Mécréantes

Ils vécurent heureux

November 21, 2021 Léane Alestra Season 1 Episode 6
Mécréantes
Ils vécurent heureux
Show Notes Transcript

« Recherchés avidement, fantasmés, désirés envers et contre tout, les espaces amoureux sont, depuis toujours, présentés comme la finalité absolue de ce que l’on peut attendre d’une relation avec l’autre. L’injonction au couple et la pression sociale qui l’entoure dictent notre façon de vivre avec les autres… Et avec nous-même. » Nos amours radicales.

Dans notre culture, l’amour, est représenté sous un seul et unique prisme, celui du couple monogame hétérosexuel, et ce, depuis l'enfance. Quelles sont les mécanismes qui nous conditionnent à l’hétérosexualité et dans quel but ? En analysant tour à tour le rôle des institutions, des oeuvres culturelles ainsi que nos modèles parentaux nous analysons sans détours les ressorts de l’hétérosexualité obligatoire.

👩‍🏫 INTERVENANTES :

Mélie Boltz Nasr est auteurice, formateurice et podcaseureuse. Iel a notamment créé le podcast Passé recomposé et publié le recueil de contes Re : contes, Une réponse.  

Gabrielle Richard est sociologue du genre et autrice. En 2019 elle a écrit Hétéro, l’école ? Plaidoyer pour une éducation anti-oppressive à la sexualité, Montréal aux Éditions du remue-ménage. En 2022 elle publie Faire famille autrement aux éditions Binge audio.

Axelle Jah Njiké,  est autrice, podcastrice et chroniqueuse féministe païenne. Elle a notamment créé le podcast Me My Sexe and I® (2018) , Une fille sur le canapé (2020) et Je suis noire et je n'aime pas Beyoncé (2021). En 2022, elle publie Journal intime d'une féministe (noire) Au diable Vauvert. 

☕ SOURCES ET LIENS UTILES ☕

  • Sharone Omankoy, Léane Alestra, Emanouela Todorova, Lou Eve, Axelle Jah Njiké, Nanténé Traoré, Sabrina Erin Gin, Anaïs Bourdet, Illustré par Hina Hundt, Nos amours radicales, Les insolentes, 2021
  • Gabrielle Richard, Hétéro l'école, Éditions du remue-ménage, 2019
  • Mélie Boltz Nasr, Re : Contes, Une réponse, auto-publication, 2020
  • Juliet Drouar, Sortir de l'hétérosexualité, Binge Audio, collection sur la table, 2021 


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Mécréantes – Ils vécurent heureux

« Le maintien de l’hétérosexualité par défaut apparaît comme une évidence. Il est un outil de contrôle, un outil de maintien de l’ordre, un outil de répression identitaire et individuel, un outil de domination. Une société tout entière qui préfère apprendre aux jeunes adolescentes et adolescents que souffrir c’est aimer. Alors qu’aimer, c’est être libre. » Nanténé Traoré - Nos amours radicales 

*Jingle*

Léane, fondatrice de Mécréantes (L) : Bonjour tout le monde, me revoilà ! S’il y a bien un sujet féministe qui a agité cette rentrée, c’est l’amour. Ou plutôt, notre vision de l’amour, vision, vous l’avez peut-être remarqué, principalement focalisée sur le couple hétérosexuel. Bien qu’anciens, car ces débats étaient déjà portés dans les années 70 par les femmes noires et lesbiennes, ces débats furent, comme prévu, virulents. 

Au travers de ces échanges, vous avez peut-être entendu parler d’hétéronormativité, ou encore de sortie de l’hétérosexualité. A l’entente de ces termes, des incompréhensions et de la colère s’est élevée. Mais, je croyais qu’on ne choisissait pas sa sexualité ? Si on peut sortir de l’hétérosexualité, l’inverse est vrai ! 

« On a donc qu’à envoyer les gays, les lesbiennes en thérapie de conversion » tweet @benjamin33. Mais effectivement, sortir de l’hétérosexualité, c’est-à-dire ? C’est-à-dire sortir du régime politique hétérosexuel qui considère le couple hétéro monogame comme la seule façon légitime et valorisée de vivre.

C’est un régime auquel nous sommes sommé.e.s de nous adapter depuis l’enfance. Par quels moyens et pourquoi, ensemble nous allons voir cela aujourd’hui. 

***

Premièrement, quel est le problème avec l’hétérosexualité, me diriez-vous ? Et bien, si je dois citer « Sortir de l’hétérosexualité » de Juliette Drouar, allons-y : « Si on définit l’amour comme l’établissement de liens d’échange réciproques, de confiance mutuelle, comme un lieu de sécurité, cela suppose une égalité des parties ou l’existence de garde-fous pour corriger un différentiel de pouvoir. Autant dire qu’entre personnes hommes et personnes femmes, c’est mal parti, étant donné leurs positions structurellement asymétriques et la naturalisation de cette asymétrie qui entraîne une absence de réflectibilité ou de mise en place de garde fous. C’est même absurde, voire grotesque, de penser que l’amour tel qu’on vient de le définir est possible en général, tant qu’existera une différenciation des sexes entre hommes et femmes. »

Toujours selon Drouar, aujourd’hui les femmes ne sont majoritairement pas sujets d’amour, mais objets d’amour. C’est aussi un arc que je développe dans mon texte pour l’ouvrage collectif « Nos amours radicales ». Les femmes sont élevées dès le berceau en apprenant à aimer et soutenir les autres, et principalement les hommes de leur entourage. Les hommes, eux, sont d’abord encouragés à vivre et à s’accomplir pour eux-mêmes, souvent en s’appuyant sur le soutien émotionnel et le travail domestique des femmes.

En témoigne la fameuse citation « Derrière chaque grand homme, se cache une femme ». Ces rôles de genre, appris et performés de manière stricte depuis notre naissance, mènent à des rapports inégaux générant une frustration voire un désespoir chez nombre d’entre nous. Mais alors, pourquoi ne nous révoltons-nous pas ? Quelles sont les fondations de cette culture hétéronormée et comment s’en défaire ? 

Nous allons le voir, la contrainte à l’hétérosexualité et aux normes de genre, qui vont intrinsèquement de pair, est le résultat d’un système qui nous l’enseigne, par la culture mais aussi par les institutions, notamment l’école. Ce conditionnement est extrêmement puissant puisqu’il modèle nos structures désirantes, notre psychisme, bref ce qui nous attire, ce que l’on désire ou non.

Pour comprendre et décortiquer tout ça je reçois aujourd’hui Mélie Boltz Nasr, Axelle Jah Njiké et Gabrielle Richard.

Allez, c’est parti ! 

***

Chapitre 1 : L’école

Gabrielle Richard (GR) : Bonjour Léane, Gabrielle Richard, je suis sociologue du genre. Mon vrai statut c’est chercheuse associée à l’université de Paris est Créteil et à l’université du Québec à Montréal, mais globalement moi je cherche depuis une quinzaine d’années en particulier sur les différentes normes qui concernent le genre et la sexualité en milieu scolaire, et les impacts que ça peut avoir sur les jeunes. Je suis également l’autrice de « Hétéro, l’école ? Plaidoyer pour une éducation anti-oppressive à la sexualité », publié aux éditions du remue-ménage.

L : Gabrielle, selon toi, l’hétérosexualité est-elle défendue à l’école ? 

GR : L’hétérosexualité est encouragée à l’école parce que l’école fait comprendre aux élèves qu’elle est attendue d’eux et d’elles. Elle le leur fait comprendre de différentes façons, il y a au moins deux types de mécanismes.

Premièrement en présentant et en représentant constamment l’hétérosexualité comme étant la seule alternative, la seule possibilité ; et deuxièmement, en taisant les alternatives, en ne montrant pas d’autres possibilités pour être en couple, pour avoir des relations familiales, conjugales, amoureuses, sexuelles etc.

Ce premier mécanisme, de valorisation de l’hétérosexualité, on l’aperçoit de différentes façons, par exemple dans les contenus des manuels scolaires : on va représenter beaucoup plus fréquemment des couples composés d’un homme et d’une femme, des familles composées d’un papa et d’une maman etc, que des couples de même genre ou familles homoparentales, lesboparentales etc.

Au niveau des représentations plus formelles dans les manuels scolaires, c’est un constat qu’on fait en France depuis qu’on s’intéresse au sujet. On remarque aussi, par contre, que ce n’est pas uniquement le fait des manuels scolaires et des programmes scolaires. Dans les échanges informels avec les adultes de la sphère scolaire, on remarque, quand on donne la parole aux adultes et aux jeunes, que les adultes vont souvent présumer de l’hétérosexualité des jeunes dans le cadre d’échanges informels. Ils vont par exemple s’adresser à une fille et vont dire « est ce que tu as un amoureux ? Est-ce que tel garçon te plaît ? » etc. 

Cette présomption-là est constante à l’école, si on se fie aux acteurs du milieu scolaire, et ça contribue encore à faire passer le message aux jeunes qu’on s’attend à ce que vous soyez ou que deveniez hétérosexuel.le.s.

Il y a d’autres mécanismes que l’école utilise pour faire passer ces messages-là, qui sont peut-être moins visibles. Ce peut être la question des espaces scolaires. Quand on regarde l’école, on sait qu’il y a des lieux, qu’on peut appeler des lieux genrés, des lieux sexués, c’est à dire les vestiaires, les toilettes etc. Dans la grande majorité des établissements scolaires, ce sont des lieux où on sépare les corps, on sépare les filles des garçons. Si on se questionne sur pourquoi c’est comme ça, on se rend compte que c’est basé sur une présomption d’hétérosexualité. On présume que les élèves sont tous et toutes hétérosexuel.le.s et que les garçons vont vouloir aller observer les filles à la toilette, qu’il y a ce désir d’accéder à l’intimité d’autrui auquel l’école veut mettre une halte. 

Même dans la création et la conception des espaces, on se rend compte, pour peu qu’on y réfléchisse, que c’est cette présomption d’hétérosexualité qui est là, qui est présente. De différentes façons, on envoie constamment et quotidiennement le message aux jeunes qu’il est attendu de vous que vous soyez hétérosexuel.le.s et ça ne pose même pas question, c’est tellement attendu qu’on ne présente pas les alternatives.

Quand on regarde la place accordée, par exemple, à l’homosexualité, à la bisexualité, à la pansexualité en milieu scolaire, on est pratiquement navré de voir que presque rien n’est dit dans les contenus scolaires, formels ou informels, souvent même dans les séances d’éducation à la sexualité, où on pourrait présumer qu’on parlerait de ces choses-là. Ça reste rarement le cas si on s’en fie au propos des jeunes. 

De différentes façons, on se rend compte que l’école va transmettre ce qu’on peut appeler une idéologie, l’école va faire comprendre aux jeunes que la bonne façon d’être, c’est d’être hétérosexuel.le et la moins bonne façon d’être, c’est d’être non hétérosexuel.le finalement. 

L : Pourquoi l’appareil éducatif, censé promouvoir l’égalité, échoue à freiner les stéréotypes de genre et l’hétéronormativité ?

GR : C’est une assez bonne question. Moi je fais de la formation auprès de personnel enseignant et de personnel éducatif et c’est la question qui nous occupe pour la plupart du temps. L’école manifeste son intention, dans les circulaires, dans les programmes, de travailler activement pour promouvoir l’égalité filles-garçons, or, concrètement, quand on est à l’école, dans la cour de réaction, dans les salles de classes, on se rend compte qu’il n’y a pas cette égalité-là, qu’il y a beaucoup de propos, de violence de genre, entre élèves, mais pas qu’entre élèves, entre adultes et élèves et même entre adultes par ailleurs.

On fait face à un certain constat d’échec de la part de sphère scolaire. La question effectivement, elle est la bonne, pourquoi c’est comme ça ? Ma réponse à ça c’est que les stéréotypes de genre sont un symptôme de quelque chose. C’est comme si quelqu’un était malade, si j’ai par exemple des boutons : je peux chercher à agir sur le symptôme, à mettre une crème, un pansement ou je ne sais trop, mais si je n’ai pas été comprendre pourquoi j’avais des boutons, toutes les chances sont là pour que les boutons reviennent. Le problème devient cyclique car je n’ai pas adressé la source du problème.

La source du problème pour l’égalité filles-garçons, les stéréotypes de genre, l’hétéronormativité, ce sont les rapports de pouvoir, qui sont en milieu scolaire, mais pas que, en société au sens large, rapports de pouvoir entre hommes et femmes, donc rapports de sexisme, rapports de pouvoir heteronormatifs, et évidement les autres rapports de pouvoir qui vont traverser la sphère scolaire, sur lesquels on ne va pas s’attarder aujourd’hui ; ces rapports sont également présents en milieu scolaire. Ils ont la mainmise aussi en milieu scolaire mais ce milieu se présente comme étant neutre donc ne veut pas voir ces rapports de pouvoir, refuse d’accepter que ce qui est transmis par l’école n’est pas absolument neutre. 

Il y a un refus de voir la vérité et on s’attarde sur le symptôme. On agit, mais on se rend compte, pour peu qu’on parle à des personnels éducatifs, que cette action est ponctuelle et constamment à refaire car elle n’adresse pas le bon problème.

***

Il y a des pistes. Il ne faut pas se laisser accabler par l’ampleur de la tâche. La première étape, qui est importante et complexe, c’est de faire comprendre à l’école qu’elle n’est pas neutre. Déjà c’est beaucoup de travail, parce que les personnels qui se font former pour agir en milieu scolaire, les profs, les directions etc, se font dire dans leur formation initiale que l’idéal républicain, l’école républicaine, est neutre et donne la même chance à tous les élèves, donc c’est déjà un travail de déconstruction de le faire comprendre que ce n’est pas le cas. C’est la première étape.

Une fois que cette prise de conscience est faite, ce que je trouve qui est une voie à investir, à suivre, et que je développe dans mon livre, c’est la question de la pédagogie critique des normes ou de la pédagogie queer. L’idée peut paraître complexe mais je vais donner des exemples que je pense relativement simples. 

C’est qu’actuellement en milieu scolaire, quand on cherche à faire réfléchir les gens, les jeunes, au sexisme, à l’homophobie, la transphobie…, ce qu’on va leur dire, dans une approche inclusive, c’est « il y a nous, puis il y a les autres, il y a les personnes trans, ce sont d’autres personnes, il y a les personnes homo, ce sont d’autres personnes, il faut les accepter car ils méritent comme nous d’avoir une belle scolarité, puis ce n’est pas normal que les personnes LGBT se suicident davantage », donc il va y avoir ce désir de faire revenir dans la norme ces personnes, ou ces groupes, ou ces collectifs, qui sortent de la norme par différents critères, pour ce qui nous concerne sur le plan du genre et de la sexualité. Le discours qu’on va tenir c’est qu’on va regarder les gays, les lesbiennes, leur taux de suicide est 7 fois plus élevé, c’est très difficile pour eux de faire leur coming-out donc il faut que vous soyez plus tolérant.e.s. C’est un peu le genre de discours, je caricature, mais qu’on a tendance à avoir en milieu scolaire.

Ce que je dis c’est que ce discours ne sert pas le propos qu’on veut, il est esthétique, il parait bien mais la vraie méthode, ou une méthode plus efficace pour faire réfléchir les élèves et les adultes dans la sphère scolaire sur ces normes, c’est une pédagogie critique des normes. Au lieu de dire « on est dans la norme, il y a des gens qui sortent de la norme et il faut les accepter », c’est dire « regardez quelle est la norme, qui cette norme sert ? ».

Un exemple de ça super concret c’est un exercice d’inversion. Il y a plusieurs exemples qu’on peut faire en milieu scolaire, l’exemple ici concerne l’orientation sexuelle. Il y a des questionnaires disponibles sur internet et qu’on invite les enseignants, ou les formateurs et formatrices, à diffuser ou transmettre à leurs élèves. Ces questionnaires reprennent les questions principales qui sont posées aux gays, lesbiennes, bisexuel.le.s, pansexuel.le.s et les inversent. « Selon vous qu’est ce qui a causé votre hétérosexualité ? Quand et comment avez-vous décidé que vous étiez hétérosexuel ? Est-ce que c’est possible que votre hétérosexualité ne soit qu’une phase ? » etc.

Ce que ça fait en salle de classe, et peu importe l’âge, c’est que ça fait énormément rire. Il y a une prise de conscience par le rire donc c’est relativement ludique, mais là on rigole pourquoi ? On va creuser, « qu’est-ce qui vous fait rire » et en général ce qui va émerger c’est qu’on va nous dire « parce que la question ne se pose pas » et on va dire « pourquoi la question ne se pose pas ? ». On va les faire travailler pour remettre en question la norme, qui est la norme de l’hétérosexualité, les faire réfléchir sur le fait que l’hétérosexualité est tellement attendue d’eux et d’elles qu’on ne la voit même plus comme une pression, comme une attente sociale. Ce faisant, c’est un exercice qui ne coûte rien, qui prend très peu de temps mais qui permet de réfléchir sur qui est servi et qui est desservi par la norme hétérosexuelle.

L’avantage de la pédagogie critique, ou la pédagogie queer, c’est qu’on peut justement travailler ici sur une thématique en particulier, mais on peut aussi avoir des réflexions plus globales et qui nous permettent d’amener nos jeunes ou nos adultes à cheminer sur les questions du racisme, du sexisme, du validisme etc. On est dans une approche qui est véritablement anti oppressive, une approche éducative anti oppressive, et qui selon moi, nous permet de cheminer, plus que de simplement dire : il y a des gens différents, acceptons-les. 

Chapitre 2 : Créer nos histoires 

Mélie Boltz Nasr (MBN) : Je m’appelle Mélie, je suis autrice, j’ai écrit un recueil de nouvelles qui s’appelle « Re : Contes » et je suis aussi podcasteuse et formatrice.

Mon podcast s’appelle « Passés recomposés », j’interviewe des gens sur la vie de leurs grands-parents, c’est un peu une façon de retrouver l’Histoire avec un grand H comme on aime dire, par le biais des histoires de famille.

Mon rapport aux contes a plutôt a été très distancié, je n’aimais pas les contes de fées, je n’ai jamais aimé les contes de fées. Ça m’a très vite dérangée car, assez petite, j’ai pris conscience des différences des genres, qu’on ne traitait pas pareil en fonction de si on était perçu comme fille ou comme garçon. Très jeune, j’ai eu la sensation qu’en gros c’était toujours la même histoire, la femme qui était dans une posture passive et c’était l’homme qui était dans la posture de sauver le monde, et que la récompense de tout le monde pour ce comportement-là c’était de se marier et d’avoir des enfants.

Mais mon rapport aux histoires en tant que tel est très fort, parce que je crois que la fiction rend le monde supportable et donc j’ai toujours beaucoup lu ou beaucoup regardé de la fiction, souvent en essayant d’éviter ce qui me semblait pré-packagé ou prémâché selon le schéma habituel. Ce schéma, en gros, c’est que les personnages féminins n’apportent pas grand-chose à l’histoire, à part peut-être leur côté esthétique, ou à part pour qu’on les aime ou qu’elles soient amoureuses ; et les personnages masculins font vingt mille trucs différents et s’accomplissent de plein de manières différentes, ou ne s’accomplissent pas, ils ont le droit.

En tout cas c’est ce que j’ai beaucoup ressenti et aujourd’hui il y a plein de mots pour parler de ça, on va parler du mâle gaze, on va parler des études qui montrent que les personnages féminins sont plus ou moins impliqués, parlent plus ou moins entre elles, font autre chose que d’être amoureuses, mais pendant longtemps je n’avais pas trop cet outillage-là donc je le faisais par instinct, et c’est comme ça que je l’avais compris.

L : Ce que tu me dis me fait penser au test de Bechdel, pour réussir il suffit que deux personnages féminins parlent d’autre chose que d’un homme. On est d’accord, c’est simple comme bonjour, pourtant 50% des films ne le passent pas.

MBN : Carrément, et quand j’ai découvert ce test, c’était vraiment comme si une clé de lecture monstrueuse du monde était tombée du ciel, m’était tombée dessus. Je me suis dit « mais c’est ça que je ressens depuis très longtemps ». 

L : Selon toi, les histoires ont-elles un pouvoir politique ? 

MBN : Oui, très très fortement et je crois que c’est pour ça qu’instinctivement, j’ai évité de regarder et de lire beaucoup de choses, parce que je sentais que ça allait affecter ma vision du monde et de moi-même, que ça allait me mettre dans une case, ou me forcer à faire certaines choses. Je prends un exemple, parce que ça m’est arrivé très récemment : j’ai toujours évité les œuvres et les images de Marylin Monroe. J’en entendais parler, tout le monde disait que c’est une femme qui était belle, qui était belle d’une autre façon, et en plus c’était une star et elle a fait une carrière incroyable ; et je l’ai toujours évitée parce que tout ce que je voyais qui était projeté par la figure Marylin Monroe c’était une forme de féminité, de sexualité et de vie où je ne pouvais pas me reconnaître. C’est quelque chose qui me faisait peur, parce que ça me faisait peur dans ma construction de moi, dans mon rapport aux hommes et aux femmes, mon rapport à l’amour, et mon rapport au sexe. 

Tout récemment, j’ai lu la biographie très fictionnelle qui a été faite par Joyce Carol Oates, qui s’appelle « Blonde », qui est une espèce de pavé qui reprend des grands éléments de la vie de Marylin, mais sous un autre angle et un angle très intérieur, et là j’ai compris, ou j’ai eu des clés de lecture qui m’ont permis de voir comment ce personnage, Marylin Monroe, qui est la création de Norma Jeane Baker et des studios pour le cinéma, comment maintenant je peux regarder ses films et derrière, je peux voir ce qui est construit, ce qui est factice. En fait, on a créé le personnage de la blonde sexuelle pour plaire à certaines personnes et raconter une certaine histoire.

En fait la fiction qu’on nous propose, il y a un mécanisme qui fait qu’on s’identifie, qu’on rentre dans la peau des personnages et quand on est élevé comme une petite fille on nous pousse à rentrer dans la peau des personnages féminins, et quand on est un petit garçon on nous pousse à rentrer dans la peau des personnages masculins. Les histoires ont le pouvoir de changer la façon dont on se comporte, et donc ont un pouvoir politique énorme : si moi je ne vois que des personnages de femmes épilées par exemple, ça change mon rapport à mon corps et ça change ce que j’attends des corps autour de moi, et ça, c’est le début du politique.

Et puis je pense qu’il y a un pouvoir politique très particulier de ce qu’on montre aux enfants. Moi j’ai l’impression que les enfants ont en elles et en eux toutes sortes de futurs possibles dans leur imagination, et si on leur propose de manière répétitive toujours les mêmes histoires, on va réduire leur champ du possible. Il y a un espèce de double verrou, il y a peut-être même plus de verrous que ça, puisque l’enfant ne choisit pas pour lui/elle-même ce que lui ou elle regarde, puisque les enfants n’ont pas d’argent, il y a toujours le contrôle adulte, que ce soit dans ce que l’enfant va pouvoir regarder ou que ce soit dans ce qu’on va créer pour les enfants. Le pouvoir politique de ce qu’on montre aux enfants est gigantesque.

Quand j’ai réécrit les contes, une des raisons pour lesquelles je les ai réécrits c’est parce que j’ai pris conscience de cette idée que les contes étaient politiques, qu’il pouvait exister plusieurs lectures d’un conte mais surtout plusieurs versions. Aujourd’hui les versions qu’on considère comme « traditionnelles », et je mets des guillemets quand je dis traditionnelles, ce sont des versions qui nous viennent de Perrault, des frères Grimm et un peu d’Andersen, et qui sont passées par la moulinette de Disney. Or quand on regarde qui est Disney, il avait un projet politique, il appartient à une école de pensée et quand il fait ses dessins animés, il ne les fait pas de manière neutre, et même il est au courant. Quand on parle des frères Grimm, ils sont allés chercher du matériau oral et ils l’ont mis par écrit, mais du coup c’est eux qui ont décidé quelle version ils gardaient. 

Perrault il écrivait pour la cour, il n’écrivait pas juste pour amuser, pour faire passer le temps mais parfois pour faire passer des messages et justement, Le petit Chaperon rouge, pas beaucoup connaissent la moralité mais celle de Perrault, voici ce qu’elle dit : « on voit ici que de jeunes enfants, surtout de jeunes filles, belles bien faites et gentilles, font très mal d’écouter toutes sortes de gens et que ce n’est pas chose étrange s’il en est tant que le loup mange. Je dis le loup car tous les loups ne sont pas de de la même sorte, il en est d’une humeur accorte, sans bruit, sans fiel et sans courroux, qui privés, complaisants et doux, suivent les jeunes demoiselles jusque dans les ruelles ; mais hélas ! qui sait que ces loups doucereux, de tous les loups sont les plus dangereux ».  

Ça, c’est quand même hyper clair comme aujourd’hui, on peut dire que c’est de la culture du viol, de la généralisation, de dire que tous les hommes sont des loups pour les petites filles. L’idée de se dire que tous les enfants, toutes les petites filles sont des proies et toutes les femmes sont des proies, c’est quelque chose que Perrault a décidé d’écrire. Quand on creuse un peu, le conte du petit Chaperon rouge, en France, il existait déjà au moins des dizaines si ce n’est des centaines de versions et il y a plein de versions dans lesquelles le petit Chaperon rouge est un garçon, et si c’est un garçon, toute cette lecture pseudo psycho analytique de dire « mais oui elle porte un chaperon rouge car elle vient d’avoir ses règles, donc c’est de l’introduction à la sexualité, la jeune fille doit faire attention, le viol etc » en fait non, c’est juste un enfant qui se balade dans les bois.

Il y a même des versions où le petit Chaperon rouge, que ce soit une fille ou un garçon, s’en sort toute seule. Donc en fait quand j’ai commencé à faire ce travail, je me suis dit que ce serait chouette de les reprendre, et de les reprendre en se disant « qu’est-ce que je peux casser, qu’est ce qui me soule dans ce que je lis, qu’est-ce que je peux changer ?». C’était aussi de proposer aux gens de réécrire à leur manière, et moi ça m’a bien amusée parce que du coup, sans trop spoiler, j’ai un prince qui n’a aucune envie de partir à la conquête de la princesse par exemple, j’ai des princesses qui sont en colère, j’ai plus axé autour des personnages féminins, j’ai des princesses qui ont des secrets…

C’est ça que je trouve super cool dans les contes, c’est que les thématiques des contes sont innombrables, sont puissantes, et à force de parler de mariage en fait on ne parle de rien dans les contes. Puis je dis ça, et ce que je ne dis peut-être pas assez c’est que la Belle au bois dormant, elle est violée, très clairement. Dans la version italienne, elle se réveille avec deux bébés, et du coup dans tous les contes il y a des recoins où il y a des questions qu’on peut se poser. Imaginons la Belle au bois dormant : elle se réveille avec ses deux gamins, est-ce que quand le prince revient, le premier truc qu’elle se dit c’est « je suis amoureuse, je suis trop contente » ? Non, en fait, comme maintenant c’est devenu des histoires de mariage, sans séduction, on remarquera que la phase séduction de l’amour est complètement occultée, on n’a plus du tout des gens qui agissent pour des raisons logiques, et je ne dis pas que tout doit être logique, mais qu’il y ait si peu de versions qui soient présentées aux gens dans lesquelles les personnages ont des réactions que nous on aurait dans la vraie vie, genre je me réveille avec un bébé, je dis « qu’est-ce qu’il se passe, au secours », je n’ai pas envie d’être le parent de ces êtres qui sont tout d’un coup apparus. Qu’est ce qui se joue là-dedans, dans le conte, qu’est-ce qu’on peut enrichir ?

Moi la réécriture, je trouve ça capital aujourd’hui, que ce soit la réécriture de classiques de contes, de toutes ces choses qu’on a ingurgitées tout petits, ou que ce soit la réécriture de nos modèles d’amour, de nos quotidiens. En fait la réécriture ne vient pas appauvrir quoi que ce soit, parce que quand je réécris, je n’interdis pas aux autres versions d’exister. Je rajoute, je me la réapproprie, si on ajoute toutes ces versions on va forcément créer un corpus de textes beaucoup plus excitant. Quand une seule version existe, les gens s’ennuient. Quand plein de versions existent, peut être que justement du coup, les versions plus romantiques, les versions plus clichées, ça émouvra un peu plus les gens parce que ce sera un choix parmi d’autres.

Chapitre 3 : Le couple en soi 

L : Axelle, est ce que tu peux te présenter en quelques mots s’il te plaît ?

Axelle Jah Nike (AJN) : Je suis autrice, afropéenne, j’ai pris part en 2015 à un ouvrage collectif sur le plaisir féminin, écrit par douze autrices du monde noir, qui s’appelle « Volcaniques - Une anthologie du plaisir » et suite à ma participation à cet ouvrage, j’ai créé un site qui s’appelait « Parlons plaisir féminin », qui portait sur la littérature érotique au féminin. Dans la foulée de ce projet là, je me suis retrouvée en 2018 à lancer un podcast qui s’appelle « Me My Sexe and I » et qui porte sur l’intimité des femmes noires.

Entre temps, j’ai continué à développer des contenus, dont un en particulier, qui me tenait à cœur depuis très longtemps, et il s’est avéré qu’en 2020, Nouvelles Ecoutes a signé ce projet-là, qui s’appelle « La fille sur le canapé », et qui est un podcast qui porte sur les violences sexuelles au sein des communautés noires, sur les personnes mineures, donc les enfants, garçons et filles, en l’occurrence beaucoup beaucoup de filles puisque moi je suis concernée par la question. Il s’agissait pour moi, déjà de mettre un terme à un tabou au sein d’une propre communauté sur cette question-là, parce qu’elle est omniprésente mais jamais abordée, il s’agissait aussi de livrer mon récit à moi.

J’ai écrit pour France Culture une nouvelle série de podcasts qui s’appelle « Je suis noire et je n’aime pas Beyonce », qui porte sur les féminismes noirs des années 60 à nos jours, et c’était l’occasion de revenir sur le parcours de vie de ma maman et de la remercier pour les choix qu’elle avait pu faire et qui font, entre autres, que je puisse être devant ton micro aujourd’hui. 

L : Surtout on a écrit un livre ensemble, enfin pas surtout, mais aussi *rires*

AJN : C’est ça, qui vient de sortir, qui s’appelle « Nos amours radicales » *rires*.

L : D’ailleurs en parlant de ce livre, ta partie du livre s’appelle « le couple en soi » pourquoi tu l’as appelée le couple en soi ?

AJN : Le premier couple dont il s’agit, c’est le couple que l’on porte en soi, c’est le couple intérieur, c’est le couple que nous formons avec nous-même, et je pense qu’il faut partir de soi pour aller vers le couple et pas du couple pour arriver à soi, contrairement à ce qu’on nous apprend. Ce couple qu’on porte en soi, il est fait de choses diverses et variées mais, dans la nouvelle, j’insiste particulièrement sur le fait qu’il découle, pour beaucoup, de l’exemple donné autour de nous, par les adultes qui sont en charge de notre éducation, qui sont nos parents, et c’est souvent cette représentation-là qui va déterminer avec qui on va se retrouver en couple après et je trouve qu’on ne nous incite pas suffisamment à réfléchir à cette question-là, en partant de nous-mêmes et en partant de notre histoire. 

Le couple c’est une construction, le couple c’est ce que nous en faisons, et il serait quand même judicieux à un moment donné qu’on s’interroge sur ce qui contribue à l’image qu’on peut se faire chacun du couple en fait, à quoi on joue là-dedans.

L : Qu’est ce qui explique, selon toi, que les gens soient si insatisfaits, en amour particulièrement ?

AJN : Gloria Steinem, qui a une très belle réponse à ça, dit que les gens passent leur temps à chercher la bonne personne au lieu d’être la bonne personne, et je pense qu’on est tellement conditionné à chercher à l’extérieur de nous-mêmes les choses dont on est soi-même doté qu’en fait la confusion elle vient de ça, on cherche des gens qui vont nous rassurer, qui vont faire taire nos peurs, qui n’ont souvent rien à voir avec eux en fait et qui viennent d’une autre histoire.

On cherche à l’extérieur de nous les réponses qu’on a, et je pense qu’aussi longtemps qu’on sera dans cette posture, on sera insatisfait car il y a toujours un moment où l’autre ne peut pas tout à fait être à la hauteur de ce que tu attends, et il faut que tu comprennes que ce n’est pas l’autre le problème, que ce sont tes attentes. Après tu pourras être suffisamment à l’aise pour permette à l’autre d’être lui-même. On nous conditionne à une espèce de mascarade où chacun doit jouer un rôle, on se porte préjudice et c’est d’une tristesse crasse car c’est sur cette base-là qu’on se met à faire des enfants.

L : Mais les attentes des femmes sont déjà tellement basses dans les couples hétéros, que le problème c’est que j’ai l’impression que quand on dit aux femmes « connais toi, sois indépendante, sois fière », après elles ont peur de faire peur aux hommes.

AJN : C’est ça que tu dis, c’est que toute notre existence est centrée autour de ce que les hommes pourraient penser de nous et cette focale-là, il faut qu’elle change.

Je pense que c’est aussi pour ça que je travaille autant sur la transmission, parce que je trouve que ça vient aussi de ça, tu vas avoir tendance à être en réaction au modèle que tu as vu mais dans un cas comme dans l’autre, en fait tu es en réaction, tu n’es pas en action, ce n’est pas ta vie à toi que tu es en train de vivre. Tu es en train de vivre une vie où tu copies quelqu’un, ou bien une vie où tu veux être absolument l’opposé.e de cette personne parce que ça t’a gonflé.e, mais toi tu veux quoi, toi tu es qui en qualité de sujet ? 

Aussi longtemps que dans notre société les enfants ne seront pas considérés comme des sujets, on continuera à répéter les choses puisque c’est ce qui est attendu de nous. L’éducation que nous recevons enfants, c’est aussi celle-là, c’est aussi parce qu’on n’est pas considéré.e.s comme des sujets qu’on peut être utilisé.e.s, instrumentalisé.e.s, violenté.e.s, violé.e.s enfants. Tout est lié en fait.

Travaillons plus sur la notion de personne, sur la notion de sujet et on sortira peut-être plus vite du conditionnement et du patriarcat parce que le patriarcat n’a rien à gagner à notre qualité de sujet. 

L : Pour résumer on pourrait dire que plein de gens sont insatisfaits en amour parce qu’ils ne sont pas sincères.

AJN : La sincérité c’est envers soi d’abord, c’est quelque chose à quoi on est conditionné, le conditionnement qui est le nôtre aujourd’hui ne permet pas aux gens d’être le plus authentiquement eux-mêmes. Ça c’est peut-être le truc le plus subversif que vous puissiez faire, c’est dire « moi je », c’est revendiquer et surtout que vous êtes des femmes, et je pense que c’est quelque chose qui me parait aller de soi parce venant plus d’une culture où le groupe prévaut sur un individu, quand tu es une femme ce serait le summum. 

Je connais d’autant plus la valeur de cette notion de sujet, et puis aussi l’histoire fait que ce qui a été vécu par les populations dites minorées, nous sommes particulièrement au fait que notre qualité de sujet n’était pas le truc le plus respecté et le plus considéré, le plus apprécié. Tu as les deux trucs qui s’articulent en mode « ouais, je suis une femme noire donc cette notion de sujet m’est particulièrement chère et je vais particulièrement vous casser les couilles avec ça ». Je milite profondément pour l’accession des femmes et des filles à leur qualité de sujet.

J’ai beaucoup d’espoir là-dessus parce que je me dis, si à chaque génération on gagne dix ans, on va pouvoir sortir de ce truc tellement plus vite que toutes les prévisions catastrophiques qu’on tend, et j’espère du fond du cœur que ça va être le cas, et je sais que le lectorat aussi a le même âge que la plupart d’entre vous en fait. Moi je suis ma génération à moi donc la cinquantaine, il y a des gens pour lesquels les conversations qu’on peut avoir et les considérations qu’on va avoir sur ces questions-là sont juste irrecevables, mais c’est plus la tringle de remettre le modèle en question dans lequel eux ont mariné jusqu’à présent, et s’il fallait envoyer valdinguer ce truc là il faudrait tout refaire.

Il y a beaucoup de gens qui n’ont pas envie de se remettre en question et d’être remis en question par des écrits de cet ordre-là, et il faut respecter ça, mais la bonne nouvelle c’est qu’il y a encore plus de gens qui eux ont envie de le faire et qui attendaient un ouvrage de cet ordre-là. On est vraiment partis en tout cas sur une sacrée remise en cause de l’amour dans les prochains mois, de l’amour, du couple, de tous ces trucs là ou pendant longtemps on nous a dit qu’il n’y avait pas matière à réflexion, on faisait selon un modèle et c’était comme ça, tu avais intérêt à rentrer dans les cases.

Le couple c’est vous qui l’inventez, il y a autant de couples que de personnes, autant de possibilités en la matière que d’êtres sur cette planète et la recette qui fonctionne pour votre pote ne fonctionne pas forcément pour vous et ce n’est pas grave. L’essentiel c’est que vous trouviez ce qui fonctionne pour vous et surtout, surtout, je vous en supplie, ne vous oubliez pas au passage.

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L : Repenser notre rapport à l’autre, à l’amour, c’est s’inscrire dans le mouvement révolutionnaire lancé par nos ainé.e.s dans les années 70, c’est continuer à lutter pour l’amour, contre un système qui l’obscurcit, c’est faire corps au sens littéral. 

Merci Axelle, Mélie et Gabrielle d’être venues dans Mécréantes aujourd’hui, merci à vous pour l’écoute, merci à Laura de Mom Podcast pour le montage et le mixage. Pour soutenir le projet vous pouvez mettre cinq étoiles sur Apple Podcast et me rejoindre dès à présent sur Patreon.

*Jingle*