Podcast Sabbatique en Afrique Francophone

Episode 17. Prof. Rokhaya Ndiaye – 06.02.2025

Hugues Abriel Season 3 Episode 5

Épisode 17. Prof. Rokhaya Ndiaye est professeure de génétique humaine à l’Université Cheikh Anta Diop du Sénégal. Elle nous partage son parcours académique et sa fierté d’avoir initié le premier curriculum en génétique humaine et médicale de son université. Passionnée non seulement par la recherche, mais aussi par la formation de la relève académique en Afrique, elle œuvre activement pour le développement de cette discipline.

Music: ‘Heading for Bamako’ by Dieter van der Westen; Portland Kora Project-May 2017-LIVE by Portland Kora Project. Free Music Archive, CC BY-NC-ND 4.0.

By Hugues Abriel. More info in abriellab.org

Hugues Abriel: 0:16
Bonjour à toutes et à tous. Mon nom est Hugues Abriel, je suis professeur de médecine moléculaire à l'Université de Berne et je me trouve à Kampala, ici, pour le 15e congrès de la Société Africaine de Génétique Humaine. On est juste à côté du lac Victoria et puis, ici, dans ce congrès, j'ai la possibilité de rencontrer des collègues, des nouveaux collègues, et aujourd'hui, je désire m'entretenir avec la professeure Rokhaya Ndiaye. Bonjour, Rokhaya. 

Rokhaya Ndiaye : 0:54
Bonjour Hugues. Absolument. J'ai vraiment profité de ce congrès. J'ai rencontré beaucoup de collègues à interagir sur différents topics.

Hugues Abriel: 1:03
Tu viens du Sénégal. Quelle est ta formation?

Rokhaya Ndiaye : 1:08
Ma formation de base, c'est la pharmacie et après, je me suis spécialisée en génétique humaine. Donc, actuellement, j'enseigne la génétique humaine au niveau de l’Université Cheikh Anta Diop, à la faculté de médecine, de pharmacie et d l'hématologie.

Hugues Abriel: 1:26
Et donc tu as étudié la pharmacie initialement à Dakar et après tu as fait un parcours académique.

Rokhaya Ndiaye : 1:32
Effectivement, j'ai fait ma formation en pharmacie à Dakar, à la faculté de médecine et de pharmacie, et ensuite, j'ai eu à me spécialiser. Dans un premier temps, c'était plus vers l'immunologie et l'hématologie, où j'ai eu à faire des certificats à Abidjan, à l'université de Côte-Boigny, et de retour au Sénégal, l'opportunité de faire de la génétique humaine m'a été offerte et donc, je suis allée en France où j'ai fait une spécialisation dans le cadre d'un master et d'un PhD en génétique humaine à l'université Paris 7.

Hugues Abriel: 2:19
D'accord, donc, initialement, tu avais une formation de pharmacienne, mais tu étais déjà, à ce moment-là, attirée par la recherche.

Rokhaya Ndiaye : 2:26
Absolument. La recherche m'a toujours intéressée depuis que j'étais petite. Et c'était l'occasion vraiment de poursuivre ma carrière.

Hugues Abriel: 2:36
Qu'est-ce qui t'a poussée vers la recherche? Bon, initialement, tu as étudié la pharmacie, mais est-ce qu'il y avait des modèles autour de toi, des personnes qui t'ont un petit peu guidée?

Rokhaya Ndiaye : 2:46
Tout à fait, tout à fait. J'ai eu des modèles dans ma famille, mais également j'ai eu des modèles dans le cadre de l'université. Dans ma famille, j'ai un frère qui est médecin sur bouvier, qui a fait une spécialisation en chirurgie cardiovasculaire, et dans le cadre de l'université, et en particulier au département de pharmacie, j'ai eu comme modèle le professeur Aline Dié, qui est un éminent spécialiste en mylologie et qui a été mon mentor et mon modèle pendant toute ma formation.

Hugues Abriel: 3:38
Et à présent, tu as ton groupe de recherche indépendant, tes projets de recherche à l’Université Cheikh Anta Diop.

Rokhaya Ndiaye : 3:43
Oui, actuellement, je dirige le service des génétiques humaines au sein du département des sciences biologiques de la faculté de médecine. je suis avec une équipe, j'ai un assistant qui est passé maître assistant l'année dernière et je travaille avec des jeunes des jeunes dans le cadre de leur master, mais également des jeunes dans le cadre de leur master, mais également des jeunes PhD. Je peux dire que, pour le PhD, j'ai eu à former trois qui ont déjà soutenu leur thèse et il y en a trois également qui sont en attente de soutenance, et beaucoup de masters, parce que nous avons mis en place, au niveau du département, un master en génétique humaine depuis 2018 et qui a eu à former une bonne cohorte de spécialistes en génétique humaine.

Hugues Abriel: 4:35
Et vous faites du service, vous faites du diagnostic génétique pour des patients de Dakar.

Rokhaya Ndiaye : 4:41
Oui, on fait du service à côté de la recherche. Le service, par exemple, au Sénégal, tout ce qui est investigation génétique était réalisé à l'excerpteur Et ça coûtait excessivement cher pour les patients. Et il y a un test génétique de base, qui est le cariotype, qui est, disons, le test de première intention pour ce qui est maladie génétique rare, qui n'était pas disponible. Donc, nous avons essayé de mettre en place ce test au niveau du service pour réduire les coûts et pour améliorer les diagnostics des patients. Donc, ce test, on le fait à côté d'autres tests également dans le cadre de pathologie génétique, soit au niveau des services ou dans le cadre de collaboration avec des étudiants à l'extérieur.

Hugues Abriel: 5:42
Donc, maintenant que tu es établi à Dakar, quelles sont les choses que tu as réussi à accomplir, dont tu es particulièrement fière?

Rokhaya Ndiaye : 5:52
Oui, je peux dire que le fait d'avoir commencé la génétique humaine au Sénégal parce que quand je suis rentrée en 2004, après mon PhD, ça fait un bon bout de chemin, la génétique en tant que spécialité n'existait pas au sein de notre département, donc il fallait commencer à construire à partir de rien pour incorporer l'enseignement de la génétique au niveau de la formation initiale, donc de la première année, parce que quand on est arrivé, la génétique était enseignée uniquement en première année, en association avec la biologie cellulaire.

Rokhaya Ndiaye : 6:35
Et donc, nous avons pu, avec les autorités administratives, revoir le curriculum pour que la génétique soit une matière à part nous avons pu également insérer dans le programme de 3e année de pharmacie la génétique médicale, qui n'était pas enseignée, mais qui était d'intérêt parce que ces étudiants pharmaciens biologistes qui sortent, doivent avoir le basique de formation de génétique médicale pour pouvoir intervenir dans les laboratoires. Donc, le fait d'avoir pu mettre en place la génétique humaine, disons, pour la première fois au sein de notre université je ne dirais pas que j'en suis fière, mais en tout cas je pense que c'est quelque chose à laquelle j'ai contribué.

Hugues Abriel: 7:35
Maintenant, tu te retrouves dans cette université. Une chose qu'on relève principalement en Suisse, mais aussi dans certains pays, c'est que dans les universités, le monde académique, parfois, c'est plus difficile pour les femmes de se faire un nom, une carrière, d'être promue. Est-ce que c'est quelque chose qui existe aussi au Sénégal?

Rokhaya Ndiaye : 7:55
je pense que c'est la même chose dans la plupart des pays africains. Les femmes qui évoluent dans le monde scientifique ont beaucoup plus de difficultés au niveau de l'université pour accomplir une carrière universitaire dans le délai, mais également pour pouvoir monter les différents échelons. Ceci est dû au fait que quand on veut faire de la recherche, il faut avoir le temps, Il faut pouvoir se déplacer, participer à des congrès, apprendre de nouvelles techniques Et parfois, avec la responsabilité familiale, c'est parfois difficile pour les femmes.

Hugues Abriel: 8:40
Est-ce que tu vois des changements? Est-ce que les choses évoluent positivement chez vous?

Rokhaya Ndiaye : 8:44
Absolument. Les choses évoluent parce que les femmes enseignantes-chercheurs sont conscientes des problèmes qu'elles vivent et sont en train de prendre en charge ce problème-là au niveau de la faculté. Pas plus tard qu'il y a deux semaines, nous avons eu à nous rencontrer, discuter des problèmes qu'ont rencontré les femmes, mais également de travailler sur un mémorandum qui va être transmis au niveau des autorités pour qu'on essaie de voir quels sont les problèmes et quelles sont les solutions qui pourraient être apportées. Parmi les points qui ont été développés dans ce moment-là, par exemple, c'est la possibilité d'avoir, au sein de l'université, un endroit pour faire le nursing des enfants des enseignants-chercheurs qui ont parfois beaucoup de difficultés à pouvoir assurer leur charge de famille ou d'entretien de leurs enfants.

Hugues Abriel: 10:01
Un autre aspect qui m'intéresse toujours, c'est que là, toi et moi, on se reconverse en français. Donc, nous sommes francophones, on est entourés de collègues qui parlent toutes les langues, mais principalement l'anglais. Comment est-ce que tu vois la place du français dans la culture académique africaine, en particulier?

Rokhaya Ndiaye : 10:22
Dans la culture académique africaine en particulier, le français est la langue qui est la plus parlée je pense, dans la plupart des pays de l'Afrique de l'Ouest Et au Sénégal, c'est notre langue officielle, nous parlons français et nous présentons, par exemple, le cadre de congrès scientifique en français, tout en sachant que l'anglais est presque devenu la langue dans le monde scientifique. Donc, nous essayons d'allier les deux. Moi, j'ai eu l'opportunité d'améliorer mon anglais pendant mon PhD, parce que j'étais avec un chercheur qui était thaïlandais et qui ne parlait pas français à l'époque alors c'est pas ça de Paris et donc ça m'a permis d'améliorer mon anglais. Plus tard aussi, j'ai eu à faire un post doc aux Etats-Unis dans le cadre du programme Fulbright, et là aussi, j'ai eu à je ne dirais pas parfaire, mais en tout cas améliorer un peu mon anglais.

Rokhaya Ndiaye : 11:25
Donc pour dire que le français reste la langue officielle utilisée dans nos pays respectifs, mais avec cette ouverture vers le monde anglais.

Hugues Abriel: 11:49
Le Sénégal, comme quasiment tous les pays d'Afrique, mais surtout subsaharien, il y a un haut taux de natalité, donc il y a beaucoup de jeunes. Beaucoup d'entre eux veulent se former, veulent faire des études. Qu'est-ce qu'il faut faire pour vraiment essayer de faire à ce que tout ce potentiel de jeunes, de personnes pour finir, profitent à l'Afrique et au monde?

Rokhaya Ndiaye : 12:13
Je pense que le développement de l'Afrique dépendra de la formation de ces jeunes. Si on prend par exemple le Sénégal, plus de 70% de la population est âgée de moins de 35 ans. Donc, c'est vraiment un potentiel qu'on ne développe pas Et donc, forcément, il faudrait les former Et surtout, les inciter à aller vers les sciences, parce que, de moins en moins, on se rend compte que les jeunes sont intéressés par la science. Mais il est important de les former pour participer au développement de nos pays. Pour les filles, il y a eu des programmes qui ont été développés pour inciter les filles à plus s'intéresser aux disciplines scientifiques. Ce sont des programmes qui marchent très bien.

Hugues Abriel: 13:16
Un tout grand merci, cher Rokhaya, pour avoir partagé ce moment avec moi, échangé ses idées, parlé de ce qu'est la vie d'une professeure à l’Université Cheikh Anta Diop. Merci aussi à vous toutes et à tous pour nous avoir écoutés. Ce podcast était le deuxième de l'année 2025 et je vous propose de me suivre sur les réseaux et autre part, car je veux dire, je désire partager encore avec vous d'autres rencontres faites sur le continent.

Rokhaya Ndiaye : 13:44
Merci, merci, ça a été un plaisir de discuter avec toi de partager.

Hugues Abriel: 13:49
Et puis donc à toutes et à tous, à tout bientôt. Merci à partager. Et puis donc à toutes et à tous, à tout bientôt.



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Feb. 14, 2025 @11AM
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