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Marie Curie face au scandale et à la xénophobie - Pourquoi a-t-elle bien failli ne pas avoir de deuxième prix Nobel ? / Comment bien prononcer "adultère", "industriel" et "réduction" ? - DELF A2 / B1

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Bonjour mes chers mangeurs d’escargots !

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Comme promis, je vous raconte aujourd’hui la suite de l’histoire de Marie Curie, la scientifique franco-polonaise aux deux prix Nobel. Je vous raconte pourquoi elle a bien failli ne pas recevoir (= she almost didn't receive) son deuxième prix Nobel à cause d'un scandale.


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Bonjour mes chers mangeurs d’escargots !

Merci beaucoup de vous être inscrit(e) à la version Premium de mon podcast. J’espère que vous trouverez ça intéressant et utile pour progresser en français. Vous trouverez la transcription en PDF en cliquant sur le lien BuyMeACoffee.com qui est dans la description de l’épisode. Il faut aller dans la boutique (the shop) et là, vous pouvez télécharger (= download) la transcription gratuitement. Si vous avez des problèmes, n’hésitez pas à m’envoyer un message à escargotpodcast@icloud.com. C’est écrit dans la transcription. Bien, je commence.

Comme promis, je vous raconte aujourd’hui la suite de l’histoire de Marie Curie, la scientifique franco-polonaise aux deux prix Nobel. Dans l’épisode de samedi dernier, je vous ai dit qu’au XIXème siècle, les femmes polonaises n’avaient pas le droit de faire des études supérieures, c’est-à-dire aller à l’université. Je vous ai expliqué que c’était pour cette raison que Marie et sa grande sœur Bronia étaient parties étudier à Paris. Je vous ai aussi dit que les hommes étaient à cette époque très misogynes. Cependant, il faut rendre hommage à Pierre Curie, le mari de Marie de Curie, qui n’était pas du tout misogyne et respectait énormément son épouse. Au fait, ce n’est pas facile à dire, ça : « le mari de Marie Curie », même pour moi qui suis français. 😅 

Bien, comme dans le dernier épisode, je vais utiliser le présent historique (ou présent narratif) pour vous raconter la suite de l’histoire de Marie Curie. 

En 1903, les époux Curie et Henri Becquerel apprennent qu’ils ont été choisis par le jury pour le prix Nobel de physique. Ils sont bien sûr très heureux ! Cependant, cette joie est gâchée quand Pierre Curie apprend que le nom de sa femme ne figure pas sur la liste des lauréats. Un lauréat ou une lauréate, c’est quelqu’un qui a gagné un prix dans un concours. Choqué par cette grande injustice et très en colère, Pierre Curie menace de refuser le prix Nobel si son épouse n’est pas elle aussi, comme il se doit, récompensée. Quel courage ! Et quel sens moral ! Je ne sais pas si tous les scientifiques auraient fait la même chose à sa place. Tout est bien qui finit bien puisque finalement, grâce à l’insistance de Pierre, Marie Curie peut partager le prix Nobel avec ses deux collègues masculins. 

Malheureusement, Pierre Curie meurt quelques années plus tard, en 1906, dans un stupide accident de la circulation à Paris. Alors qu’il traverse la rue, il ne remarque pas une voiture à cheval qui arrive à toute vitesse. Il se fait renverser et meurt sur le coup (= instantanément). Avant de mourir, Pierre Curie était depuis quelque temps professeur à l’université de La Sorbonne, à Paris. On propose alors à Marie de remplacer son défunt (= mort) mari pour donner des cours. Elle accepte et devient ainsi la première femme professeur de la prestigieuse université parisienne. 

Elle donne son premier cours le 5 novembre 1906 et beaucoup de journalistes, artistes, personnalités politiques et femmes du monde (= de l’élite) viennent y assister. Pour les féministes, c’est une formidable victoire et une grande avancée pour la société française. Un journal qui défendait la cause des femmes titre même ironiquement : « Le temps est proche où les femmes deviendront des êtres humains ! ». 

Quelques années plus tard, en 1911, Marie Curie reçoit un deuxième prix Nobel, cette fois-ci de chimie, pour la découverte de deux éléments : le radium et le polonium, nommé ainsi en référence au pays d’origine de la scientifique : la Pologne. Cependant, un scandale risque de lui faire rater sa récompense. Après la mort de son mari, souffrant surement de solitude, elle s’est peu à peu rapprochée de Paul Langevin, un scientifique avec qui elle a collaboré pour ses recherches. C’est ainsi qu’en 1910, alors que Marie Curie n’a que 43 ans mais qu’elle est déjà veuve depuis quatre ans, une liaison amoureuse passionnée commence entre les deux scientifiques. Le problème, c’est que Paul est marié et qu’il a des enfants. Cependant, ce mariage le rend malheureux car sa femme est très méchante, selon ses dires. Langevin loue alors un petit appartement dans le quartier Latin pour rencontrer discrètement sa géniale amante. 

Mais en novembre 1911, c’est la catastrophe : un journal nationaliste découvre leur relation et la révèle à tout le monde. C’est apparemment le beau-frère de Langevin, c’est-à-dire le frère de sa femme (P-S : désolé mais l’information n’était pas très claire : selon certaines sources, c’était le beau-frère de Paul Langevin, mais selon d’autres, c’était le beau-frère de sa femme), qui a transmis ces informations aux journalistes après avoir volé des lettres d’amour du couple dans leur appartement. En plus de cela, une interview de la femme de Paul Langevin est publiée. Elle y est bien sûr présentée comme la victime de cette histoire et affirme qu’elle était au courant (= elle savait) de cette liaison (amoureuse) depuis trois ans. Toute la France « bien-pensante » est émue par l’histoire de cette « pauvre femme ». Mais elle oublie de dire qu’elle rend la vie de son mari impossible depuis des années, en étant même parfois violente. Elle lui a par exemple cassé un vase sur la tête car il ne gagnait pas assez d’argent avec ses recherches scientifiques (N-B : j’ai entendu ça dans un podcast de France Inter sur Marie Curie dont je vous mets le lien dans la description). Pourtant, Paul Langevin n’est pas n’importe qui dans le monde de la science : il concurrence même Albert Einstein, avec qui il est ami, dans ses recherches sur la relativité. Mais ce n’est pas le progrès scientifique qui intéresse sa femme. Ce qui compte pour elle, c’est l’argent. Et à force de le harceler, elle rend son mari dépressif. C’est pour cela qu’il tombe amoureux de Marie Curie, qui est tellement plus gentille avec lui, tout en comprenant sa passion pour la science, bien sûr. Marie Curie n’est pas non plus intéressée par l’argent. La seule chose qui compte pour elle, c’est le progrès scientifique. 

Il faut d’ailleurs que je vous cite une phrase d’Albert Einstein la concernant. Il a dit « Marie Curie est la seule personne que la gloire n’ait pas corrompue ». En effet, son mari et elle ont par exemple toujours refusé de faire breveter leurs découvertes parce que selon eux, le radium (et la science) appartient à tout le monde. Pourtant, ils auraient pu gagner beaucoup d’argent grâce à ça. Et le problème, c’est qu’à cause de leurs belles idées, ils étaient pauvres… Faire breveter une invention, ça veut dire déposer un brevet pour avoir des droits dessus (des copyrights), et ainsi gagner de l’argent tout en évitant d’être copié par d’autres personnes. Apple a par exemple fait breveter son Iphone. Bref, revenons à l’histoire de Paul Langevin, l’amant de Marie Curie. 

Il est malheureux dans son mariage depuis plusieurs années, mais peu importe les sentiments de cet homme faible de caractère qui n’avait pas le courage de quitter sa femme, cette relation adultère entre un homme marié et une veuve choque profondément la France puritaine et conservatrice de l’époque. Une veuve, et un veuf au masculin, c’est quelqu’un qui a perdu son mari ou sa femme. Il faut bien ouvrir la bouche pour prononcer « veuf / veuve ». Bref, la France est choquée par cette affaire. Certains déclarent même qu’on devrait retirer la nationalité française à Marie Curie et la renvoyer dans son pays d’origine, la Pologne. En effet, les milieux nationalistes d’extrême-droite profitent de cette occasion pour critiquer les étrangers « qui viennent corrompre la bonne moralité des Français », selon eux. Marie Curie est accusée de vouloir briser (= casser) un couple mariée. Certains antisémites commencent aussi à se demander si la scientifique n’aurait pas des origines juives, puisque les Juifs sont nombreux en Pologne. Des gens en colère viennent même la harceler jusque devant chez elle en criant leur colère sous ses fenêtres. La pauvre Marie est terrorisée et commence à paniquer. Pour bien comprendre le contexte, il faut savoir qu’en 1911, cela ne fait pas très longtemps qu’a eu lieu l’affaire Dreyfus, un événement historique qui a divisé la France et qui est un symbole de l’antisémitisme en France, car un officier juif de l’armée a injustement été accusé de trahison. J’en ai un peu parlé récemment et je vous en reparlerai plus tard dans un autre épisode car c’est passionnant. Bref, ce scandale concernant une étrangère soi-disant (= so-called) juive est une excellente occasion pour les gens xénophobes (= qui détestent les étrangers) d’extrême droite pour attiser la haine contre les étrangers, et encore plus contre les Juifs. Pourtant, Marie Curie n’était pas juive (= Jew), mais chrétienne. « Attiser la haine », ça veut par exemple dire faire de la propagande pour que la population déteste une certaine catégorie de personnes : les étrangers, les Musulmans, les Juifs, les homosexuels, etc. 

Suite à ce scandale, beaucoup de gens exigent aussi que Marie Curie arrête d’enseigner à l’université de la Sorbonne. Ils estiment en effet que cette affaire d’adultère est un mauvais exemple pour ses élèves. « Adultère », c’est le fait d’avoir volontairement des relations sexuelles avec une personne autre que son conjoint, c’est-à-dire son mari ou sa femme (par exemple, avoir un amant ou une amante). À l’époque de Marie Curie, on pouvait être condamné pour des affaires d’adultère. En France, l’adultère n’est plus un acte illégal depuis 1975, ce n’est pas si ancien, quand on y pense ! Cela signifie qu’il n’est plus possible de porter plainte contre une personne pour adultère. Bien sûr, dans des cas de divorces, ce genre de comportement est pris en compte, mais par exemple, une femme ne peut plus attaquer en justice l’amante de son mari. Le contraire est bien sûr aussi vrai : un homme ne peut pas attaquer en justice l’amant de sa femme. Mais la société était bien différente à l’époque de Marie Curie ! 

Au même moment que ce scandale d’adultère éclate, début novembre 1911, Marie apprend que le prix Nobel de chimie va lui être décerné. Elle a bien failli ne pas recevoir (= she almost didn’t receive) la prestigieuse récompense à cause de cette affaire, mais elle est tout de même finalement récompensée pour son travail. Cependant, l’Académie Nobel lui conseille de ne pas venir récupérer son prix en personne, afin d’éviter un nouveau scandale. Mais Marie Curie était une femme fière (et elle avait bien raison !). Elle a donc ignoré ces recommandations : malgré ses problèmes de santé et la peur d’être huée par une foule puritaine en colère, le 10 décembre 1911, elle reçoit avec dignité (N-B : on ne prononce pas le G, comme dans le mot « magnifique ») son prix Nobel de chimie à Stockholm. 

En 1912, Marie Curie et Pierre Langevin finissent par se séparer. Elle jouera un grand rôle pendant la Première Guerre mondiale en proposant, accompagnée de sa fille Irène qui l’assiste, ses services pour réaliser des radios des blessures des soldats. On pense que c’est en grande partie à cause de ces examens radiologiques et de ses manipulations du radium, réalisés sans aucune précaution (c’est-à-dire sans faire attention aux risques, sans se protéger), que Marie et sa fille tomberont malades et mourront plus tard. Apparemment, Marie n’a jamais voulu admettre que c’était la radioactivité qui la rendait malade. 

Je n’ai malheureusement plus le temps de vous raconter l’histoire d’Irène Joliot-Curie, une des filles de Marie Curie, qui était elle aussi une femme extraordinaire. Joliot est le nom de son mari. Ensemble, ils ont reçu le prix Nobel de chimie en 1935. Et Irène Joliot-Curie est devenue la première femme à entrer au gouvernement français. Elle n’a pas été nommée ministre mais secrétaire d’État, ce qui est déjà un poste très important. Bien, je m’arrête là car cet épisode commence à être trop long. Si vous voulez en savoir plus sur Marie Curie, vous pouvez aller visiter son  musée situé dans le cinquième arrondissement de Paris, 1, rue Pierre et Marie Curie. Je n’ai pas encore eu la chance d’y aller mais ça doit être intéressant. Bien, je vais maintenant vous faire un petit test de compréhension orale, pour vérifier que vous avez bien tout compris. Prenez bien votre temps pour répondre aux questions, faites des pauses et réécoutez l’épisode si nécessaire. Vous êtes prêt(e)s ? Je commence.

Compréhension orale

1) En 1903, pourquoi Pierre Curie était-il en colère alors qu’il a été choisi pour recevoir le prix Nobel de physique ? Pourquoi peut-on dire qu’il n’était pas du tout misogyne ?

Réponse : Parce qu’au début, Marie Curie n’était pas sur la liste des lauréats du prix Nobel. Pierre s’est battu pour que sa femme soit traitée de façon égale à celle des hommes. C’est pour cela qu’on peut dire qu’il n’était pas misogyne. Il respectait les femmes. 

2) Quand et comment Pierre Curie est-il mort ? 

Réponse : Il est mort dans un accident de circulation en 1906 en traversant la rue.

3) Comment appelle-t-on une femme dont le mari est mort ? Et comment appelle-t-on un homme dont la femme est morte ? 

Réponse : Une veuve et un veuf. 

4) Que s’est-il passé dans la vie de Marie Curie en 1910 ?

Réponse : Elle est tombée amoureuse du scientifique Paul Langevin et a commencé à le fréquenter de façon intime. 

5) Comment appelle-t-on le fait d’avoir des relations sexuelles avec une personne autre que son mari ou sa femme ?

Réponse : Une relation adultère.

6) Que s’est-il passé de désagréable (= de mauvais) pour Marie Curie et Paul Langevin en 1911 ? 

Réponse : Un journal a révélé sa relation avec Paul Langevin, un homme marié, ce qui a provoqué un grand scandale et failli lui coûter son prix Nobel de chimie. 

7) Quelle est la bonne nouvelle que Marie Curie a apprise presque au même moment ? 

Réponse : Elle a appris qu’elle allait recevoir le prix Nobel de chimie. 

8) Finalement, a-t-elle reçu son prix ? 

Réponse : Oui, elle est allée recevoir en personne son prix à Stockholm, malgré les recommandations de l’Académie Nobel de ne pas y aller.

Voilà, c’est terminé. Vous trouverez les réponses dans la transcription en cliquant sur le lien BuyMeACoffee.com dans la description, pour ceux qui utilisent Apple. 

Je voudrais maintenant revenir sur la prononciation du mot « adultère », c’est-à-dire le fait de tromper (= to cheat on) son mari ou sa femme. Attention : on ne prononce pas « adAltrère » mais bien « adUltère », comme dans le mot « adulte », le contraire de « enfant ». On dit aussi « édUcation » (pas « éDAcation »), « indUstriel » (pas « indAstriel ») et aussi le mot « rédUction » (pas « rédAction », un mot qui existe et qui a un sens totalement différent, c’est un essai, une rédaction, à l’écrit). Faites bien attention car bien souvent, même si des mots s’écrivent de la même manière ou presque en anglais, la prononciation est très différente. 

Avant de vous quitter, je n’y résiste pas : je vous propose aussi un petit virelangue que j’ai imaginé. Un virelangue (= « tongue twister »), c’est une phrase difficile à prononcer, qu’on utilise pour s’amuser ou pour améliorer sa diction. Voici ce virelangue : « Le mari de Marie Curie mange un curry dans une écurie. C’est curieux et ça me fait rire ! » (je répète). Bon, c’est clair que je ne gagnerai pas le prix Nobel de l’Humour pour ça ! 😅 

En français, « curry », le fameux plat traditionnel indien, se prononce [kyri] comme le nom de famille de la scientifique et de son mari français. Et une écurie, c’est un bâtiment où l’on garde les chevaux (le pluriel de « (un) cheval »). On utilise aussi ce mot (« écurie ») pour les coureurs cyclistes et les pilotes de Formule 1. 

Voilà, c’est terminé. Je vous reparlerai très bientôt de Marie Curie dans un épisode sur le Panthéon, car pendant très longtemps, elle a été la seule femme qui est entrée dans ce monument réservé aux Français les plus prestigieux et méritants, comme l’écrivain Victor Hugo ou Jean Moulin, le héros de la Résistance, par exemple. Allez, j’arrête là. Merci beaucoup de m’avoir écouté, encore merci de vous être abonné(e)s, et à très bientôt pour un nouvel épisode d’Escargot !