Les Voix de l'Impact

De la mode à l’intelligence artificielle, engagée pour une tech plus éthique

Jean Baptiste Vennin

🎙 Dans cet épisode, j’accueille Céline Delaugère, fondatrice de MyDataMachine, entrepreneure dans l’IA, artiste numérique, ex-mannequin et triathlète. Rien que ça.

À 21 ans, elle défile pour Hermès et Victoria Beckham. Quelques années plus tard, elle co-fonde une startup dans la fashion tech, puis lance MyDataMachine, une entreprise spécialisée dans la création de datasets éthiques pour l’IA.
 Son moteur ? Créer de la valeur en restant alignée avec ses convictions : diversité, justice, liberté.

Avec authenticité, détermination et nuance, elle nous parle de féminisation des techs, de biais algorithmiques, de beauté générée par IA, mais aussi de dépassement de soi, de liberté et de passion.

📌 Ce que vous allez découvrir
✅ Comment passer des podiums à la data science
✅ Pourquoi les femmes sont encore trop peu présentes dans l’IA
✅ L’envers du décor d’un projet IA + mode
✅ MyDataMachine : des datasets plus éthiques et plus justes
✅ IA générative et perception de la beauté
✅ Comment l’IA peut renforcer certains biais (et comment les corriger)
✅ L’entrepreneuriat féminin dans un monde encore très masculin
✅ L’IA européenne : utopie ou nécessité ?
✅ Le sport comme miroir de l’entrepreneuriat

🎯 Moments clés à ne pas manquer
00:57 – "Je suis la seule femme dans la pièce... mais je reste"
04:02 – Mathématiques le matin, shooting à Oslo l’après-midi
10:15 – Pourquoi elle quitte le mannequinat pour créer sa boîte
12:34 – Générer des vêtements à partir de croquis : la genèse d’Eva & Jeans
15:16 – Garbage in, garbage out : l’importance des bonnes données
18:37 – Peut-on vraiment débiaiser une IA ?
20:51 – Comment recruter 80% de femmes dans une boîte tech
27:15 – No One 999-1 : un projet artistique à la croisée de l’IA et de la beauté
33:14 – Diversité, données, IA : tout est lié
36:55 – Le triathlon comme discipline de vie
38:34 – L’impact chez MyDataMachine, vu de l’intérieur
44:44 – Pour Céline, avoir de l’impact, ça veut dire quoi ?

💬 Citations inspirantes

« Je suis passionnée. Et pour avoir de l’impact, il faut commencer par là. »
 « Être une femme tech, jeune, seule dans une salle d’hommes… et rester. »
 « Une IA n’est aussi bonne que les données qu’on lui donne. »
 « Ce qui me motive ? Avoir un impact concret sur les gens. »
 « Avoir de l’impact, c’est passer à l’action. »


🔗 Ressources utiles
📖 MyDataMachine
📖 L’Observatoire de l’IA
📖 Le projet artistique No One 999-1
📖 Le livre Why Greatness Cannot Be Planned

🎧 Où écouter cet épisode ?
Disponible sur : Spotify | Apple Podcasts | Deezer | Les Voix de l’Impact

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JB00:00:00 - 00:00:25

Selon le baromètre européen de l'IA en 2025, seulement 25% des professionnels de l'intelligence artificielle en France sont des femmes. Dans les grandes entreprises spécialisées en machine learning, seulement 21% des postes techniques sont occupés par des femmes. Dans les métiers techniques, développement, ingénierie, la proportion tombe à 16%. Et dans les postes de direction technique, à peine 10%. Céline, une réaction à ces chiffres ?

Céline00:00:25 - 00:00:49

Alors ces chiffres, effectivement, je les connais et je pense qu'on est trop peu de femmes dans ces métiers-là, donc beaucoup de réponses à ça. Je pense qu'il y a différents problèmes sur lesquels on peut agir encore, donc des problèmes culturels et structurels. Et je pense qu'il faut, dès l'enfance, donner envie aux femmes de rejoindre ce secteur-là et leur donner aussi les moyens et les possibilités de le faire.

JB00:00:49 - 00:00:57

Très concrètement, si je te pose la question, toi qui formes, qui embauches, qui codes, qui crées, qui exposes, pourquoi c'est encore si bas selon toi ?

Céline00:00:57 - 00:01:58

Pas assez de femmes dans ce secteur, pas assez de rôles modèles, pas assez de... Voilà, toujours cette barrière. Le nombre de fois où je me suis retrouvée dans des réunions avec seulement des hommes, bon, c'est sûr que ça demande un dépassement de soi en tant que femme de se dire, OK, je suis légitime à être là, même si je suis de la seule femme et je suis souvent plus jeune, parce que quand on commence sa carrière, on est plus jeune, donc c'est les premières fois où on n'a pas l'habitude d'être forcément la seule femme. Je suis plus jeune et je suis une femme, j'ai quand même ma place ici et je continue à rester dans cette industrie, même si je pense à premier rapport ne pas forcément avoir ma place, mais en fait c'est faux, voilà. Donc c'est comme ça que ça commence. Et nous dans ma boîte, on est 80% de femmes, donc je pense qu'après... le fait d'avoir une femme qui crée une entreprise, mais forcément, il y a plus de femmes qui viennent ensuite dans l'entreprise et qui se sentent légitimes et qui se sentent à leur place. Donc, c'est un combat qu'on doit mener pour qu'il y ait plus de femmes dans ce secteur.

JB00:01:58 - 00:02:02

Bienvenue dans Les Voix de l'Impact, le podcast pour inspirer le changement.

Céline00:02:02 - 00:02:13

Bonjour, je suis Céline Delogère, je suis une entrepreneur du secteur de l'intelligence artificielle. Aujourd'hui, j'aide les entreprises à développer avec succès des cas d'intelligence artificielle.

JB00:02:13 - 00:02:50

Bonjour à tous, je suis Jean-Baptiste Vénin, journaliste et podcaster. J'aide les coachs, entrepreneurs et entreprises à révéler leur impact au micro, à booster leur visibilité grâce notamment au podcast. Aujourd'hui, notre voix de l'impact se prénomme Céline, un prénom d'origine latine dérivé de Caelina ou Caelistis qui signifie « céleste, venue du ciel » ou « divine ». Dotées d'une grande sensibilité, les Célines sont souvent décrites comme passionnées, exigeantes, intuitives mais rigoureuses, raffinées, parfois secrètes et profondément engagées quand quelque chose les touche. Est-ce qu'il y a un peu de vrai dans tout ça Céline ? Est-ce que tu te reconnais ?

Céline00:02:50 - 00:03:17

Oui, tout à fait. Honnêtement, une bonne partie de ça est vrai. Je suis passionnée. J'ai besoin d'être passionnée par ce que je fais. Je me suis toujours lancée dans des nouvelles aventures par passion. Et aujourd'hui, je pense que pour avoir de l'impact, justement, le thème de ce podcast, c'est vraiment important de commencer par là, par la passion. et d'être engagé et aligné avec soi-même. Donc c'est ce que je fais dans mes activités.

JB00:03:17 - 00:03:30

Bon, tu es né à Paris, tu as étudié les maths appliquées et l'IA à Dauphine, puis aux mines de Paris. Mais à 21 ans, c'est l'agence IMG Models qui te repère. Est-ce que tu as hésité avant de dire oui au podium ?

Céline00:03:30 - 00:03:55

Alors j'ai hésité pendant de nombreuses années en fait. On m'a proposé plusieurs fois depuis je pense mon adolescence et j'ai plusieurs fois dit non jusqu'à mes 19 ans où je me suis dit bon c'est maintenant ou jamais donc pourquoi pas tenter l'aventure et c'est là où j'ai accepté justement de signer avec IMG Models qui est effectivement l'une des plus grandes agences internationales sur le marché.

JB00:03:55 - 00:04:02

Comment on vit cette bascule à cet âge-là entre deux univers qui, a priori, tout semblent opposés ?

Céline00:04:02 - 00:04:49

C'était une bascule qui arrivait quand même petit à petit. C'est-à-dire qu'à Paris, j'étais quand même assez familière avec le milieu de l'art. Et dans le milieu de l'art, on a aussi beaucoup de gens qui viennent du milieu de la mode. Un milieu qui m'a toujours intéressée. Et en fait, quand on m'a proposé de devenir mannequin, j'avais déjà quelques connaissances dans le secteur, bien qu'étudiante en maths et en informatique. En revanche, mon quotidien était assez épique. Donc le matin, j'allais par exemple en cours de maths. L'après-midi, je prenais un vol pour aller sur un shooting en Norvège. Ensuite, je revenais le lendemain. Je devais faire des castings entre midi et deux, puis réviser mon exam de maths pour la soirée.

JB00:04:49 - 00:04:52

Ouais, c'était une vie à 100 à l'heure, quoi.

Céline00:04:52 - 00:05:21

Ouais, c'était vraiment une vie à 100 à l'heure. Je travaillais pour le coup même samedi, dimanche, tout le temps, tout le temps, ce qui m'a aussi donné beaucoup de force de travail, bien que sur des univers très différents. Et j'étais capable de me donner à fond mentalement sur un sujet, puis ensuite me donner à fond parce que je devais marcher des heures sur les podiums, etc. Et en fait, ça donnait toujours cette envie d'aller plus loin dans ce que je fais, de me dépasser. et de se dire que c'est possible d'atteindre des objectifs élevés.

JB00:05:21 - 00:05:32

Tu défiles pour Hermès, Victoria Beckham, Nina Ricci, tu vis à New York, à Milan, à Londres. C'est quoi que tu cherches dans le monde à ce moment-là ? C'est quoi ton envie du moment ?

Céline00:05:33 - 00:06:12

À ce moment-là, j'avais envie de voyager, j'avais envie de découvrir des cultures différentes. J'avais aussi envie de prouver que c'était possible d'être à la fois une étudiante brillante qui réussit ses études dans un secteur qui peut parfois paraître difficile pour certains. Et à la fois, être dans un univers totalement différent. Je voulais montrer que c'était possible. Et c'était ça qui m'animait. J'étais ouverte à découvrir le monde. J'avais toujours voulu voyager. Et j'étais très curieuse de ces métiers artistiques qui me semblaient vraiment lointains. Et j'ai pu découvrir des gens passionnés aussi. Passionnés et très talentueux sur des sujets d'art appliqué, par exemple.

JB00:06:12 - 00:06:14

Tu as grandi dans quel contexte familial, toi ?

Céline00:06:14 - 00:07:01

Mon père est ingénieur informatique de formation, travaille dans un grand groupe sur l'aspect finance maintenant. Ma mère a travaillé dans les métiers du journalisme et de la communication. Ils se sont rencontrés tous les deux sur les bancs de l'ESSEC, une grande école à Paris, enfin à Cergy. et avec la particularité que mes parents sont très croyants, donc j'allais beaucoup beaucoup à l'église, toute la semaine, j'allais au moins 3 à 5 fois par semaine. Et à un moment j'ai eu un peu un courant de bascule dans ma vie où j'ai compris quelles étaient mes valeurs, mais aussi quelle place ça avait pour moi, et en fait je me suis posé des questions assez tôt sur ces sujets-là, je pense que ça m'a permis aussi de m'ouvrir Tu dis que.

JB00:07:01 - 00:07:12

Ça a permis, en te rendant plusieurs fois par semaine à l'église, de t'éclairer finalement sur quelles étaient tes valeurs. Alors justement, ces valeurs, c'est quoi ?

Céline00:07:12 - 00:08:11

Alors en fait, ça m'a permis de me poser des questions justement sur l'ouverture aux autres et l'ouverture au monde. Moi, je pense aujourd'hui que le plus important, c'est de savoir qu'on ne détient pas forcément une vérité unique, mais que chacun peut avoir une certaine vision des choses dû à sa culture, dû à son milieu. Et en fait c'est quelque chose que j'ai très tôt remarqué puisque mes parents avaient du coup un point de vue assez tranché de par leur culture, etc, et que j'observais d'autres personnes qui avaient un point de vue assez différent. Et je me suis tout de suite dit finalement, où est la vérité là-dedans ? Qu'est-ce que je veux en fait ? Et moi je voulais effectivement faire preuve d'ouverture. Et je pense que la diversité construit en fait des solutions et permet de voir les choses sous des angles assez différents qui apportent beaucoup. Et en fait ça je m'en suis rendu compte assez tôt. Donc je pense que c'est venu me nourrir dès l'enfance ce genre de questions.

JB00:08:11 - 00:08:23

On a parlé rapidement de ton parcours de mannequin. Tu as défilé aux quatre coins du monde. Comment est-ce que tu en es arrivée à te diriger ensuite vers la tech ?

Céline00:08:23 - 00:10:02

La tech, finalement, ça a été en parallèle. Moi, comme tu l'as dit tout à l'heure, je fais une licence de maths avec une option informatique. J'ai tout de suite découvert une passion pour le code et notamment pour l'algorithmie. Donc j'ai fait ma genre de promo sur ces sujets-là, donc de codes et d'algorithmes. Et puis tout ce qui était calcul numérique, ce genre de choses, j'avais des facilités dans ces sujets-là. Et j'ai commencé à m'intéresser à l'intelligence artificielle, à lire des papiers de recherche qui sortaient des laboratoires de recherche, notamment de Nvidia, Facebook, Google, et les labos de recherche sur ces sujets. Et en fait, j'ai commencé à tester ces modèles qui étaient pour certains open source. En même temps, j'étais mannequin et j'ai trouvé qu'il y avait beaucoup de problèmes dans le monde de la mode en termes d'efficacité, en termes de tâches répétées, en termes d'humains même. Je trouve que j'ai apporté à l'humain des nouveaux outils. d'utiliser les nouveaux outils et donc j'ai tout de suite eu cette vision de transformation qui allait arriver dans l'industrie de la mode mais aussi dans d'autres secteurs et en fait ma question c'était finalement mais pourquoi est-ce qu'on n'utilise pas déjà ces nouvelles technologies qui nous permettraient de gagner énormément de temps ? Et donc, j'ai voulu continuer à m'entraîner sur ces sujets-là et à me renseigner. Et en tant que passionné, j'ai découvert une nouvelle passion et j'ai continué à explorer ce sujet.

JB00:10:02 - 00:10:15

Et compte tenu de tes appétences, compte tenu finalement de ta formation aussi, il n'était pas question qu'on te fasse un procès en illégitimité parce que tu t'intéressais au métier de datek alors que tu étais mannequin ?

Céline00:10:15 - 00:10:43

Non, mais en revanche je m'en ai demandé plusieurs fois, pourquoi est-ce que t'as arrêté le mannequinat et que t'as lancé ta boîte, et pourquoi t'es pas resté mannequin ? Et en fait, pour moi, j'avais pas forcément de réponse, je me disais juste, c'est bizarre qu'on me pose cette question. Et en fait, après coup, je me dis que finalement certaines personnes pouvaient ne pas penser que c'était possible de faire les deux, en même temps où les deux, l'un à la suite de l'autre, mais bon, voilà, tant pis. Moi, je le fais, c'est comme ça.

JB00:10:43 - 00:11:11

Et t'as bien raison. Vous écoutez les Voix de l'Impact, le podcast pour inspirer le changement. Notre Voix de l'Impact s'appelle aujourd'hui Céline Delogère, entrepreneur, IA, mannequin, artiste numérique et triathlète, on pourra aussi en parler, CEO et fondatrice de My Data Machine. En 2019, tu co-fondes Eva & Jeans, une startup qui génère des visuels ultra réalistes de vêtements à partir de croquis. À quel moment tu t'es dit, tiens, je vais entraîner une IA à comprendre un petit peu le milieu de la mode ?

Céline00:11:12 - 00:12:34

Alors ça a commencé justement pendant mes études. Je faisais tous mes projets de cours sur des applications de l'IA pour la mode et les profs m'ont regardé avec des grands yeux. Pourquoi pas ? Pourquoi pas ? On n'y avait pas pensé, voilà. Donc j'étais plutôt encouragée, ce qui était sympa de leur part, même si je voyais d'autres applications qui avaient l'air beaucoup plus, je dirais, importantes et classiques. Mais bon, je ne me laissais pas décourager. Effectivement, sur la reconnaissance faciale, c'était un des premiers cas d'usage d'IA que j'avais fait. Comment est-ce qu'une mannequin qui défile pour Dior est différente d'une mannequin qui défile pour Hermès en termes de visage ? C'était la première application que j'ai faite. J'ai essayé de clusteriser les mannequins sur la reconnaissance faciale. Juste un petit projet de recherche. En cours, ensuite, j'ai commencé à générer des images de visages, puis des images de vêtements. Et c'est comme ça que petit à petit, j'ai eu cette idée de créer des doubles digitaux à partir de croquis. Et ça dans l'idée de simplifier le travail des designers et de pouvoir travailler directement sur des produits digitaux et pouvoir itérer plus facilement sur leurs produits pour gagner du temps dans la création de produits.

JB00:12:34 - 00:12:41

Et puis peut-être quelque part aussi avoir une action pour réduire l'empreinte carbone des prototypes ?

Céline00:12:41 - 00:13:06

Oui, totalement. Exactement, parce qu'on sait qu'aujourd'hui, le monde de la mode jette beaucoup de vêtements, ça représente des grosses pertes. Moi, j'ai vu des images. des vêtements dans le désert en Amérique du Sud. C'est sûr qu'on a une empreinte carbone sur le secteur de la mode et l'idée c'était aussi de proposer une alternative à ça, effectivement.

JB00:13:06 - 00:13:12

Alors tu lances ensuite My Data Machine. C'est quoi concrètement le but de cette boîte ?

Céline00:13:12 - 00:14:02

Alors justement, quand je travaillais sur Evangenes, j'avais besoin de datasets très spécialisés sur le domaine de la mode et spécifiques à mon cas d'usage de double digitaux. Et je ne trouvais pas ces datasets sur le marché, donc j'échangeais avec un contact en Inde en lui demandant s'il avait éventuellement des idées pour répondre à mon besoin en dataset. On a recruté à la suite de cet échange une première équipe pour faire de la notation de données. Et petit à petit, on a eu d'autres clients. Et c'est comme ça qu'on a créé l'aventure My Data Machine. Aujourd'hui, on est environ 80 personnes présentes sur des projets dans 15 pays différents pour une vingtaine de clients. Donc l'aventure grandit et s'enrichit.

JB00:14:02 - 00:14:14

Est-ce que tu peux nous donner un exemple qui soit vraiment parlant, concret, sur lequel tu interviens et qui nous permette finalement à nous, ou en tout cas aux auditeurs qui écoutent en ce moment, de se projeter pour se représenter les choses ?

Céline00:14:14 - 00:14:59

Oui, bien sûr. Par exemple, avec un client qui veut détecter le nombre de types de sacs présents sur le marché, On vient créer un ensemble de jeux de données, d'images présentes dans les images publiques qu'on peut trouver. On vient les récolter, les enrichir, les nettoyer, s'assurer que l'échantillon est bien varié et correspond bien au marché actuel. avec un tout un tas de critères et ensuite en fait on structure ces données là et on les livre au client qui ensuite peut déterminer le nombre de sacs présents sur le marché. C'est un exemple un peu simplifié mais ça vous donne une idée de ce qu'on fait en termes de création de données.

JB00:14:59 - 00:15:16

Alors, en préparant cet épisode, je suis allé écouter quelques-unes des interviews que tu avais pu déjà donner. Plusieurs fois, tu as dit que sans données structurées, il n'y avait pas d'IA performante. C'est quoi pour toi, justement, une bonne donnée et, je ne sais pas, une IA performante ?

Céline00:15:16 - 00:16:45

En fait, l'expression, c'est garbage in, garbage out. Si on donne de la donnée de mauvaise qualité à un algorithme d'IA, forcément, l'algorithme va donner de mauvais résultats à l'utilisation. Donc par exemple, si on entraîne une intelligence artificielle à reconnaître sur une photo un chat versus un chien, si dans les données d'entraînement on a mis des chats dans les chiens ou des chiens dans les chats, l'algorithme d'intelligence artificielle va se tromper ensuite dans les résultats et ce ne sera pas à cause de son apprentissage mais à cause des données. Voilà, ça c'est un exemple assez simplifié, mais ça donne une idée de pourquoi est-ce que les données peuvent être bien structurées. Et en fait je dirais qu'aujourd'hui, la première étape c'est vraiment de connaître tous les biais, en ce cas d'essayer de comprendre un peu tous les biais qui pourraient arriver sur les données concrètes, pour essayer de les limiter. et de mettre en place des stratégies pour savoir et déterminer les éventuels biais qui pourraient arriver, notamment ça peut être des biais culturels, ça peut être des biais parce qu'on n'a pas pensé à l'ensemble des données possibles dans le domaine public, mais on a juste pris une certaine partie, donc voilà, ça peut vraiment être un travail de réflexion avec les clients, avec les équipes, pour s'assurer de la cohérence des données Tu travailles finalement.

JB00:16:45 - 00:17:10

Quelque part à rendre la donnée plus éthique, mais comme tu dis là, est-ce qu'on peut véritablement réussir finalement à se débarrasser des biais justement avec l'IA ? On a souvent une image un petit peu fantasmée peut-être autour de l'intelligence artificielle et ça nourrit des craintes, des peurs. Est-ce que c'est légitime ? Comment se débarrasser de ces biais-là ?

Céline00:17:10 - 00:18:37

Alors, plusieurs réponses. En fait, les biais sont liés à beaucoup de choses différentes. Avec une amie à moi, Daphne, on en a parlé sur une émission en détail pendant une heure et demie, donc il y a beaucoup de choses à dire. Mais pour résumer, en fait, il y a beaucoup de types de biais. Nous, dans ma boîte, ce qu'on met en place pour limiter les biais, c'est un framework d'évaluation, c'est-à-dire qu'on va avoir des KPI, donc des Key Performance Indicators, donc des métriques d'évaluation pour différents biais qu'on connaît et qu'on a identifiés. Donc ça, on va pouvoir évaluer le dataset pendant tout le process de création. Et en plus de ça, on travaille aussi sur un framework qui s'appelle situ-annotate, qui a été mis en place par une chercheuse, qui permet de donner des métadonnées autour des données générées, qui permettent de comprendre mieux le contexte dans lequel ces données ont été créées. Parce que, par exemple, une donnée qui a été créée en 2025 va sûrement être différente qu'une donnée créée en 2042. Et donc, ce qu'on se dit, c'est comment est-ce que, dans quelques années, on pourra avoir bien le contexte de toute la donnée pour permettre de débiaiser, éventuellement, si on trouve des biais par la suite, et de permettre aussi à une IA, éventuellement, d'apprendre le contexte qui pourra lui permettre de modifier, éventuellement, des biais qu'elle pourrait trouver.

JB00:18:37 - 00:18:38

On ne veut pas d'IA walk, quoi.

Céline00:18:38 - 00:18:55

C'est ça, c'est ça exactement. Et c'est vraiment un travail sur toute la création de l'IA, d'identification, de traitement, d'évaluation, de réidentification. C'est un travail qui est vraiment continu parfois.

JB00:18:55 - 00:18:57

C'est qui tes clients aujourd'hui ?

Céline00:18:57 - 00:19:51

Alors nous, on travaille dans quatre industries. Donc on travaille sur le fashion. Donc en fait, tous nos clients sont dans le software. ou alors sont des entreprises qui créent des softwares même si elles ne sont pas forcément dans le software pour elles en interne. Et on est sur quatre industries dans le software, mais un peu spécifiques par industrie, donc la fashion tech, le retail tech, le e-commerce et la sécurité. Et en fait, nos clients typiquement sont plutôt des scale-up, c'est-à-dire des jeunes entreprises qui ont déjà quand même fait leurs preuves, avancé sur le marché. Et on travaille principalement avec des clients européens pour l'instant, notamment parce qu'on a développé toute une réglementation, enfin, on est adapté à toute la réglementation RGPD pour permettre aux entreprises de travailler sereinement sur les domaines, puisqu'effectivement, il y a beaucoup de régulations en Europe.

JB00:19:51 - 00:20:09

On a parlé tout à l'heure d'une IA que tu souhaitais toi-même responsable. Les clients qui viennent à toi, ce sont des clients que tu choisis aussi parce qu'ils sont alignés à tes valeurs ou tu pourrais dire oui à un contrat finalement très juteux, mais qui ne correspondrait pas justement aux valeurs qui sont les tiennes.

Céline00:20:09 - 00:20:38

Effectivement. J'aime bien être alignée avec ce que je fais, donc on essaye au maximum d'être alignée avec les valeurs de l'entreprise. On a des valeurs humaines et on attend aussi de nos clients de les respecter, sinon ça peut être un break. En dealbreaker, d'une part. Et effectivement, ça nous est déjà arrivé de voir refuser certaines demandes parce qu'on ne voulait pas les traiter.

JB00:20:38 - 00:20:51

On va revenir sur un sujet que j'ai mis en introduction tout à l'heure. Mais chez toi, visiblement, 80% des postes techniques sont occupés par des femmes. Tu l'as voulu ou c'est venu naturellement ?

Céline00:20:51 - 00:21:12

Alors en fait c'est naturel, on s'est rendu compte de ça il y a quelques mois, on s'est dit c'est génial, c'est une stat qu'on voudrait mettre en avant. En fait c'est 80% de l'effectif global sont des femmes et dans les métiers techniques on est à plus que la parité, donc aussi sur les postes techniques.

JB00:21:12 - 00:21:21

Mais comment tu expliques ça ? Parce que pour le coup, ça n'a rien à voir avec la réalité de la tech en ce moment.

Céline00:21:21 - 00:22:25

Alors, deux choses. La première, c'est qu'on offre beaucoup de flexibilité sur l'emploi du temps. Par exemple, les personnes des équipes peuvent rester chez elles. On peut faire du 100% télétravail. Et pour les femmes, c'est assez apprécié, ce genre d'emploi, parce que ça leur permet de travailler à leur rythme, éventuellement de s'occuper de leurs enfants si besoin, dans les pauses déj. Et d'autre part, On a deux associés, donc moi qui suis une femme, mon associé c'est un homme, mais on a aussi une de nos managers principales qui est là depuis le début, qui est une femme, et qui fait partie aussi du processus de recrutement. Pendant le recrutement, les candidats et candidates voient des femmes auxquelles elles ou ils peuvent s'identifier. et se dire, en fait, dans cette entreprise, je vais pouvoir grandir, je vais pouvoir être avec des femmes aussi, pas que des hommes, et potentiellement, je pourrais aussi atteindre des postes intéressants, je pense que ça fait partie des éléments qui permettent d'avoir plus de femmes aujourd'hui chez nous, donc il va recommander aussi pour d'autres entreprises.

JB00:22:25 - 00:22:30

Et est-ce que pour MyDataMachine, vous avez eu recours à des tours de table pour lever des fonds ?

Céline00:22:30 - 00:22:52

Non, on est une entreprise qui est profitable, enfin qui est une entreprise de service, donc on s'est beau trapper, et on n'a pas eu besoin de lever des fonds, là où pour faire une entreprise qui développe un produit, effectivement, c'est souvent une case nécessaire. Donc on a plutôt la volonté de se développer comme ça.

JB00:22:52 - 00:23:17

Alors vous serez peut-être amené un jour, pourquoi pas, j'en sais rien, pour vous développer encore à faire ce qu'on appelle justement des tours de table ou en tout cas aller rencontrer des investisseurs, des banquiers. Et bien souvent, dans ce public-là, des investisseurs ou dans les banquiers, dans les jurys en tout cas, les business angels, on trouve quand même pas mal d'hommes. Comment est-ce qu'on s'impose justement en tant que femme dans ces moments-là ?

Céline00:23:17 - 00:23:50

Sur Evangeance, l'entreprise d'avant, on développait du produit, un produit en software. On faisait partie de beaucoup de pitchs pour aller rencontrer des investisseurs. On avait même fait un premier tour de table avec de la Love Money. Ce n'est pas un seed, c'est avant le cible. Mais effectivement, j'ai pu parler à des investisseurs et souvent, je me suis retrouvée en face de tables d'hommes plus âgés.

JB00:23:50 - 00:23:52

Le cliché, mais c'est vrai en plus.

Céline00:23:52 - 00:24:29

Il y a quelques business angel femmes et c'est super, mais ce n'est pas encore la majorité des cas. Ce n'est pas toujours évident. Surtout, moi, j'ai un profil très tech, donc j'avais à la fois le fait d'être une femme et en plus le fait d'être une CEO tech. Alors ça, pour le coup, je ne comprends pas pourquoi est-ce que chez nous, en France, on a plus envie de pousser des CEOs business que tech, alors qu'on voit quand même des exemples qui fonctionnent très bien à l'international de CEOs qui sont tech avant tout et qui ont réussi à développer des entreprises très grandes.

JB00:24:29 - 00:24:31

C'est une vraie question ça, et tu as un début de réponse ou pas ?

Céline00:24:31 - 00:24:43

Je pense que c'est parce que la plupart des investisseurs sont des financiers ou sortis d'école de commerce, donc ont un peu un gap, un biais aussi.

JB00:24:43 - 00:24:45

On en parlait tout à l'heure.

Céline00:24:45 - 00:25:15

Et pour moi, c'était important justement de pouvoir m'identifier à des CEOs tech. Donc, j'ai pu échanger avec des CEOs juste parce que je me suis dit lui, il a un background très tech. J'ai envie de voir s'il arrive à construire une boîte. Et ça m'a bien aidée. Je me suis dit, bon, en fait, il ne faut pas que je me laisse démonter. Il y en a aussi qui sont tech, qui ne sont pas business et leur boîte fonctionne. Ça, c'était aussi quelque chose à démonter, un biais à démonter dans ma tête.

JB00:25:15 - 00:25:21

Exactement. Est-ce que tu crois qu'une IA conçue par des femmes serait plus éthique ou c'est vraiment une fausse question ?

Céline00:25:21 - 00:25:29

Je pense qu'une IA conçue par une diversité de personnes importantes serait plus éthique.

JB00:25:30 - 00:25:42

Tu fais aussi partie de l'Observatoire de l'intelligence artificielle, tu y travailles sur la souveraineté technologique européenne. Tu penses qu'on peut encore inventer une IA européenne qui serait justement plus humaine, plus juste ?

Céline00:25:42 - 00:27:09

Alors, je pense qu'il faut que l'IA à l'échelle internationale devienne plus éthique, pas seulement en Europe. Donc, un peu de questions en ligne, je dirais. Donc, j'y crois. Je pense qu'il faut qu'on applique des nouveaux frameworks d'évaluation des modèles d'IA pour permettre justement de prendre en compte les outliers dans les solutions, c'est-à-dire les cas qui ne sont pas le cas général, et que ça, ça va rendre les modèles beaucoup plus éthiques. Et deuxième point, est-ce qu'on est encore dans la course en Europe pour construire une IA ? Oui, je pense qu'il est encore temps. Je vois des initiatives auxquelles je crois aujourd'hui, donc effectivement il y a Mistral, mais il y a aussi Probable. deux boîtes qui se développent là sur tout ce qui est IA et qui vont proposer des solutions aux entreprises, donc des solutions européennes, bien que financées en partie aussi par des fonds qui ne sont pas forcément européens, mais c'est déjà un début de solution. Et je pense qu'en fait, petit à petit, les entreprises vont faire appel à des solutions IA souveraines, enfin européennes. Et petit à petit, ils vont vouloir bâtir leur degré de dépendance aux autres régions du monde. Alors pas forcément sur toutes les entreprises, mais sur certaines entreprises où c'est important. Oui, je pense que ça va arriver petit à petit.

JB00:27:09 - 00:27:15

Céline, est-ce que tu peux nous parler un petit peu de ton projet artistique No One 99-91 ?

Céline00:27:15 - 00:27:19

Oui, alors c'est No One 999-1.

JB00:27:19 - 00:27:23

Je n'ai pas voulu le faire. Je me suis dit que j'avais un accent trop pourri. Alors voilà, j'ai évité.

Céline00:27:24 - 00:29:40

En 2018, je me suis lancée sur ce projet-là. Je me posais la question de savoir comment est-ce que l'intelligence artificielle générative pouvait représenter la beauté. Et j'ai tenté d'y répondre en me disant aussi que c'était intéressant de partager au public la réponse, puisque c'était un sujet assez nouveau. Donc j'ai tenté une réponse en utilisant un dataset de visages de mannequins, en me disant que c'est une certaine définition de la beauté. en tout cas vu par les marques de mode aujourd'hui. Et je me suis dit, je vais voir comment l'IA génère des nouveaux visages à partir de ce dataset et voir finalement qu'est-ce que la beauté en extrapolant sur un apprentissage d'intelligence artificielle. Et là, quelle ne fut pas ma surprise quand j'ai commencé à voir des visages apparaître, certains très parfaits, d'autres totalement tordus. Et en fait, la question que je me suis posée à ce moment-là, c'est finalement est-ce que les visages les plus parfaits sont vraiment ceux que je trouve les plus beaux ? Et en fait, ma réponse était plutôt pas vraiment, donc j'ai plutôt choisi les images générées qui créent vraiment une vive émotion en moi, et en général c'est des images qui ne sont pas forcément parfaites. Et j'en ai fait une série, une série que j'ai exposée dans une agence de maintien à Paris, qui s'appelle The Clos rue du Louvre, et en fait la série je l'ai appelée No One, parce que finalement ces visages ce sont personne. Il y avait aussi un peu le sujet de se dire que finalement les mannequins beaucoup ne percent pas dans le milieu et restent inconnus. Donc c'était aussi un peu ça. Et 9991, ou 9991, c'est pour le début de la quatrième dimension. Donc en fait trois vecteurs 999 et un vecteur 1 pour dire c'est le début du quatrième vecteur. C'est un peu imagé pour se dire que c'était le début de ce nouveau monde qu'allait nous ouvrir l'intelligence artificielle. Et en fait, j'ai exposé ça en 2019.

JB00:29:40 - 00:29:43

Ok. Ça a été quoi les retours ?

Céline00:29:43 - 00:30:23

J'ai eu des très beaux retours. J'ai eu plusieurs achats, déjà, d'œuvres d'art, à laquelle je ne m'attendais pas forcément parce qu'au début, je faisais vraiment ça pour montrer ce qu'il était possible de faire avec l'IA générative aujourd'hui. Et j'ai été contactée par différents artistes qui travaillent sur des sujets pas directement liés à No One, mais liés en tout cas un peu sur la forme ou sur le fond du travail que je faisais. Et donc ça me donne d'autres idées et d'autres pistes pour faire de prochaines séries. Donc voilà, je réfléchis actuellement à la prochaine série.

JB00:30:23 - 00:30:35

Oui, parce que tu disais que c'était en 2019. On est quand même donc en 2025. L'IA, elle a quand même pas mal évolué depuis. Ce projet-là, à quoi il ressemblerait, ce projet-là, aujourd'hui, si tu le relançais, effectivement, si tu lui donnais une suite ?

Céline00:30:35 - 00:31:31

Alors, moi, c'est sûr que je vais continuer à faire d'autres séries artistiques, mais après, je ne sais pas si j'utiliserai encore le même type de support. Donc là, les supports avaient été imprimés sur du dibon pour garder l'aspect métallique du projet, se dire que les images sont générées par ordinateur. Maintenant, je suis très sensible à tout ce qui est mélange de la nature et de la géométrie et de la tech, donc les prochains projets que je sortirai sont en lien avec ces trois éléments et mettent en lien aussi les artistes qui m'ont contacté à la suite de cette première série. Et oui, ça a été fait en 2019. En revanche, j'ai quand même lancé ensuite, j'ai minté la série en NFT. Donc ensuite, ça a donné quand même quelques autres éléments. Mais effectivement, je n'ai pas encore sorti la série suivante.

JB00:31:31 - 00:31:42

Alors, à travers l'IA, finalement, t'exposes une forme de beauté aussi. Est-ce que toi-même, tu as été victime des dictates physiques qui peuvent être imposées justement dans la mode ?

Céline00:31:42 - 00:32:56

Ah oui, totalement. Je pense que les mannequins, on est toutes un peu victimes des dictates du milieu, à savoir être le plus mince possible, notamment pendant les Fashion Week. Donc oui, ce n'est pas évident de faire abstraction de ça en tant que mannequin. J'ai beaucoup travaillé là-dessus, je pense, moi-même et aussi dans ma vision du monde. Mais bon, ça je le savais depuis le début, en fait dans la mode il y a vraiment des dictates spécifiques sur des corps et c'est plus des types de corps et c'est plus technique finalement parce que en photo on a besoin de ci, ça, ça. Sur un défilé, un vêtement tombe mieux sur certains types de corps, ça va être plus probable d'avoir un défilé. Donc en fait j'en suis arrivée à me dire que ce sont presque des règles physiques, physique au sens mathématique du terme. On découle des dictates pour le secteur de la mode et pour tout le monde, alors qu'en fait, ça n'a pas le lieu d'être, puisque c'est uniquement pour certains types de supports, type photos, vidéos et défilés. Donc, le message que je veux faire passer aujourd'hui, c'est la diversité. Finalement, soyons nous-mêmes avant toute chose.

JB00:32:56 - 00:33:14

Oui, je te rejoins, évidemment. Soyons nous-mêmes, évidemment. C'est une revendication, il faut que ça devienne un plaidoyer, on en est bien d'accord. Mais ces dictates finalement qu'on a dans la mode, après on les retrouve sous forme de biais justement avec l'IA, tout ça finalement c'est assez corrélé aussi.

Céline00:33:14 - 00:33:42

C'est ça, c'est vrai qu'on a, par exemple, sur les photos de mode, on va avoir beaucoup de, par exemple, femmes très grandes et très minces. Malheureusement, après, ça a créé un biais sur les photos de mode et donc les photos high fashion et donc l'image véhiculée pour les personnes qui s'intéressent auprès d'apporter de luxe, donc le high fashion. C'est-à-dire, il faut que j'ai un corps aussi comme ça, donc il y a beaucoup de travail à faire là-dessus. Ça, je suis totalement d'accord.

JB00:33:42 - 00:33:46

Et l'IA derrière va te sortir justement une image en lien avec ça.

Céline00:33:46 - 00:34:20

Justement, c'est là où il faut travailler sur à la fois les données, sur quelles données on entraîne ces modèles, définir les biais qui ont pu être mis en place consciemment ou inconsciemment pendant la création des données. et aussi évaluer non seulement les données pour qu'elles soient bien diversifiées, mais aussi les modèles dans leur éthique, mais par exemple plus précisément sur la diversité des corps qui sont générés quand on demande généralement une image d'une belle femme ou bien d'un bel homme.

JB00:34:21 - 00:34:24

Oui, voilà. Tu continues à défiler ?

Céline00:34:24 - 00:34:41

Mon dernier défilé, c'était en 2019. Depuis, je n'ai pas défilé. Après, ça m'est arrivé de collaborer pour certaines marques avec lesquelles j'avais une affinité particulière, mais ça a resté au décalé isolé. Aujourd'hui, je ne me reconnais plus trop en tant que mannequin, mais beaucoup plus en tant qu'entrepreneur.

JB00:34:41 - 00:34:42

D'accord.

Céline00:34:42 - 00:35:00

Je pense que mon identité, elle est plutôt là. Et comme j'aime bien faire les choses par passion, je n'arrive pas à faire des choses avec lesquelles je ne suis plus alignée et je ne me sens plus moi-même en tant que mannequin en défilé. Après, on ne sait jamais. Peut-être qu'un jour, je pourrais défiler pour une marque auquel j'ai à cœur. Mais là, aujourd'hui, pour l'instant, non.

JB00:35:00 - 00:35:03

OK. Mais pour autant, tu ne regrettes pas ta vie d'avant.

Céline00:35:03 - 00:35:36

Non, je ne regrette pas ma vie d'avant, dans le sens où j'ai trouvé que c'était une super expérience. C'est arrivé au bon moment pour moi, dans une période de temps où j'avais vraiment envie de faire ça. Ça m'a apporté beaucoup de choses, donc je ne regrette pas du tout. Je trouve que c'était une super bonne opportunité. Et je ne regrette pas non plus dans le sens où je n'ai pas envie de revenir en arrière. Je pense que c'est une période qui m'a beaucoup apporté. Mais maintenant, je vis des choses différentes. J'avance et ce serait retourner dans le passé que de revenir quelques années en arrière.

JB00:35:37 - 00:35:49

Tu pratiques aussi le triathlon, un sport de contrôle, de rigueur, de discipline en tout cas. Pourquoi tu pratiques ce sport-là déjà ?

Céline00:35:49 - 00:36:55

Alors c'est vrai que j'ai toujours beaucoup aimé l'espoir et je n'avais pas forcément le temps de me lancer sur une pratique de triathlon et un jour je me suis lancé indéfiniment. Justement au moment où j'ai fermé Evangeance, je me suis demandé si j'aurais plus de temps. Donc oui j'avais un peu plus de temps à ce moment-là et je me suis dit ok, je vais m'inscrire à mon premier triathlon. et j'ai adoré. J'ai fait 6 semaines de prépa, je me suis inscrite au Carrembrainman, c'est un triathlon montagneux et un peu difficile pour ceux qui connaissent. Il s'agissait de faire 1500 m de natation, 40 km de vélo avec 1000 m de dénivelé et 10 km de course à pied. Et en fait, ça va apporter beaucoup de joie. Je me suis directement lancée après à rejoindre un club et dans un entraînement un peu plus régulier. J'ai rejoint un club à Montmorency et je fais plusieurs compétitions avec eux. C'est très bien passé. J'adore ce sport. Franchement, je le recommande. Très complet, à la fois pour le dos, etc. J'adore.

JB00:36:57 - 00:37:06

On a l'impression quand même que tu recherches aussi à travers ça la performance. C'est quelque chose qui est important pour toi ?

Céline00:37:06 - 00:38:09

Alors je pense que j'ai besoin de me dépasser. C'est plus une recherche du dépassement et d'avoir des objectifs challengeants. Donc ça correspond à... à une envie que j'avais à un moment précis, de me dire, bon bah j'ai jamais fait ça, j'aimerais bien me challenger, me lancer ce défi, me prouver que c'est possible. Et ensuite je me suis rendu compte que ça me plaisait, donc j'ai continué. Mais effectivement, j'aime bien me lancer des challenges, surtout si... Bon, alors là, pour le sport, c'est vraiment pour mon passe-temps, mais niveau professionnel, je trouve le plus important, c'est vraiment de se dire, bon bah, je vais avoir de l'impact grâce à ce projet, je vais pouvoir changer les choses, Et c'est ce qui me motive et donc à chaque fois que je lance un nouveau projet, je me demande comment est-ce que les gens vont être impactés. Et si je ne vois pas cette notion d'impact, je ne vais pas vouloir me lancer. Après le sport, il n'y a pas forcément un impact, mais je pense que c'est plus pour le plaisir. Mais il y a toujours ce côté challenge et performance, c'est vrai, qui me motive.

JB00:38:09 - 00:38:34

Sur MyDataMachine, et ce sera l'une de mes dernières questions, parce qu'on va arriver bientôt à la fin de cet épisode et sur la séquence des cinq dernières minutes, mais avec MyDataMachine, est-ce que tu arrives justement à mesurer l'impact que tu as avec ce que tu proposes ? Et puis, dernière question, donc il y en aura deux auxquelles il faut répondre. Dernière question, c'est comment tu vois dans les années à venir l'évolution, le développement de MyDataMachine ?

Céline00:38:34 - 00:40:42

Sur MyDataMachine, en fait, la boîte a été vraiment créée sur un besoin du marché qu'on a constaté, le besoin donné. Et ensuite vient comment est-ce qu'on a un impact. Et en fait, le premier impact que j'ai vu, c'était au sein des employés de la boîte qu'on construisait. et un peu d'un nouveau modèle où on pouvait se dire bon bah c'est possible d'être entre deux pays, c'est possible d'être une femme et de se sentir bien dans une entreprise de tech, c'est possible d'avoir un environnement flexible et j'ai vraiment vu qu'on avait un impact au sein des personnes dans les équipes. Ça m'a beaucoup apporté parce que je me suis dit bon bah c'est super, on peut avoir un impact, on peut donner envie à des femmes de se lancer sur des carrières et voilà. et de développer leurs passions, parce qu'en fait il y a aussi beaucoup de femmes, même d'hommes dans la boîte, qui ont des passions et qui font ce travail, mais en fait on va leur permettre aussi de partager leurs passions à travers différents online events en interne où ils peuvent échanger sur leurs projets, etc. Et en plus de ça, sur le volet vraiment impact au niveau données, en fait, on est heureux de pouvoir proposer à nos clients ces frameworks qui permettent d'avoir plus de diversité dans les datasets. C'est quelque chose qui est à travailler chez nos clients et on est ravis de pouvoir les aider là-dessus et on pense effectivement que Ça permet de développer une IA plus éthique chez nos clients qui travaillent avec nous sur ces sujets-là. Et ensuite, pour MyDataMachine, notre offre historique, c'est sur la donnée. Ensuite, on a développé aussi une offre complémentaire sur le software qui permet à nos clients de pouvoir développer en collaboration avec nous des plateformes pour utiliser et gérer leurs données. Et donc la suite de ça, c'est vraiment de continuer à s'étendre sur nos quatre marchés, donc le retail, le e-commerce, la fashion tech et la sécurité, et d'aider de plus en plus de clients, notamment en Europe, à pouvoir créer des datasets de plus en plus éthiques.

JB00:40:43 - 00:41:09

Eh bien, écoute, c'est parfaitement clair. En tout cas, je vais te remercier dans un instant, peut-être juste avant, effectivement, la fameuse séquence des cinq dernières minutes. Alors, l'idée, c'est ça, c'est que je vais te poser des questions un petit peu en rafale, du tac au tac. Et sans réfléchir, finalement, tu y réponds spontanément. Est-ce que ça te va ? Eh bien, écoute, c'est super. C'est parti. Voici les cinq dernières minutes. La première chose que tu fais le matin ? Ta routine forme ou bien être ?

Céline00:41:09 - 00:41:13

Je dénage le matin, poutine le midi et piscine le soir.

JB00:41:14 - 00:41:15

Est-ce qu'il y a une rencontre qui t'a bouleversée ?

Céline00:41:15 - 00:41:17

Oui, Victoria Beckham.

JB00:41:17 - 00:41:17

Pourquoi ?

Céline00:41:17 - 00:41:40

Alors, j'en ai beaucoup entendu parler et j'ai fait son casting et j'ai beaucoup travaillé pour elle. Notamment, j'ai ouvert et fermé son défilé à New York en 2018, je crois. Et j'ai fait plusieurs défilés et en fait, elle dégage un sérieux, une passion, une classe qui m'a beaucoup inspirée.

JB00:41:41 - 00:41:43

Qu'est-ce qui t'énerve le plus en ce moment, Céline ?

Céline00:41:43 - 00:42:19

Ce qui m'énerve le plus en ce moment, c'est... Alors, je cherche juste la formulation, mais j'ai bien l'idée en tête. C'est qu'il y a énormément de choses qui se passent dans le monde de l'IA. C'est extrêmement dur d'avoir le temps de tout analyser et de comprendre vraiment tous les enjeux. Et c'est pour ça que j'ai rejoint l'Observatoire de l'IA, parce qu'on peut travailler justement en collaboration avec différentes personnes passionnées aussi par l'IA. Et ça nous permet du coup d'échanger, et je me suis dit ok, ça, ça va m'aider à résoudre ce problème qui m'énerve. Voilà, donc à chaque énervement, on peut trouver une solution.

JB00:42:19 - 00:42:21

Ok, tu trouves que ça va trop vite ?

Céline00:42:21 - 00:42:23

Franchement, ça va vite, mais on s'accroche.

JB00:42:23 - 00:42:25

Si t'avais Emmanuel Macron en face de toi, tu lui dirais quoi ?

Céline00:42:25 - 00:42:29

Parlons de la souveraineté de la chaîne de valeur de l'IA en Europe et en France.

JB00:42:29 - 00:42:31

T'as plus grande joie récemment ?

Céline00:42:31 - 00:42:31

La peine du travail.

JB00:42:33 - 00:42:34

La fête du travail.

Céline00:42:34 - 00:42:55

Raconte-moi ça. Hier, j'en ai eu plein des joies. Je suis animée par différentes joies. Quand on est passionné, on a souvent des joies qui viennent. On est hyper content parce qu'on est aligné avec ce qu'on fait, etc. Mais hier, c'était la fête du travail. Ça m'a mis de bonne hueur.

JB00:42:57 - 00:43:02

Pourtant, t'es une grosse bosseuse. La fête du travail, c'est le jour où on ne bosse pas.

Céline00:43:02 - 00:43:28

J'ai quand même bossé en fait, mais ça m'a quand même rendu heureuse. Mais sinon, franchement, j'ai une autre joie que je pouvais dire. J'ai été à un événement organisé par Madiness et ça m'a vraiment rendu joyeuse de voir justement le travail fait par le CEO de Probable, à savoir cette belle boîte européenne qu'il est en train de faire. Ça m'a rendu joyeuse.

JB00:43:28 - 00:43:31

Est-ce qu'il y a des raisons de rester optimiste aujourd'hui ?

Céline00:43:31 - 00:43:40

Oui, il y en a, mais il faut prendre part à la transformation et au changement. Donc optimiste, oui, mais il faut agir.

JB00:43:40 - 00:43:43

Céline, est-ce qu'il y a une cause pour laquelle tu pourrais absolument tout plaquer ?

Céline00:43:43 - 00:43:53

La justice. Je pense que la justice, c'est vraiment une cause très importante. La justice dans le monde et aussi la liberté.

JB00:43:54 - 00:44:03

Est-ce que tu as un livre ou un film comme ça, un petit peu totem, dont tu aimes bien parler parce que ça t'a procuré une émotion particulière ? Parce que oui, ça continue de t'animer.

Céline00:44:03 - 00:44:30

Oui, j'ai bien aimé le livre « Why Greatness Cannot Be Planned » de Lehman, qui a travaillé sur la création par l'intelligence artificielle. Ça, ça m'anime beaucoup à savoir comment on peut créer vraiment de la nouveauté, de l'innovation grâce à des algorithmes. Et ce n'est pas une réponse directe. Ce n'est pas si évident que ça, donc un sujet intéressant.

JB00:44:31 - 00:44:33

C'est quoi ton mot de 2025 ?

Céline00:44:33 - 00:44:38

Alors, mon mot de 2025, c'est freedom, la liberté.

JB00:44:38 - 00:44:44

Enfin, ce sera la toute dernière question et je vais te remercier évidemment. Avoir de l'impact pour toi, ça veut dire quoi ?

Céline00:44:44 - 00:44:45

Passer à l'action.

JB00:44:45 - 00:44:51

Et ben voilà, c'est parfait. Je m'attendais à quelque chose, tu vois, d'un peu plus détaillé, mais au moins, c'est bien. Tu vas direct à l'essentiel.

Céline00:44:51 - 00:44:54

C'est pas un exercice facile en plus, je trouve, mais j'ai vraiment donné mon max.

JB00:44:55 - 00:45:09

C'est super sympa. Un grand, grand, grand merci à toi d'avoir partagé effectivement ton expérience, de nous avoir parlé un petit peu de ce que tu faisais. Merci pour ça. Merci d'avoir gentiment répondu à mes questions. Ça va, ça t'a plu ?

Céline00:45:09 - 00:45:18

Ça s'est bien passé ? Ça m'a plu, merci à toi. J'étais ravie de pouvoir échanger ensemble. C'était plutôt spontané, je dirais, et très sympa. Merci.

JB00:45:18 - 00:45:43

Merci à toi, le plaisir est partagé. Et si vous avez apprécié cet épisode, s'il vous a inspiré aussi, partagez-le, commentez-le. Mettez-nous, par exemple, cinq étoiles sur votre plateforme d'écoute et vous ferez évidemment rayonner les voies de l'impact et celles qui osent peut-être quelque part aussi inventer des futurs différents et en tout cas, qui sont engagés pour être impactants. À bientôt pour un nouvel épisode. Merci de nous avoir suivis et à très vite. Salut Céline.

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