Briser le silence

Épisode #10 - Comprendre l’exploitation sexuelle des mineures pour mieux la prévenir

Briser le silence Season 2 Episode 10

Dans cet épisode, Juliette et Annie-Pier s'entretiennent avec Jessica Cyr, Jessica Cyr, préventionniste et intervenante web pour le projet Les Nuanceuses, au Projet Intervention Prostitution Québec (PIPQ). Ensembles, elles définissent ce qu'est l'exploitation sexuelle, discutent des différents modes d'entrée et des besoins des victimes. Elles parlent également des attitudes aidantes à adopter auprès des victimes, tant pour les proches que pour les intervenants.es. Bonne écoute!

Voici quelques ressources : 

- PIPQ : https://pipq.org/
- Viol-Secours : 418-522-2120
- Directeur de la Protection de la Jeunesse (DPJ) : 418 661-3700 

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https://www.youtube.com/@lesnuanceuses
Instagram : https://www.instagram.com/nuanceuses/ 

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🎙️🎥: Gestion Balado Studio

- Cette initiative est soutenue par le Secrétariat à la condition féminine -

Bonjour, bienvenue au balado Brisez le silence. Je suis en compagnie d'Annie-Pierre. Aujourd'hui, on a reçu l'intervenante du PIPQ, Jessica Cyr. Oui, c'est super intéressant. Elle est venue nous parler d'exploitation sexuelle et des différents modes d'entrée dans l'exploitation sexuelle justement. Elle nous a aussi parlé de comment on peut accompagner un proche ou en tant qu'intervenant, comment on peut intervenir. C'est une très belle discussion. Vraiment. Donc, bonne écoute. Bonne écoute. Notre balado aborde les violences sexuelles et leurs conséquences. Il peut aussi être question de traumatisme, de violence, de suicide, de consommation, d'automutilation et autres. Cet épisode s'adresse à un public averti. Cette initiative est soutenue par le Secrétariat à la condition féminine. Bienvenue à Briser le silence. Votre balado traitant des violences sexuelles, de consentement et des dynamiques de pouvoir entre les individus. Votre animatrice, Juliette Marcoux, ainsi que ses invités, échangeront sur ces réalités qui concernent l'ensemble de la population. Merci d'être à l'écoute. Ensemble, brisons le silence. Bonjour, bienvenue au balado Briser le silence. Je m'appelle Juliette Marcoux et je suis votre animatrice. Aujourd'hui, je suis en compagnie de Annie-Pierre. Allô! Et Jessica, c'est réintervenante au PIPQ. Oui, c'est ça, exactement. Tout à fait. Bienvenue. Merci d'être là avec nous. Merci de l'invitation. Je suis vraiment contente d'être là. Est-ce que tu veux nous expliquer un petit peu c'est quoi le PIPQ pour commencer? Oui, te présenter, tout ça. Tout à fait. Le PIPQ, en fait, c'est un organisme communautaire Projet Intervention Prostitution Québec. PIPQ, ça veut plus court. Ça fait 40 ans qu'on existe. On a fêté notre 40e en octobre dernier. Notre mission, c'est vraiment d'accompagner toute personne qui gravite dans l'industrie du sexe. Autant des personnes qui font du travail du sexe de façon autonome, indépendante, des personnes qui vivent des situations d'exploitation sexuelle, qui sont à risque d'en vivre, ou qui ont déjà été dans l'industrie du sexe de toutes sortes de façons, en fait, puis qui auraient besoin encore de bénéficier de certains services. Donc, c'est assez large. On accompagne des personnes vraiment de tout âge, toutes identités de genre aussi, à travers plusieurs volets de services quand même. On a une équipe qui a grandi. Donc, voilà. C'est pas mal ça qu'on fait en général, je dirais. Puis, je me trompe peut-être, mais je pense que t'as aimé mon podcast également. Tout à fait, effectivement! Le petit fret, peut-être que ça parait pas que j'ai aimé mon podcast. C'est normal, c'est normal. Mais oui, le podcast est nuanceuse. En fait, on a fait deux saisons. Donc, disons que le projet est pas mal terminé. Mais c'est un balado dans lequel on recevait des invités puis on abordait plein de sujets qui touchent aussi au travail du sexe dans l'exploitation sexuelle, notamment. Oui. Bien, merci beaucoup d'avoir accepté notre invitation. On est super contentes de pouvoir discuter avec toi aujourd'hui. Tu l'as un petit peu abordé dans ce que tu fais comme travail, mais aujourd'hui, on aimerait parler plus de tout ce qui est exploitation sexuelle. C'est des situations qu'on peut voir particulièrement à Nipière, je pense, dans tes suivis. Oui, avec la violente génèse, entre autres. Dans l'exploitation sexuelle, c'est une forme de violence sexuelle. Donc oui, on est appelés à intervenir auprès de cette clientèle-là. Donc, on voulait faire un épisode sur ça. C'est pour ça qu'on t'a invité aussi. Puis on voulait aussi, entre autres, aborder plus les stratégies de recrutement aujourd'hui, parce que vous avez fait aussi un podcast super complet puis plusieurs thèmes ont été abordés. Mais on dirait que les stratégies... Qu'est-ce qui se passe avant l'exploitation sexuelle? On voulait plus aller en profondeur sur ça. Mais pour commencer, peut-être que tu pourrais nous définir c'est quoi l'exploitation sexuelle? Oui, tout à fait. C'est un phénomène qui est quand même complexe puis qui nécessite quand même beaucoup de nuances. Je tiens à préciser quand même au début que je ne suis pas experte nécessairement du phénomène. C'est sûr qu'au travers de mon rôle, ça m'amène quand même à connaître les grandes lignes puis bien comprendre ce phénomène-là. Mais quand même, je ne suis pas une personne qui en a vécu non plus. Est-ce que mon expérience de ce que je peux avoir vu au travail est représentative de tout le phénomène? Je ne pense pas. Mais comment on va le définir? C'est vraiment lorsqu'une personne va être amenée à échanger des gestes sexuels de façon non volontaire. On peut utiliser que ce soit la manipulation, la menace, la contrainte, la force physique pour amener quelqu'un à échanger des services sexuels contre son gré. personne qui va emmener l'autre à échanger des services sexuels va aussi retirer un avantage des gestes sexuels qui ont été échangés, en fait. Donc je dirais que c'est pas mal ça, mais en fait aussi là ce qu'il faut comprendre c'est que quand on parle d'une personne qui est mineure, c'est ça que j'allais préciser. Donc automatiquement au sens de la loi, dès que c'est une personne mineure qui va échanger des services sexuels, on va parler d'exploitation sexuelle à ce moment-là. C'est super intéressant, merci. Puis vu qu'on veut parler des stratégies de recrutement, par rapport à ça, est-ce que tu veux les définir aussi? Puis après ça, on donnera des exemples, puis on ira plus dans le vif du sujet, mais juste pour qu'on mette la table aussi sur les sujets, les différents thèmes. Oui, bien en fait les stratégies de recrutement, c'est tellement large en fait parce que, bon oui on va voir un peu des certaines façons de faire, disons, qui vont ressortir un petit peu plus, mais on va plutôt parler beaucoup d'un contexte aussi, donc qui va mettre des choses en place. J'essaie de faire du sens dans ma tête de ce que je dis, mais en fait ce qu'on va voir c'est qu'à la base, c'est une réponse à un besoin, l'effet d'échanger des services sexuels. Donc oui, il y a certaines stratégies, la manipulation qui peut être mise en place. Bon, on va plutôt parler de modes d'entrée que de stratégies comme telles, en tout cas dans la façon qu'on va l'expliquer au PIPQ. Donc on va ressortir, disons, quatre modes d'entrée dans le phénomène d'exploitation sexuelle qui sont un petit peu plus marqués. Je ne sais pas si ça vous intéresse, on va attendre qu'on rentre là-dedans. Donc en fait, on va voir quatre modes d'entrée qui vont être soit initiés par soi-même ou par les autres. Donc en fait, ce qu'on veut dire par là, c'est que premièrement, il y a toutes les personnes qui vont entrer, disons, dans l'exploitation sexuelle de par des besoins affectifs, de par le sentiment d'amour. Je vais combler parfois certaines carences, peut-être que j'ai développé au fil de mon histoire de vie. Donc vraiment, la notion de relation intime, de développer une confiance, un lien avec l'autre va vraiment être le motif principal qui va mener à l'exploitation sexuelle dans ce cas-là. Donc on peut voir nécessairement des jeunes qui, justement, vont avoir peut-être un petit peu plus d'enjeux au niveau de l'attachement, au niveau relationnel aussi. Puis un bon exemple de ça, juste pour faire des parallèles, dans Fugueuse, on parle de ça parce que c'est super connu quand même. Mais ça, c'était un peu le mode d'entrée qui avait été utilisé, si je peux me permettre de dire ça comme ça. C'était une relation amoureuse, je gagne ta confiance. Elle avait des enjeux dans sa famille, donc c'est un peu comme ça que c'est arrivé dans sa vie. C'est un bon exemple. Tout à fait. Puis justement, je trouve que c'est un bon exemple aussi dans le sens où on voit que Fanny, au départ, avait quand même d'un bon milieu. Oui, absolument. On ne pense pas nécessairement à tous les facteurs de vulnérabilité classiques qu'on pourrait s'imaginer, parce qu'au final, il n'y a pas de... Là, je réponds à un mythe qu'on aurait peut-être pensé, mais il n'y a pas de profil type non plus de personnes qui peuvent être victimes d'une exploitation sexuelle. On a tendance à s'imaginer que c'est des personnes qui viennent d'un milieu plus défavorisé, qui ont des histoires de vie traumatiques, mais pas nécessairement du tout. On parle plutôt de facteurs sociaux, beaucoup plus, parce qu'on en a tous des facteurs de vulnérabilité individuelle. Donc, je trouve ça intéressant aussi qu'on le voit dans Fugueuse que Fanny, elle vient d'un milieu qui était quand même soutenant. Il y a un contexte qui est arrivé et qui est venu répondre à un besoin qu'elle avait, qui était de la valorisation, de l'amour. Oui, puis les jeunes, je dis les jeunes vu que c'est ma clientèle aussi, mais ils sont en recherche de sensations fortes. À se faire miroiter un monde qui allait être rempli de luxure, de party, tout ça, ça peut être attrayant pour un jeune qui veut vivre sa vie à fond. Les risques, tout ça, ce n'est pas tant envisagé dans sa tête. Non, ce n'est pas pris en compte nécessairement. Non, c'est ça. Puis c'est normal. Oui, tout à fait. Je veux dire, c'est attrayant, puis tout ça. Donc, on peut comprendre quand même que ça peut venir attirer. Puis tu sais, je pense que c'est important aussi qu'on le dise. Je voulais qu'on le dise rapido avant de commencer. Mais tu sais, on en parle aujourd'hui des modes d'entrée ou des techniques de stratégie de recrutement, mais ce n'est pas parce qu'on est au courant de comment ces personnes-là peuvent procéder qu'on est à l'abri de ça. Puis tu sais, ce n'est pas parce qu'on est au courant que c'est de notre faute si on tombe entre les griffes, je peux dire, de ces personnes-là. personnes qui sont manipulatrices, c'est des personnes qui connaissent moins la façon de procéder, puis comment attirer, justement, ils rendent ça le plus attrayant, fait qu'on en parle aujourd'hui, mais c'est pas parce qu'on est somme toute au courant que s'il arrive quoi que ce soit, c'est notre responsabilité ou notre faute. Je voulais quand même prendre le temps de le dire. Vraiment, tout à fait. Merci de le préciser, parce qu'on le répétera jamais assez, là, je pense que le sentiment de culpabilité, il peut être fort, puis arriver assez rapidement aussi, donc on le dira jamais trop que c'est pas de la faute des personnes qui peuvent le vivre, pas du tout. Puis tu sais, tu parlais aussi de notion de gain, perception de gain, puis on le sait à l'adolescence aussi, la perception qu'on va avoir des gains et des risques n'est pas les mêmes, on ne tombera pas nécessairement dans le développement du cerveau, mais on le sait que tout ce qui est notion de risque, prise de décision, planifier ce qui s'en vient, bien c'est pas totalement acquis non plus à l'adolescence, le jugement critique est en développement aussi, donc parfois les gains qui sont immédiats, bien ils vont prendre peut-être un peu plus de place dans le tableau que les risques qu'il y a derrière, puis qu'on va pas montrer non plus nécessairement d'office, là. En fait, on a tellement accès à de l'expérience de gens sur Internet, sur les réseaux sociaux qui vont parler beaucoup des bénéfices, qui vont en retirer, puis loin de moi l'idée de les nier, là, ces bénéfices-là pour certaines personnes qui peuvent en retirer dans leur pratique, là, des personnes qui vont faire du travail du sexe, disons, autonome. Par contre, quand c'est un jeune qui a accès à ce contenu-là, qui a pas nécessairement le jugement critique d'évaluer, OK, bien, tu sais, il y a des risques derrière, il y a des enjeux qu'on a pas nécessairement mis de l'avant, mais qui sont présents quand même, là, donc effectivement, c'est ça, c'est en ayant aussi un facteur de vulnérabilité de l'adolescence qui est un peu inhérent à cette période-là, quand même, là. Moi, je voulais revenir à la figure de la famille, qui est une famille standard, là, mais je trouve ça vraiment intéressant qu'ils l'aient fait comme ça, parce que moi, avec les jeunes que j'ai en suivi, c'est souvent, ils se sont beaucoup, bien, elles se sont beaucoup reconnues en famille, justement parce que, bien, ça représentait leur milieu familial. Je trouve ça super intéressant qu'il y ait été exposé cette réalité-là. Tout à fait, puis aussi, je pense que les programmes de prévention ou, disons, les activités de prévention qu'on fait méritent aussi d'être offerts aux jeunes « at large », si je peux m'y permettre, en général. Donc, on a tendance à, excusez-moi, à beaucoup cibler les jeunes qu'on va percevoir, peut-être, certains facteurs de risque, alors que, parfois, on passe à côté d'autres jeunes qui, aussi, pourraient l'être sans qu'on l'ait nécessairement décelé. Donc, oui, voilà. Puis ça touche tellement de monde. Il y en a beaucoup, là, plus que ce qu'on peut penser des fois, là, quand on travaille pas là-dedans, nécessairement, mais il y en a à Québec. Ça fait que c'est pour ça que c'est important d'en parler à nos jeunes dans nos écoles. Vraiment, oui, tout à fait, parce que, tu sais, on a souvent l'impression que ça se passe ailleurs, là. Je pense à un autre mythe dans les grandes villes, par exemple, mais on sait que ça peut arriver partout, là. En fait, on n'y échappe pas à Québec, loin de là. Ça fait que, oui, totalement que c'est important d'en parler à tous et toutes. Puis même, tu sais, parfois, quand je vais donner des ateliers, aussi, dans les écoles, là, j'ai pas tant parlé, en fait, de mon rôle, plus précisément, au PPQ, d'ailleurs. On est tombé vite dans le sujet. Mais je vais donner des ateliers en secondaire 3. Puis, en fait, les jeunes, il y en a qui se sentent très loin de cette réalité-là, puis tant mieux, en fait, là, c'est ce qu'on souhaite, là, qui se sentent pas nécessairement interpellés par la réalité. Mais quand même, il y en a beaucoup pour qui c'est une des premières fois qu'ils vont en entendre parler ou, bon, ils vont avoir des questions qui ont pas nécessairement l'espace non plus pour pouvoir les poser. Donc, d'où l'importance de sensibiliser sur le sujet puis d'en parler, même si on a l'impression que ça se passe pas dans nos milieux puis que ça pourrait pas arriver, disons. Exactement, Mathie. Moi, je viens de la région, là, puis c'était pas quelque chose qu'on parlait, là, du tout, du tout, du tout. Puis, t'sais, j'ai été comme confrontée à réaliser que, mon Dieu, ça arrive quand même, finalement. Mais t'sais, c'est comme tellement pas parlé, nous, qu'on se dit, ah, c'est pas ici, fait qu'on en parlera pas. Mais finalement, c'est ça, ça... Désolée, le terme, mais ça m'a rentrée dedans comme une souris quand j'ai réalisé que, ah, bien, finalement, il y en a d'autres dans notre coin aussi, puis c'est pas... t'sais, c'est pas... on n'est pas à l'abri du tout, là. Fait que c'est important d'en parler, même si... si ça peut toucher 3-4 personnes, mais ça va toucher 3-4 personnes, là, je pense que c'est ça qui est important le plus. Exact. Tout à fait. On sème des graines. Exact. Tranquillement. Puis sinon, si je continue dans les modes d'entrée, on a parlé de la notion d'amour, la notion plus affective. Ce qu'on voit aussi Je côtoie beaucoup des jeunes qui ne vivent pas d'exploitation sexuelle nécessairement. Je suis en prévention primaire, je vois des jeunes qui vont relativement bien, tant mieux en fait. Mais c'est sûr que je ne vois pas des jeunes qui ont les deux pieds dans une situation d'exploitation sexuelle, contrairement à d'autres collègues qui vont plus accompagner des jeunes qui vivent ces enjeux-là. J'ai jasé avec une collègue aussi avant de venir pour pouvoir un peu vous apporter du feedback de ce qu'elle peut vivre sur le terrain. C'est sûr qu'au niveau de mes collègues, ce qu'ils vont voir comme mode d'entrée qui est le plus présent, c'est quand même encore l'amour. Malgré ce qu'on pourrait peut-être penser avec l'arrivée des réseaux sociaux et tout, mais quand même la notion, oui d'amour, mais de projet commun aussi, beaucoup. Puis tu sais, encore une fois, on parle souvent de facteurs de risque, mais on oublie beaucoup toute l'influence que notre société peut avoir dans ce phénomène-là, dans le sens où on est dans une société où on a des objectifs axés sur la performance, la réussite, devenir quelqu'un, le gênement de baiser. Donc ça n'échappe pas à nos jeunes non plus, ça n'échappe pas aux personnes qui peuvent se retrouver dans une station d'exploitation sexuelle. Puis les besoins auxquels on répond sont sensiblement les mêmes pour tout le monde, dans le sens où on a tous envie de réussir, on a tous envie à quelque part de performer dans quelque chose qu'on se trouve bon, qu'on se trouve bonne. Donc évidemment que les jeunes n'y échappent pas aussi. Donc après, quel besoin est répondu derrière? Ça peut aussi être un besoin d'être valorisé, de vivre la réussite, de vivre un certain mode de vie, de gagner de l'argent, parce que c'est ce qu'on montre qui est une réussite aussi dans la société. Donc au final, il y a aussi cette influence-là de la société qui en joue pour beaucoup au-delà des facteurs individuels, puis aussi le manque de ressources, surtout que certaines personnes vont être plus confrontées que d'autres. Mais c'est quand même... J'accroche le micro. C'est quand même ce qui va être un petit peu plus vu, puis c'est sûr aussi que c'est pas nécessairement représentatif non plus de l'ensemble des jeunes qui viennent d'exploitation sexuelle, parce qu'évidemment qu'il y a des jeunes qui viennent chercher des services, qui veulent développer un lien auprès d'une intervenante, d'un intervenant, bien possiblement que c'est des jeunes qui vont être plus en recherche justement de liens affectifs, de développer une confiance avec quelqu'un. Donc, ces jeunes-là se retrouvent un petit peu plus dans le mode d'entrée de l'amour, par exemple, du projet commun, de bâtir quelque chose, partir en voyage, avoir une maison, avec mon « conjoint », qu'on va percevoir comme un conjoint à ce moment-là. Finalement, c'est un proxénète. Oui, exactement. Donc, c'est les jeunes auxquels on a un petit peu plus accès de notre côté, mais bon, il y a d'autres modes d'entrée aussi qui vont être vus, là, donc je me lance-tu? Oui, c'est super intéressant. Puis moi, je me demandais, quelqu'un, une personne, son mode d'entrée, c'est pour elle valoriser, puis se trouver bonne dans quelque chose, puis là, finalement, elle fait ça mineure, parce que c'est de l'exploitation sexuelle, puis quand elle devient majeure, elle continue, mais parce que des fois, c'est juste là-dedans que je suis bonne, j'ai été valorisée là-dedans, peut-être j'ai mis sur pause mes études, il y a aussi l'engrenage qui peut s'arriver, ça peut débouler vite aussi, puis finalement, la personne se réveille plus tard, puis oui, elle est rendue majeure, oui, elle pense peut-être qu'elle fait ça d'un choix conscient, mais finalement, on a constaté qu'au début, c'était de l'exploitation sexuelle. Il y a comme beaucoup de choses qui peuvent se cacher, j'ai l'impression, derrière, ça serait un peu ça aussi. Oui, tout à fait, puis tu sais, il y a aussi le fait que, rendue à 18 ans, c'est pas parce qu'elle a été majeure que tout d'un coup, c'est le travail du sexe, le consentement. Exactement, bon, tout ce qui était en place, la nuit que tu passes de 17 ans à 18 ans, bien, est encore là, probablement, donc il y a ça aussi, là, puis en fait, parfois, on vit une situation d'exploitation sexuelle, mais la personne qui la vit va pas nécessairement le percevoir de cette façon-là, puis est-ce qu'une personne qui vit de l'exploitation sexuelle n'a aucun contrôle sur aucun aspect de sa situation? Bien, pas tout le temps, tu sais, ça se peut que j'ai l'impression que j'ai du contrôle sur ma situation, parce qu'il y a certaines choses sur lesquelles je peux porter une décision, je peux choisir, donc ça peut venir un peu flouer les quatre, parce que le consentement, c'est pas si, tout le temps, si noir ou blanc, tu sais, il y a plein de nuances aussi, donc après, on va souvent expliquer, bon, le travail du sexe, c'est consenti, tandis que l'exploitation sexuelle, ce l'est pas, mais bon, il y a de la nuance à emmener là-dedans. Absolument. Puis c'est pas noir ou blanc, puis je pense que tu le dis bien aussi, que quelqu'un peut se sentir qui est pas en exploitation sexuelle, mais peut-être finalement l'est, puis elle s'en rencontre un coup qui est sorti de tout cet univers-là aussi. Ouais, effectivement. Et comme tu mentionnais, t'sais, on passe à l'âge de 18 ans pis là, ça devient automatiquement, en tout cas, on pourrait dire plus de l'exploitation sexuelle, mais il y a quand même un sentiment d'appartenance, de sécurité probablement, qui se développe avec cet environnement-là. T'sais, c'est ce qu'on allait chercher au début, fait que t'sais, on est comme habitué d'être dans ça, on banalise certains comportements, ça devient routinier, fait que t'sais, de l'extérieur, on peut dire, oh mon Dieu, ça a pas de sens, ou t'sais, faut sortir cette personne-là de cette situation-là, mais un coup que t'es dedans, c'est sûr que c'est différent, pis ta vision de la situation peut être différente aussi, là, t'sais, il y a quand même beaucoup de choses qui ont été mises en place autour de toi pour que tu aies un sentiment, t'sais, d'être semi-en contrôle, ou t'sais, d'être bien, là, je le dis vraiment entre guillemets, mais t'sais, c'est quelque chose qu'on voit aussi beaucoup, mais de l'extérieur, c'est facile de se prononcer pis de dire, mon Dieu, ça a pas de sens, mais si on a les deux pieds dedans, c'est beaucoup plus complexe. Oui, exactement, des fois, on a un certain pouvoir d'action qui reste, là, en fait, donc qui peut avoir un effet de nous maintenir aussi dans cette situation-là, parce qu'on perçoit encore des gains, pis on perçoit une certaine, justement, empowerment là-dedans, là, en fait. Pis il y a tous les besoins de survie, t'sais, on parle besoins affectifs pis ça, mais il y a aussi les besoins de survie, quelqu'un qui a connu ça toute sa vie a besoin d'argent pour se nourrir, pour se loger, fait que t'sais, c'est pas à négliger le besoin de juste survivre, là, des fois, que c'est ça qui se cache derrière, là. Ben, c'est justement le deuxième mode d'entrée, fait que c'est une belle intro à ça, donc la survie, c'est vraiment le deuxième mode qu'on va voir, pis quand je dis deuxième, je les nomme pas en note d'importance, là, en fait, là, mais au niveau de la survie, ben là, en fait, les gestes sexuels vont avoir comme but, en fait, d'avoir des... voyons, j'vais-tu le dire, de répondre à tes besoins de base, en fait, donc ça va être un moyen d'avoir des ressources, autant des ressources alimentaires, ça peut être, je me fais héberger, en échange de changer des services, je vais en fût, par exemple. Moi, j'allais préciser les fugues, là, parce que des fois, je suis avec des jeunes du centre, pis quand ils sont en fugue, ben, en tout cas, des fois, ils sont considérés à risque d'en vivre d'exploitation sexuelle, justement parce qu'ils ont besoin de se loger, des fois, ils ont besoin de consommer, tu sais, il y a tout ça qui est pris là-dedans, là, donc... Effectivement, pis à ce moment-là, ben, possiblement que... j'aurais pas nécessairement l'impression que j'ai une exploitation sexuelle, pis ça me parle pas le mot «tribe sex», ça me parle pas le mot «procession», encore moins«exploitation sexuelle», moi, c'est plus pour me dépanner, pis c'est une fois de temps en temps, pis je m'identifie pas à ça du tout, donc... Mais oui, on va le voir aussi dans des contextes où parfois, on a des jeunes qui vont être en fugue, qui vont avoir accès à ce qu'on appelle des réseaux d'hébergeurs, par exemple, donc des personnes adultes, là, pour la plupart, qui vont... ben, qui vont accueillir des jeunes en fugue, des jeunes dans des situations plus de vulnérabilité, leur fournir, ben, leurs besoins ou de la consommation, comme tu l'as dit, là, par exemple, pis demander des services sexuels par la suite, là, donc, ça, quand même, on va le voir aussi. Ouais, pis à ce moment-là, la transaction qui se fait, si on veut, c'est pas de l'argent, mais c'est des services comme l'hébergement, la nourriture, donc c'est pas toujours une transaction monétaire, là, qui est faite pour que ce soit de l'exploitation sexuelle. Exact, exactement, aussi, là, donc, souvent, on a tendance à penser à un échange d'argent, mais ça peut être, comme tu as dit, là, un échange de vêtements, de conso, de... peu importe, en fait, là, dès qu'il y a un échange. Oui, une monnaie d'échange, peu importe que ce soit l'argent ou d'autre chose, là, qui va être utilisée. Exactement, exactement, pis aussi, j'en profite pour mentionner que, des fois, on a tendance à oublier que nos garçons, aussi, peuvent se retrouver dans ce genre de situation-là, dans un contexte de survie, entre autres, pas juste dans un contexte de survie, mais quand même, dans ce genre de contexte-là, on peut le voir, pis, comme intervenant, c'est important d'ouvrir un peu ses oeilleurs, aussi, pis de pas l'oublier, parce que, parfois, on va être porté à avoir un double standard dans notre façon de réagir à un jeune qui revient de fugue, à une jeune qui revient de fugue, pis à ne pas nécessairement avoir la même perception d'une jeune qui revient, par exemple, avec des objets de valeur, qui revient avec des nouveaux vêtements, ben, la petite cloche d'exploitation sexuelle, ça se peut qu'elle sonne plus rapidement que le jeune garçon qui revient à l'unité avec des nouveaux choses, pis on va tout de suite allumer « bon, est-ce qu'il a vendu quelque chose?» C'est ça, on va se dire qu'il a fait de quoi de mal, à un moment, on va pas du tout les accueillir, les considérer de la même façon, là, par exemple. Exactement, alors que j'arrive dans l'unité avec les autres petits boys, ben, peut-être que ça me tente vraiment pas d'en parler, là, que... J'ai vu quelqu'un en fin de semaine et j'ai dû faire des choses pour avoir ces souliers-là. Ça va avoir tendance à être tu, un petit peu plus, ce genre d'expérience-là chez les garçons. D'autant plus l'importance d'avoir cette lunette-là aussi. Je pense qu'en agression sexuelle, généralement, les garçons puis les hommes ont moins tendance à en parler. C'est tabou, le sujet des agressions sexuelles, mais j'ai envie de dire que ça l'est encore plus avec les garçons et les hommes aussi. C'est un bel exemple qui nous montre que, même nous, on a quand même des fois une vision plus tunnelle, puis on a quand même... on pourrait gagner à ouvrir un petit peu nos horizons par rapport à ça. Tout à fait. Vraiment. Sinon, un autre mode auquel je pense, c'est la provocation-opposition qu'on va appeler. Figueuse et loin quand même dans ma tête, donc j'ai de la misère à me rappeler. Est-ce que tu es un petit peu peut-être dans aussi... Viens-tu dans ce mode d'entrée-là un petit peu, Fanny? Mais bon, on pense à des jeunes qui vont se retourner vers l'industrie du sexe ou vers les échanges de services sexuels par moyen de soit reprendre du pouvoir sur une situation qu'on a pu vivre ou parce que j'ai vécu une rupture, par exemple, avec mon milieu familial, j'ai des relations conflictuelles. Puis je donne un exemple que ma collègue sort souvent comme exemple en présentation, mais une jeune qui a... Je ne sais pas si c'est ma collègue qui l'avait accompagnée, mais qui disait que la chose qui ferait le plus chier son père, je vais mettre un temps de guillemets comme ça, ça serait de faire la prostitution, puis c'est exactement pour ça que je vais le faire. Donc, je vous amène l'exemple pour vous illustrer un petit peu le chemin de pensée qu'on peut avoir dans ce mode d'entrée-là. Donc, c'est une façon justement, c'est ça, d'aller reprendre du pouvoir parfois sur des situations où j'ai l'impression que je n'en avais pas de pouvoir, j'en ai perdu. Donc, on va le voir aussi chez les jeunes qui vont parfois... Je pense, par exemple, à des créateurs, créatrices de contenu sur le web qui vont parfois se nourrir un petit peu des commentaires négatifs, des commentaires haineux que je peux recevoir, puis je vais l'utiliser pour continuer de plus belle, en fait, puis nourrir de cette popularité-là. On est un petit peu parfois aussi dans cette dynamique-là, la provocation-opposition. Donc, ça, on va le voir aussi comme mode d'entrée, mais on est avec des jeunes qui, à ce moment-là, vont être beaucoup plus dans la réaction. Ils sont beaucoup plus réactifs. J'ai une question. T'as parlé un petit peu de l'exemple, mon père, ça serait la pire chose, fait que je vais le faire. Est-ce que c'est aussi une façon d'essayer, s'il y a eu un bris familial, de reprendre contact? Parce que c'est une façon d'avoir une réaction. Donc, éventuellement, peut-être que ça va ramener un contact. Bien, tout à fait. Ça pourrait totalement être un besoin sous-jacent, en fait, à ça, carrément. Donc, je souhaite qu'on m'apporte du soutien. Je souhaite qu'on s'intéresse à moi, disons. Si je me sens pas considérée, bien, ça peut être une façon d'être vue. Exact. Parfait. Ça répond à ma question. Merci. Puis, sinon, le dernier mode d'entrée qu'on va... J'ai pas de chiffres, là, en fait. Je le dis, après m'avoir aussi, tu sais, c'est dur d'avoir des chiffres sur les personnes qui peuvent vivre l'exploitation sexuelle, encore moins ceux qui en bénéficient, là, évidemment. Donc, j'ai pas nécessairement de données à vous emmener, mais c'est quand même quelque chose qu'on va voir de plus en plus, la recherche d'aventure, en fait, d'exploration-aventure. Donc, des jeunes qui, pour tout sort de raisons, vont être emmenés, vont avoir un attrait, une curiosité, un désir de se tourner vers le milieu pour vivre de la valorisation, pour relever des défis, pour, bon, vivre des expériences, aller chercher un certain mode de vie qu'on me fait miroiter. Donc, ça, on va le voir aussi un petit peu plus. Mon hypothèse, c'est... Bon, il y a plein de choses qui peuvent expliquer ça, là. C'est multifactoriel, comme tout, dans la vie, là. Mais quand même, je parlais des réseaux sociaux aussi, tantôt. C'est sûr qu'il y a une glorification de l'industrie du sexe. Absolument. Moi, c'est à ça que je pensais quand tu t'expliquais le quatrième mode d'entrée. Oui, c'est ça. Ça, j'allais m'en remettre là, là. J'allais m'en remettre là, il y a aussi. Fait que oui, vraiment, tu sais, bon, il y a autant de prévention qui est faite, là, en ligne, là, tout à fait. Mais on voit quand même une certaine glorification de part des personnes qui peuvent faire du travail du sexe, créer du contenu, comme je disais tantôt, qui peut-être vivent des bénéfices, là, puis des avantages qui leur appartiennent. Mais... on a des jeunes qui consomment aussi ces contenus-là, puis qui sont désensibilisés de la sexualité, puis pas juste à cause du contenu qui glorifie l'industrie du sexe, mais de par l'ensemble de nos médias, de nos publicités, de la culture dans laquelle on baigne, aussi les sous-cultures dans lesquelles on baigne, qui nous désensibilisent à la sexualité aussi. Donc, après ça, il y a comme un certain travail, entre guillemets, de désensibilisation, que la société fait, en fait, à la base. Donc, ça a certainement un impact, selon moi, dans le fait d'être attiré un petit peu plus vers ce milieu-là. Donc, je ne dis pas que c'est une majorité, nécessairement, de jeunes. Effectivement, au PIPQ aussi, c'est les jeunes peut-être auxquels on a un peu moins accès, parce que c'est des jeunes souvent qui vont se percevoir comme autonomes, ça va bien, je gère mes choses, j'ai un projet pour lequel je travaille. Donc, est-ce que c'est les jeunes qui vont avoir tendance à se retourner vers des services et qui vont avoir l'impression d'avoir des besoins? Peut-être pas nécessairement. Mais quand on dit tantôt, il y en a des fois qui ne se reconnaissent pas dans une situation d'exploitation sexuelle, bien, ça doit être ce genre de jeune-là. Exact. Dans ce profil-là. Oui, exact. Je suis vraiment d'accord que les réseaux sociaux, il y en a qui le font par choix et tout ça, mais elles le montrent quand même. Là, je dis elles, mais les personnes s'exposent aussi. Donc, un jeune qui consomme ça, elle peut se dire, moi aussi, ça me donne le goût ou avoir des attraits à tout ça. Donc, elle s'embarque là-dedans, mais finalement, elle est mineure. Exact. Je pense qu'on fait rarement le portrait complet du travail du sexe ou de l'exploitation sexuelle dans les médias. On a tendance, évidemment, pour que ça clique et que ça l'intéresse de parler de ce qui est positif. C'est normal, c'est ce qui amène un engagement sur les réseaux et sur les publications. Mais c'est sûr que quand on a pas ce portrait-là qui est complet, c'est plus attrayant. Puis, on en parlait un petit peu plus tôt, la capacité au niveau du jugement et tout ça, puis le jugement critique et tout, ça reste qu'on est encore à l'adolescence puis que c'est quand même plus difficile de prendre en compte tous ces aspects-là. Donc, la prise de décision est plus complexe. Effectivement. C'est ça que la loi vient protéger aussi. Elle vient protéger les minors parce que justement, c'est ce qu'ils ont cérébralement. Ils sont pas en mesure de prendre une décision. On parle de consentement éclairé, on en a parlé beaucoup. Ils ont pas les capacités pour, puis c'est pas de leur faute. On a tout pensé par là. La loi vient les protéger de ça. Totalement. C'est pour ça aussi que quand on parle sur le consentement sexuel, des fois, ça les mêle un peu les jeunes quand j'en parle en classe parce que les jeunes apprennent le consentement sexuel, c'est 16 ans. Mais quand on parle d'échange de services sexuels, c'est 18 ans. C'est plus 16 ans parce que justement, la notion de prise de décision, de peser les pours et les comptes, en fait, est différente. Les enjeux sont pas les mêmes, les implications non plus. Donc ça aussi, je le ramène tout le temps à l'avant-plan dans le sens où, bien non, à 16 ans, on peut pas consentir avant des services sexuels. Ça veut pas dire qu'on nie la capacité des jeunes à avoir un pouvoir sur leur vie. Absolument. À prendre des décisions. Puis ils sont capables d'en prendre, il y a plein de choses qu'on peut pas faire avant 18 ans. Ça fait partie d'une de ces choses-là. Exact. Mais ils sont amplement capables de prendre des décisions. Oui, c'est ça. Puis là, je pense que justement, dans l'accompagnement qu'on va faire auprès de ces jeunes-là, j'ai pris la tangente jeunesse parce que j'avais l'impression que c'était ça, la tangente de l'épisode. Je l'ai vraiment... Je pense que oui, mais en général, mais... J'ai pris vraiment le chemin jeunesse. Ça veut pas dire que les adultes peuvent pas vivre l'exploitation sexuelle. On va le rappeler quand même. Mais justement, de favoriser la réflexion auprès des jeunes. Comment ça te fait sentir que t'as accès sur Internet? Quand tu vois ça, comment tu te sens? Parce qu'en fait, il y a ça aussi. On est vraiment dans une société de consommation. On consomme, on consomme, on consomme. Ça prend le temps d'arrêter, de réfléchir à comment ça nous fait sentir, quelle valeur ça vient... Ébranler. Ébranler, exactement. Donc, juste prendre le temps de s'arrêter puis de se reconnecter à son monde émotif. Parce que c'est un petit peu ça que, disons, les proxénètes ou recruteuses, recruteurs, vont chercher à faire, en fait, de détacher la personne de ce qu'elle ressent, de ses signaux d'alarme, de ses limites, de son monde émotif, ses valeurs. Exact. Donc, au contraire, ce qu'on cherche à faire, c'est de les reconnecter, les jeunes, à ça, à ce qui se passe en dedans. Puis, en tant qu'intervenant ou en tant que proche, on peut diviser les deux. Moi, ça m'arrive, des fois, je suis avec une jeune, puis on le sait qu'elle est dans une situation d'exploitation sexuelle, comment on intervient auprès d'elle. Moi, j'ai envie de dire, il faut semer des graines. Il ne faut pas aller lui dire, c'est vraiment mal, ou cette personne-là, c'est un proxénète. peut-être pas comme ça. Fait que c'est plus d'aller, t'sais, créer des petits doutes ou, t'sais, demander justement comment tu te sens, c'est-tu une situation dans laquelle t'sais, tu te sens bien? Qu'est-ce que tu vas chercher vers ça? Fait que, moi, c'est ce que je fais. Je sais pas si c'est de votre côté, qu'est-ce que vous pensez? Ben, ce que tu nommes, en fait, c'est très bien, là, mais en fait, comme t'as dit, ben, ça va dépendre aussi, elle en est où, là, dans sa situation, comment elle aperçoit sa situation. Fait que, t'sais, comme t'as nommé, disons, pour la jeune, là, disons qu'on prend cet exemple-là, ben, la jeune, si elle est dans un moment de sa situation où qu'elle a l'impression que, t'sais, c'est qu'elle a des avantages, est en amour ou, bon, t'sais, a la vie jet-set ou, bon, avoir les avantages, là, que ce soit affectif, matériel, bon. Ben, évidemment, si on arrive, pis on la contre-corde avec une confrontation, là, bonne confrontation, t'sais, vis-à-vis de l'exploitation sexuelle, là, ben, évidemment, ça se peut qu'on brise assez rapidement le lien. Ah, si j'allais dire, on va perdre le lien, là, c'est ça. C'est ça, exactement. Fait que, t'sais, c'est sûr que ça empêche pas qu'on peut quand même partager à une jeune, une jeune qu'on accompagne, nos inquiétudes, là. Mais, à ce stade-là, ben, surtout aller poser des questions, aller chercher de l'information, sans tomber dans la curiosité massaine ou intrusive, là, mais de poser des questions sur comment qu'elle perçoit sa situation, comment qu'elle vit ça. Ah, OK, ça se passe bien dans ta relation, ton chum, il agit comme ça, OK, comment ça te fait sens ça quand il agit comme ça, bon. Donc, on peut y aller de cette façon-là, pis, éventuellement, dans toutes les situations, on arrive à un moment où ses valeurs vont être ébranlées, où les gains que je perçois vont peut-être prendre moins de place comparé aux enjeux que je vis dans la situation. Il y a une situation de crise, entre guillemets, qui va arriver de part et d'autre, pis ça peut être n'importe quoi, la situation de crise, ça peut être juste de la violence, ça peut être, finalement, je me rends compte que mon chum, ben, il y en a trois autres, là, avec qui il promet les mêmes choses qu'à moi, bon, ça peut être n'importe quand. Ben moi, je vois des fois des agressions sexuelles, là, qui se créent une crise après ça. Tout arrive, exactement. Dans ce cas, je reviens à ça, mais c'est tellement un bon exemple de quand elle vit une agression sexuelle collective, pis elle se fait filmer, pis tout ça, ça crée une crise, pis après ça, ça solidifie leur relation, parce que c'est là qu'il va banaliser le sexe, pis c'est juste du sexe, là, Damier, je crois que c'est net. Je trouve que ça peut être, nous du moins, moi, c'est ce que je vois beaucoup, là. Ben, c'est vrai, de par votre rôle aussi, évidemment. Oui, c'est ça, en agression sexuelle. Exactement, pis c'est vrai que l'agression collective, ça va être une méthode qui va être utilisée de désensibilisation. Oui, c'est ça. Pis là, je vais remettre entre guillemets, mais pour un peu casser le monde émotif. Oui. Éloigner la jeune, le jeune, de ce qu'elle ressent, pis c'est un peu l'effet que ça va avoir aussi, là, c'est quand même assez traumatique, là, comme façon de faire, disons. Donc, oui, ça, ça va en faire partie. Parfois, ça sera pas nécessairement l'agression collective, non plus, qui va être utilisée pour désensibiliser. Des fois, ça va être, je t'ai fait, Benny, dans un environnement où il y a beaucoup d'argent qui s'échange, il y a de la consommation, il y a... Les danseuses, les... Oui, exact, on le voit. Oui, on le voit aussi! Ben, c'est bien fait! C'est ça! Il y a beaucoup d'argent sur le comptant, il y a de la conso, t'sais. Moi, ça m'avait marqué, là, il y avait plusieurs piles de billets d'argent. Pis moi, j'avais fait «Ouh! Mon Dieu!» T'sais, en l'écoutant, j'avais comme été ébranlée par tout ça. Fait que, t'sais, je peux comprendre que ça vient chambouler pis créer une espèce d'aura autour de tout ça. Totalement! Ne serait-ce que quand je pense à Fanny pis Natasha qui disaient «Ben, t'sais, j'ai un beau corps, pourquoi pas me faire, t'sais, en profiter, me faire de l'argent avec, c'est le fun!» Bon, ben, la faire Benny dans ce milieu-là, ça a une fonction de la désensibiliser, évidemment. Ça banalise, là! Ça banalise, exact! Donc, ça peut être d'autres façons de faire sans nécessairement se tourner vers l'agression collective, mais qui vont avoir un petit peu un effet, pas nécessairement similaire sur la personne, mais un objectif semblable. Ouais, le but est plus semblable. Exactement! Donc, après, quand le jeune, la jeune vit sa situation de crise, ben, c'est sûr que pour nous, c'est une fenêtre d'intervention. Ouais, c'est là le levier, là! Exact! C'est là le levier parce que là, toutes les incohérences vont ressortir, probablement. Ben, il était pas si fin que ça, dans le fond. Il m'a dit ça l'autre fois, mais j'ai pas voulu te le dire. Ça se peut qu'on ait accès à des informations qu'on n'avait pas accès avant. Donc, évidemment, dans la mesure du possible, intervenir dans la situation de crise, venir renforcer le lien puis venir, justement, reconnecter la jeune à ce qu'elle ressent, venir démystifier un peu les incohérences internes qu'elle peut vivre, ben, c'est vraiment important de le faire à ce moment-là. Même si, finalement, il y a un retour dans le milieu. comme il y aura peut-être, bien la prochaine fois qu'il y aura une situation de crise, la porte aura été ouverte et il y aura un lien qui va avoir été créé, t'sais. Puis je pense que c'est comme un peu... Excuse-moi. Non, ça va, vas-y. Je pense que c'est un peu pour ça aussi qu'il ne faut pas confronter si la personne n'est pas à l'aise ou n'est pas rendue là, parce que si jamais après ça il y a une situation de crise qui arrive, bien le lien de confiance va avoir été créé, puis elle va pouvoir venir après ça la chercher l'aide versus si on confronte cette personne-là puis on lui dit « c'est ça que tu vis, c'est pas ton job, c'est un professionnel », tout ça, bien elle ne nous fera peut-être pas nécessairement confiance pour venir rediscuter après ça quand ça va être plus difficile. Fait que je pense que de respecter aussi le rythme puis de semer les graines qu'on peut semer tranquillement, puis quand on a la fenêtre, bien on l'utilise, mais je pense que c'est super important. Exact, le respect du rythme est super important. Puis je veux juste donner un exemple d'une jeune que j'ai en suivi, sans trop donner de détails évidemment, mais on était ensemble en suivi pour une autre raison, une autre situation d'agression sexuelle, puis pendant elle a rencontré quelqu'un, puis finalement elle a vécu une situation d'agression sexuelle collective, puis après ça elle n'a pas fait de lien entre la nouvelle rencontre, le fait que c'était ses amis, que c'était ça qu'elle venait de vivre. Fait que moi je l'ai accompagnée, on a respecté le rythme, puis éventuellement elle s'en est rendue compte, mais c'est vraiment important la patience, le respect du rythme, parce que si on l'avait confrontée tout de suite, mais on l'aurait perdue, elle ne serait pas revenue aux rencontres. Fait que c'est super important de respecter la personne dans comment elle, en ce moment, elle le voit, puis elle se sent. Oui, de donner des doutes, tout ça, mais je trouvais que c'était comme un bel exemple de ce que t'as dit. Vraiment, totalement. Puis en fait, les jeunes aussi vont parfois passer par ce qu'on va appeler une période de mirage, on va l'appeler un peu comme ça dans le sens où... Puis je fais un lien avec le mode d'entrée de l'exploration, on est un peu là-dedans, mais d'avoir l'impression que je suis en contrôle dans ma situation. Moi et mon chum, on spille de l'argent parce qu'on a un projet d'aller en voyage, on a un projet de s'acheter une maison, de s'ouvrir un resto, bon, bref, peu importe, c'est quoi le projet derrière, puis en soi, c'est pas un objectif qui est illégitime, parce qu'on en a tous des besoins comme ça. Oui, puis ce qu'on rêve de rêver assez. Exactement, mais à ce moment-là, c'est sûr que quand on a un jeune, une jeune devant nous qui se sent en plein contrôle de sa situation, bien, ça peut que ça soit difficile aussi d'arriver à être une confrontation, mais de plutôt susciter la réflexion chez la jeune ou le jeune, puis d'établir un plan de sécurité, puis d'établir c'est quoi tes limites. Là, ça va bien en ce moment, tu te sens bien dans ta relation par exemple, mais mettons, je sais que ça arrivera pas là, mais mettons qu'il se passe de quoi. C'est quoi tes limites? Qu'est-ce qu'on fait? Depuis tantôt, là, tu parles du type d'intervention, tout ça, comment que tu interviens et tout, fait que je me demandais concrètement au PIPQ comment ça fonctionne pour aller chercher des services, la demande d'aide, tout ça, pour que si jamais ça l'interpelle quelqu'un, la personne-là puisse vous rejoindre. Oui, c'est vraiment une bonne question. On observe les services au PIPQ, là, je peux vous les décrire rapidement. On a un milieu de vie, donc vraiment un local où les gens peuvent venir se présenter, bon, répondre à des besoins de base comme manger, dormir. On n'est pas un hébergement, mais on a quand même des lits, là, pour que les gens puissent venir se reposer sur les heures d'ouverture du milieu de vie. C'est du lundi au vendredi, là, en journée, l'horaire est sur notre Facebook, là. Donc, c'est possible de venir parler avec une intervenante, chercher du soutien, des services, tant qu'on répond à la mission du PIPQ, c'est-à-dire qu'on a un vécu de loin, de près, avec le milieu prostitutionnel. Peu importe la forme, on peut avoir accès aux services. Donc, le milieu de vie, on a plutôt des personnes quand même majeures habituellement qui viennent, pas que c'est fermé ou mineur, c'est juste qu'on a souvent des personnes qui viennent depuis un certain temps aussi, qui se sont beaucoup appropriées le milieu, ça fait qu'on a tendance à avoir des personnes un petit peu plus âgées. Mais outre ça, niveau jeunesse, disons, là, on a le volet travail de rue, là, qui prend énormément de place au PIPQ. Donc, pour avoir accès, disons, au travail de rue, pour avoir accès à un travailleur, travailleuse de rue, bien, le point de chute est le même, en fait. Peu importe le volet de service, c'est vraiment d'appeler au PIPQ sur notre numéro, là, qui est sur notre site Internet ou sur Google, là. Donc, d'appeler, tu sais, de faire un petit portrait de sa situation, puis après, ça va être réacheminé au bon service. Est-ce que c'est un accompagnement de travail de rue qui pourrait être bénéfique? On a aussi un volet clinique, donc, auprès de jeunes qui peuvent avoir des vécus un peu plus traumatiques, vécus d'exploitation sexuelle. Puis, on a deux intervenantes dans le volet clinique qui vont vraiment travailler avec une approche sensible aux traumas. Donc, c'est des accompagnements individuels. Donc, ça peut être possible aussi. Sinon, on a le volet de prévention, où on va vraiment faire des activités autant de prévention primaire que secondaire, dépendamment des milieux, donc possiblement que si la demande c'est plus au niveau de prévention, ça va être acheminé à ce volet de services-là. Donc, on a différents programmes pour répondre à différents besoins qui tournent beaucoup autour de l'exploitation sexuelle, évidemment. Puis sinon, niveau majeur, bon je vais le nommer quand même, même si c'est peut-être un peu moins le sujet d'aujourd'hui, mais on a le projet Catwoman aussi, donc une intervenante qui va oeuvrer auprès des travailleurs et travailleuses du sexe pour la santé-sécurité, donc c'est vraiment la mission du projet, donc elle va se déplacer dans les milieux organisés de l'industrie du sexe, on pense à des bars de danse érotique, salon de massage par exemple, pour l'accompagnement psychosocial, évidemment auprès de personnes majeures, puisque c'est du travail du sexe, donc ça met pas mal un portrait, mais oui, donc c'est ça, je rembobine, mais le point de chute c'est vraiment d'appeler au PIPQ, j'oublie aussi qu'il y a tous nos réseaux sociaux, j'allais passer à côté, je suis intervenante web, moi à la base au PIPQ, j'allais m'oublier là-dedans, donc niveau jeunesse, notre projet c'est les nuanceuses dans lesquelles on a fait notre balado, donc on est sur TikTok, Instagram, Snapchat, Messenger entre autres, on est là pour créer du contenu préventif, on aborde plein de sujets qui touchent la sexualité, les relations, tout ça, mais on est aussi là pour répondre aux jeunes ou moins jeunes qui auraient besoin de soutien, qui ont des questions, qui ont besoin de parler à quelqu'un, des proches aussi, qui savent pas trop comment dealer avec la situation, peuvent nous contacter sur les réseaux sociaux, on est là aussi pour ça, donc ça peut être une belle porte d'entrée quand je suis pas à l'aise d'appeler, ça se peut, très bien, j'ai des questions sur la sexualité, je suis pas à l'aise de me tourner vers mes parents, je sais pas trop à qui poser la question, passer par les réseaux sociaux, il y a une plus grande notion d'anonymat aussi, ton pseudo c'est papillon, ben ça sera ça. On saura pas qui c'est. Exact. Pis parlant de proches justement, admettons qu'on est une amie ou qu'on est un parent, une soeur, peu importe, pis on constate justement que la personne proche de nous est en train peut-être de vivre du recrutement ou de rentrer dans un des modes d'exploitation sexuelle, qu'est-ce qu'on peut faire? On a parlé un peu du côté intermédiaire, mais en tant que proche? C'est vraiment important comme question aussi, ben premièrement de pas rester seule aussi avec la situation, de pas la porter sur nos épaules, c'est vraiment normal qu'on sache pas nécessairement comment réagir, qu'on sache pas comment se positionner face à la personne. C'est sûr qu'au niveau des attitudes, on encourage d'avoir une attitude accueillante, d'accueillir votre ami ou votre proche dans la situation sans la juger, même si des fois ça se peut qu'on soit heurté dans nos valeurs, qu'on soit pas d'accord avec des choses, mais de avoir cet accueil-là sans jugement, puis aussi d'orienter son proche, sa proche, son ami vers les bons services. Oui, les proposer. Moi je dis souvent ça dans les attitudes aidantes, mais tu peux pas l'obliger à aller voir le PIPQ, mais tu peux proposer, tu peux dire que ça existe, tu peux parler des services, mais après ça reste son choix, on peut pas l'obliger, mais de parler de ce qu'il t'offre comme services, les ressources disponibles, c'est super important. Vraiment, de suggérer, c'est ça. Tu peux pas suggérer, si la personne est à l'aise, je vais t'accompagner, si tu veux aller chercher de l'aide. Puis aussi, si on ressent le besoin, nous aussi allons chercher de l'aide, du soutien. Il y a des services qui s'adressent aux proches aussi. Nous au PIPQ, on offre une première rencontre, ensuite on oriente vers le CAVAC, mais les CAVAC ont de l'accompagnement pour les proches. Il y a des groupes aussi, je pense. Il y a des groupes aussi pour les parents, oui, donc c'est vraiment normal de ressentir un besoin de soutien, de ressentir de l'impuissance, de la colère, de l'incompréhension. La culpabilité, qu'est-ce que j'ai pas vu, selon où la personne est. Exact. Ça, c'est possible. Oui, donc faut pas négliger ce besoin-là d'aller, nous aussi, chercher du soutien pour mieux accompagner notre proche. C'est super important. Puis c'est nous, on l'a dit tantôt, mais les questions de curiosité, on les pose pas en tant qu'intervenant, mais même en tant que proche, des fois, on a envie d'avoir des détails, on est comme curieux, mais faut se retenir. On accepte la personne dans ce qu'elle nous dit, en fait. Exact. Puis si on voit que c'est pas un bon moment pour en parler avec elle, on arrête d'en parler, puis on reviendra quand la personne sera peut-être plus prête, plus disposée, mais si on la bruse, après, ça se veut qu'elle se réfère complètement. Totalement. Puis c'est d'accepter aussi qu'il y a peut-être des détails qu'on n'aura jamais, puis c'est correct aussi. Puis tu sais, c'est correct aussi de se préserver de ça aussi en tant que proche, mais ça peut être difficile aussi, recevoir toutes ces confidences-là, puis le fait de proposer des services vers des intervenantes aussi, ça peut nous enlever ce poids-là, puis cette charge. aussi émotive, là, ça fait que c'est à réfléchir aussi. Vraiment. Puis un proche aussi doit signaler, là, t'sais, s'il est au courant de plus d'informations, tout ça, c'est matière à signaler, pas à la protection de la générosité. Oui, tout à fait. Quand on parle, là, je veux pas m'enfarger les pieds d'un plein, mais quand on parle d'abus physiques, sexuels, tout citoyen est tenu, là, de signaler, peu importe. Oui, exactement. Moi, j'avais envie, là, qu'on... parce que je suis sur des comités, puis tout ça, même un documentaire, là, à Radio-Canada, si je me trompe pas, mais je vais pas le nommer, puis de toute façon, je me souviens pas du nom. Ça parlait, là, que de temps en temps, s'ils voient des jeunes, mettons, 12-13 ans, là, qui vont voir des proxénètes, puis qu'ils disent « pimpe-moi », « je veux être pimpée ». Puis des fois, ça met branle un peu dans ça, puis c'est confrontant, c'est restreint, puis tout ça. Fait que j'aurais aimé pas qu'on déconstruise, mais t'sais, qu'on aille voir un peu... Parce que oui, ça se peut, là, que ça arrive, mais t'sais, souvent, il y a des besoins derrière ça. Exact. Parce qu'à un moment, le proxénète, peu importe, elle se dit pas « je veux me faire exploiter », c'est pas ça qui se passe dans sa tête, là. Non, c'est ça. Non, c'est ça. Totalement. Effectivement, ben t'as raison, c'est bien que tu l'amènes comme nuance, parce que totalement, il y a personne qui va dire « allô, exploite-moi », là, vraiment pas. Mais c'est vrai qu'on va le voir, des jeunes, puis encore là, c'est pas une majorité, nécessairement, mais qu'on va le voir, certains jeunes, certaines jeunes qui vont avoir un attrait vers le milieu, comme on a parlé tantôt, puis qui vont cogner à la porte d'une personne pour la pimper, là, si je reprends les mots qu'il s'est nommés. Oui, c'est bon. On reprend des mots aussi. C'est pas non plus. Non, c'est ça, exact. Puis oui, c'est ça, fait qu'on le voit quand même. C'est sûr que j'aime amener la nuance aussi, que t'sais, des fois, on va avoir l'impression que ces jeunes-là vont se tourner à la porte d'un proxénète, il faut le cristalliser, dans ses comportements, pour l'exploiter, pour vendre ses propres services sexuels. Par contre, j'aime tout le temps ramener au fait qu'on a beaucoup de jeunes garçons, bien beaucoup, je veux pas tomber dans les absolus, là. Il y a des jeunes garçons qui vont venir se faire chercher aussi, on va venir cogner à leurs portes. Ces garçons-là savent pas nécessairement dans quoi ils s'embarquent. Ils ont leur lot, possiblement, de traumas ou d'expériences de vie. D'enjeux. D'enjeux, de besoins aussi, qui sont sensiblement les mêmes qu'on peut avoir. Puis qui vont possiblement avoir des comportements peut-être de proxénétisme ou de recrutement, sans être cristallisés non plus dans ces comportements-là, sans avoir la conscience non plus de ce qu'ils font. Exact. On va être dans une manipulation peut-être, si manipulation il y a, qui va être parfois inconsciente aussi. Puis je dis ça sans enlever la responsabilité aux gens à qui ça appartient, qui vont avoir des comportements qui sont conscients ou coercifs, tout ça. Mais on va avoir des jeunes qui vont se retrouver dans une situation où ils vont avoir eu des comportements de proxénétisme, puis ils vont pas du tout s'en être rendu compte, ils vont pas du tout réaliser que c'est illégal non plus, qu'est-ce qu'ils ont fait. Puis ils vont se retrouver parfois avec un peu cette étiquette-là de délinquant ou de proxénète, alors qu'on n'a pas des proxénètes à 14-15 ans dans les écoles, par exemple. On a des jeunes qui peuvent avoir des comportements, qui vont être désensibilisés, qui vont toucher à ce milieu-là. Mais ces jeunes-là aussi, il y a personne qui n'est proxénète. Donc ces jeunes-là aussi, encore là, sans enlever la responsabilité de parfois certains choix qui vont être faits, des choix qu'on n'aurait possiblement pas faits, des choix qu'on va peut-être juger moins acceptables comme société, mais des choix qui vont mener à une réponse à des besoins. Nous, on opte pour un chemin qui est plus acceptable dans la société pour répondre à ces besoins-là. Parfois, le manque de ressources, parfois les facteurs vont faire en sorte que je vais prendre un autre chemin. Dans cette dynamique-là, j'aime ramener le fait qu'on a beaucoup de jeunes qui vont se retrouver de cette façon-là, sans que ce soit des proxénètes bien établis, bien organisés, qu'on va venir cogner à leurs portes. Une jeune, je dis une parce qu'on en a derrière, on prend des filles et des femmes, des personnes qui sont artificiées comme femmes, bref, si une jeune va voir un proxénète et dit des besoins derrière, ça peut être d'affiliation, de survie, juste de recherche de sensations fortes, tout ça. Je trouve que quand c'est exposé de même, ça met la responsabilité sur la victime. Elle n'aurait juste pas dû aller voir le proxénète et dire « moi » et elle n'aurait jamais vécu ça. Mais moi, j'aime bien dire, si on lui donne un livre de comment son histoire va se terminer, probablement qu'elle ne serait jamais allée voir et qu'elle aurait dit « moi ». Elle ne serait pas allée là. Elle n'est pas consciente dans elle-même. Le consentement n'est pas éclairé. Le portrait n'est pas global, encore une fois. Je trouve qu'on a bien mis la table. Depuis tantôt, dans la discussion, pour expliquer que justement, c'est sûr que si une jeune va aller voir quelqu'un puis lui dit «pimp moi», elle va peut-être avoir juste vu des vidéos sur les réseaux sociaux qui lui amènent des aspects positifs ou quoi que ce soit. Fait que c'est sûr qu'elle n'a pas l'ensemble des informations, puis après ça, c'est à l'adulte de faire «ça n'a pas de bon sens», c'est pas à elle de tout réaliser ça, c'est à la personne en position d'autorité de dire «ben non, t'sais, on peut pas» puis tout ça. Je comprends que là, si elle va cogner à la porte d'un professionnette, il y a son modus puis tout ça, puis il y a pas les mêmes valeurs face à cette situation-là, mais mon point étant que c'est pas à la jeune de porter ce poids-là, mais dans le discours, c'est ce que ça fait, ça responsabilise encore une fois la victime pour les gestes qu'elle va vivre par la suite. Vraiment. C'est pour ça que je ramenais tantôt beaucoup aux facteurs sociaux, parce que, t'sais, comme vous avez nommé, c'est jamais de la faute à une victime, puis les facteurs de vulnérabilité, oui, il y en a certains, les facteurs de risque, et ça se peut qu'on retrouve un petit peu plus, mais on en a tous tellement de ces facteurs-là que, t'sais, au-delà des facteurs individuels, il y a autre chose. Ça peut pas juste être porté par la personne, t'sais. Donc, de ramener à toute l'influence de la culture dans laquelle on baigne aussi, ça en en est pour beaucoup, au-delà de ces facteurs-là plus individuels, même si parfois, bien, il y a des histoires de vie, il y a des manques de ressources qui peuvent nous mettre un peu plus à risque ou qui peuvent être des facteurs prédisposants, disons, à la situation. Mais la fugue est un bon exemple de ça, là. Oui, oui, c'est ça. Puis c'est pas être individuel à la personne, mais étant fugue, elle a besoin de survivre, elle a besoin de se loger, fait que, t'sais, c'est sûr que ça la met à risque, en guillemets, mais c'est pas elle-même qui se met, en tout cas, c'est ça. Exact. Il y a des nuances, là, oui. C'est ça, oui. Vraiment. T'sais, ça se peut que si j'ai pas de filets bébés de sécurité autour de moi, que j'ai pas beaucoup de ressources autant financières qu'affectives, bien oui, ça se peut que ça me mette un petit peu plus à risque. Ça veut pas dire que ça va arriver, mais ça met un petit peu plus de facteurs de vulnérabilité en place. Mais s'il y a jamais le contexte, s'il y a jamais le facteur précipitant qui arrive, ça arrivera peut-être jamais, en fait. C'est ça. On l'a dit aussi, mais il n'y a pas de profil type, là, on n'est pas capable de dire « voici telle caractéristique qui fait que tu vas vivre de l'exploitation sexuelle dans ta vie parce que c'est multifactoriel.» Non, c'est ça. Exact. Vraiment. Puis je veux juste aussi rappeler que si, mettons, qu'une personne nous écoute, vit de l'exploitation sexuelle, peu importe, puis en parle, elle, elle peut pas légalement avoir des charges. Ouais, c'est bon, ça, d'amener ça aussi, c'est important. Bien, en fait, avec la loi actuelle, la loi C-36, qui porte sur les échanges de services sexuels, entre autres, là, bon, j'ai pas le libellé exact, mais toute personne qui vend des services sexuels, qui offre des services sexuels, que ce soit de l'exploitation, évidemment, quand c'est de l'exploitation, bien, tu sais, on est considéré victime aussi, là, mais que ce soit de l'exploitation ou du travail du sexe autonome, puis que je suis 100 % consentante et volontaire à le faire, dans tous les cas, ce n'est pas illégal, c'est vraiment l'achat ou le proxénétisme qui va être criminalisé, dans ces cas-là, donc ça va être la personne qui va encourager, emmener, forcer l'autre à vendre des services sexuels et qui va en retirer un gain, ou la personne qui va bénéficier de ces services-là, en fait. Fait que la personne qui est de l'autre côté est toujours protégée, là. C'est ça. C'est important de rappeler aussi, là. Ouais, exactement, parce que c'est vraiment bon que tu le dises, des fois, en classe, les jeunes, ils ont l'impression, bon, c'est illégal, l'exploitation sexuelle, je pourrais être dans le marge, je pourrais être dans le trouble, mais non, vraiment pas. Puis ça, c'est tellement important de le déconstruire, parce que ça peut être une barrière d'accès à des services, puis on ne veut pas du tout que ça le soit. Donc oui, là, vraiment, au contraire, on va mettre des choses en place autour de toi pour t'aider, c'est ça, à sortir de la situation, à répondre à tes besoins autrement, qui sont valides, tes besoins, en fait. Ben oui, c'est ça. Oui. C'est vraiment important. Mais on avait comme préparé des mythes. Oui! On a tout dit! On a tout dit! On a tout dit! C'est exactement ça, j'allais dire, j'essayais de penser, est-ce qu'on les a toutes vues? Mais je pense que oui. Mais je pense que oui. Oui, mais entre l'âge, l'exploitation sexuelle, des fois, il y en a qui pensent que c'est 17, c'est quand même assez vieux, l'ambiance. Oui. Encore là, tu sais, les chiffres... Oui, c'est difficile. Je veux toujours le répéter, pour ne pas nécessairement être pris au pied de la lettre, les données sont dures à aller chercher, datent un peu parfois. C'est sous-représenté aussi? C'est sous-représenté. On pense surtout, disons, à la proportion de garçons qui peuvent... Parce que là, on a parlé de garçons qui peuvent avoir des comportements de recrutement, de proximité, mais les garçons qui vivent l'exploitation sexuelle, c'est sous-représenté aussi. Oui. On parlerait d'une moyenne d'âge d'entrée d'environ 14-15 ans. Oui. OK. 14-15 ans, dans les chiffres que j'ai lus, au niveau de... C'est la semaine nationale de lui. Oui, ça s'en vient, oui. J'sais pas si l'épisode va sortir d'ici là, mais... C'est quand la semaine? Je veux pas vous... Non, mais non, mais on voulait, là, que sa fille et tout, on allait le promouvoir pendant... Ah, mais c'est vraiment une bonne idée. C'est du 1er au 7 mars, puis la journée internationale, c'est le 4, en fait. OK. Mais la semaine nationale, c'est du 1er au 7. Puis pourquoi je me disais ça? Ah oui! J'y vais par rapport à un vox pop qu'on a organisé pour l'occasion. Puis dans les chiffres, ça parlait, au niveau de l'exploitation sexuelle, des mineures, d'une petite représentation quand même des adolescentes, entre 12 et 17 ans. Mais je le nomme, là, avec un pas de recul, quand même. Ça, c'est les chiffres auxquels on a accès. On s'entend qu'il y a des données auxquelles on n'a pas accès. C'est la pointe, là, de l'information. C'est la pointe, c'est ça, exactement. Puis probablement que c'est les personnes aussi qui bénéficient peut-être un peu plus davantage de nos services au niveau de l'exploitation sexuelle. Ça fait que je le nomme vraiment avec attention. Mais quand même, on verrait une petite surreprésentation de ces adolescents. OK. C'est intéressant. Merci. Merci. Bien, écoute. Oui, je pense que… Bien oui, on veut te remercier d'être revenue. Ça fait plaisir. C'est super gentil. C'est super gentil. Merci à vous autres. Puis bravo pour votre projet. C'est vraiment cool. Merci. Puis on va mettre dans la barre info, là, les coordonnées. Oui, les coordonnées. C'est super cool. C'est super cool. C'est super cool. C'est super cool. Bien, merci pour la discussion. Merci à vous. Merci à vous. Merci à vous aussi. J'espère que l'épisode va vous plaire. Puis on se voit lors du prochain épisode. Bye bye.

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