tu n'es pas le problème. Tu refuses juste de jouer à l'expert sur un extrait sorti de son contexte. Il y a aussi l'approche de je comprends l'émotion. Je comprends que ça choque. Le problème, c'est que la réalité du terrain ne rentre pas dans un extrait que t est en train de me montrer ça. C'est très bien parce que tu reconnais l'émotion s'en valer, l'accusation. Il y a la sortie élégante. On en parle une autre fois si tu veux, mais pas maintenant traduction, tu fouilles pas le sujet. Tu choisis juste le moment d'en parler je vais terminer. Ce sujet avec une idée très simple, c'est qu'être policier. C'est un métier identitaire. Et c'est pour ça que les critiques nous touchent aussi fort. Mais si tu transformes chaque critique en combat, tu vas finir par user, voire peut être même devenir cynique. Alors rappelle toi, tu n'es pas obligé de répondre. Tu n'es pas obligé de convaincre é vite ceux qui n'écoutent pas gar nuance parce que la polarisation de ton avis, c'est vraiment pas bon. Et surtout, c'est un job, pas une croisade.