Briser le silence

Épisode #12 - Trouver son propre parcours de dénonciation après une agression à caractère sexuel

Briser le silence Season 2 Episode 12

Après une agression sexuelle, quelles sont les options pour obtenir justice et réparation ? Dans cet épisode de Briser le silence, nous recevons Déborah et Olivier qui nous présentent deux avenues possibles ; la justice pénale et la justice réparatrice. Déborah, experte de vécu, nous partage son expérience et son regard sur le parcours judiciaire traditionnel, avec ses défis et ses enjeux. Olivier, médiateur chez Équijustice, nous explique cette alternative, qui mise sur le dialogue et la reconnaissance du tort causé pour permettre une forme de réparation. Cet échange éclaire deux différentes options et leurs impacts, toutefois, il existe d’autres recours. Il est important de rappeler que porter plainte ou avoir recours à la justice réparatrice n’est pas obligatoire et que chaque personne peut choisir le recours qui lui convient. Bonne écoute !

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- Cette initiative est soutenue par le Secrétariat à la condition féminine -

Bonjour, bienvenue au balado Briser le silence. Je m'appelle Juliette Marcoux et je suis votre animatrice. Aujourd'hui, pour ce dernier épisode de la saison 2, on a reçu Déborah et Olivier pour parler des différents recours possibles à la suite d'une agression sexuelle. J'espère que vous allez aimer. Bonne écoute. Notre balado aborde les violences sexuelles et leurs conséquences. Il peut aussi être question de traumatisme, de violence, de suicide, de consommation, d'automutilation et autres. Cet épisode s'adresse à un public averti. Cette initiative est soutenue par le Secrétariat à la condition féminine. Bienvenue à Briser le silence. Votre balado traitant des violences sexuelles, de consentement et des dynamiques de pouvoir entre les individus. Votre animatrice Juliette Marcoux ainsi que ses invités échangeront sur ces réalités qui concernent l'ensemble de la population. Merci d'être à l'écoute. Ensemble, brisons le silence. Bonjour, bienvenue au balado Briser le silence. Je m'appelle Juliette Marcoux et je suis votre animatrice. Aujourd'hui, on est à l'épisode 12 et je suis en compagnie de deux superbes invités. Bienvenue. Ça va bien? Oui, ça va bien. Oui, je vais vous laisser vous présenter avant de commencer notre discussion. Je ne sais pas si une personne... Oui, parfait. Déborah, je suis un espèce de envécu. J'ai utilisé les services de vieux secours. Je vais raconter mon histoire. Bienvenue Déborah. Bonjour, bonjour. Moi, c'est Olivier Ouellet. Je suis directeur et médiateur à Équijustice Lévis. Donc, on vous a invité aujourd'hui en fait pour parler de différents recours possibles à la suite d'une agression sexuelle. Donc, aujourd'hui, le but, ce n'est pas de comparer les recours possibles, mais plus de discuter ensemble et de voir ce qui est possible pour une personne qui a vécu une agression sexuelle, les chemins qui peuvent être pris. Encore une fois, ce n'est pas parce qu'on vous présente ces avenues-là qu'elles sont obligatoires, mais elles sont possibles. Donc, c'est un petit peu ça le cœur de notre discussion. Donc, encore une fois, merci d'avoir accepté de venir parler avec nous. Je voulais commencer par Déborah pour que tu puisses nous expliquer un petit peu ton parcours à toi, ton histoire. Donc, si tu es à l'aise, on te laisserait la parole, ma chère. C'est ça. Donc, j'ai été victime d'agression sexuelle dans la nuit du 3 au 4 mars 2017. Suite à ça, j'ai décidé de porter plainte et ça en est découlé tout un parcours judiciaire, mettons, avec des hauts, des bas, etc., qui a duré environ 7 ans. C'est que dans le fond, au tout début, on ne sait pas vraiment dans quoi on s'embarque. Il y a aussi l'aspect de la trousse médico-légale là-dedans, de le faire dans les premières 24 heures. Puis ensuite de ça, on se fait rappeler pour dire « Là, la trousse, veux-tu t'en servir? Vas-tu porter plainte? Qu'est-ce que tu fais avec ça?» Il y a comme un petit deadline à respecter. J'ai continué là-dedans, j'étais allée porter plainte. Ça fait que tout a été retenu dans la trousse médico-légale. J'ai rencontré une enquêtrice de police. Ça, c'est la première étape, je pense, qui était un peu déstabilisante. C'est qu'elle, elle est assez neutre quand elle est là, puis elle te pose toutes les questions pour voir si il y a la solidité de ce que tu avances, mettons. Puis après ça, ça fait son cours. C'est étape par étape, mettons. À chaque étape, une nouvelle chose que tu apprends sur le système judiciaire, mettons, auquel on ne s'entend pas. C'est sûr que ce n'est pas quelque chose qu'on discute dans le day-to-day, si je peux dire. Là, toutes les étapes du processus judiciaire, fait qu'une fois qu'on est dedans, on est probablement surprise par tout ce qui s'ensuit. Tu as parlé de la première étape qui était de parler avec un enquêteur. Mais après ça, les prochaines étapes, est-ce que tu es capable d'identifier, c'est quoi les grandes étapes que toi tu as vécues à travers tout ça? Dans le fond, la première étape de passer par l'enquêteur de police, ça c'est comme un bon bout, de raconter ton histoire à trois, quatre reprises ensuite pour être bien sûr que tu racontes tous les détails, que ce soit solide, c'est quand même assez déstabilisant. Je pense que suite à ça, y a eu de l'ADN de prélevé, c'est quand même toujours un petit peu déstabilisant. vu qu'il y avait une trousse médico-légale qui pouvait être utilisée, puis après ça, ça a été quand j'ai su que lui prenait un avocat, finalement. Ça, je pense que ça me restait remarqué, parce que moi, j'étais convaincue de ce que je disais, puis lui était convaincu de son histoire à lui. Et là, quand l'enquêtrice m'a dit « bien là, il y a un avocat, il s'est pris un avocat, etc.», puis là, j'ai comme fait « oh, OK ». On s'en va dans un tout autre... Ça devenait plus concret. Ça devenait plus concret, là. Ensuite de ça, je me rappelle beaucoup d'avoir été au palais de justice, de rencontrer la procureure, parce que là, le dossier était conclu, on s'en allait. La procureure avait accepté, mettons, le dossier, elle estimait avoir assez de preuves pour pouvoir aller en cours. C'est aussi une étape qui est comme déstabilisante, la rencontre de rentrée au palais de justice, c'est impressionnant. J'ai été super bien accueillie par contre. Je me rappelle encore d'elle, la procureure, puis j'en garde une superbe image, puis très, très réconfortante et chaleureuse dans tout son processus.– Je pense que, tu sais, ça serait important aussi de le dire souvent, il y a comme la conception que tu as choisi, c'était qui ton avocate ou tout ça, mais la procureure, on l'assigne à ton dossier.– Oui, comme l'enquêtrice, comme la procureure. Il y a un autre procureur qui s'est joint au dossier. Après, rendu là, on ne choisit plus notre destinée, si je peux dire. Moi, j'ai décidé de porter plainte. Ensuite de ça, je ne décide plus de grand-chose. Je raconte mon histoire à travers ça, puis après ça, c'est des personnes qui s'occupent de mon histoire. Ce n'est plus... c'est ça.– Oui. Fait qu'il y a quand même, bien, pas un lâcher-prise, mais ça demande quand même aussi de se déporter un petit peu.– D'apprendre le mot résilience, oui.– Oui. C'est sûr que c'est toutes des étapes qui, à travers tout ça, peuvent être quand même revictimisantes dans le processus. Je ne sais pas...– Oui, oui. C'est beaucoup des... On dirait qu'il se passe quand même assez de temps entre les étapes que tu as le temps d'oublier. On n'oublie pas, mais de mettre de côté. Fait que là, tu es comme tranquille, puis là, le téléphone sonne.« Ah oui, il faudrait que tu viennes nous parler de juste...» OK, là, tu te replonges dans... Tu sais, c'est tout le temps la vague, l'émotion, puis de se replonger là-dedans, quand tu comptes que ça fait 7 ans, admettons, qu'il s'en passe des choses, puis tu mets ça de côté, puis là, tu rouvres la boîte de tout ça. C'est comme ça qui est un peu... C'est long.– Oui. Je pense que c'est beaucoup de « up and down » au niveau des émotions.– C'est ça.– Je suis certaine que dans le processus, quand même, de justice réparatrice, les émotions aussi peuvent être à fleur de peau. Puis il y a beaucoup de... Tu sais, tu peux avoir des « up and down » aussi. Je ne sais pas si c'est quelque chose que tu vois aussi chez les personnes qui participent à la démarche.– Oui, tout à fait. Il n'y a jamais un rythme qui est le même par rapport aux démarches qui sont faites. Puis les rencontres, bon, sont... Encore des fois, elles peuvent être espacées de quelques semaines. Ce n'est pas des mois parce que, par exemple, la personne a besoin de cheminer un peu de son côté ou a besoin de rencontrer un autre professionnel pour discuter aussi de la situation. Alors, il y a aussi peut-être cet effet-là de « je m'en sors, je me replonge ».– Oui, une espèce de... Puis ça peut être émotionnellement. C'est ça. C'est chargé, en fait. Je pense que ce qui est important, c'est d'être bien accompagnée. Je sais que toi, dans ton processus, tu as été accompagnée par certaines personnes. Je ne sais pas si tu es à l'aise de, peut-être pas de nommer les personnes, mais les organismes pour en parler.– Oui, j'ai une intervenante du CAVAC qui... Je pense que c'est ma bonne fée marine qui m'a guidée tout le long, aussi bien l'enquêtrice de police que la procureure. Je pense que je suis vraiment... Dans ma malchance, j'ai eu de la chance, si je peux dire. Puis l'intervenante du CAVAC, effectivement, elle porte un soutien, elle t'écoute, met des mots sur ce que tu ressens. Si tu n'as pas envie de rentrer dans la salle, tu ne rentres pas. Si tu as envie qu'on sorte, tu me tapes sur la main, on sort. C'est vraiment... Parce qu'on dirait que quand tu rentres dans le palais de justice, ton cerveau se met en mode automatique, si je peux dire, et qu'on est bien concentré, un peu en alerte. Tandis que là, elle est là, puis elle te rappelle que tu es un humain. Puis si tu n'as pas envie de continuer d'écouter tout ce qu'ils disent, tu as le droit de sortir, n'importe quel.– Puis tu sais, ça m'amène à te poser la question. Souvent, il y a des personnes qui nous demandent est-ce que c'est possible de s'organiser pour ne pas croiser l'agresseur. C'est des façons de moduler tout ça. Tu en parles un petit peu. Je ne sais pas si c'est toi dans ton cas. Quand j'ai commencé le processus judiciaire au Palais de justice, tu pouvais royalement croiser ton agresseur. La salle des victimes est au deuxième étage et la première fois que j'ai mis les pieds au Palais de justice, j'allais prendre un café et je suis tombée une année avec lui. Les jambes m'ont été coupées en deux, j'ai viré de bord et je suis partie. Tandis que maintenant, dans les dernières fois où j'allais, la salle est tout de suite à rentrant pour les victimes. Ils ont accommodé un petit peu, c'est moins perturbant. C'est déjà comme une étape, une bonne étape. Mais effectivement, tu peux le croiser n'importe où dans le Palais de justice. L'intervenante du CAVAC est là aussi pour ça. Si tu as envie d'aller à la salle de bain, elle peut t'accompagner. C'est juste un support moral pour te dire que tu n'es pas toute seule si jamais tu n'as pas envie de croiser son regard. Ça peut quand même être aidant de ce que je comprends à travers tout ça. Tu as parlé du CAVAC, il y a aussi l'IVAC, je crois, qui peut être un service quand même intéressant. Je ne sais pas si toi, je ne veux pas t'en faire… On peut en parler. Dans mon cas, j'ai fait la demande de l'IVAC. Ils ne m'ont pas reconnue comme une personne qui avait besoin de services. Dans le fond, je pense qu'ils m'ont dédommagée dix séances de psychothérapie. Je n'étais pas éligible à d'autres choses, etc. J'ai fermé le dossier parce que c'est de l'énergie, c'est du temps. Absolument. Et j'ai continué mon petit bout de chemin dans ma vie en me disant que c'était correct de même. Écoute, je l'ai amenée, je suis déçue et je suis désolée pour toi que ça n'ait peut-être pas été un service qui a été le plus accommodant pour toi. Mais je le présentais quand même parce que c'est un service probablement que toi aussi, Olivier, les victimes que tu peux côtoyer peuvent utiliser et que vous connaissez. Mais effectivement, on est un petit peu à la merci de la décision qu'ils vont prendre. Je suis désolée que ça n'ait pas été… Je suis même en plein avec ça. Ensuite, on parlait un petit peu des étapes. On a parlé de l'enquêteur, on a parlé de l'arrivée au palais de justice, tout ça. Je ne sais pas si tu es à l'aise de parler des autres grandes étapes. Oui, mais il y a l'enquête préliminaire, où là, je suis comme un juge, si je ne me trompe pas, qui est devant nous. Puis là, je raconte mon histoire, ce que j'ai déclaré dans le fond à l'enquêtrice de police. C'est la première étape. Ensuite de ça, je pense qu'il y a eu un bon délai entre les deux, où là, il y a eu des petites rencontres, etc. Mais je n'étais pas obligée d'y aller. C'était juste entre l'avocate et la procureure qui s'échangeaient des documents, des preuves, etc. Puis il y a eu une première date de procès, dans le fond. Là-dedans, c'était un procès qui était pendant le COVID. C'était un procès devant jury. C'est 13 belles personnes qui te regardent droit dans les yeux pendant que tu racontes ton histoire. Je pense que c'est une des choses qui m'a le plus déstabilisée. J'étais prête, mais pas prête à ça, à tous ces yeux-là qui nous regardent. Raconter des choses pas forcément glorieuses. C'est comme tu as dit tantôt, on est un petit peu à la merci après du processus. On t'a imposé. C'est lui qui a choisi cette forme de procès. Puis comment tu t'es sentie en apprenant cette nouvelle-là? Encore là, j'étais assez sûre de mon choix pour continuer. Parce qu'à tout moment, il faut se dire qu'on a le droit de dire« stop, moi je n'irai pas là, ça ne me correspond pas ». Au fond de moi, j'étais convaincue de ce que je disais, de ce que j'apportais, de ma situation. Ça fait que pour moi, si c'était devant un juge ou devant un jury, j'y allais. C'est des belles paroles. Rendu le jour J, c'est sûr que c'était plus complexe. Émotionnellement, ça a été une grosse étape. Je me rappelle de beaucoup de petits flashs de souvenirs, de passer dans la salle, de traverser la salle au complet, puis de voir ces personnes-là qui t'écoutent sans forcément connaître tout en profondeur de ton histoire. Mais c'est ça, c'est un moment, c'est la passé. Puis c'est un procès qui n'a pas eu de suite. le jury ne s'est pas mis d'accord. Je pense que c'est des cas qui ne doivent pas arriver régulièrement. Ce n'est pas une chose qu'on entend beaucoup. Je m'en rappelle aussi, on avait bien hâte, un samedi soir, l'enquêtrice de police, elle m'appelle, elle m'a dit « je ne m'en vais pas aller de justice, probablement qu'ils ont un verdict, ils ont réussi à délibérer parce que… ». Elle me rappelle une demi-heure après, elle m'a dit « je pense que je vais passer de raconter ça chez vous ». D'accord. Et là, ça en est suivi, le fait qu'elle m'a tout expliqué, qu'ils ne se sont pas mis d'accord, qu'ils n'arrivaient pas à se mettre d'accord sur le verdict. Ils étaient dans une impasse. Même là, à ce moment-là, elle ne savait pas ce qui allait se passer par la suite. À ce moment-là, je dirais que pour moi, dans ma tête, c'est terminé. C'est comprenable aussi, ça avait été une montagne russe d'émotions. Dans les derniers mois, voire dernières années, c'est sûr qu'il y a quand même… Puis dans tout ce bout-là, c'est qu'on te répète que « Déborah, c'est les dernières minutes, c'est les derniers temps, c'est fini après, let's go ». On n'en parle plus après, c'est terminé. Oui, finalement, ça ne s'est pas fini là. Je pense qu'il s'est passé six mois entre ce procès-là. C'était bon délai quand même pour une personne. Tu ne sais pas ce qui se passe, tu reprends ton cours de ta vie, puis là, on t'appelle, on te dit « Bon, il a décidé de refaire un procès devant le juge.» « OK.» Là, j'ai dit « Excuse-moi, mais je vais prendre le temps de réfléchir.» Parce que je pense que ma vie, c'est son cours. Est-ce que j'ai envie de me replonger là-dedans ou pas? Je pense que c'est important de te dire quelque chose qui m'a marquée tantôt, c'est qu'on peut arrêter aussi et changer d'idée. Je pense que c'est aussi quelque chose qu'on peut absolument faire en justice réparatrice, mais je pense que c'est important de le nommer aussi. Des fois, on sent le besoin de porter plainte, il faut se dépêcher, la trousse mutico-légale, puis des fois, on est comme « OK, let's go, on le fait.» Mais c'est correct aussi de changer d'idée, de prendre le temps de se poser, de voir comment on se sent par rapport aux deux processus aussi. C'est important qu'on soit disposé dans la meilleure façon possible. Mais c'est sûr que je trouve ça pertinent que tu aies pris le temps et que tu te sois questionnée parce que ça me semble éreintant comme processus. Oui, vraiment. J'ai décidé de poursuivre, j'ai décidé de continuer. Je suis retournée en procès devant un juge. Puis, en suite de ça, c'est le juge qui avait décidé lui seul. Le verdict est tombé, je pense, deux mois après. Il a été reconnu coupable. Puis, dans le fond, en suite de ça, c'est une grosse libération. Absolument, absolument. Mais rendu là, ça aurait pu être… on ne sait pas à quoi s'attendre. Quand tu rentres dans la salle le jour où ils vont rendre le verdict, c'est 50-50, c'est ce qui va être coupable, ce qui va être non coupable. Donc, tu te prépares à toute éventualité. Absolument. Je pense que ce qui est important aussi, tu l'as nommé, tu étais bien accompagnée. Je tiens à mettre l'emphase aussi sur comment tu t'es sentie à travers tout ça parce que c'est aussi beaucoup ça. On parle de cette grosse machine-là, le système de justice. Mais toi, à travers tout ça, à travers toute cette démarche-là, il y a eu une charge émotive qui a été très importante. J'imagine que… je ne veux pas mettre des mots dans ta bouche, mais ça a été quand même difficile. Ça a été en creux de vague, de ce que je peux comprendre. Ça a été 7 ans d'émotions intenses, vraiment. Je me rappelle des fois, les lendemains où il y avait des séances au poli de justice ou l'enquête préliminaire, j'étais courbaturée physiquement. J'avais des symptômes physiques. Je n'étais pas capable de… tellement je devais être crispée que le lendemain, j'étais courbaturée comme si j'avais fait un marathon. C'est ça que je me rappelle. Mentalement, c'est sûr que j'étais vidée, fatiguée, etc. Mais des symptômes physiques, je ne m'attendais jamais à voir ça. Ça me l'a fait à plusieurs répétitions. Je pense que le corps se met en aïesse et se crispe. Sinon, il y a des vagues d'émotions. Mais là-dedans, on apprend au final sur soi et sur des facettes de notre vie qu'on n'aurait peut-être jamais vues. Absolument. Tu n'en sembles sortie avec une grande résilience. De la façon dont tu en parles, je trouve ça magnifique tout ce que tu as traversé. Comment maintenant tu es à l'aise de le partager, d'expliquer ton vie. fait que je le dis tout le temps mille et une fois dans les podcasts mais merci de le faire parce que je pense que ça peut aider une personne qui ne sait pas nécessairement quoi faire de voir un peu c'est quoi le processus puis valider des émotions aussi quand on les a pas vécu on sait pas si nos émotions sont pas sont valides mais si sont normales à travers toutes ces étapes là fait que merci merci beaucoup j'avais quelques petites questions là qui m'a pas payé je sais pas si toi ça a été quelque chose qui a été qui t'a été proposé mais on nous parle beaucoup de tout qu'est ce qui est la zoothérapie l'accompagnement avec un chien est ce que c'est des choses qui ont été possibles pour toi je me suis fait mon agression il y a huit ans mon chien va avoir huit ans j'imagine qu'il y a un bon lien je me suis créé une zoothérapie maison avec un chien le chien je pense que j'ai eu plusieurs arrêts maladie avec la dépression des cours de durée de trois six semaines mettons mais je pense que le chien effectivement c'est lui il a besoin de sortir il a besoin d'aller dehors fait que si tu es seul à la maison cette journée là t'as pas le choix de sortir puis ça te met puis il ressent je pense que dans les périodes plus difficiles ils savent à ce moment là qu'ils sont encore plus présents puis est-ce que c'est un service que tu as pu avoir aussi au palais de justice que tu étais accompagné par un chien d'assistance tout ça parce qu'on en entend beaucoup parler il y a des programmes là d'accompagnement fait que je voulais savoir si toi ça avait été une possibilité non non je suis correct c'est correct je sais pas si c'est possible dans le processus de justice réparatrice avoir des accompagnements comme ça avec la zoothérapie je sais que ça la c'est merveilleux bien fait pourquoi pas la règle de base c'est pour que tout le monde soit au courant de qui est autour de la table de pourquoi est autour de la table j'imagine que ça concerne aussi les amis mais parfait écoute je sais pas si des bras il y avait d'autres choses que tu souhaitais ajouter dans ton partage puis tout ça moi je ne peux pas te couper dans ton nom non juste me rappeler dans le fond que c'est oui j'ai suivi tout ce processus là mais il fallait pas qu'on oublie qu'il y a eu le mouvement mitou en même temps qui a démarré en même temps qui a démarré qui a qui a starté une autre temps après que moi j'avais porté plainte avant donc et le mouvement des morts puis là je me suis rendu je pense qu'il ya eu un genre de titre pas de comme une annonce pas un engouement en moi mais tu sais je me suis tout le monde commençait à en parler je suis pas un cas isolé j'ai déjà les deux pieds dedans mais toutes ces femmes qui commencent à en parler il y avait vraiment beaucoup de choses qui venaient chercher le pourquoi j'ai continué aussi loin oui et puis c'est là il ya eu deux comme deux procès mais je pense pas c'est quelque chose qui est commun on l'a dit c'est ce qui a fait durer aussi le processus quand même plus longtemps c'est ça c'est sept ans sept ans fait que c'est pas je veux pas dire c'est pas la normale mais techniquement il y aurait eu un procès ça serait conclu en cinq ans mais ce qui est quand même une grosse période de temps qui est hypothéqué par des hauts et des bas quand même comme un suspens je pense que c'est souvent ce que j'entends comme justement c'est comme si ma vie était en suspens parce qu'on est tout le temps en attente de fait que c'est sûr que ça a des impacts tu le dis physique et psychologique par rapport à ça et que je sais pas s'il y avait d'autres petits trucs ou quoi que ce soit c'est correct oui mais merci énormément pour ton partage déborah on va pouvoir peut-être plus parler avec olivier qui est à moi de plus écoute des questions sur le processus n'hésite pas et on va parler de la justice réparatrice premièrement c'est quoi la justice réparatrice une mini définition je pense que je vais donner la mienne parce que la justice réparatrice c'est écoute c'est très large on s'appelle pour toujours c'est pas ça se résume pas un programme ça se résume pas un type d'accompagnement nécessairement mais mais c'est cette logique là avec laquelle on va on va se concentrer sur les torts qui ont été causés alors qu'on va dire qu'une justice par exemple punitive ben va chercher à dissuader la population en appliquant une peine sérieuse sur un geste qui a causé du tort il y a de la justice qu'on va dire éducative où l'objectif va être de conscientiser ou de sensibiliser ou de rééduquer le contrevenant pour éviter que ces choses là y arrivent alors que la justice réparatrice bon mais on s'intéresse aux torts qui ont été causés à la victime donc ça implique de travailler avec cette victime là pour identifier les torts pour lui permettre de nommer ses attentes puis de mettre en place une démarche qui va lui permettre d'avoir une forme de réparation de ces torts-là. Donc, ce que je comprends, c'est que les deux parties doivent être volontaires pour entamer cette démarche-là de justice réparatrice, par exemple, si on parle d'une victime en agression sexuelle, il faut que le contrevenant soit à l'aise de commencer cette démarche-là. Je te répondrais oui et non. Parce qu'il y a toute une étape où la victime peut venir nous voir pour avoir une discussion sur justement son expérience, sur ce que ça lui a fait, sur les torts qu'elle a subi, sur elle est où avec ça aujourd'hui, puis commencer à scénariser. Ça pourrait ressembler à quoi? D'adresser des questions à la gueulasseur ou de nommer des choses ou d'essayer d'obtenir de lui une reconnaissance. Tu sais, c'est des exemples d'attentes que des gens peuvent avoir quand ils viennent en justice réparatrice. C'est pas tout le monde qui arrive dans nos bureaux en sachant qu'ils veulent faire cette démarche-là. Et des fois, on les aide à se poser la question sans les pousser dans une direction en particulier. Donc, il y a des gens qui peuvent décider finalement de ne pas aller de l'avant et d'aller plutôt consulter. Ou il y a des gens qui vont venir vers nous, mais qui vont décider finalement d'aller vers une pointe policière. Donc, il y a des premières étapes, on va dire, d'exploration où tous les scénarios sont encore sur la table et on va aider les gens à se projeter. C'est sûr que si on va vers un dialogue avec la personne qui a posé les gestes, bon, à ce moment-là, il va y avoir une invitation à cette personne-là. On va lui présenter une invitation, on va lui présenter la demande qui vient de la victime, par exemple, si c'est elle qui a initié la démarche. Puis sur cette base-là, oui, effectivement, la personne doit être d'accord à ce que, déjà, on la rencontre, puis on échange avec elle, puis de fil en aiguille, oui, éventuellement d'accord pour échanger avec la personne- victime. Puis, je le demande, mais est-ce que, par exemple, une personne qui a fait le système, qui a passé à travers le système de justice plus traditionnel, je peux dire ça comme ça, décide par la suite de faire une demande pour la justice réparatrice? Est-ce que c'est quelque chose de possible? Est-ce qu'on peut faire les deux? Absolument? Oui, l'un n'empêche pas l'autre. Donc, des gens, oui, des gens ont passé par le processus judiciaire, ont eu, bon, ont eu, je ne sais pas si on peut dire succès, je ne sais pas si c'est une expression qu'on peut utiliser, mais bon, que ça ait fonctionné ou pas, que la personne a été reconnue coupable ou pas, des fois, la démarche judiciaire ne vient pas répondre à toutes les questions où une personne aurait souhaité, par exemple, obtenir une forme de reconnaissance de la part de l'accusé qu'elle n'a pas eue dans le cadre du procès. Je donne un exemple comme ça, ça peut être beaucoup d'autres choses, où il y a certaines dimensions de la situation qui n'ont pas pu être abordées, et on va vers la justice réparatrice pour explorer ce qu'on peut aborder d'autres dimensions. Donc, oui, ce n'est pas impossible. C'est super intéressant parce que je pense que souvent, on met ces deux types de recours-là d'un bord ou de l'autre, mais c'est intéressant de voir que les deux sont possibles puis qu'il n'y a pas de, on peut commencer par un, aller vers l'autre, etc. Fait que je pense que ça peut être intéressant pour les gens de le savoir. Là, on a parlé tantôt, première grande étape, faire une demande, tout ça. Mais en gros, c'est quoi les étapes? Parce que c'est flou, ça change d'une personne à l'autre, mais c'est quoi les grandes étapes quand on arrive chez vous? Écoute, il y a une grande étape, on va dire préalable, qu'on appelle des ateliers de communication. Bien sûr, il y a une personne qui va nous appeler par téléphone ou nous contacter par courriel ou par le service de clavardage qu'on a sur le site Internet. Souvent, les demandes en matière d'agression sexuelle, par exemple, vont rentrer au niveau de ma collègue Catherine, à notre équipe centrale à Montréal. Donc, sur le site Internet, il y a les coordonnées. Les gens peuvent contacter Catherine, laisser une demande ou encore contacter une équijustice locale. Donc, tous les chemins sont bons. Une fois qu'un médiateur est disponible pour prendre cette demande-là, il y a un rendez-vous qui est pris avec la personne qui fait la demande. Et on commence la discussion. Et à ce moment-là, oui, les étapes sont un peu floues, le cadre de la discussion est un peu flou. Donc, il y a des gens qui vont arriver et qui vont souhaiter qu'on leur explique comment ça peut fonctionner, c'est quoi les scénarios possibles, c'est quoi les types d'accompagnement. Il y en a d'autres qui vont raconter leur histoire directement. Et on va passer la rencontre au complet à chier de la tête puis à encourager la personne à continuer, mais en parlant très, très, très peu. Il y a d'autres rencontres où les gens vont faire de longs détours pendant l'arrivée et ça va nous permettre de les connaître davantage puis de créer un lien avec eux autres. Donc, qu'est-ce qui se passe dans ces rencontres-là individuelles? Ça, c'est difficile de faire des généralités. Je m'essayais pour voir s'il y avait une ligne directrice, mais je trouve ça intéressant aussi parce que j'entends c'est que vous vous adaptez. S'ajuster à son rythme, à quelque chose aussi, une expression que j'aime beaucoup qui est la logique narrative. Comment est-ce que la personne construit ses idées? Comment la personne... envie de raconter son histoire. Puis des fois, surtout dans mes premières années d'intervenant, j'étais bon pour essayer de chercher la chronologie puis de ramener les gens en arrière. Donc qu'est-ce qui est passé? Qu'est-ce qui s'est passé? Avant quoi? Et finalement, on essaie de s'abandonner un peu à la façon dont la personne essaie de construire son histoire pour prendre contact justement avec toute la logique qu'il y a derrière ça, puis le sens qu'elle donne aux événements, qui est certainement pas le même que moi je donnerais, même s'il m'arrivait la même histoire. Donc j'essayais de faire fi de ce que je peux avoir comme analyse dans ma tête au moment que je suis avec les personnes pour plonger le plus possible dans qui est devant moi et quelle est son expérience. Donc c'est vraiment trippant d'embarquer dans ce mode-là. Tu as de l'air en tout cas passionné par la liste. On est avec Viols secours, donc c'est sûr que la question que je vais te poser c'est est-ce que c'est un processus qu'on voit quand même avec des victimes qui ont vécu des agressions sexuelles? Est-ce que c'est fréquent? Fréquent. J'ai de la misère à répondre à cette question-là. Premièrement, peut-être que Catherine, la collègue dont je te parle, qui pilote un peu plus ce service-là au niveau de notre réseau provincial, pourrait sans doute te répondre et te parler de comment ces demandes-là évoluent. On sait qu'elles évoluent. On sait que là présentement il y a un grand volume de demandes. Ok. Puis il y a d'ailleurs malheureusement une petite liste d'attente pour obtenir les services parce que de plus en plus de personnes font appel. Somme toute, c'est une bonne nouvelle. C'est une option qui était très très méconnue, voilà ça par exemple 10 ans, qui là est de plus en plus connue et pourquoi c'est une bonne nouvelle selon moi, c'est que ça répond à certaines attentes. Notre idée, nous on ne vend pas de médiation, c'est pas une bonne nouvelle à ce niveau-là. L'idée c'est que ça répond à certaines attentes de personnes puis et que ça gagne en popularité. Donc je te dirais que c'est de plus en plus fréquent que des gens nous interpellent pour ça. On a de plus en plus de médiateurs aussi qui sont formés et qualifiés pour accompagner les victimes et les infracteurs dans ces démarches-là. Donc voilà. Donc c'est quelque chose que vous voyez parce que je pense qu'il y a beaucoup de questions par rapport à ça. Moi dans les services, en tout cas, il y a plusieurs femmes qui nous parlent de cette possibilité-là, comment ça fonctionne et tout. Fait que je trouve que ça vient quand même ouvrir la porte puis montrer que c'est quelque chose qui est possible. Il y a des femmes mais il y a aussi des adolescents qui nous demandent si ce processus-là est possible. Fait que je te le demande en fait, est-ce que c'est accessible la justice réparatrice pour les jeunes adolescentes qui me le demandent? Ben écoute, d'emblée je dirais oui. Au moins pouvoir évaluer. Mais que ce soit une adolescente ou une adulte, il y a toujours, je te disais tantôt dans les rencontres, il n'y a pas de fil conducteur précis. Donc on n'a pas de cannevas de rencontre, on se laisse vraiment guider au rythme de la personne. Mais il y a certaines conditions à réunir pour que si une démarche comme ça peut être possible, pour que cette démarche-là peut être sécuritaire. Puis, entre autres, c'est l'effet de l'événement sur la personne, l'effet de la démarche sur cette personne-là. Qu'est-ce qu'elle a autour d'elle comme ressource, comme soutien, que ce soit professionnel ou personnel, qui est au courant autour d'elle, qui peut l'appuyer là-dedans ou au contraire, est-ce qu'il y a des gens qui sont au courant de ce qu'elle a fait mais qui la découragent, qui trouvent que c'est pas une bonne idée. On va pas être à temps plein avec cette personne-là pendant une démarche qui peut s'échelonner sur plusieurs mois parfois. Alors, qu'est-ce qui se passe pour elle entre les rencontres? Donc, si on... Là, je reviens à l'exemple d'une adolescente, qu'est-ce qu'elle a autour d'elle? Qu'est-ce qu'elle a comme comme ressource personnelle de son entourage au niveau professionnel pour l'appuyer là-dedans, pour être en sécurité à toutes les étapes? Est-ce qu'elle a des gens autour d'elle pour se poser les bonnes questions? Donc, c'est des choses qu'on va vérifier avec tout le monde. Je te dirais, pour ma part, que j'aurais peut-être une vigilance particulière. Je pense que ce serait un des éléments à considérer. L'âge de la victime. Puis, c'est sûr qu'il y a des contextes où les parents peuvent être impliqués, ce qui peut ajouter un grand soutien, mais on sait que, rendu à un certain âge, c'est plus nécessaire de parler de ces choses-là aux parents. Donc, ce serait de voir qu'est-ce qu'on peut mettre autour de cette personne-là. Pour que le processus se passe le mieux possible, c'est ce que j'entends. Oui, exactement. C'est difficile d'aller précisément, parce qu'il y a toutes les cas de cas où... Mais c'est sûr que c'est des questions qu'on se poserait. Tu repars comment de ça? Ça te fait quoi, les rencontres? Puis, comment ça va à l'école? C'est quoi l'effet que ça a dans ta vie? Donc, c'est toutes des questions qu'il faudrait se poser avec elle. Mais au final, qu'on se pose avec les victimes, peu importe leur âge. J'ai vu une petite réaction de Déborah. Tu semblais appuyer les dires. Est-ce que c'est quelque chose que t'apprends, toi? Est-ce que tu connaissais la justice réparatrice? Non, quand ça m'est arrivé, je ne connaissais pas la justice réparatrice. Mais c'est sûr que ça gagne aussi, je pense, on l'a dit un petit peu, à être reconnue. Mais c'est certain que c'est des services qui, par le nombre de questions qu'on a à tous les jours dans... Dans nos services, il y a encore certains questionnements, mais que les gens veulent connaître le service. C'est sûr qu'en termes de questions, moi ce que j'avais aussi beaucoup, puis ce que les femmes me demandaient, on a dit tantôt qu'il y a des intervenants formés, mais c'est quoi la formation, c'est quoi qu'il faut faire comme formation pour travailler chez vous, en fait? Tous les médiateurs qui vont travailler dans des situations de violence intime vont avoir quelques années d'expérience, généralement. Ils ont passé par soit la médiation citoyenne, des fois les services qu'on offre à la population pour, par exemple, des conflits de voisinage ou des conflits en milieu de travail ou différentes situations interpersonnelles, ou encore ça va être des gens qui ont une formation en médiation pénale, donc pour accompagner les victimes et les contrevenants dans nos services de justice réparatrice qu'on appelle les programmes, donc qui sont, si on veut, on parle de la loi sur le système de justice pénale pour adolescents, où on joue un rôle dans l'application des mesures, ou encore du programme de mesures de rechange général pour les adultes, dans lesquels aussi on joue un rôle. L'application des mesures, c'est des programmes qui prévoient des services de médiation, des possibilités pour la victime d'obtenir de la médiation, et souvent les intervenants qui arrivent avec les justices vont avoir une formation en médiation pénale pour offrir ces services-là, vont gagner leur galon tranquillement pas vite, vont prendre leur expérience, vont être confrontés à des situations, puis éventuellement peuvent avoir accès à une formation en médiation spécialisée. Donc c'est comme ça qu'on l'appelle pour offrir des services auprès de victimes et d'auteurs de violences intimes. Cette formation-là, c'est beaucoup, beaucoup de mise en situation. C'est vraiment le travail. Oui, il y a un cadre théorique. On dirait tantôt, non, il n'y a pas de fil conducteur précis, mais il y a quand même tout un cadre à ça. Il y a des conditions à réunir, et ces conditions-là ne sont pas déterminées au feeling, si je peux dire. Il y a quand même une approche qu'on appelle la médiation relationnelle qui prévoit un certain cadre, une certaine façon de s'assurer que si on va de l'avant avec un échange, c'est sécuritaire. Donc ce cadre-là, on l'a appris dès nos premières formations, que ce soit via la médiation citoyenne ou la médiation pénale, mais on va aller plus loin dans ce contenu-là avec sur l'expérience de victime, sur tout cet univers-là qu'on connaît peut-être moins quand on est intervenant à la base avec l'Injustice. Tout le monde va passer par au moins une journée de mise en situation avec des acteurs professionnels qui vont jouer l'auteur, qui vont jouer la victime, et on a la rétroaction, puis par la suite, il y a un processus d'accompagnement. On est pairé avec un médiateur senior, qui est obligatoire pour maintenir son accréditation. Donc c'est une formation qui est beaucoup axée sur le savoir-être, comment tu réagis, comment tu es capable de t'effacer pour écouter, de ne pas trop être dans ta tête, d'avoir des bons réflexes, ces choses-là. C'est certain qu'il y a plusieurs facteurs qui sont pris en considération, je pense, quand on est médiateur. Puis je pense que c'est rassurant aussi parce qu'il y avait certaines craintes aussi chez les personnes de savoir-être, c'est quoi qui a comme formation. Je pense que c'est très rassurant d'entendre les mises en situation. Moi, personnellement, j'y ai pensé et ça m'a stressé. Ça sent beaucoup. Puis en parlant de ça, tu parlais de savoir-être et tout ça. On avait des questions aussi par rapport à plus ce qu'était la sécurité. Comment on assure, si jamais on en vient à une rencontre, par exemple, entre les deux personnes, de la personne victime, comment on répond à ses besoins, s'il y a quoi que ce soit? La démarche, elle va être construite, co-construite, en fait, avec les personnes qui souhaitent y participer. Donc, on se rencontre où? Déjà, on se rencontre comment? Est-ce qu'on se rencontre? Première question. Il y a des gens qui vont vouloir échanger, mais qui vont vouloir le faire par un échange de lettres ou par une conférence. Donc, toutes les configurations d'échanges sont possibles. Et ça, déjà, c'est construit en amont à travers les rencontres individuelles qu'on a avec chacun. Alors, ce que je veux dire, c'est que quand on arrive à un échange qui, par exemple, est en face-à-face dans le cadre d'une rencontre, on n'a pas de surprise. On sait qui va être là autour de la table. On sait à quel âge arrive. On sait à quel heure l'autre va arriver. On sait comment on va être placé à l'avance. On sait comment on va se sauter dans l'inconnu. Que les gens soient le plus près possible. C'est rassurant. Oui, vraiment beaucoup. Ça a des aspects pour la sécurité. Puis là, tu sais, ça m'a amenée parce que j'avais quelques petites questions, mais en même temps, c'était le nombre de rencontres, de ce que je comprends. Il n'y en a pas vraiment. l'adaptation beaucoup, votre façon de fonctionner, c'est vraiment selon le besoin puis ce que la personne demande puis ce que l'autre partie aussi souhaite faire. Oui tout à fait, ça va être autant de rencontres que nécessaire de part et d'autre puis on va toujours s'ajuster au rythme du plus lent. Si quelqu'un est prêt, bon ben on va pas presser l'autre qui est peut-être moins prêt. Le contraire par contre, il y a peut-être une limite que je pourrais indiquer, quelqu'un qui nous rencontre qui dit « ah oui moi pas de problème, je vais la rencontrer, invite-la la semaine prochaine puis je suis prêt ». Moi j'ai besoin de te connaître plus avant, j'ai besoin de savoir l'effet que ça va avoir sur toi, l'effet que nos discussions auront sur toi. J'ai besoin de savoir les ressources qu'il y a autour de toi, j'ai besoin de savoir l'impact qu'il y a de cela dans ta vie ou s'il y a d'autres choses qui te stressent, qui te bouffent du jus un peu comme on peut dire, qui te prend de l'énergie et qui peut avoir un impact donc sur ton moral puis sur l'énergie que tu as à consacrer à une démarche comme ça. Donc c'est notre travail, oui on est beaucoup dans le rythme de la personne puis c'est important, c'est ça le mode principal mais reste qu'on a un rôle de sauvegarder l'intégrité, la sécurité de ces personnes-là qui nous font confiance. Alors oui des fois il faut mettre des limites ou des fois il faut poser des questions peut-être plus difficiles pour mettre la lumière sur les zones d'ombre, s'assurer que les gens sont conscients de ce qu'ils vont faire là, de l'effet que ça va avoir sur eux. Je pense que c'est très important de prendre le temps aussi parce que justement c'est une rencontre ou une communication, c'est par écrit ou quoi que ce soit, qui peut avoir des gros impacts chez les deux parties fait qu'effectivement que ça soit pris autant au sérieux puis que ça soit bien regardé, c'est très très pertinent. Je me demandais aussi, on a plein de questions, les femmes, moi et l'équipe de Viols secours mais effectivement si par exemple on débute une démarche puis tout ça, on est prêt puis on contacte la personne, par exemple la personne, l'agresseur puis cette personne-là nous dit qu'elle n'est pas intéressée. Est-ce que dans le fond c'est à ce moment-là que la démarche se termine? Comment que ça fonctionne en fait le vous par la suite? Premièrement on va respecter le volontariat de cette personne. Si elle ne souhaite pas nous parler, on va respecter cette volonté-là. La démarche ne s'arrêtera pas pour autant avec la première personne qui nous a contacté dans le sens qu'on va revenir vers elle. On peut continuer la discussion. On peut l'aider à se projeter. C'est pas obligé de se faire dans une seule rencontre mais on peut l'aider à se projeter sur qu'est-ce que ça veut dire maintenant pour elle. Puis qu'est-ce qu'elle a devant elle comme autre avenue ou comme service ou comme soutien? Comment est-ce qu'elle peut digérer ça? On n'offre pas un accompagnement à long terme non plus parce que ça se pourrait qu'elle nous dise qu'elle a besoin d'en parler, qu'elle a besoin de soutien psychologique. On ne va pas prendre un rôle de soutien psychologique mais on va l'aider à boucler la boucle du mieux possible. Et ça, ça peut se faire peut-être oui en plusieurs rencontres. Mais déjà je dirais que le scénario d'un refus est aussi exploré au moment où on construit cette invitation. Donc lorsqu'on contacte la personne invitée, on va dire par exemple l'auteur des gestes, ce qu'on va dire à cette personne-là pour l'inviter, c'est convenu mot pour mot avec la personne victime. Donc on ne va pas se permettre de liberté dans l'idée de révéler des informations. L'ensemble de la rencontre qu'on a avec cette victime-là va être confidentiel et ce qui va filtrer de la rencontre, c'est vraiment des choses qu'elle nous a permis de dire, qui en général vont être vraiment mot pour mot. Donc à travers cette discussion-là, à travers la construction de l'invitation, bien sûr qu'on va explorer aussi là qu'est-ce qu'on fait en cas de refus. Est-ce qu'il y a un plan A? Est-ce qu'il y a un plan B? C'est quoi l'effet que ça a sur toi? Et où est-ce que ça te projette pour l'avenir? Donc ce scénario-là non plus n'est pas, je veux dire, il n'est pas une surprise. Ça peut être une surprise quand même, ça peut être une mauvaise surprise, ça peut être très décevant tout à fait. Mais on l'envisage quand même. On pourrait décider de retarder l'invitation si quelqu'un avait vraiment aucune idée, si quelqu'un misait beaucoup beaucoup sur cette démarche-là et sur son succès et qu'il n'est pas en mesure d'envisager que la personne pourrait refuser, on pourrait retarder l'invitation pour s'assurer d'avoir une base plus solide avant d'aller de l'avant. Fait qu'on s'adapte, je pense que ça fait 2-3 fois que je le dis, mais on s'adapte beaucoup par rapport à ça. Mais écoute, j'avais beaucoup de questions, tu as répondu à travers toutes les réponses tantôt. Je ne sais pas s'il y a des choses que toi tu tenais à vraiment partager par rapport à cette démarche-là, plus particulièrement avec les victimes d'agressions sexuelles, mais moi ça répond bien. Je ne sais pas Déborah si toi tu avais des questions. Oui, est-ce que c'est obligatoirement mettons avec l'agresseur ou bien ça pourrait être comme avec plusieurs? Moi, j'ai perdu une amie, dans mon cas à moi, j'ai perdu une amie. Puis dans le fond, est-ce que ça pourrait être avec cette amie-là ou bien c'est vraiment avec un agresseur, avec l'agresseur qu'il faut que ça se passe? Merci pour ta question. C'est intéressant. On aide les gens, on va dire, on va aider les gens dans des dialogues délicats. Donc, oui, ça peut être tout ça. Ça peut être avec une personne qu'on aurait aimée qui soit là pour nous soutenir qui n'a pas été là. Ça peut être avec des personnes à l'entourage. Ça peut être, oui, effectivement. Je n'ai pas d'autres exemples comme ça, mais l'exemple d'une amie que tu as perdue en lien avec cette histoire-là. Dans le fond, c'était la blonde de mon agresseur. OK, d'accord. Dans le fond, c'est juste savoir, après ça, avec le processus judiciaire, elle a pris part avec lui, a été rendue témoin, etc. Nous, on a coupé les ponts complètement. Mais avant ça, c'était une relation amicale que j'avais avec elle. Puis c'est ça, ça me trottait par la tête. Je me demandais si c'était absolument avec un agresseur ou si ça pouvait être avec n'importe qui. Ça peut être avec n'importe qui. OK. C'est très intéressant parce que même moi, je ne savais pas que ça pouvait être une possibilité. C'est super. Puis avec tout ça, il y a quelque chose d'autre qui m'a popée. On entend souvent une réparation à la victime, tout ça, dans ce processus-là. Quand on parle de gestes de réparation, est-ce que ça peut être autre qu'envers la victime? Est-ce qu'il peut y avoir d'autres choses qui soient faites par… Mon Dieu. C'est juste que j'ai ouvert une grosse question. Ça peut être toutes sortes de choses. Déjà, un geste de réparation, des excuses, ça peut en entendre. Une forme de reconnaissance, ça peut être un geste réparateur. Mais il y a des choses, bien sûr, les gens vont demander des fois des trucs plus concrets. Oui. Si on a eu des pertes monétaires, ça peut être le remboursement de ces pertes-là. C'est des choses qu'on peut explorer, qu'on peut envisager, sur lesquelles on peut s'avancer. De faire du bénévolat dans un organisme pour les victimes. Tout ce qui peut faire du sens, au final. Tout ce qui peut faire du sens pour les victimes. Ça peut être des demandes qui soient demandées puis explorées lors des discussions. C'est un petit peu plus… Oui, effectivement. C'est la meilleure façon de le dire. Puisque ça va être encore le fruit d'une démarche qui implique deux personnes ou plusieurs personnes, c'est dur de dire voilà ce que tu vas obtenir. Mais oui, c'est des choses… Les gens peuvent arriver avec des attentes de réparations plus concrètes, on va dire. Pas que des excuses, ce n'est pas concret. Je m'exprime mal, mais plus matérielles, on va dire. Oui. Qui vont se traduire par des actions. Oui. Mais voilà, c'est à explorer, c'est à mettre dans la balance avec tout le reste. Merci. La question de Déborah en a soulevé une autre petite particularité qu'on voit moins souvent avec les justices, mais qui est aussi possible. C'est des gens qui vont souhaiter faire une démarche avec un auteur de geste. T'as l'air de parler de ça. Mais qui n'est pas nécessairement la personne responsable des temps qu'elle a subis, mais une personne qui a commis une infraction similaire. Donc, il y a des gens, il y a des infracteurs qui vont souhaiter rencontrer, pas nécessairement leur victime, mais une victime qui a vécu le... Alors, il peut y avoir un pérage. Ça peut être une possibilité si, par exemple, il y a une demande, puis finalement, la personne refuse, par exemple, de participer, ça peut être quelque chose d'offert aussi. Ça peut être une autre avenue à explorer. C'est très intéressant. Est-ce qu'il y avait d'autres choses, Olivier, que tu souhaitais mentionner? Parce que là, j'ai plein de questions, puis ça sort un petit peu du répertoire de la discussion du podcast. Je me demandais s'il y avait d'autres choses que tu souhaitais partager, plus avec la démarche qu'on aurait peut-être moins explorée, ou tu semblais... Écoute, il y aurait sûrement un million de choses à dire, c'est ça. Mais je pense que si on retient l'idée de... Les gens restent libres. C'est sûr qu'on s'instruit dans un cadre. Nous, notre travail, c'est de mettre en place des conditions pour que cet accompagnement-là soit constructif pour tout le monde, soit sécuritaire. C'est sûr qu'on fait un travail avec les gens. Les gens ne sont pas laissés à eux-mêmes, mais il y a quand même une grande liberté dans le rythme, dans pourquoi je vais là, c'est quoi mes attentes, qu'est-ce que je viens faire. Écoute, je pense que si on retient l'idée de... On ne perd rien. D'aller juste s'échanger avec un médiateur ou une médiatrice pour explorer qu'est-ce que moi, j'y trouverais là-dedans. Puis explorer, définir un peu mieux ses attentes. Puis voilà, on n'est jamais fâchés quand les gens... On les accompagne même par les autres ressources. Donc, on ne perd rien à l'explorer, peut-être dans un premier temps. Merci beaucoup à vous deux, en fait, de nous avoir partagé tout ça. Merci, Déborah, de nous avoir partagé une partie de ton vécu. C'est très apprécié. Merci, Olivier, pour toutes ces informations très pertinentes. Et merci à vous. J'espère que vous avez apprécié l'épisode. Bonne fin de journée. Sous-titrage ST' 501

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